Andrew Bird
Lille [Le Splendid] - mardi 20 novembre 2007 |
C'est un public clairsemé et échauffé par la performance extraordinaire de Vic Chesnutt qui attend de pied ferme la venue d'Andrew Bird sur la scène du Splendid. Programmé en tête d'affiche, ce musicien virtuose nous offrira bien sûr la prestation la plus longue de la soirée (environ 1h30), mais contre toute attente, la plus ratée.
Andrew est seul, accompagné de son violon, d'une guitare, d'un vibraphone, de sa voix et de son sifflement toujours divin. Le concert démarre sur un "Nervous Tic Notion Of The Head To The Left" totalement bancal. Toujours en train de chercher de nouvelles harmonies à chaque interprétation, le musicien ne trouve pas les bonnes, semble à côté de ses pompes, se rattrape souvent maladroitement. Les trois ou quatre premiers titres, il faudra bien s'y faire, seront placés sous le signe du merdier sonore. M'attendant à la venue de Martin Dosh à la batterie, comme de coutume, je me demandes si ledit batteur ne serait pas bloqué dans sa loge avec une crève épouvantable, laissant Andrew sur scène en roue libre, forcé à revoir ses titres sans assise rythmique. Mais ce n'est qu'une hypothèse, qui me vint à l'esprit sur le moment, tant le musicien semblait pas à l'aise.
Les yeux rivés sur la scène, le front moite malgré la température douce, 'angoisse me prend. Bien loin d'en vouloir à Andrew Bird, je me sens de son côté, souhaitant désespérément posséder des pouvoirs magiques pour lui envoyer des fluides qui provoqueraient enfin l'inspiration divine à laquelle il m'a habitué... Le public applaudit juste poliment entre les morceaux, Andrew semble vouloir être n'importe où sauf là sur cette scène, à se planter dans ses inflexions de voix et son système d'auto-sampling qui ne veut pas synchroniser correctement les différentes pistes de violon et guitare... Ce facheux problème incitera l'artiste à recommencer jusqu'à deux fois un morceau, pour parfois jouer quand même le morceau, bien que les samples tournent comme des roues de vélo cabossées.
Au bout d'une demi-heure de concert, quelque chose commence à se produire. L'artiste commence montrer des signes d'autodérision, l'air de dire 'Ce ne sera pas un bon concert vu comment ça a démarré, mais autant en faire un concert drôle'. Oublié l'envie de réussir un "Masterfade", Andrew Bird commence à en rajouter dans la tendance branque, pout tenter de la maîtriser. Le musicien titube, manque de se faire emporter par une tenue de note au violon pour presque s'écrouler sur le sol, plaque un accord sur la fin d'un morceau au point de se faire un peu mal, bref, se lance dans un numéro de jeu de massacre musical fortement théâtralisé, qui laisse paradoxalement ressortir une nette amélioration dans l'interprétation des chansons.
Dans la dernière partie du concert, on retrouve un Andrew Bird relativement à l'aise (il faut tenir compte de la timidité naturelle de l'artiste), à la voix claire, au jeu enfin virtuose, subtil et décalé. Je suis rassuré. "Weather Systems" est même absolument magique. Le groupe Loney, Dear qui jouait en début de soirée, débarque sur scène pour tenter de donner à "Tables And Chairs" toute sa puissance rock. Andrew vient de nous annoncer sur un ton d'excuse que l'expérience n'avait jamais été tentée auparavant, que les plantades sont donc fort possibles. Mais le moment est sympa, les musiciens connaissent l'oiseau et s'amusent avec lui. Malgré, en effet, des moments à la limite de la cohérence. Après ce qui s'est produit auparavant, on peut bien les excuser et profiter du moment.
Le concert se termine, les lumières se rallument sur des visages souvent décontenancés. Je considère Andrew Bird comme un génie (petite précision, il est autodidacte), mais un génie a le droit de ne pas être en forme. Je suis plus heureux d'avoir assisté à une prestation foireuse qu'à une prestation trop professionnelle. Assister à un concert où l'équilibre éphémère recherché se fait sans cesse la malle, c'est forcément émouvant. L'artiste était comme nu, piégé par son dispositif scénique, par ce parti pris de laisser entrer l'aléatoire, souvent pour le meilleur, parfois pour le pire, comme ce fut le cas mardi à Lille.
Je ne peux que saluer cette prise de risque, et reste ravi d'avoir vu pour la première fois en live un des artistes que j'admire le plus depuis 2 ans, sous son aspect le plus largué, et probablement le plus humain.
Ce n'est que partie remise, Mr Bird. Reposez-vous bien, vous en avez besoin... Ce n'était pas bien, mais ce n'était pas mal...
Andrew est seul, accompagné de son violon, d'une guitare, d'un vibraphone, de sa voix et de son sifflement toujours divin. Le concert démarre sur un "Nervous Tic Notion Of The Head To The Left" totalement bancal. Toujours en train de chercher de nouvelles harmonies à chaque interprétation, le musicien ne trouve pas les bonnes, semble à côté de ses pompes, se rattrape souvent maladroitement. Les trois ou quatre premiers titres, il faudra bien s'y faire, seront placés sous le signe du merdier sonore. M'attendant à la venue de Martin Dosh à la batterie, comme de coutume, je me demandes si ledit batteur ne serait pas bloqué dans sa loge avec une crève épouvantable, laissant Andrew sur scène en roue libre, forcé à revoir ses titres sans assise rythmique. Mais ce n'est qu'une hypothèse, qui me vint à l'esprit sur le moment, tant le musicien semblait pas à l'aise.
Les yeux rivés sur la scène, le front moite malgré la température douce, 'angoisse me prend. Bien loin d'en vouloir à Andrew Bird, je me sens de son côté, souhaitant désespérément posséder des pouvoirs magiques pour lui envoyer des fluides qui provoqueraient enfin l'inspiration divine à laquelle il m'a habitué... Le public applaudit juste poliment entre les morceaux, Andrew semble vouloir être n'importe où sauf là sur cette scène, à se planter dans ses inflexions de voix et son système d'auto-sampling qui ne veut pas synchroniser correctement les différentes pistes de violon et guitare... Ce facheux problème incitera l'artiste à recommencer jusqu'à deux fois un morceau, pour parfois jouer quand même le morceau, bien que les samples tournent comme des roues de vélo cabossées.
Au bout d'une demi-heure de concert, quelque chose commence à se produire. L'artiste commence montrer des signes d'autodérision, l'air de dire 'Ce ne sera pas un bon concert vu comment ça a démarré, mais autant en faire un concert drôle'. Oublié l'envie de réussir un "Masterfade", Andrew Bird commence à en rajouter dans la tendance branque, pout tenter de la maîtriser. Le musicien titube, manque de se faire emporter par une tenue de note au violon pour presque s'écrouler sur le sol, plaque un accord sur la fin d'un morceau au point de se faire un peu mal, bref, se lance dans un numéro de jeu de massacre musical fortement théâtralisé, qui laisse paradoxalement ressortir une nette amélioration dans l'interprétation des chansons.
Dans la dernière partie du concert, on retrouve un Andrew Bird relativement à l'aise (il faut tenir compte de la timidité naturelle de l'artiste), à la voix claire, au jeu enfin virtuose, subtil et décalé. Je suis rassuré. "Weather Systems" est même absolument magique. Le groupe Loney, Dear qui jouait en début de soirée, débarque sur scène pour tenter de donner à "Tables And Chairs" toute sa puissance rock. Andrew vient de nous annoncer sur un ton d'excuse que l'expérience n'avait jamais été tentée auparavant, que les plantades sont donc fort possibles. Mais le moment est sympa, les musiciens connaissent l'oiseau et s'amusent avec lui. Malgré, en effet, des moments à la limite de la cohérence. Après ce qui s'est produit auparavant, on peut bien les excuser et profiter du moment.
Le concert se termine, les lumières se rallument sur des visages souvent décontenancés. Je considère Andrew Bird comme un génie (petite précision, il est autodidacte), mais un génie a le droit de ne pas être en forme. Je suis plus heureux d'avoir assisté à une prestation foireuse qu'à une prestation trop professionnelle. Assister à un concert où l'équilibre éphémère recherché se fait sans cesse la malle, c'est forcément émouvant. L'artiste était comme nu, piégé par son dispositif scénique, par ce parti pris de laisser entrer l'aléatoire, souvent pour le meilleur, parfois pour le pire, comme ce fut le cas mardi à Lille.
Je ne peux que saluer cette prise de risque, et reste ravi d'avoir vu pour la première fois en live un des artistes que j'admire le plus depuis 2 ans, sous son aspect le plus largué, et probablement le plus humain.
Ce n'est que partie remise, Mr Bird. Reposez-vous bien, vous en avez besoin... Ce n'était pas bien, mais ce n'était pas mal...
Pas mal 13/20 | par Sam lowry |
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