Soap And Skin
Paris [L'Européen] - lundi 02 novembre 2009 |
En cette année 2009, quelque peu tristounette pour les amateurs de musique indé car assez pauvre en découvertes, une jeune autrichienne du nom d'Anja Plaschg est tout de même apparue pour la rendre plus... heu... pas vraiment plus gaie... pas plus folichonne, non... mais disons... plus intéressante, quoi. Son album Lovetune For Vacuum , sorti au printemps dernier, apportait un souffle de fraîcheur morbide et de poésie funèbre fort bienvenu. La ténébreuse demoiselle étant de passage pour deux jours à Paris, dans cette petite salle intime et cosy qu'est l'Européen, l'occasion était belle de voir si l'émotion ressentie à l'écoute du disque se retrouverait sur scène.
Dès l'entrée en scène, le décorum est marqué par une certaine austérité. La jeune artiste est vêtue d'habits sombres et moulants, une masse de cheveux châtains retenus sur sa nuque. Elle s'installe seule devant un grand piano noir, sur lequel trône un ordinateur gris. La prestation débute par certaines des plus belles mélodies de l'album, dont la si touchante "Cry Wolf". Au début de chaque titre, elle appuie sur une touche de son ordinateur pour lancer un sample d'accompagnement de cordes ou de sonorités plus électros, avant d'y ajouter son chant plaintif et son jeu de piano cristallin. Pas un mot adressé au public entre deux chansons. Tout est rigueur et solennité, avec un côté "Das ist romantik und gotik musik, das ist nicht grôsse rigolade !".
Le concert aurait pu se limiter à un récital, durant lequel l'artiste serait restée un peu recroquevillée dans sa bulle mélancolique. Mais une telle routine n'allait pas s'installer. Première surprise: alors qu'Anja dédie une chanson à sa mère présente dans la salle, elle commet un acte insensé... elle sourit ! Expression faciale fragile et précieuse qui restera unique durant cette soirée. Cette chanson est la sublime "The Sun", qui est prolongée par une de ces expérimentations électros à la Aphex Twin dont la fräulein semble déjà être une experte. Elle se met alors à arpenter la scène de gauche à droite, à grandes enjambées et en balançant ses bras raidis. De la même démarche martiale et robotique, elle se dirige vers les premiers rangs du public pour aller embrasser sa chère maman. Quand elle revient s'asseoir devant son instrument, c'est pour entamer la très attendue "Spiracle". Comme dans les vidéos visionnables sur Youtube, son chant aux accents un peu rudes finit par s'abîmer dans un cri primal ( "In my head, in my neck, in my chest, in my waist, in my ....AARRRRGH !" ) avant d'enchaîner avec une voix infiniment douce et suppliante : "I still beg, please help me...". Mélange irrésistible de force et de fragilité, émotion garantie...La tension est montée d'un cran, et ne se relâche pas pendant "Marche Funèbre", autre grand moment d'expressionnisme théâtral. Anja se place sur le devant de la scène, sous un faisceau de lumière qui tombe verticalement sur la pâleur de son visage et lui dessine deux taches d'ombre à la place des yeux. Figure spectrale un peu flippante, elle accompagne de sa voix redevenue gutturale sa pièce électro aux sifflements lugubres, en tendant des bras rageurs.
Ce concert aussi surprenant que convaincant se terminera par un rappel chanté a capella. La jeune artiste répond à nos acclamations par un geste sobre, ses doigts partent de ses lèvres pour nous envoyer des bisous en pagaille. Puis elle prend congé de nous sans perdre ses allures farouches de créature sortie d'un film de Tim Burton. Elle nous laisse charmés, mais aussi un peu assommés. L'effet de l'authentique talent de cette Anja à la voix d'argent.
Dès l'entrée en scène, le décorum est marqué par une certaine austérité. La jeune artiste est vêtue d'habits sombres et moulants, une masse de cheveux châtains retenus sur sa nuque. Elle s'installe seule devant un grand piano noir, sur lequel trône un ordinateur gris. La prestation débute par certaines des plus belles mélodies de l'album, dont la si touchante "Cry Wolf". Au début de chaque titre, elle appuie sur une touche de son ordinateur pour lancer un sample d'accompagnement de cordes ou de sonorités plus électros, avant d'y ajouter son chant plaintif et son jeu de piano cristallin. Pas un mot adressé au public entre deux chansons. Tout est rigueur et solennité, avec un côté "Das ist romantik und gotik musik, das ist nicht grôsse rigolade !".
Le concert aurait pu se limiter à un récital, durant lequel l'artiste serait restée un peu recroquevillée dans sa bulle mélancolique. Mais une telle routine n'allait pas s'installer. Première surprise: alors qu'Anja dédie une chanson à sa mère présente dans la salle, elle commet un acte insensé... elle sourit ! Expression faciale fragile et précieuse qui restera unique durant cette soirée. Cette chanson est la sublime "The Sun", qui est prolongée par une de ces expérimentations électros à la Aphex Twin dont la fräulein semble déjà être une experte. Elle se met alors à arpenter la scène de gauche à droite, à grandes enjambées et en balançant ses bras raidis. De la même démarche martiale et robotique, elle se dirige vers les premiers rangs du public pour aller embrasser sa chère maman. Quand elle revient s'asseoir devant son instrument, c'est pour entamer la très attendue "Spiracle". Comme dans les vidéos visionnables sur Youtube, son chant aux accents un peu rudes finit par s'abîmer dans un cri primal ( "In my head, in my neck, in my chest, in my waist, in my ....AARRRRGH !" ) avant d'enchaîner avec une voix infiniment douce et suppliante : "I still beg, please help me...". Mélange irrésistible de force et de fragilité, émotion garantie...La tension est montée d'un cran, et ne se relâche pas pendant "Marche Funèbre", autre grand moment d'expressionnisme théâtral. Anja se place sur le devant de la scène, sous un faisceau de lumière qui tombe verticalement sur la pâleur de son visage et lui dessine deux taches d'ombre à la place des yeux. Figure spectrale un peu flippante, elle accompagne de sa voix redevenue gutturale sa pièce électro aux sifflements lugubres, en tendant des bras rageurs.
Ce concert aussi surprenant que convaincant se terminera par un rappel chanté a capella. La jeune artiste répond à nos acclamations par un geste sobre, ses doigts partent de ses lèvres pour nous envoyer des bisous en pagaille. Puis elle prend congé de nous sans perdre ses allures farouches de créature sortie d'un film de Tim Burton. Elle nous laisse charmés, mais aussi un peu assommés. L'effet de l'authentique talent de cette Anja à la voix d'argent.
Excellent ! 18/20 | par Oddie |
En ligne
Au hasard Balthazar
Sondages