Simon Joyner
Room Temperature |
Label :
One Hour/Jagjaguwar |
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Décembre 1992. Un magasin de tapis dans la ville enneigée d'Omaha, Nebraska. À l'étage, un jeune homme enregistre ses compositions sur un petit magnétophone. Simplement accompagné de sa guitare acoustique, il raconte sa vie, celle de ses amis, celle de l'Amérique. Simon Joyner a déjà sorti une K7 mais Room Temperature sera son premier véritable album.
Il ne manque pas d'imagination, Simon. Il s'imagine sûrement en héritier de Woody Guthrie, avec ses dust ballads bien à lui. Il se croit peut-être dans un studio de Columbia, là où trente ans plus tôt, le jeune Robert Zimmerman enregistrait lui aussi ses premiers gazouillis. Dès le premier titre, destiné à une certaine Sara, Simon maltraite sa guitare, n'hésite pas à forcer les limites de sa voix. À prouver qu'il est à la hauteur de ses idoles, qu'il a le même vocabulaire, la même énergie du désespoir. Il a même apporté son harmonica. Omaha n'a rien d'autre à lui apporter, il mise tout sur cette poignée de chansons. Peut-être que, lui aussi, il fera du stop jusqu'à New-York. Peut-être qu'on est en 1992 mais qu'il fera semblant d'être en 1962.
Et les chansons sont belles. "The Shortest Distance Between Two Points Is A Straight Line", c'est une ritournelle à fleur de peau, quelque chose de vraiment poignant, quelque chose qu'on chanterait pour émouvoir son auditoire. "Ruby Slippers", c'est un hymne sautillant. On sent Simon trembler un peu, ses doigts glisser sur quelques accords mais pas de soucis. Si Violent Femmes l'a fait, lui aussi le fera, lui aussi misera sur la sincérité plutôt que la technique. "I know i'm a looser" nous confie-t-il, fier de son approche lo-fi, fier de sa spontanéité qui compte plus que tout le reste. Il ose même un "Hallelujah" qu'il n'emprunte pas à Cohen, qui est une complainte faite maison, un gospel murmuré dans un grenier où personne n'entend ses prières.
Simon se lance dans chaque morceau comme s'il venait d'être plaqué par sa copine, comme s'il avait une revanche à prendre. "Double Joe" transpire la bière qu'on s'enfile pour avoir assez de confiance en soi. "Godzilla" n'a besoin que de trois accords pour vous parler de solitude. "Vegetables" est un joyeux cri de détresse. "Scribble" aurait pu être une démo de Kurt Cobain. "Homebase" est plein de fausses notes qui touchent juste. Il n'y a que quinze chansons mais si la cassette de l'enregistreur avait eu plus de place, il y en aura eu une cinquantaine.
Room Temperature sortira du salon de tapis. Publié par One Hour Records, il finira dans les pages de Rolling Stone quand Beck devra citer ses albums préférés. Il influencera la discographie entière de Bright Eyes. Il sera réédité en 2005 par Jagjaguwar. Simon n'ira pas à New York mais continuera d'enregistrer des chansons dans son coin.
Il ne manque pas d'imagination, Simon. Il s'imagine sûrement en héritier de Woody Guthrie, avec ses dust ballads bien à lui. Il se croit peut-être dans un studio de Columbia, là où trente ans plus tôt, le jeune Robert Zimmerman enregistrait lui aussi ses premiers gazouillis. Dès le premier titre, destiné à une certaine Sara, Simon maltraite sa guitare, n'hésite pas à forcer les limites de sa voix. À prouver qu'il est à la hauteur de ses idoles, qu'il a le même vocabulaire, la même énergie du désespoir. Il a même apporté son harmonica. Omaha n'a rien d'autre à lui apporter, il mise tout sur cette poignée de chansons. Peut-être que, lui aussi, il fera du stop jusqu'à New-York. Peut-être qu'on est en 1992 mais qu'il fera semblant d'être en 1962.
Et les chansons sont belles. "The Shortest Distance Between Two Points Is A Straight Line", c'est une ritournelle à fleur de peau, quelque chose de vraiment poignant, quelque chose qu'on chanterait pour émouvoir son auditoire. "Ruby Slippers", c'est un hymne sautillant. On sent Simon trembler un peu, ses doigts glisser sur quelques accords mais pas de soucis. Si Violent Femmes l'a fait, lui aussi le fera, lui aussi misera sur la sincérité plutôt que la technique. "I know i'm a looser" nous confie-t-il, fier de son approche lo-fi, fier de sa spontanéité qui compte plus que tout le reste. Il ose même un "Hallelujah" qu'il n'emprunte pas à Cohen, qui est une complainte faite maison, un gospel murmuré dans un grenier où personne n'entend ses prières.
Simon se lance dans chaque morceau comme s'il venait d'être plaqué par sa copine, comme s'il avait une revanche à prendre. "Double Joe" transpire la bière qu'on s'enfile pour avoir assez de confiance en soi. "Godzilla" n'a besoin que de trois accords pour vous parler de solitude. "Vegetables" est un joyeux cri de détresse. "Scribble" aurait pu être une démo de Kurt Cobain. "Homebase" est plein de fausses notes qui touchent juste. Il n'y a que quinze chansons mais si la cassette de l'enregistreur avait eu plus de place, il y en aura eu une cinquantaine.
Room Temperature sortira du salon de tapis. Publié par One Hour Records, il finira dans les pages de Rolling Stone quand Beck devra citer ses albums préférés. Il influencera la discographie entière de Bright Eyes. Il sera réédité en 2005 par Jagjaguwar. Simon n'ira pas à New York mais continuera d'enregistrer des chansons dans son coin.
Très bon 16/20 | par Dylanesque |
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