Jean Louis Murat
Jean Louis Murat & The Delano Orchestra - Babel |
Label :
PIAS |
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Tout le monde parle en ce moment de la productivité indécente du blondinet Ty Segall, mais dans un autre genre, il ne faudrait oublier Murat l'auvergnat, qui nous sort ce Babel, dix huit mois seulement après son précédent Toboggan. Il y a un moment, Jean Louis disait qu'au moment où un album sort son prochain est déjà prêt, il est seulement freiné par sa maison de disque, qui forcément, veut espacer un poil ses sorties.
Pour Babel (pensez à St Babel, commune du Puy de Dôme de presque 1000 habitants plutôt qu'à La Tour Biblique), Murat s'est acoquiné avec The Delano Orchestra, pour nous offrir un double album (son second après l'excellent Lilith sorti en 2003), à la douce odeur campagnarde, forcément Auvergnate.
Bien plus qu'un album hommage à sa région, même si elle est omniprésente avec des titres comme "Dans La Direction du Crest", "Col De Diane", l'homme est toujours amoureux de l'Auvergne, et on le comprend. The Delano Orchestra colle parfaitement à cette ambiance, on se demande même pourquoi ils n'ont pas collaboré plus tôt. La voix de l'auvergnat fait toujours mouche, sans manière, il nous raconte ses histoires de tous les jours, ses petits détails qui, au bout du compte, dresse un portrait presque hors du temps aux arrangements somptueux (rien que le premier titre "Chacun Vendait Des Grives" est pas loin d'être l'un des meilleurs titres de Murat).
Le mélange des voix par moment, l'ajout des multiples instruments du groupe, de la trompette au banjo en passant par les diverses percussions, donne un véritable cachet à ce disque. Album qui s'écoute d'une traite sans faiblir un instant, avec ses incartades poétiques typiques ("J'ai Fréquenté La Beauté", le long "Mujade Ribe qui nous ramène à l'époque Mustango), les choeurs enfantins du "Camping à la Ferme", véritable petite carte postale amusante.
Cette collaboration est une réussite totale, à 60 ans Jean Louis Murat montre qu'il n'a rien perdu de sa verve créatrice & poétique, ce long Babel fera sans doute date dans sa carrière, vivement l'année prochaine pour une nouvelle promenade dans ses terres volcaniques.
Pour Babel (pensez à St Babel, commune du Puy de Dôme de presque 1000 habitants plutôt qu'à La Tour Biblique), Murat s'est acoquiné avec The Delano Orchestra, pour nous offrir un double album (son second après l'excellent Lilith sorti en 2003), à la douce odeur campagnarde, forcément Auvergnate.
Bien plus qu'un album hommage à sa région, même si elle est omniprésente avec des titres comme "Dans La Direction du Crest", "Col De Diane", l'homme est toujours amoureux de l'Auvergne, et on le comprend. The Delano Orchestra colle parfaitement à cette ambiance, on se demande même pourquoi ils n'ont pas collaboré plus tôt. La voix de l'auvergnat fait toujours mouche, sans manière, il nous raconte ses histoires de tous les jours, ses petits détails qui, au bout du compte, dresse un portrait presque hors du temps aux arrangements somptueux (rien que le premier titre "Chacun Vendait Des Grives" est pas loin d'être l'un des meilleurs titres de Murat).
Le mélange des voix par moment, l'ajout des multiples instruments du groupe, de la trompette au banjo en passant par les diverses percussions, donne un véritable cachet à ce disque. Album qui s'écoute d'une traite sans faiblir un instant, avec ses incartades poétiques typiques ("J'ai Fréquenté La Beauté", le long "Mujade Ribe qui nous ramène à l'époque Mustango), les choeurs enfantins du "Camping à la Ferme", véritable petite carte postale amusante.
Cette collaboration est une réussite totale, à 60 ans Jean Louis Murat montre qu'il n'a rien perdu de sa verve créatrice & poétique, ce long Babel fera sans doute date dans sa carrière, vivement l'année prochaine pour une nouvelle promenade dans ses terres volcaniques.
Parfait 17/20 | par X_Lok |
Posté le 25 août 2015 à 17 h 33 |
Il y a deux sortes de bons albums : ceux qui grandissent peu à peu et révèlent toute leur force après plusieurs écoutes, quand ils ont eu le temps de s'ancrer en vous, et puis il y a ceux qui attaquent sans attendre, et qui deviennent instantanément importants. Babel est de ces derniers.
Le concept d'album a beaucoup perdu de son sens : on ne les considère plus que comme des listes de dix ou douze chansons réunies sous un même titre et derrière une jolie pochette. Jean-Louis Murat (avec ses amis du Delano Orchestra) crée avec Babel un objet qui forme un tout, et dont la puissance dépasse la somme de ses constituants.
Vingts chansons, et des images à foison : on embarque sur les routes nocturnes et pluvieuses, les phares de la voiture qui interceptent les gouttes d'eau (les photos sont dans le livret), le son hypnotisant des essuie-glace... On visite des endroits qu'il nous semble déjà connaitre : Col de Diane, Sancy...
Le pouvoir hallucinogène de Babel réside dans l'osmose parfaite entre JLM et le Delano. Musicalement, ils se retrouvent dans ce mélange de folk/rock à la française, mais c'est au final bien plus que ça. Dès la première piste ("Chacun Vendrait Des Grives") le ton est donné : batterie syncopée, guitares à tendance blues, trompette envoûtante, tout est en place pour un grand voyage. Les grandes étapes ("Dans La Direction Du Crest" : 7min, "Mujade Ribe" : 9min, "Le Jour Se Lève Sur Chamablanc" : 7min) sont entrecoupées de chansons tantôt ouvertement Blues ("Blues Du Cygne", Col De Diane) ou de chansons plus habituelles chez Murat et son chant léger et grave : ("Tout M'Attire", "Frelons d'Asie", "Long John") et même d'un moment joyeux (oui, joyeux chez JLM, vous avez bien lu !) : "Camping à La Ferme". Dans ce double album, chaque seconde compte et n'existe que juxtaposée aux autres pour former cette étrange et fascinante architecture.
On ne revient à coup sûr pas indemne de ce voyage en Auvergne : c'est parfois sombre, entêtant, et on se retrouve parfois à répéter des phrases comme des prières païennes ("Arrête frère, c'est la poussière rien ne peut l'arrêter/où vont les morts, Mujade Ribe, arrête d'y penser"). Babel mérite qu'on l'écoute, qu'on le réécoute, qu'on y repense, qu'on y revienne de temps en temps pour retrouver ce plaisir et cette impression, indemnes, que c'est la nuit et qu'au pied de ce volcan, on n'est finalement pas si mal que ça.
Le concept d'album a beaucoup perdu de son sens : on ne les considère plus que comme des listes de dix ou douze chansons réunies sous un même titre et derrière une jolie pochette. Jean-Louis Murat (avec ses amis du Delano Orchestra) crée avec Babel un objet qui forme un tout, et dont la puissance dépasse la somme de ses constituants.
Vingts chansons, et des images à foison : on embarque sur les routes nocturnes et pluvieuses, les phares de la voiture qui interceptent les gouttes d'eau (les photos sont dans le livret), le son hypnotisant des essuie-glace... On visite des endroits qu'il nous semble déjà connaitre : Col de Diane, Sancy...
Le pouvoir hallucinogène de Babel réside dans l'osmose parfaite entre JLM et le Delano. Musicalement, ils se retrouvent dans ce mélange de folk/rock à la française, mais c'est au final bien plus que ça. Dès la première piste ("Chacun Vendrait Des Grives") le ton est donné : batterie syncopée, guitares à tendance blues, trompette envoûtante, tout est en place pour un grand voyage. Les grandes étapes ("Dans La Direction Du Crest" : 7min, "Mujade Ribe" : 9min, "Le Jour Se Lève Sur Chamablanc" : 7min) sont entrecoupées de chansons tantôt ouvertement Blues ("Blues Du Cygne", Col De Diane) ou de chansons plus habituelles chez Murat et son chant léger et grave : ("Tout M'Attire", "Frelons d'Asie", "Long John") et même d'un moment joyeux (oui, joyeux chez JLM, vous avez bien lu !) : "Camping à La Ferme". Dans ce double album, chaque seconde compte et n'existe que juxtaposée aux autres pour former cette étrange et fascinante architecture.
On ne revient à coup sûr pas indemne de ce voyage en Auvergne : c'est parfois sombre, entêtant, et on se retrouve parfois à répéter des phrases comme des prières païennes ("Arrête frère, c'est la poussière rien ne peut l'arrêter/où vont les morts, Mujade Ribe, arrête d'y penser"). Babel mérite qu'on l'écoute, qu'on le réécoute, qu'on y repense, qu'on y revienne de temps en temps pour retrouver ce plaisir et cette impression, indemnes, que c'est la nuit et qu'au pied de ce volcan, on n'est finalement pas si mal que ça.
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