Jean Louis Murat
A Bird On A Poire |
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Après un Lilith décevant et une prestation scénique consternante (et que sa mégalomanie affichée ne faisait qu'accentuer), j' attendais plus grand chose de Murat.
Je le voyais se ringardiser à vue d'oeil, et ça faisait de la peine de l'entendre se vautrer dans ses folks-songs de bas-étage, barboter dans ses blues à vous découvrir une vocation pour la surdité.
Alors quel étonnement à l'écoute de son dernier album !
Moins autiste qu'il ne le laissait paraître, il a sans doute compris qu'il commençait à tourner en rond musicalement, et que son écriture seule ( dont la qualité ne s'est jamais démentie, même sur Lilith ) ne suffisait pas à séduire les plus exigeants de ces auditeurs.
Il a donc ici délégué la composition à son bassiste et ami Fred Jimenez, se focalisant quant à lui sur les textes, la guitare et le chant, accompagné dans cette dernière tâche par Jennifer Charles d' Elysian Fields.
Les trois acolytes nous livrent donc ici une douzaine de morceaux mi-classe mi-kitsch, d'une belle diversité de rythmes et de couleurs, allant de la comptine ("Petite Luge") à la chanson la plus effrontément pop ("Le Temps Qu'Il Ferait"). Le son est excellent, les mélodies pertinentes ; les voix sensuelles au possible, et les textes plus beaux et plus fruités que jamais.
Mi-plouc mi-dandy, Murat se plaît tout au long de l'album à jouer, aux côtés de Jennifer, le rôle du vieux charmeur un rien lubrique ( comme Gainsbourg ou Lee Hazelwood avant lui ), et il faut bien avouer que ce rôle lui va comme un gant.
Avec sa bande il s'amuse à explorer toute la palette des émotions amoureuses, passant de l'enchantement à la tristesse, sur un ton toujours drôle et désinvolte, comme pour nous rappeler que la mélancolie n'est jamais aussi belle que mêlée à un sourire. On n'oppose aucune résistance à ces pop-songs parfaites et frivoles à souhait ( "Le Temps Qu'Il Ferait", "Mashpotétisé",etc ... ), on est ému quand le chagrin s'installe sur "Gagner L'Aéroport" ou sur "Elle Etait Venue De Californie" ; et l'alternance joliement dosée de ces émotions parallèles, nous ravit d'un bout à l'autre.
Les fines bouches jugeront quelques titres moins réussis, mais on pourra les passer sans problème puisqu'on trouvera toujours mieux sur la plage suivante ( par exemple, en ce qui me concerne, je zappe systématiquement "Tu N'Auras Pas Le Temps", sachant que "Elle Etait Venue De Californie" et "Petite Luge" trépignent d'impatience derrière ).
Tout ça pour dire que cet album de Murat a de quoi surprendre et de quoi séduire. Son apparente légèreté arrive en effet, l'air de rien, à toucher quelque chose de plus profond qu'il n'y paraît, de beau, de déchirant ; de proche et d'irréel ...
Je le voyais se ringardiser à vue d'oeil, et ça faisait de la peine de l'entendre se vautrer dans ses folks-songs de bas-étage, barboter dans ses blues à vous découvrir une vocation pour la surdité.
Alors quel étonnement à l'écoute de son dernier album !
Moins autiste qu'il ne le laissait paraître, il a sans doute compris qu'il commençait à tourner en rond musicalement, et que son écriture seule ( dont la qualité ne s'est jamais démentie, même sur Lilith ) ne suffisait pas à séduire les plus exigeants de ces auditeurs.
Il a donc ici délégué la composition à son bassiste et ami Fred Jimenez, se focalisant quant à lui sur les textes, la guitare et le chant, accompagné dans cette dernière tâche par Jennifer Charles d' Elysian Fields.
Les trois acolytes nous livrent donc ici une douzaine de morceaux mi-classe mi-kitsch, d'une belle diversité de rythmes et de couleurs, allant de la comptine ("Petite Luge") à la chanson la plus effrontément pop ("Le Temps Qu'Il Ferait"). Le son est excellent, les mélodies pertinentes ; les voix sensuelles au possible, et les textes plus beaux et plus fruités que jamais.
Mi-plouc mi-dandy, Murat se plaît tout au long de l'album à jouer, aux côtés de Jennifer, le rôle du vieux charmeur un rien lubrique ( comme Gainsbourg ou Lee Hazelwood avant lui ), et il faut bien avouer que ce rôle lui va comme un gant.
Avec sa bande il s'amuse à explorer toute la palette des émotions amoureuses, passant de l'enchantement à la tristesse, sur un ton toujours drôle et désinvolte, comme pour nous rappeler que la mélancolie n'est jamais aussi belle que mêlée à un sourire. On n'oppose aucune résistance à ces pop-songs parfaites et frivoles à souhait ( "Le Temps Qu'Il Ferait", "Mashpotétisé",etc ... ), on est ému quand le chagrin s'installe sur "Gagner L'Aéroport" ou sur "Elle Etait Venue De Californie" ; et l'alternance joliement dosée de ces émotions parallèles, nous ravit d'un bout à l'autre.
Les fines bouches jugeront quelques titres moins réussis, mais on pourra les passer sans problème puisqu'on trouvera toujours mieux sur la plage suivante ( par exemple, en ce qui me concerne, je zappe systématiquement "Tu N'Auras Pas Le Temps", sachant que "Elle Etait Venue De Californie" et "Petite Luge" trépignent d'impatience derrière ).
Tout ça pour dire que cet album de Murat a de quoi surprendre et de quoi séduire. Son apparente légèreté arrive en effet, l'air de rien, à toucher quelque chose de plus profond qu'il n'y paraît, de beau, de déchirant ; de proche et d'irréel ...
Parfait 17/20 | par Greg |
Posté le 21 octobre 2005 à 08 h 09 |
Revoilà notre Auvergnat préféré ! Quelques mois après le superbe Lilith, JLM revient avec un album dont le titre raisonne comme un hommage à Leonard Cohen, une de ses idoles, paraît-il : A bird on a poire. 'Un oiseau sur une poire' en français, et qui résume parfaitement la philosophie de l'album. JLM a décidé de ne pas se prendre au sérieux et de s'amuser. En compagnie de son compère de toujours Fred Jimenez, qui a composé toutes les mélodies et d'une vieille connaissance, Jennifer Charles (elle a chanté sur "Mustango"), Murat s'est amusé à brouiller les pistes et à nous surprendre.
L'Auvergne serait-elle une région si ennuyeuse qui expliquerait la boulimie créative de JLM ? Car depuis un certain temps, le chanteur a multiplié les projets en tous genres depuis son dernier opus. Imaginez : entre 2002 et 2005, JLM nous aura pondu trois galettes dont une double et un DVD. Et ce n'est pas fini : il envisage de sortir à la façon de Manu Chao un concept mélangeant la littérature, la musique et l'image. Les fans les plus assidus sont soumis à rude épreuve ! Leur porte-monnaie suivra-t-il la folie créatrice du sorcier auvergnat ?
Nous n'y sommes pas encore et en cette fin d'année 2004, JLM se met à la pop façon Beatles. C'est sympa, décalé, frais, et en rupture totale avec Lilith qui jouait davantage sur un esprit rock. Ici, chœurs et arrangements raffinés (violons, trompettes) donnent des couleurs joyeusement pastelles à cet album.
Une autre nouveauté, c'est la présence de Jennifer Charles, la délicieuse chanteuse du groupe Elysian Fields qui apporte une touche de charme et de féminité. La sensualité qui se dégage de sa voix complète parfaitement le chant typiquement nonchalant de JLM. A écouter inlassablement le très érotique "French Kissing" qui nous fait revivre le duo Gainsbourg-Birkin. Jennifer Charles mystifiée en Melody Nelson. Bien vu, JLM ! Car le disque est une sorte de partie de drague entre le french lover et l'américaine à la voix si suave. Nous suivons pas à pas l'histoire et les rapports qui se tissent entre les deux protagonistes. Murat en dragueur, Jennifer en femme fatale et Fred Jimenez en entremetteur, voilà le scénario que nous a concocté cet iconoclaste trio.
Les textes, tantôt drôles comme dans les entraînants "Mirabelle, Mirabeau" et "Le Temps Qu'il Ferait" ou dans l'irrésistiblement pop "Mashpotétisés" (à voir, le clip très poilant, critique acerbe des pseudo-chanteurs formatés façon Star Ac'), romantiques ("Elle Etait Venue De Californie") et mélancoliques ("Monsieur Craindrait Les Demoiselles", très érotique) accompagnent dans un contre-pied parfait les mélodies sucrées et légères de Fred Jimenez. Avec "L'Anéantissement D'Un Cœur", qui clôt une bonne fois pour toute la collaboration Murat/Charles, on comprend que l'auvergnat s'est prit une jolie veste. Murat n'aura pas réussi à dompter l'esprit farouche de la belle américaine mais pour son public c'est réussi.
L'Auvergne serait-elle une région si ennuyeuse qui expliquerait la boulimie créative de JLM ? Car depuis un certain temps, le chanteur a multiplié les projets en tous genres depuis son dernier opus. Imaginez : entre 2002 et 2005, JLM nous aura pondu trois galettes dont une double et un DVD. Et ce n'est pas fini : il envisage de sortir à la façon de Manu Chao un concept mélangeant la littérature, la musique et l'image. Les fans les plus assidus sont soumis à rude épreuve ! Leur porte-monnaie suivra-t-il la folie créatrice du sorcier auvergnat ?
Nous n'y sommes pas encore et en cette fin d'année 2004, JLM se met à la pop façon Beatles. C'est sympa, décalé, frais, et en rupture totale avec Lilith qui jouait davantage sur un esprit rock. Ici, chœurs et arrangements raffinés (violons, trompettes) donnent des couleurs joyeusement pastelles à cet album.
Une autre nouveauté, c'est la présence de Jennifer Charles, la délicieuse chanteuse du groupe Elysian Fields qui apporte une touche de charme et de féminité. La sensualité qui se dégage de sa voix complète parfaitement le chant typiquement nonchalant de JLM. A écouter inlassablement le très érotique "French Kissing" qui nous fait revivre le duo Gainsbourg-Birkin. Jennifer Charles mystifiée en Melody Nelson. Bien vu, JLM ! Car le disque est une sorte de partie de drague entre le french lover et l'américaine à la voix si suave. Nous suivons pas à pas l'histoire et les rapports qui se tissent entre les deux protagonistes. Murat en dragueur, Jennifer en femme fatale et Fred Jimenez en entremetteur, voilà le scénario que nous a concocté cet iconoclaste trio.
Les textes, tantôt drôles comme dans les entraînants "Mirabelle, Mirabeau" et "Le Temps Qu'il Ferait" ou dans l'irrésistiblement pop "Mashpotétisés" (à voir, le clip très poilant, critique acerbe des pseudo-chanteurs formatés façon Star Ac'), romantiques ("Elle Etait Venue De Californie") et mélancoliques ("Monsieur Craindrait Les Demoiselles", très érotique) accompagnent dans un contre-pied parfait les mélodies sucrées et légères de Fred Jimenez. Avec "L'Anéantissement D'Un Cœur", qui clôt une bonne fois pour toute la collaboration Murat/Charles, on comprend que l'auvergnat s'est prit une jolie veste. Murat n'aura pas réussi à dompter l'esprit farouche de la belle américaine mais pour son public c'est réussi.
Excellent ! 18/20
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