Beach House
Teen Dream |
Label :
Sub Pop |
||||
'AH ah'. 'AAAaaahhh'. 'haanHAAan'. 'HÉÉhééÉÉhéééhééé'. 'Oh oh oh oh oh oh oh oh oh'. Beach House présente : la pop onomatopée. Descendance du doo-wop. Un aboutissement. Plus besoin de discourir gauchement sur le pourquoi elle est partie, le comment je m'ennuie aujourd'hui. Non, suffit d'envoyer le fond brumeux et de lâcher, le moins naturellement du monde, de simples voyelles croassées ou de longs soupirs échevelés.
Bien sûr, je schématise, le trait épais, vulgaire. Simpliste mais enfin, que ce soit "Norway", "Real Love", "Zebra"... toutes présentent les mêmes symptômes d'anémie du langage. Et attention, pas s'y tromper, c'est un bien. Un putain de bien. Prodigieux même, pour qui veut s'abandonner à la langueur presque outrancière, presque exaspérante du couple baltimorien (z'aurez remarqué, tout est dans le presque hein). Des giclées, toute part, ça fuse : les mots mutent, de syllabes en jérémiades, des ah des oh des hé en flot quasi-ininterrompu. Une véritable invasion de voix venues d'une autre galaxie (du fond de la nuit, sans doute), et qui vous maintient la tête, le plus tendrement possible, dans une espèce de cafardeux crémeux. Mélancolie en guimauve. Mmmmmmhhh... Sûr, faut pas rester longtemps. Sinon c'est noyade assurée et on oublie de sortir les poubelles. Faire gaffe. Dans le genre, "Silver Soul", c'est un trou noir.
Teen Dream, une marche de franchie. Et c'est encore le chroniqué qui en parle le mieux. Victoria Legrand (alias Capitaine Flam) : 'la bête grandit, c'est l'évolution naturelle. Le son est plus puissant car nous progressons en intensité. Il y a toujours le même squelette, avec des muscles plus forts'. Exactement ça. Les mêmes chansons, merveilles ritournelles, mais une nouvelle production carat (Chris Coady, léchons-lui les pieds!) qui fait jaillir, plus que jamais, leur nectar indolent. Plus fort.
Bien sûr, je schématise, le trait épais, vulgaire. Simpliste mais enfin, que ce soit "Norway", "Real Love", "Zebra"... toutes présentent les mêmes symptômes d'anémie du langage. Et attention, pas s'y tromper, c'est un bien. Un putain de bien. Prodigieux même, pour qui veut s'abandonner à la langueur presque outrancière, presque exaspérante du couple baltimorien (z'aurez remarqué, tout est dans le presque hein). Des giclées, toute part, ça fuse : les mots mutent, de syllabes en jérémiades, des ah des oh des hé en flot quasi-ininterrompu. Une véritable invasion de voix venues d'une autre galaxie (du fond de la nuit, sans doute), et qui vous maintient la tête, le plus tendrement possible, dans une espèce de cafardeux crémeux. Mélancolie en guimauve. Mmmmmmhhh... Sûr, faut pas rester longtemps. Sinon c'est noyade assurée et on oublie de sortir les poubelles. Faire gaffe. Dans le genre, "Silver Soul", c'est un trou noir.
Teen Dream, une marche de franchie. Et c'est encore le chroniqué qui en parle le mieux. Victoria Legrand (alias Capitaine Flam) : 'la bête grandit, c'est l'évolution naturelle. Le son est plus puissant car nous progressons en intensité. Il y a toujours le même squelette, avec des muscles plus forts'. Exactement ça. Les mêmes chansons, merveilles ritournelles, mais une nouvelle production carat (Chris Coady, léchons-lui les pieds!) qui fait jaillir, plus que jamais, leur nectar indolent. Plus fort.
Excellent ! 18/20 | par Sirius |
Posté le 15 avril 2010 à 14 h 15 |
Ils m'avaient jeté un sort avec leur précédant album Devotion. Victoria Legrand, la fée à la voix sublime et Alex Scally, le magicien de la mélodie-berceuse reviennent avec, à peu près, les mêmes ingrédients. Leur musique est toujours celles des timides. Pourtant le sortilège semble s'être partiellement rompu...
Le début de l'album n'en reste pas moins exceptionnel. "Zebra" ouvre le bal. La chanson est d'abord portée par cette guitare douce et pudique qu'on aime tant. Puis elle s'envole doucement, les cymbales arrivent incognito...on est déjà aux anges. "Silver Soul" s'engouffre dans la brèche. Que dire, si ce n'est que c'est sûrement la chanson la plus envoûtante qu'il m'ait été donné d'écouter depuis un bail. Alex Scally sort le grand jeu avec ce riff que David Roback (Mazzy Star, Rain Parade) ne renierait pas j'en suis sûr. On tient sans nul doute le sommet de l'album. Beach House semble vouloir aller plus loin que Devotion. Ils gomment les petits détails et laissent place à la mélodie pure. Victoria Legrand n'hésite pas à prendre les devants et de porter certaines chansons toute seule ( "Walk in the park", "Norway"). L'exercice de style est jusque là réussi, tout est lumineux, hors saison... Une même chanson pourrait aussi bien sublimer un dimanche après-midi pluvieux de novembre qu'une sieste enchanteresse au bord d'un ruisseau, dans un sous bois, en plein été !
Pourtant quelque chose disparaît au fil du disque. Beach House semble pris à son propre jeu. A vouloir être en apesanteur constamment le groupe perd en justesse et l'écriture en prend un coup. On a l'impression qu'ils n'ont plus rien à prouver. Or, et même avec la petite notoriété qu'ils semblent avoir acquis, ils ont encore beaucoup à prouver ! La deuxième partie de l'album c'est du Beach House qui se contemple, le serpent se mord la queue... Là où Devotion réussissait dans les moments de faiblesses à regagner notre attention par une petite rythmique efficace ou des refrains savoureux, Teen Dream lui se noie petit à petit. On ne ressent plus la volonté d'aller de l'avant. Victoria Legrand est en roues libres, notamment sur "10 Mile Stereo" et son refrain d'un mauvais goût insoupçonné. Bien sûr les chansons ne sont pas non plus inécoutables, d'ailleurs elles commencent toujours plutôt bien, mais elles s'égarent vite dans leur propre construction. La faute peut être à ce parti pris initial que j'évoquais d'aller vers l'épuration extrême et finalement béate. Dans ce registre, le groupe n'a pas encore la capacité de nous tenir en haleine jusqu'au bout sans nous ennuyer.
Dommage. L'album est quand même très recommandable notamment pour les cinq premières chansons. Un sans faute pour la prochaine fois j'en suis convaincu !
Le début de l'album n'en reste pas moins exceptionnel. "Zebra" ouvre le bal. La chanson est d'abord portée par cette guitare douce et pudique qu'on aime tant. Puis elle s'envole doucement, les cymbales arrivent incognito...on est déjà aux anges. "Silver Soul" s'engouffre dans la brèche. Que dire, si ce n'est que c'est sûrement la chanson la plus envoûtante qu'il m'ait été donné d'écouter depuis un bail. Alex Scally sort le grand jeu avec ce riff que David Roback (Mazzy Star, Rain Parade) ne renierait pas j'en suis sûr. On tient sans nul doute le sommet de l'album. Beach House semble vouloir aller plus loin que Devotion. Ils gomment les petits détails et laissent place à la mélodie pure. Victoria Legrand n'hésite pas à prendre les devants et de porter certaines chansons toute seule ( "Walk in the park", "Norway"). L'exercice de style est jusque là réussi, tout est lumineux, hors saison... Une même chanson pourrait aussi bien sublimer un dimanche après-midi pluvieux de novembre qu'une sieste enchanteresse au bord d'un ruisseau, dans un sous bois, en plein été !
Pourtant quelque chose disparaît au fil du disque. Beach House semble pris à son propre jeu. A vouloir être en apesanteur constamment le groupe perd en justesse et l'écriture en prend un coup. On a l'impression qu'ils n'ont plus rien à prouver. Or, et même avec la petite notoriété qu'ils semblent avoir acquis, ils ont encore beaucoup à prouver ! La deuxième partie de l'album c'est du Beach House qui se contemple, le serpent se mord la queue... Là où Devotion réussissait dans les moments de faiblesses à regagner notre attention par une petite rythmique efficace ou des refrains savoureux, Teen Dream lui se noie petit à petit. On ne ressent plus la volonté d'aller de l'avant. Victoria Legrand est en roues libres, notamment sur "10 Mile Stereo" et son refrain d'un mauvais goût insoupçonné. Bien sûr les chansons ne sont pas non plus inécoutables, d'ailleurs elles commencent toujours plutôt bien, mais elles s'égarent vite dans leur propre construction. La faute peut être à ce parti pris initial que j'évoquais d'aller vers l'épuration extrême et finalement béate. Dans ce registre, le groupe n'a pas encore la capacité de nous tenir en haleine jusqu'au bout sans nous ennuyer.
Dommage. L'album est quand même très recommandable notamment pour les cinq premières chansons. Un sans faute pour la prochaine fois j'en suis convaincu !
Sympa 14/20
Posté le 22 juin 2012 à 14 h 59 |
A l'image de sa pochette quasi invisible, Teen Dream est un album très doux, pas du genre à vous sauter aux oreilles. Une pop planante et ensoleillée, aussi agréable aux tympans que le sable fin d'une plage déserte sur la main. Il y a bien sûr la voix de Victoria Legrand, que j'ai tout d'abord pris pour un homme (!), et les accords parcimonieux de la guitare de son comparse Alex Scally. Mais il y a surtout ce synthé soyeux et ronronnant, au son d'orgue 60's qui achève de faire de cet album un délice douillet. Les dix titres ne sont pas d'une folle variété, mais tous se révèlent très bons et accrocheurs, particulièrement les singles et surtout, à mon avis, le superbe "10 Mile Stereo" avec sa vibrante envolée épique. Alors bien sûr, le duo franco-ricain n'invente rien, on pourrait même dire que toute leur carrière se trouve déjà résumée dans le premier morceau du Heaven or Las Vegas de Cocteau Twins, mais ce magnifique titre renferme un univers tout entier, que Beach House nous propose d'explorer, et je les suis volontiers.
Très bon 16/20
En ligne
341 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages