Beirut

Zach Condon avait seize ans lorsqu'il a plaqué ses études et quitté Albuquerque, ville tranquille du Nouveau-Mexique pour voyager en Europe. Plus précisément et comme tout le monde le sait, il a dévié vers l'est pour s'immiscer dans la musique gypsy croisée au creux des collines balkaniques. Pompeii est le dernier EP en date depuis la sortie de Gulag Orchestra et pourtant Beirut a choisi de tronquer un peu le folklore qu'il a ramené de par delà l'océan Atlantique et privilégier une interprétation plus concise que d'habitude. "Fountains And Tramways" est la première tentative du genre avec une fois n'est pas coutume un beat électronique pour donner la mesure sur lequel vient s'insérer un piano sobre et discret. Le décalage peut paraître surprenant mais il n'en est rien. Condon réussit comme toujours à marier tout ce qu'il veut surtout lorsqu'il use de sa voix plaintive et feutrée pour nous susurrer ses complaintes automnales. La boîte à rythme tire la mélancolie latente du jeune américain vers le haut et le sentiment de gravité qui nous fait part semble soudain moins dur à porter. Et puis vient "Napoleon On The Bellerophon" ultime titre déjà et accompagné au piano également. Le temps d'écoute est raccourci, il faut donc en profiter au maximum. Et là Beirut sort de sa gorge cette polyphonie chancelante comme si tous les amis qu'ils s'étaient fait là-bas chanter par procuration rien qu'avec la foi d'un seul homme. Le clavier devient plus léger et s'adonne à présent à de petites notes rapides et gaies. On n'avait plus besoin d'hausser le tempo pour nous donner ce sentiment de légèreté et de plénitude d'autant plus que quoi qu'il fasse le multi-instrumentiste trouve le moyen de faire retentir sa trompette extatique et frissonnante. Beirut nous aura encore donné du rêve et de l'exotisme même si cela aura été très bref. Mais que demander de mieux.