Brian Eno
Before And After Science |
Label :
EG |
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Voici peut-être l'album le plus connu de Brian Eno, et l'un des plus importants. Pour ma part, je suis toujours sidéré par la beauté glacée de ces dix morceaux, jamais rendue ridicule par le son typé 70's des machines utilisées. Il faut dire que Eno le "non-musicien" comme il aime se définir lui-même, est ici entouré de Phil Collins ou de Jaki Liebezeit de Can à la batterie, de Robert Fripp à la guitare, et du duo d'électronique allemand avant-gardiste Cluster qui co-écrit le titre "By This River". Ces musiciens, certains ombrageux dans leur propre groupe sont ici complètement au service de l'inspiration de ce chercheur, ici à son summum.
Nous sommes en 1976, le vague punk est sur le point de déferler dans les oreilles de toute une génération qui ne sait comment canaliser sa fureur. Brian Eno suit les choses de loin. L'heure n'est plus à l'idéalisme hippie, aux frasques du glam-rock, tout ceci est très loin et il le sait. Il vient de passer du temps à Berlin, contribuant grandement à mettre en sons la nouvelle image du Thin White Duke, nouveau personnage de David Bowie, sur l'album Low. Il vient de rencontrer les Talking Heads, la chanson "Kings Lead Hat" étant un anagramme du nom du fameux groupe de David Byrne, ici encore à ses débuts. Ce défricheur amateur de concepts n'en finit plus de s'entourer, d'explorer des nouvelles voies. "Before and After Science" est donc un album indispensable pour qui désire suivre l'évolution des musiques électroniques autant que du rock expérimental. L'album avant même l'apparition du punk évoque déjà le post-punk.
Tout comme les albums de la trilogie berlinoise de Bowie, il est divisé en deux parties bien distinctes, sur lesquelles de sa voix gelée, Brian Eno pose ses mots. La première fait la part belle à des morceaux tendus et secs, une sorte de funk martial teintée d'électronique glaciale, annonçant déjà le style des Talkings Heads quand Eno les rejoindra pour les produire. La chanson "Backwater" est particulièrement efficace et d'une très grande qualité mélodique.
La face B démarre par "Here He Comes", une superbe ballade encore assez rock, puis le disque va progressivement glisser vers une musique ambiant absolument sublime, aux mélodies indémodables. "Julie With..." met la grâce et les idées noires au même niveau pour venir effleurer les abysses de l'âme. "By This River", prouve déjà qu'on peut générer une foule d'émotions puissantes en jouant pourtant sur le minimalisme et une ambiance liquide et feutrée (The Notwist a dû probablement en prendre de la graîne).
Les contours deviennent incertains, "Through Hollow Lands" nous caresse la nuque de ses nappes glaciales et désemparées. "Spider And I" clôture le disque en beauté. Cette chanson à la mélodie, encore une fois, désarmante de simplicité et d'originalité, possède tous les atouts pour atteindre au coeur et en faire une grande chanson d'ambiant-pop.
Elle fut d'ailleurs utilisée judicieusement par Olivier Assayas pour coller à l'ambiance de son beau film "Clean".
Personnellement, c'est toujours quand la face B arrive que je sais que j'écoute un album vraiment intemporel. Je dirais que cet album représente parfaitement le "no future" sous son aspect planant. Il me semble absolument sans espoir et brille comme un fragile diamant brut perdu au fond d'un eau noire. Mais comme la face A m'a un peu moins parlé, je ne lui mets pas la note maximale. Mais le coeur y est, pour tout ce qu'il représente autant en évolution musicale qu'en émotion brute, et ce chez de nombreuses personnes.
Nous sommes en 1976, le vague punk est sur le point de déferler dans les oreilles de toute une génération qui ne sait comment canaliser sa fureur. Brian Eno suit les choses de loin. L'heure n'est plus à l'idéalisme hippie, aux frasques du glam-rock, tout ceci est très loin et il le sait. Il vient de passer du temps à Berlin, contribuant grandement à mettre en sons la nouvelle image du Thin White Duke, nouveau personnage de David Bowie, sur l'album Low. Il vient de rencontrer les Talking Heads, la chanson "Kings Lead Hat" étant un anagramme du nom du fameux groupe de David Byrne, ici encore à ses débuts. Ce défricheur amateur de concepts n'en finit plus de s'entourer, d'explorer des nouvelles voies. "Before and After Science" est donc un album indispensable pour qui désire suivre l'évolution des musiques électroniques autant que du rock expérimental. L'album avant même l'apparition du punk évoque déjà le post-punk.
Tout comme les albums de la trilogie berlinoise de Bowie, il est divisé en deux parties bien distinctes, sur lesquelles de sa voix gelée, Brian Eno pose ses mots. La première fait la part belle à des morceaux tendus et secs, une sorte de funk martial teintée d'électronique glaciale, annonçant déjà le style des Talkings Heads quand Eno les rejoindra pour les produire. La chanson "Backwater" est particulièrement efficace et d'une très grande qualité mélodique.
La face B démarre par "Here He Comes", une superbe ballade encore assez rock, puis le disque va progressivement glisser vers une musique ambiant absolument sublime, aux mélodies indémodables. "Julie With..." met la grâce et les idées noires au même niveau pour venir effleurer les abysses de l'âme. "By This River", prouve déjà qu'on peut générer une foule d'émotions puissantes en jouant pourtant sur le minimalisme et une ambiance liquide et feutrée (The Notwist a dû probablement en prendre de la graîne).
Les contours deviennent incertains, "Through Hollow Lands" nous caresse la nuque de ses nappes glaciales et désemparées. "Spider And I" clôture le disque en beauté. Cette chanson à la mélodie, encore une fois, désarmante de simplicité et d'originalité, possède tous les atouts pour atteindre au coeur et en faire une grande chanson d'ambiant-pop.
Elle fut d'ailleurs utilisée judicieusement par Olivier Assayas pour coller à l'ambiance de son beau film "Clean".
Personnellement, c'est toujours quand la face B arrive que je sais que j'écoute un album vraiment intemporel. Je dirais que cet album représente parfaitement le "no future" sous son aspect planant. Il me semble absolument sans espoir et brille comme un fragile diamant brut perdu au fond d'un eau noire. Mais comme la face A m'a un peu moins parlé, je ne lui mets pas la note maximale. Mais le coeur y est, pour tout ce qu'il représente autant en évolution musicale qu'en émotion brute, et ce chez de nombreuses personnes.
Excellent ! 18/20 | par Sam lowry |
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