Xploding Plastix

S'il ne fallait en retenir qu'un ce serait sans l'ombre d'un doute Amateur Girlfriends Go Proskirt Agents, ce puissant hommage électro jazz à la sphère cinématographique et ses tons sépia organiques kaléidoscopiques. Arrangeurs plus que musiciens, Jens Petter Nilsen et Hallvard Wennersberg Hagen samplent, compilent, érigent dans un besoin urgent de figer rapidement une atmosphère et parfois toucher au dénouement qu'ils adulent. Ils calibrent le plus souvent leurs compositions autour des cinq minutes, pressés par les tempos speedés qu'ils lancent au devant d'instruments naturels (contrebasse, piano) laissés au soin de vrais musiciens, jusqu'à atteindre une alchimie drum and bass ponctuant avec intensité les lignes mélodiques diffusées par la pellicule. Loin des substances plastiques, Xloding Plastix refait ainsi la bande originale de films qui se passent facilement d'images, parsemée de dialogues, de moments de suspense cuivrés staccato suivant les pas d'un 007 ("Far Flung Tonic" rappelant un Felt Moutain uptempo), d'invitations permanentes au voyage (l'orientale "Having Small Babies" et sa basse ronflante, la merveille andalouse "Treat Me Mean, I Need The Reputation") ou aux romances, de teintes technicolor ou simplement noires et banches. Pas étonnant donc de retrouver des samples de La Mort Aux Trousses ("6 Hours Starlight") et de La Forêt Pétrifiée ("Comatose Luck"). La démarche et le style ne sont pas sans rappeler The Cinematic Orchestra, quoi que plutôt voraces ici avec des moments de déluge percussif frénétique cher à Amon Tobin, mais aussi l'utilisation d'une poésie forcément empruntée. Un album nu jazz puissant par son pouvoir évocateur et son immédiateté, décomplexé et dépourvu de tout simplisme qui, je le répète, rend un brillant hommage au septième art.