Echo & The Bunnymen

Echo And The Bunnymen est un groupe majeur des mouvements post-punk/new-wave, mais aussi du rock et de la pop, tous genres et toutes époques confondus, même si sa popularité n'est pas ce qu'elle devrait légitimement être. Rappelons brièvement que le groupe, formé à Liverpool en 1978, est influencé par David Bowie, The Doors, The Velvet Underground, Television (ils reprendront d'ailleurs tous ces artistes), mais également (surtout le chanteur) par Leonard Cohen, Jacques Brel, Franck Sinatra et Edith Piaf – sans oublier, mais c'est une évidence, leurs précurseurs liverpuldiens, les Quatre Garçons dans le Vent. Echo And The Bunnymen est certainement l'un des groupes les plus romantiques, au meilleur sens du terme, de tous les temps.
Chanteur de génie – mais guitariste assez limité –, Ian Mc Culloch avait la chance d'être accompagné par un guitariste particulièrement doué et inventif, Will Sergeant, fan de garage rock, d'un excellent bassiste, Les Pattinson, et de l'un des meilleurs batteurs du post-punk, sinon du rock dans son ensemble, Pete De Freitas, 'beau comme un dieu grec', décédé dans un accident de moto en 1989. Ce sont d'éternels rivaux de New Order, la compétition entre Manchester et Liverpool ne concernant pas seulement le football mais aussi la musique, et on se souvient que Les Pattinson avait adressé à Peter Hook une carte disant ‘au meilleur bassiste du Nord', ce dernier lui envoyant en retour une missive le désignant 'deuxième meilleur bassiste du Nord'.
Ce live a été enregistré le 11 janvier 1988 dans leur cité natale portuaire et industrielle en crise. Quelques mois après cette tournée, qui suivait le cinquième album, au nom éponyme, d'Echo And The Bunnymen (1987), de loin le moins bon de leur première période, le leader Ian McCulloch quitte le groupe, mettant un terme – toutefois provisoire – à son existence. Les concerts enregistrés par la BBC Radio 1 ne brillent pas, en général, par leur qualité. Le son de ce live est toutefois très loin d'être mauvais et, s'il n'a pas été enregistré au moment de l'apogée du groupe (1980-1984), il a au moins le mérite de constituer l'unique témoin des performances scéniques du groupe lors de sa première période. Le choix des morceaux est assez diversifié, chaque période est assez bien représentée, le dernier album en date est loin de dominer, c'est même plutôt le second, Heaven Up Here (1981). Cependant, les titres proposés ne font pas vraiment partie des meilleurs, ou au moins de ceux que je préfère, j'aurais souhaité une autre setlist. Le groupe interprète avec une énergie impressionnante et une grande sincérité des classiques, comme "Rescue", leur premier single (1979), "Back Of Love", "Seven Seas" ou "Lips Like Sugar", single qui venait de sortir, et des morceaux plus rares, tels que "Heaven Up Here", "Crocodiles" (avec un clin d'œil à "Light My Fire"), "All My Colours" (ici renommé "Zimbo") ou "Thorn Of Crowns". La fougue, les envolées lyriques, la beauté fiévreuse des guitares et des mélodies, les ruptures de rythme, les émotions fortes, on y retrouve ce qui fait la force des prestations de ce très grand groupe.
Ce live, désormais très difficile à trouver, ne fait pas partie des meilleurs que je connaisse, mais il constitue un très bon témoignage des performances d'Echo And The Bunnymen en concert avant leur première séparation en 1988.