Sun Dial
Return Journey |
Label :
Acme |
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S'ils n'avaient pas été sauvés de l'oubli et exhumés en 1995 lorsque Gary Ramon voulait signer un deal avec le label Acme Records, ces enregistrements auraient pu tout simplement disparaître...
Ils appartiennent à une partie de l'histoire de la formation anglaise Sun Dial, une histoire confuse, délirante et assez mouvementée.
Désireux de faire suivre très rapidement un nouvel album au chef-d'œuvre Other Way Out, Gary Ramon, Anthony Clough et le nouveau batteur John Pelech s'enferment dans un petit studio en avril 1991 afin d'enregistrer quelques chansons écrites sur le tas. Et pour se donner de l'inspiration, le groupe se fait livrer au studio toutes les drogues possibles et imaginables. Du coup, le délai se rallonge au fil des orgies ; les jours se transforment en semaines, les semaines en mois.
La plupart des morceaux de ces sessions sont présents dans Return Journey. Ils traduisent à la perfection l'esprit dantesque qui pouvait régner au studio, la confusion, les trips hallucinants et l'envie de toujours planer. Rien qu'à l'oreille, on peut deviner la composition sanguine de ces musiciens, shootés comme jamais et qui se livrent avec délectation dans des exercices de hautes voltiges. Le tempo sera plus rapide que sur le premier album, plus nerveux, tout en conservant ce son de guitare si particulier, archi bourré de fuzz et de distorsions, à tel point qu'on croirait entendre un morceau des Stooges en écoutant "Magic Potion". Les guitares s'affolent et partent bien vite au-delà du schéma linéaire qu'impose le rythme, pour s'envoler dans des solos laissant à peine le temps de souffler. Résolument cradingue, le grain grossier et la pédale wah-wah de "Fireball", manifestent très bien le peu de soin qui fut accordé à la qualité de la production. Le chant reste encore mi-concerné, mi-nonchalant, voire trafiqué par moment. Manifestement, le groupe était plus occupé à naviguer dans des trips existentiels qui les dégageaient de toute responsabilité vis-à-vis d'un rendu de son correct, sinon potable. Au lieu de ça, on a le droit à des morceaux qui prennent vite l'apparence de rock tribal, à l'instar de "Though You" ou du long (très long) "Outer Limits To Your Brain", dont les parties de guitares sont confondantes. Les trois musiciens s'essayent même la petite ballade planant et new-age, sur "UV", avec guitare acoustique, percus et arpèges cristallins.
Mais toujours rien de potable selon l'exigeant Gary Ramon. Les chansons auront beau être enregistrées, mixées, ré-enregistrées et mixées à nouveau, différemment, le leader de Sun Dial demeure insatisfait. Et ne les pressera pas sur vinyle, malgré la pression du label, qui a avancé une partie de l'argent pour la location du studio et qui se demande bien si elle n'a pas été dilapidée.
Pendant ce temps, intéressés à l'idée de passer leurs nuits à partager bières, cachets et sessions jams, Chris Dalley et Nigel Carpenter (issus des Bikinis) se joignent au groupe. La nouvelle mouture, lors d'éclair de conscience, dont on ne sait s'il s'agit de trait de génie ou de manifestation psychotrope, lance alors l'idée folle : toute chanson sera désormais enregistrée en condition live. Afin de capter directement la puissance du groupe et de saisir au vol son esprit sans la salir ou la travestir. Sauf que pour l'allumé Gary Ramon, condition live signifie réellement condition live : le studio Commercial Road, surtout connu pour son faible prix de location, ses 50 m2 de surface et sa table de mixage ridicule, se transforme alors en salle de concert. Pendant des heures et devant public, qui se massera dans le studio et laissera derrière lui à chaque fois un carnage sans nom, Sun Dial se lancera dans des jams endiablés.
De ces sessions chaotiques, il en sera tiré la chanson "Sunstroke", présente deux fois, dont une jointe à "Mindtrain". On y retrouve bien cet esprit complètement barré et presque free, puisque les deux morceaux additionnés forment un monument de plus de 13 min (le chant ne viendra qu'au bout de 11 min !) avec longues plages d'impro, solos étalés tout du long et digressions quasi-permanentes. Tout simplement stupéfiant. Il n'y a pas d'autres mots. Il faut écouter pour s'en rendre compte...
Par la suite, les fans se ruant de plus en plus au sein du studio, qui finira par devenir un squat innommable, les musiciens n'arrivèrent plus à gérer ce qui commençait à devenir de la folie pure, et déménagèrent pour jouer dans les quartiers nord de Londres, au Camden Falcon notamment, plus à même d'accueillir ces joyeux drilles. Les groupes shoegaze de là-bas (Smashing Orange, Loop, Ride, Th' Faith Healers) ne seront pas pour rien dans l'évolution du son du groupe qui commencera à écrire "Reflecter". Et laisseront tomber les sessions au Commercial Road.
A la recherche du nouveau label, Gary Ramon se verra obliger de présenter des enregistrements et se souvint qu'il avait du matériel à recycler. Historiquement, "Return Journey" mérite donc de rependre sa place : il peut être vu comme le deuxième album du groupe. Il aurait été effectivement dommage de passer à côté.
A l'image de "Slow Motion", trésor caché : lent, rampant, avec clavier lancinant et solos planant abusant de réverb géniaux, tout bonnement énorme.
Ils appartiennent à une partie de l'histoire de la formation anglaise Sun Dial, une histoire confuse, délirante et assez mouvementée.
Désireux de faire suivre très rapidement un nouvel album au chef-d'œuvre Other Way Out, Gary Ramon, Anthony Clough et le nouveau batteur John Pelech s'enferment dans un petit studio en avril 1991 afin d'enregistrer quelques chansons écrites sur le tas. Et pour se donner de l'inspiration, le groupe se fait livrer au studio toutes les drogues possibles et imaginables. Du coup, le délai se rallonge au fil des orgies ; les jours se transforment en semaines, les semaines en mois.
La plupart des morceaux de ces sessions sont présents dans Return Journey. Ils traduisent à la perfection l'esprit dantesque qui pouvait régner au studio, la confusion, les trips hallucinants et l'envie de toujours planer. Rien qu'à l'oreille, on peut deviner la composition sanguine de ces musiciens, shootés comme jamais et qui se livrent avec délectation dans des exercices de hautes voltiges. Le tempo sera plus rapide que sur le premier album, plus nerveux, tout en conservant ce son de guitare si particulier, archi bourré de fuzz et de distorsions, à tel point qu'on croirait entendre un morceau des Stooges en écoutant "Magic Potion". Les guitares s'affolent et partent bien vite au-delà du schéma linéaire qu'impose le rythme, pour s'envoler dans des solos laissant à peine le temps de souffler. Résolument cradingue, le grain grossier et la pédale wah-wah de "Fireball", manifestent très bien le peu de soin qui fut accordé à la qualité de la production. Le chant reste encore mi-concerné, mi-nonchalant, voire trafiqué par moment. Manifestement, le groupe était plus occupé à naviguer dans des trips existentiels qui les dégageaient de toute responsabilité vis-à-vis d'un rendu de son correct, sinon potable. Au lieu de ça, on a le droit à des morceaux qui prennent vite l'apparence de rock tribal, à l'instar de "Though You" ou du long (très long) "Outer Limits To Your Brain", dont les parties de guitares sont confondantes. Les trois musiciens s'essayent même la petite ballade planant et new-age, sur "UV", avec guitare acoustique, percus et arpèges cristallins.
Mais toujours rien de potable selon l'exigeant Gary Ramon. Les chansons auront beau être enregistrées, mixées, ré-enregistrées et mixées à nouveau, différemment, le leader de Sun Dial demeure insatisfait. Et ne les pressera pas sur vinyle, malgré la pression du label, qui a avancé une partie de l'argent pour la location du studio et qui se demande bien si elle n'a pas été dilapidée.
Pendant ce temps, intéressés à l'idée de passer leurs nuits à partager bières, cachets et sessions jams, Chris Dalley et Nigel Carpenter (issus des Bikinis) se joignent au groupe. La nouvelle mouture, lors d'éclair de conscience, dont on ne sait s'il s'agit de trait de génie ou de manifestation psychotrope, lance alors l'idée folle : toute chanson sera désormais enregistrée en condition live. Afin de capter directement la puissance du groupe et de saisir au vol son esprit sans la salir ou la travestir. Sauf que pour l'allumé Gary Ramon, condition live signifie réellement condition live : le studio Commercial Road, surtout connu pour son faible prix de location, ses 50 m2 de surface et sa table de mixage ridicule, se transforme alors en salle de concert. Pendant des heures et devant public, qui se massera dans le studio et laissera derrière lui à chaque fois un carnage sans nom, Sun Dial se lancera dans des jams endiablés.
De ces sessions chaotiques, il en sera tiré la chanson "Sunstroke", présente deux fois, dont une jointe à "Mindtrain". On y retrouve bien cet esprit complètement barré et presque free, puisque les deux morceaux additionnés forment un monument de plus de 13 min (le chant ne viendra qu'au bout de 11 min !) avec longues plages d'impro, solos étalés tout du long et digressions quasi-permanentes. Tout simplement stupéfiant. Il n'y a pas d'autres mots. Il faut écouter pour s'en rendre compte...
Par la suite, les fans se ruant de plus en plus au sein du studio, qui finira par devenir un squat innommable, les musiciens n'arrivèrent plus à gérer ce qui commençait à devenir de la folie pure, et déménagèrent pour jouer dans les quartiers nord de Londres, au Camden Falcon notamment, plus à même d'accueillir ces joyeux drilles. Les groupes shoegaze de là-bas (Smashing Orange, Loop, Ride, Th' Faith Healers) ne seront pas pour rien dans l'évolution du son du groupe qui commencera à écrire "Reflecter". Et laisseront tomber les sessions au Commercial Road.
A la recherche du nouveau label, Gary Ramon se verra obliger de présenter des enregistrements et se souvint qu'il avait du matériel à recycler. Historiquement, "Return Journey" mérite donc de rependre sa place : il peut être vu comme le deuxième album du groupe. Il aurait été effectivement dommage de passer à côté.
A l'image de "Slow Motion", trésor caché : lent, rampant, avec clavier lancinant et solos planant abusant de réverb géniaux, tout bonnement énorme.
Bon 15/20 | par Vic |
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