Sun Dial

Reflecter

Reflecter

 Label :     Dutch East India 
 Sortie :    1992 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Other Way Out ayant été une incroyable surprise et une source de délectation inépuisable pour tout amateur de rock psychédélique, il eut été difficile de rééditer l'exploit. A moins d'augmenter considérablement les fournitures en drogues, chose impossible...
C'est donc notamment pour cette raison que Gary Ramon décida de faire évoluer à coup de petites touches le style de Sun Dial.
Alors que son premier coup d'essai, et déjà chef-d'œuvre inégalable qui remettait au goût du jour avec une nonchalance inouïe le psychédélisme sixties des 13th Floor Elevators, semblait touché par une grâce particulièrement culottée (le groupe improvisant de longues plages de distorsions... touchant à chaque fois au plus juste !), Libertine, sorti en 1993 rapprochait le groupe d'un format plus concis et plus pop, mais aussi plus puissant dans le son et plus bruyant.
Il ne servait à rien de refaire un autre Other Way Out, et la tentative aurait été vouée à l'échec, le disque appartenant à ces éclairs de génie qui n'arrivent que lorsqu'on atteint un état de trip qui se reproduit que trop rarement. Gary Ramon le précise lui-même: "Je souhaite que chacun de mes albums ait leur propre sensibilité. Non pas que je veuille changer de style, finalement ils gardent un fil conducteur, mais je préfère expérimenter". Il faut aussi souligner qu'il devra composer avec un changement permanent de musiciens, notamment de guitariste, ce qui ne compta pas pour rien dans le changement de son du groupe.
Reflecter, mini-album, mais en fait regroupement de singles déjà sortis en EP, mais dans d'autres versions, se situe exactement à la croisée des chemins. Durcissant le jeu de guitare et rallongeant les distorsions, Gary Ramon n'en oubliera pas moins une certaine langueur dans le style, enveloppant son chant dans une nonchalance légère et adoucie. Et cela est d'autant plus étonnant qu'il s'agit pour la plupart de compositions déjà existantes, parfois même depuis l'époque The Modern Art, mais repris à la sauce noisy. Pour un résultat époustouflant: le son tourbillonnant, beaucoup plus puissant et rempli de volutes, tournant en boucle, possède le don d'être particulièrement planant, rappelant ce côté tripant qu'on retrouve dans beaucoup de formations shoegaze. Ici, les voix sont calfeutrées mais pas à cause d'une recherche délibérée de flirter avec la douceur, mais plutôt à cause d'un état plus proche du shoot que de la conscience.
Les chansons, à la fois évanescentes et à la fois vigoureuses, captent les esprits instantanément et les font s'envoler loin, très loin. Les sonorités sont très denses et s'imiscer dans ces couches riches en réverbérations implique un éveil des sens. Peut-être pas très catholique certes, mais au delà du Paradis, il y a la galaxie, autrement plus planant. Une seule consigne, à respecter à la lettre: se laisser porter par les avalanches de guitares fiévreuses, pour atteindre au cours de chevauchées électriques, une sorte de communion mystique.


Excellent !   18/20
par Vic


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