Felt
Forever Breathes The Lonely World |
Label :
Creation |
||||
Après un album instrumental d'à peine 20 minutes en guise d'échauffement, Felt revient la même année 86 pour nous offrir son trophée étincelant, Forever Breathes The Lonely World ou comment survivre magnifiquement au départ du surdoué Maurice Deebank.
Sa guitare alambiquée et cristalline était devenue marque de fabrique du son Felt. Le jeu si particulier de Deebank le rendait de surcroît irremplaçable. Lawrence, la tête pensante et névrosée du groupe l'a bien compris et va privilégier sans sacrifier quoi que ce soit à son divin songwriting un autre instrument présent depuis Ignite The Seven Cannons : l'orgue hammond du futur Primal Scream Martin Duffy (la moitié de beau gosse juvénile sur la pochette). Sa présence omnisciente réchauffe la pop atmosphérique des anglais. La guitare glacée de Deebank n'étant plus là pour accompagner les textes dépressifs de Lawrence, l'ambiance vire parfois à l'enchantement béat, porteur d'un espoir qui jusque-là était superbement ignoré dans le carcan grisâtre du groupe.
Le single lumineux "Rain Of Crystal Spires" ouvre la chapelle sacrée de Forever Breathes The Lonely World. Suit une série de chansons baignant dans les choeurs éthérés comme autant d'enluminures colorées qui prennent fin soudainement devant le souffle sombre et dramatique de "All The People I Like Are Those That Are Dead". La chapelle devient ardente. Une des plus belles chansons que nous aura offerte la pop anglaise de toute son existence féconde. Et un des textes les plus forts aussi, que seul ce poète brisé de Lawrence pouvait enfanter: 'Maybe I shoud take a gun And put it to the head of everyone All the people I like are underground It's better to be lost than to be found'. Il faut aussi l'entendre ce Lawrence proféré des 'C'mon' racoleur avant d'entonner sur un mode presque dictatique 'All The People I Like Are Those That Are Dead' comme s'il désirait que son auditoire factice mémorise et entonne avec lui ce refrain morbide. Le chanteur timide et quasiment imperceptible des débuts n'est plus, remplacé par un chanteur à la voix malade mais assurée. L'émotion en est décuplée. Et c'est avec un sentiment fort mais ambigu (est-ce triste ? joyeux ?) que s'achève Forever Breathes The Lonely World.
Un jour il faudra leur dire. Il faudra leur dire à tous ces malentendants ou ces gens totalement dénués de curiosité que les années 80 furent probablement une des décennies les plus créatives en matière de pop. Et pas au sens MTV. En 1986, alors que tout le monde a les oreilles braquées sur The Queen Is Dead des Smiths, un autre groupe anglais sort un chef-d'oeuvre qui méritait tout autant de considération si ce n'est plus. Mais ça, c'est toute l'histoire de ce groupe...
Sa guitare alambiquée et cristalline était devenue marque de fabrique du son Felt. Le jeu si particulier de Deebank le rendait de surcroît irremplaçable. Lawrence, la tête pensante et névrosée du groupe l'a bien compris et va privilégier sans sacrifier quoi que ce soit à son divin songwriting un autre instrument présent depuis Ignite The Seven Cannons : l'orgue hammond du futur Primal Scream Martin Duffy (la moitié de beau gosse juvénile sur la pochette). Sa présence omnisciente réchauffe la pop atmosphérique des anglais. La guitare glacée de Deebank n'étant plus là pour accompagner les textes dépressifs de Lawrence, l'ambiance vire parfois à l'enchantement béat, porteur d'un espoir qui jusque-là était superbement ignoré dans le carcan grisâtre du groupe.
Le single lumineux "Rain Of Crystal Spires" ouvre la chapelle sacrée de Forever Breathes The Lonely World. Suit une série de chansons baignant dans les choeurs éthérés comme autant d'enluminures colorées qui prennent fin soudainement devant le souffle sombre et dramatique de "All The People I Like Are Those That Are Dead". La chapelle devient ardente. Une des plus belles chansons que nous aura offerte la pop anglaise de toute son existence féconde. Et un des textes les plus forts aussi, que seul ce poète brisé de Lawrence pouvait enfanter: 'Maybe I shoud take a gun And put it to the head of everyone All the people I like are underground It's better to be lost than to be found'. Il faut aussi l'entendre ce Lawrence proféré des 'C'mon' racoleur avant d'entonner sur un mode presque dictatique 'All The People I Like Are Those That Are Dead' comme s'il désirait que son auditoire factice mémorise et entonne avec lui ce refrain morbide. Le chanteur timide et quasiment imperceptible des débuts n'est plus, remplacé par un chanteur à la voix malade mais assurée. L'émotion en est décuplée. Et c'est avec un sentiment fort mais ambigu (est-ce triste ? joyeux ?) que s'achève Forever Breathes The Lonely World.
Un jour il faudra leur dire. Il faudra leur dire à tous ces malentendants ou ces gens totalement dénués de curiosité que les années 80 furent probablement une des décennies les plus créatives en matière de pop. Et pas au sens MTV. En 1986, alors que tout le monde a les oreilles braquées sur The Queen Is Dead des Smiths, un autre groupe anglais sort un chef-d'oeuvre qui méritait tout autant de considération si ce n'est plus. Mais ça, c'est toute l'histoire de ce groupe...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Sirius |
Posté le 20 mars 2008 à 22 h 10 |
Si la musique de Felt devait trouver une définition,
sûr que ‘raffinement' serait un terme qui lui siérait à merveille.
Franchement peut-on faire plus délicat que ces mains que l'on imagine longues et fines, parcourant une six cordes afin de délivrer ces arpèges élancés? À part chez les Smiths, je ne vois pas.
On pourrait même dire qu'il y a une certaine similitude chez ces deux groupes, cette curieuse manie à vouloir se perdre comme ça dans la chanson. Et puis il y'a cette façon de chanter de Lawrence.
Cette volonté sûrement de prendre un peu de hauteur, voix hautaine et suave à la fois, cette manière si particulière d'être affecté.
Ces petits bijoux que l'on extirpe un a un de "Forever Breathes The Lonely World", avec la même précaution que l'on prendrait pour manipuler la fragilité du cristal, tour à tour lumineux ou tout à coup étrangement mélancolique.
On sent le garçon souffreteux (forcément) qui a pu a un moment se cacher derrière cette pop fragile.
Recroquevillé sur son monde en noir et blanc, à essayer de communiquer comme il pouvait. Et c'est précisément comme ça qu'il y est finalement parvenu. Tant bien que mal.
Plutôt mal que bien d'ailleurs, parce que Felt, c'était pas du genre à truster le top 50 tous les jours.
On imagine mal ce genre de musique atrophiée et mal à l'aise, être l'objet d'un engouement faramineux. Plutôt confidentiel et réservé aux esthètes que nous sommes, avec Lawrence qui viendrait nous susurrer des choses comme ça, à l'oreille.
Excès de finesse pourrait-on objecter à l'écoute de ces titres. C'est certain, qu'on ne rentre pas comme ça à tout va dans l'univers de Felt, la porte juste entrebâillée, permettant d'entrapercevoir la noblesse de "September Lady", et deviner qu'il se cache quelque chose de grand derrière "Rain Of Crystal Spires". Losers magnifiques devant l'éternel, la considération s'est toujours fait attendre pour Felt.
Si le talent est inversement proportionnel à la réussite, c'est sûrement une des raison qui fait que ce beau cadavre pop bouge encore, et qu'un noyau de fans transis lui permette encore de survivre aujourd'hui pour notre plus grand enchantement.
sûr que ‘raffinement' serait un terme qui lui siérait à merveille.
Franchement peut-on faire plus délicat que ces mains que l'on imagine longues et fines, parcourant une six cordes afin de délivrer ces arpèges élancés? À part chez les Smiths, je ne vois pas.
On pourrait même dire qu'il y a une certaine similitude chez ces deux groupes, cette curieuse manie à vouloir se perdre comme ça dans la chanson. Et puis il y'a cette façon de chanter de Lawrence.
Cette volonté sûrement de prendre un peu de hauteur, voix hautaine et suave à la fois, cette manière si particulière d'être affecté.
Ces petits bijoux que l'on extirpe un a un de "Forever Breathes The Lonely World", avec la même précaution que l'on prendrait pour manipuler la fragilité du cristal, tour à tour lumineux ou tout à coup étrangement mélancolique.
On sent le garçon souffreteux (forcément) qui a pu a un moment se cacher derrière cette pop fragile.
Recroquevillé sur son monde en noir et blanc, à essayer de communiquer comme il pouvait. Et c'est précisément comme ça qu'il y est finalement parvenu. Tant bien que mal.
Plutôt mal que bien d'ailleurs, parce que Felt, c'était pas du genre à truster le top 50 tous les jours.
On imagine mal ce genre de musique atrophiée et mal à l'aise, être l'objet d'un engouement faramineux. Plutôt confidentiel et réservé aux esthètes que nous sommes, avec Lawrence qui viendrait nous susurrer des choses comme ça, à l'oreille.
Excès de finesse pourrait-on objecter à l'écoute de ces titres. C'est certain, qu'on ne rentre pas comme ça à tout va dans l'univers de Felt, la porte juste entrebâillée, permettant d'entrapercevoir la noblesse de "September Lady", et deviner qu'il se cache quelque chose de grand derrière "Rain Of Crystal Spires". Losers magnifiques devant l'éternel, la considération s'est toujours fait attendre pour Felt.
Si le talent est inversement proportionnel à la réussite, c'est sûrement une des raison qui fait que ce beau cadavre pop bouge encore, et qu'un noyau de fans transis lui permette encore de survivre aujourd'hui pour notre plus grand enchantement.
Exceptionnel ! ! 19/20
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