Twin Shadow
Forget |
Label :
4AD |
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Au visionnage du clip de "Slow", single tiré de Forget, on découvre la tronche de George Lewis Jr, alias Twin Shadow: à première vue, on se dit: "tiens, voilà une sorte de Morrissey mexicain dépressif jouant la carte de l'amour et de la parodie des années 80 sur une rythmique à la "She's Lost Control", c'est rigolo, il s'habille comme en 1988 sauf qu'on est en 2010..."
Cet amour des années 80 transpire en effet à grosses gouttes sur le premier album de Twin Shadow (ainsi que sur ceux qui suivront), et est en même temps symptomatique des productions des années 2010 : la technologie a permis aux petits jeunes de la génération digitale de se bricoler des albums au croisement de toutes leurs influences. Le problème avec la période concernée, c'est qu'elle peut faire côtoyer le meilleur avec le pire. Ainsi vous croiserez dans Forget des resucées de Joy Division avec des relents de Phil Collins, le tout dans une ambiance Deux Flics A Miami, voire même Deux Flics Amis-Amis...
Les ambiances froides, ouatées et habitées marchent main dans la main avec le clinquant et le superficiel, comme si de la glace venait souffler sur des strings léopards, rendant du coup l'excitation plus difficile...
Cependant, sur ce premier album, le côté artisanal, bricolé de la chose sauve les apparences: "At My Heels" par exemple bénéficie d'une rythmique synthé Casio implacable, permettant un second degré et donc un attachement qu'une production lambda n'aurait pas permise. Le fait qu'il y ait un certain son à la fois enfoui et paraissant enregistré juste à côté permet donc de faire dégager un certain charme, ce que l'on ne retrouvera pas dans les efforts suivants de notre amoureux du cuir et de la moustache.
Autre détail qui joue en faveur de Forget est l'agencement des titres, la seconde moitié étant plus intéressante que la première. L'inverse aurait certainement fait couler l'album.
En ce sens, "Castles In The Snow" se dégage plus facilement que les autres titres: il y a ce glacis opaque dans les synthés, cette guitare au funk gelé, tout en étant un contrepoint polaire parfait au "Glittering Prize" des Simple Minds.
Il y a aussi "Tether Beat" qui nous emporte malgré son côté Phil Collins ou qui peut même évoquer le "Rien Que De L'Eau" de Véronique Sanson, si tant est que vous ayez l'esprit mal tourné. "Slow" est un autre single efficace, malgré sa rythmique pompée à qui vous savez.
Du reste, la superposition de guitares et des synthés est souvent de bonne facture et saura satisfaire tout amoureux du son des années 80 (ceux qui représentent les méchants dans le monde de la musique).
Bon, reconnaissons qu'il faut quand même un certain point de vue ou décalage pour apprécier la chose : donc ressortez votre costume Versace (ou celui des Halles que vous ne mettez que pour les grandes occasions), votre gourmette en or (ou le cas échéant le bracelet brésilien fabriqué par votre petite cousine), démarrez votre Ferrari Testarossa (oui, vous n'avez qu'une 306, c'est pas grave) et foncez vers la plage la plus proche (Dieppe n'est pas Miami, oui on sait), et aller siroter un cocktail exotique (un Vittel-Menthe, quoi), en regardant au loin le soleil couchant caché par les nuages, l'air mélancolique tout en essayant de paraître comme si vous vous en foutiez complètement, et délectez vous du premier album de Twin Shadow.
Cet amour des années 80 transpire en effet à grosses gouttes sur le premier album de Twin Shadow (ainsi que sur ceux qui suivront), et est en même temps symptomatique des productions des années 2010 : la technologie a permis aux petits jeunes de la génération digitale de se bricoler des albums au croisement de toutes leurs influences. Le problème avec la période concernée, c'est qu'elle peut faire côtoyer le meilleur avec le pire. Ainsi vous croiserez dans Forget des resucées de Joy Division avec des relents de Phil Collins, le tout dans une ambiance Deux Flics A Miami, voire même Deux Flics Amis-Amis...
Les ambiances froides, ouatées et habitées marchent main dans la main avec le clinquant et le superficiel, comme si de la glace venait souffler sur des strings léopards, rendant du coup l'excitation plus difficile...
Cependant, sur ce premier album, le côté artisanal, bricolé de la chose sauve les apparences: "At My Heels" par exemple bénéficie d'une rythmique synthé Casio implacable, permettant un second degré et donc un attachement qu'une production lambda n'aurait pas permise. Le fait qu'il y ait un certain son à la fois enfoui et paraissant enregistré juste à côté permet donc de faire dégager un certain charme, ce que l'on ne retrouvera pas dans les efforts suivants de notre amoureux du cuir et de la moustache.
Autre détail qui joue en faveur de Forget est l'agencement des titres, la seconde moitié étant plus intéressante que la première. L'inverse aurait certainement fait couler l'album.
En ce sens, "Castles In The Snow" se dégage plus facilement que les autres titres: il y a ce glacis opaque dans les synthés, cette guitare au funk gelé, tout en étant un contrepoint polaire parfait au "Glittering Prize" des Simple Minds.
Il y a aussi "Tether Beat" qui nous emporte malgré son côté Phil Collins ou qui peut même évoquer le "Rien Que De L'Eau" de Véronique Sanson, si tant est que vous ayez l'esprit mal tourné. "Slow" est un autre single efficace, malgré sa rythmique pompée à qui vous savez.
Du reste, la superposition de guitares et des synthés est souvent de bonne facture et saura satisfaire tout amoureux du son des années 80 (ceux qui représentent les méchants dans le monde de la musique).
Bon, reconnaissons qu'il faut quand même un certain point de vue ou décalage pour apprécier la chose : donc ressortez votre costume Versace (ou celui des Halles que vous ne mettez que pour les grandes occasions), votre gourmette en or (ou le cas échéant le bracelet brésilien fabriqué par votre petite cousine), démarrez votre Ferrari Testarossa (oui, vous n'avez qu'une 306, c'est pas grave) et foncez vers la plage la plus proche (Dieppe n'est pas Miami, oui on sait), et aller siroter un cocktail exotique (un Vittel-Menthe, quoi), en regardant au loin le soleil couchant caché par les nuages, l'air mélancolique tout en essayant de paraître comme si vous vous en foutiez complètement, et délectez vous du premier album de Twin Shadow.
Bon 15/20 | par Machete83 |
En écoute : https://twinshadow.bandcamp.com/album/forget
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