The Smiths
The Queen Is Dead |
Label :
Rough Trade |
||||
Alain Delon sur la pochette, le corps renversé.
D'emblée les Smiths donnent la couleur. Ce sera le rose et le vert sombre. Les envolées pop et les textes si intimes de Morrissey, la poésie délicate du chanteur au timbre doux. Une formation toute simple : voix et guitare/basse/batterie. Johnny Marr, à la six cordes, cisèle des mélodies imparables, sublimes ("I Know It's Over"). Nos quatre anglais continuent de traîner leur adolescence rimbaldienne ; Morrissey dit surtout le malaise. C'est la fin des années 80, l'Angleterre de Margaret Thatcher, le rock qui ne va nulle part, la fougueuse énergie punk ne brûle plus, Kurt Cobain est encore dans son trou d'Aberdeen. Epoque d'errance(s) sur fond de new wave, balbutiements de la techno, rock prog' et look Indochine à l'école. C'est l'époque des coupes de cheveux à la Robert Smith et des yeux cernés de rimmel.
"The Queen Is Dead" défile comme la bande-son du désespoir. Morrissey chante doucement, effleurant les mots, définitivement ambigu. C'est le disque des ruptures et des pages tournées avec nostalgie, les paroles du poète qui se croyait génial, renvoyé froidement à sa solitude. Le spectre de la mort se dessine en arrière-plan. C'est l'envie folle de mourir avec l'être aimé ("There Is A Light That Never Goes Out"). En trente-sept minutes à peine les Smiths gravent la détresse devant l'éternel. Mais pas une détresse angoissante et sans issue – pas une détresse à la Ian Curtis, quand la basse lourde passe et ne laisse plus rien -, plutôt un spleen pop. Derrière le velours fané, le bijou scintille.
L'ironie est un rempart, et Morrissey aiguise des textes insolents : "Frankly, Mr Shankly" ou "Bigmouth Strikes Again"...
Jeff Buckley a repris "I Know It's Over", Placebo "Bigmouth Strikes Again".
La reine est morte, mais le royaume continue de resplendir.
D'emblée les Smiths donnent la couleur. Ce sera le rose et le vert sombre. Les envolées pop et les textes si intimes de Morrissey, la poésie délicate du chanteur au timbre doux. Une formation toute simple : voix et guitare/basse/batterie. Johnny Marr, à la six cordes, cisèle des mélodies imparables, sublimes ("I Know It's Over"). Nos quatre anglais continuent de traîner leur adolescence rimbaldienne ; Morrissey dit surtout le malaise. C'est la fin des années 80, l'Angleterre de Margaret Thatcher, le rock qui ne va nulle part, la fougueuse énergie punk ne brûle plus, Kurt Cobain est encore dans son trou d'Aberdeen. Epoque d'errance(s) sur fond de new wave, balbutiements de la techno, rock prog' et look Indochine à l'école. C'est l'époque des coupes de cheveux à la Robert Smith et des yeux cernés de rimmel.
"The Queen Is Dead" défile comme la bande-son du désespoir. Morrissey chante doucement, effleurant les mots, définitivement ambigu. C'est le disque des ruptures et des pages tournées avec nostalgie, les paroles du poète qui se croyait génial, renvoyé froidement à sa solitude. Le spectre de la mort se dessine en arrière-plan. C'est l'envie folle de mourir avec l'être aimé ("There Is A Light That Never Goes Out"). En trente-sept minutes à peine les Smiths gravent la détresse devant l'éternel. Mais pas une détresse angoissante et sans issue – pas une détresse à la Ian Curtis, quand la basse lourde passe et ne laisse plus rien -, plutôt un spleen pop. Derrière le velours fané, le bijou scintille.
L'ironie est un rempart, et Morrissey aiguise des textes insolents : "Frankly, Mr Shankly" ou "Bigmouth Strikes Again"...
Jeff Buckley a repris "I Know It's Over", Placebo "Bigmouth Strikes Again".
La reine est morte, mais le royaume continue de resplendir.
Parfait 17/20 | par Pixy |
Posté le 18 novembre 2004 à 17 h 36 |
C'est peut-être celui-la L'ALBUM le plus fascinant de ces vingt dernières années. Lorsqu'il paraît en 1986, le quatuor de Manchester a déjà un statut de groupe culte ; représentants ultimes des laissés-pour-compte de la triste période Tatcher, Morissey et sa bande incarnent plus que tout autre groupe l'incarnation du désenchantement, du dégoût de soi et de la dégringolade des valeurs morales du Royaume-Uni.
Toute une partie de la jeunesse se reconnaîtra dans la musique et les textes emplis d'une profonde mélancolie où l'on sent gronder la révolte. Sans pour autant devenir un groupe commercial, The Smiths va s'auréoler d'un culte sans précédent au sein de cette jeunesse sans repères.
The queen is dead contient au moins trois monuments ("there is a light that never goes out", "cemetry gates" et "bigmouth strikes again") et restera leur chef d'œuvre absolu.
Cet album indispensable et légendaire va devenir la pierre angulaire de la pop anglaise et le mètre étalon sur lequel tout les groupes à venir mesureront leur créativité et leur talent.
Toute une partie de la jeunesse se reconnaîtra dans la musique et les textes emplis d'une profonde mélancolie où l'on sent gronder la révolte. Sans pour autant devenir un groupe commercial, The Smiths va s'auréoler d'un culte sans précédent au sein de cette jeunesse sans repères.
The queen is dead contient au moins trois monuments ("there is a light that never goes out", "cemetry gates" et "bigmouth strikes again") et restera leur chef d'œuvre absolu.
Cet album indispensable et légendaire va devenir la pierre angulaire de la pop anglaise et le mètre étalon sur lequel tout les groupes à venir mesureront leur créativité et leur talent.
Excellent ! 18/20
Posté le 10 avril 2005 à 18 h 03 |
J'apprécie un petit peu The Smiths, mais je n'accroche pas vraiment à cet album qui est l'un des plus appréciés et des plus mythiques du groupe.
Dans l'ensemble, je trouve leur style trop propre, trop gentillet, et la voix de Morrissey trop lisse et sirupeuse (presque trop belle pour me plaire).
Leur pop anglaise est plaisante à écouter mais ne me transcende absolument pas, comme peuvent le faire d'autres groupes.
J'ai quand même eu deux véritables coups de cœur pour des morceaux plus enlevés : le titre éponyme "The Queen Is Dead" et "Bigmouth Strikes Again".
Dans l'ensemble, je trouve leur style trop propre, trop gentillet, et la voix de Morrissey trop lisse et sirupeuse (presque trop belle pour me plaire).
Leur pop anglaise est plaisante à écouter mais ne me transcende absolument pas, comme peuvent le faire d'autres groupes.
J'ai quand même eu deux véritables coups de cœur pour des morceaux plus enlevés : le titre éponyme "The Queen Is Dead" et "Bigmouth Strikes Again".
Bon 15/20
Posté le 05 mai 2005 à 17 h 23 |
The Queen Is Dead est un chef-d'oeuvre immortel issu de la rencontre de la guitare cristalline de Johnny Marr et de la voix et des paroles sibyllines de Morissey.
Ce disque est parfait de bout en bout et dégage une harmonie parfaite de musique et de chant .
La pochette annonce la couleur ce sera sombre, sombre oui, mais magnifique. La première chanson qui donne son nom a l'album est aussi la plus représentative du disque: ce sera pop et mélancolique. Mais l'Angleterre des années 80 est aussi fustigée, cette Angleterre thatchérienne violente et libérale mais l'Angleterre éternelle aussi et sa reine. Un album qui serait a priori figé dans son époque se révèle par la suite immortel. Après cette ouverture en coup de maître le disque continu avec le titre pop par excellence "Frankly Mister Shankly"dans laquelle les Smiths règlent leur compte avec leur producteur. On pourrait se dire que tout est dit le sublime est atteint mais c'est la qu'arrive le chef d'œuvre du disque et sans doute un des chefs-d'œuvre de l'histoire musicale "I Know It's Over" sans soute un des plus beau titre avec le "Hallelujah" de Jeff Buckley, rarement une voix et la musique ne sont aussi bien associées, rarement autant d'émotions ne sont passées dans une chanson, sublime tout simplement. 20 ans après l'emotion est intacte.
Les titres suivant sont peut-être un peu en dessous des premiers titres, mais déjà tellement en dessus de la grande majorité des titres pop, mais en découlent deux véritables perles: "There Is A Light That Never Goes Out" ou "The Boy With The Thorn In His side". Certains semblent être posés là seulement pour laisser un temps de répit avant le choc émotionnel suivant.
On peut retenir aussi "Bigmouth Strikes Again" qui sera le grand succès de l'année 1986 (pas le plus grand crû de la musique je l'accorde). Si les complaintes de Morissey ou les arrangements de synthé ne sont plus du meilleur goût, et peuvent agacer un auditeur qui découvre les Smiths, on peut toujours être bouleversé par ces mélodies impeccables sans doute jamais égalées.
Beaucoup de groupe écouteront les Smiths et se mettront a faire de la musique: Radiohead, Belle And Sebastian ou Placebo. Un disque essentiel pour l'évolution de la pop donc.
Une ressource de beauté, d'émotion et d'intelligence a peine imaginable, vous n'avez pas rêvé; cet album existe bel et bien. Attention ce disque peut changer votre vie.
22/20 n'existant pas, je me limiterai a 20/20.
Ce disque est parfait de bout en bout et dégage une harmonie parfaite de musique et de chant .
La pochette annonce la couleur ce sera sombre, sombre oui, mais magnifique. La première chanson qui donne son nom a l'album est aussi la plus représentative du disque: ce sera pop et mélancolique. Mais l'Angleterre des années 80 est aussi fustigée, cette Angleterre thatchérienne violente et libérale mais l'Angleterre éternelle aussi et sa reine. Un album qui serait a priori figé dans son époque se révèle par la suite immortel. Après cette ouverture en coup de maître le disque continu avec le titre pop par excellence "Frankly Mister Shankly"dans laquelle les Smiths règlent leur compte avec leur producteur. On pourrait se dire que tout est dit le sublime est atteint mais c'est la qu'arrive le chef d'œuvre du disque et sans doute un des chefs-d'œuvre de l'histoire musicale "I Know It's Over" sans soute un des plus beau titre avec le "Hallelujah" de Jeff Buckley, rarement une voix et la musique ne sont aussi bien associées, rarement autant d'émotions ne sont passées dans une chanson, sublime tout simplement. 20 ans après l'emotion est intacte.
Les titres suivant sont peut-être un peu en dessous des premiers titres, mais déjà tellement en dessus de la grande majorité des titres pop, mais en découlent deux véritables perles: "There Is A Light That Never Goes Out" ou "The Boy With The Thorn In His side". Certains semblent être posés là seulement pour laisser un temps de répit avant le choc émotionnel suivant.
On peut retenir aussi "Bigmouth Strikes Again" qui sera le grand succès de l'année 1986 (pas le plus grand crû de la musique je l'accorde). Si les complaintes de Morissey ou les arrangements de synthé ne sont plus du meilleur goût, et peuvent agacer un auditeur qui découvre les Smiths, on peut toujours être bouleversé par ces mélodies impeccables sans doute jamais égalées.
Beaucoup de groupe écouteront les Smiths et se mettront a faire de la musique: Radiohead, Belle And Sebastian ou Placebo. Un disque essentiel pour l'évolution de la pop donc.
Une ressource de beauté, d'émotion et d'intelligence a peine imaginable, vous n'avez pas rêvé; cet album existe bel et bien. Attention ce disque peut changer votre vie.
22/20 n'existant pas, je me limiterai a 20/20.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 31 juillet 2005 à 14 h 27 |
C'est dans un décor grandiose que la bande à Morrissey a apposé sa création. C'est Alain Delon, posant tel un cadavre majestueux qui est représenté sur la pochette ; et c'est la "Queen" qui prête son qualificatif somptueux au titre de l'album. Rien que là, le ton est donné : les Smiths nous offre un album aussi monumental que ses emblêmes. Un album alliant tristesse mortuaire –la couleur verte- et joie exaltante –le rose- à la perfection. Nous voguerons ainsi pendant 37 minutes entre ces deux pôles strictement opposés, sans ne jamais sentir la moindre brusquerie. Tout s'enchaîne de façon on ne peut plus limpide et douce. Le rose et le vert ne sont jamais allés aussi bien ensemble : on dirait subitement que ces couleurs sont faîtes pour se marier.
Morrissey dessine les plus beaux contours de la brit-pop à travers des chefs d'œuvre basés sur une simplicité monumentale : une voix magique, une guitare dans son plus beau moment de gloire, une basse extravertie comme jamais, et une batterie bien dansante. Rien de plus que ces quatre ingrédients pour offrir un magnifique album à l'année 1986. Rien de plus que dix titres, deux couleurs, quatre garçons pour inscrire the Smiths dans une postérité méritée.
De cet assemblage simpliste sont nés des véritables poèmes (les termes "poetry" , "prose", "poems" sont d'ailleurs récurrents dans "The Queen Is Dead"), dont la musicalité des mots est décrite parfaitement par la suavité de Morissey et le talent des trois musiciens. La poésie nous fait danser, nous fait pleurer, nous fait sourire. Les paroles sont tantôt drôles ( "Frankly, Mr Shankly", ou le célèbre "Sweetness, Sweetness I was only joking when I said I'd like to smash every tooth in your head" de "Bigmouth Strikes Again"), tantôt d'une gravité exprimant un désespoir profond ( "Oh, Mother I can feel the soil falling over my head" d' "I Know It's Over" , "To die by your side" de "There Is A Light That Never Goes Out").
Quasiment 20 ans après, on se verra encore écouter "The Queen Is Dead", que ce soit par la voix de Morrissey, de Jeff Buckley ( "I Know It's Over) ou de Brian Molko( "Bigmouth Strikes Again") . Toujours, toujours avec la même admiration.
On resterait bien toute notre vie dans ce monde imaginaire verdâtre et rosé où la mort devient belle. Morissey a bien raison lorsqu'il chante " Wilde is on mine" : son album est aussi poignant et obsédant que "The Picture Of Dorian Gray" ou "The Importance Of Being Earnest" du plus génial des dandys.
Morrissey dessine les plus beaux contours de la brit-pop à travers des chefs d'œuvre basés sur une simplicité monumentale : une voix magique, une guitare dans son plus beau moment de gloire, une basse extravertie comme jamais, et une batterie bien dansante. Rien de plus que ces quatre ingrédients pour offrir un magnifique album à l'année 1986. Rien de plus que dix titres, deux couleurs, quatre garçons pour inscrire the Smiths dans une postérité méritée.
De cet assemblage simpliste sont nés des véritables poèmes (les termes "poetry" , "prose", "poems" sont d'ailleurs récurrents dans "The Queen Is Dead"), dont la musicalité des mots est décrite parfaitement par la suavité de Morissey et le talent des trois musiciens. La poésie nous fait danser, nous fait pleurer, nous fait sourire. Les paroles sont tantôt drôles ( "Frankly, Mr Shankly", ou le célèbre "Sweetness, Sweetness I was only joking when I said I'd like to smash every tooth in your head" de "Bigmouth Strikes Again"), tantôt d'une gravité exprimant un désespoir profond ( "Oh, Mother I can feel the soil falling over my head" d' "I Know It's Over" , "To die by your side" de "There Is A Light That Never Goes Out").
Quasiment 20 ans après, on se verra encore écouter "The Queen Is Dead", que ce soit par la voix de Morrissey, de Jeff Buckley ( "I Know It's Over) ou de Brian Molko( "Bigmouth Strikes Again") . Toujours, toujours avec la même admiration.
On resterait bien toute notre vie dans ce monde imaginaire verdâtre et rosé où la mort devient belle. Morissey a bien raison lorsqu'il chante " Wilde is on mine" : son album est aussi poignant et obsédant que "The Picture Of Dorian Gray" ou "The Importance Of Being Earnest" du plus génial des dandys.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 23 décembre 2005 à 20 h 38 |
The Queen Is Dead, je me souviens encore de l'épopée pour me procurer ce disque... plus de trois mois d'attente... c'est dire si j'en attendais beaucoup.
C'est parce que tout le monde saura se reconnaître en ces chansons...
Parce que tout le monde voudra se lâcher en écoutant la chanson titre...
Mais surtout parce que "I Know It's Over" dit trop bien les choses, parce que c'est le titre qui fait vraiment mal quand elle est partie...
The Smiths ont montré qu'il y a avait quelqu'un à Madchester entre Joy Division et The Stone Roses, et c'est dans ce monde de l'Hacienda que ce disque nous attire...
C'est parce que tout le monde saura se reconnaître en ces chansons...
Parce que tout le monde voudra se lâcher en écoutant la chanson titre...
Mais surtout parce que "I Know It's Over" dit trop bien les choses, parce que c'est le titre qui fait vraiment mal quand elle est partie...
The Smiths ont montré qu'il y a avait quelqu'un à Madchester entre Joy Division et The Stone Roses, et c'est dans ce monde de l'Hacienda que ce disque nous attire...
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 04 mars 2006 à 02 h 00 |
The Queen Is Dead. Ou comment Meat Is Murder trouve un digne successeur, sombre et pourtant resplendissant.
Ou comment les Smiths sauvent le rock anglais en remettant tout en question, jusqu'à la figure royale intouchable. L'atmosphère est lourde, les mélodies pesantes semblent contaminer la voix de Morrissey, qui atteint les sommets. Les ballades s'enchaînent les unes après les autres, mélancoliques, lancinantes et tout simplement merveilleuses. Les Smiths brillent par l'ironie et la virulence du propos (comme le prouve le titre de l'album, qui est également celui du morceau d'ouverture), mais aussi par un sens de la mélodie admirable. Un album essentiel, alliant lyrisme et intelligence. Les moments de grâce ("There Is A Light That Never Goes Out") défilent les uns après les autres, alors que Morrissey capte l'essence de l'Angleterre et des sentiments humains. Au final le disque, par sa diversité et sa puissance, son ton acerbe et ses mélodies majestueuses, gagne l'approbation des critiques.
On ne ressort pas indemmes de l'aventure. Les Smiths se hissent aux rangs des références incontournables, de celles qui sont irrémédiablement citées par les groupes qui font l'histoire du rock.
En même temps que la reine, 'Rock is dead'. Vive le rock !
Ou comment les Smiths sauvent le rock anglais en remettant tout en question, jusqu'à la figure royale intouchable. L'atmosphère est lourde, les mélodies pesantes semblent contaminer la voix de Morrissey, qui atteint les sommets. Les ballades s'enchaînent les unes après les autres, mélancoliques, lancinantes et tout simplement merveilleuses. Les Smiths brillent par l'ironie et la virulence du propos (comme le prouve le titre de l'album, qui est également celui du morceau d'ouverture), mais aussi par un sens de la mélodie admirable. Un album essentiel, alliant lyrisme et intelligence. Les moments de grâce ("There Is A Light That Never Goes Out") défilent les uns après les autres, alors que Morrissey capte l'essence de l'Angleterre et des sentiments humains. Au final le disque, par sa diversité et sa puissance, son ton acerbe et ses mélodies majestueuses, gagne l'approbation des critiques.
On ne ressort pas indemmes de l'aventure. Les Smiths se hissent aux rangs des références incontournables, de celles qui sont irrémédiablement citées par les groupes qui font l'histoire du rock.
En même temps que la reine, 'Rock is dead'. Vive le rock !
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 21 mars 2006 à 13 h 44 |
Cet album majeur de l'histoire du rock fut un véritable catalyseur des frustrations et solitudes de dizaines de milliers d'ados et de post-ados des années 80 à nos jours. Ecouter cet album, c'est se plonger dans un univers où se mêlent romantisme, désespoir, amours contrariées, homosexualité, dégoût de soi, et d'autres thèmes qui ont tous en commun le même questionnement: suis-je fait pour être aimé ?
Le titre déjà: The Queen Is Dead. Dans une Angleterre arc-boutée sur ses valeurs monarchiques, la révolution Thatcher des années 80 signifie que la reine est morte, qu'elle ne peut rien faire face à ce raz-de-marée ultra libéral qui secoue et envoie au tapis des milliers d'ouvriers et rejette en bloc les classes populaires. Oui, la reine est morte et c'est toute une génération qui se trouve sacrifiée sur l'autel de l'ultralibéralisme tout puissant. Et comme dans toute révolution, ce sont les jeunes qui se trouvent en première ligne. Morrissey l'a bien compris car c'est lui le véritable porte-parole à l'époque de cette jeunesse sans repères, et non Robert Smith ou Siouxsie Sioux.
La pochette: mythique. Alain Delon, allongé comme mort dans un décor funèbre mélange de vert et de rose. Fantasme de Morrissey le crypto-gay qui avait pour habitude de concevoir les pochettes des disques du groupe à partir d'icones gays (Joe d'Alessandro, Jean Marais...). La pochette est magnifique: une des plus belles de l'histoire du rock. Jamais une pochette n'a aussi bien symbolisé l'atmosphère d'un album. On sait qu'elle sera romantique et macabre.
Puis vint l'écoute de l'album en elle-même. La première chanson arrive comme un boulet de canon avec cette chorale d'enfants et cette batterie qui tourbillonne. Puis la voix désespérée de Morrissey qui apostrophe la monarchie anglaise et se moque du Prince Charles travesti en femme dans un vulgaire tabloïd anglais. Mais au fond, les frustrations que dénoncent Moz sur la monarchie anglaise renvoient à ses propres démons. Charles déguisé en femme n'est autre que le fantasme du chanteur à la sexualité contrariée. Il conclue cette chanson par un poignant 'Life is very long when you're lonely' comme s'il implorait l'auditeur de le prendre dans ses bras pour le consoler. L'arpège de guitares de Johny Marr qui clôt la chanson avec toujours ce roulement de batterie fiévreux est simplement superbe.
La chanson qui suit est plus légère, elle est une attaque au directeur du label de The Smiths, Rough Trade. Morrissey a toujours aimé les polémiques et Frankly, Mr Shankly en est une de plus. Cette chanson est joyeuse et simple. Elle met de bonne humeur. Une bonne humeur qui ne va pas durer très longtemps.
Vient ce que je considère comme l'une des deux chansons les plus tristes du monde.
"I Know It's Over" est une chanson bouleversante à plus d'un titre. La voix implorante de Morrissey accompagnée d'un arpège de guitares incandescent donne à ce chef d'œuvre tout son pathos. On entend le Moz qui pleure presque et qui se lamente autour de cette solitude amoureuse qui l'accable et l'enfonce dans le désespoir. Sur un rythme lent, on entend une basse lourde qui vient en contrepoids des paroles suicidaires du Moz. Les paroles sont de la pure poésie :
'I don't know where else I can go / I know it's over / and it never really began / but in my heart it was so real / and you even spoke to me, and said / "If you're so funny / then why are you on your own tonight? / and if you're so clever / then why are you on your own tonight? / if you're so very entertaining / then why are you on your own tonight? / if you're so very good-looking / why do you sleep alone tonight? / because tonight is just like any other night / that's why you're on your own tonight / with your triumphs and your charms / while they're in each other's arms...'
('Je ne sais où je pourrais aller / Je sais que c'est fini / et cela n'a jamais commencé / Mais dans mon cœur c'était si réel / et tu m'as souvent parlé, et dis / "Si tu es si drôle / alors pourquoi es-tu seul ce soir ? / et si tu si intelligent / alors pourquoi es-tu seul ce soir ? / si tu es si distrayant / alors pourquoi es-tu seul ce soir ? / si tu es si charmant / pourquoi dors-tu seul ce soir ? / parce que ce soir est simplement comme toute les nuits / c'est pour cela que tu es seul ce soir / avec tes victoires et tes charmes / pendant qu'ils sont dans les bras l'un de l'autre...').
Bouleversant... De nombreux adolescents se reconnaîtront sans doute dans ce texte, mais pas seulement eux. Des adultes aussi pour qui la solitude amoureuse est un calvaire. Morrissey, dans ce texte, touche au plus profond de l'âme humaine.
La quatrième chanson de l'album est également très déprimante puisque sur un arpège mélancolique de Johnny Marr, le Moz évoque le sordide fait divers qui secoua Manchester dans les années 60 : les Moors murderers. Un couple de pédophiles qui enleva des enfants avant de les violer puis abandonner leurs cadavres aux alentours de la ville. Cette affaire a profondément marqué le jeune Morrissey et cette chanson en est une illustration (tout comme la dernière chanson de l'album The Smiths intitulée "Suffer Little Children").
Vient ensuite un superbe hommage au dandy Oscar Wilde. Le Moz était un grand admirateur de ce poète maudit, dont l'œuvre maîtresse, Le Portrait De Dorian Gray, racontait l'histoire d'un jeune dandy dont la beauté éternelle le poussa au vice avant que son portrait ne le rattrape. Wilde fut emprisonné pour homosexualité. A la fin de la chanson, le Moz écrit 'Wilde is on mine', qu'on peut traduire par 'L'esprit d'Oscar Wilde est en moi'. Encore une allusion à sa supposée homosexualité (refoulée).
"Bigmouth Strikes Again" est une chanson entêtante qui commence par un rythme de guitare à la mexicaine. La mélodie est très prenante. Le Moz, dont l'importance du texte est omniprésente à chaque nouvelle chanson, règle ses comptes avec la presse musicale anglaise. 'La grande gueule a encore frappé' provoque par ses paroles sado-masochistes ('Je sais ce que Jeanne d'Arc a ressenti quand les flammes ont monté jusqu'à son visage'). Sandie Shaw (une figure de la bubble-gum pop des années 60 dont le Moz était fan) apporte ses chœurs dignes des B 52's.
"The Boy With The Thorn In His Side", encore une ballade pop très enjouée qui parle de la sexualité de Morrissey. Un des sommets de l'album par l'arpège de guitare de Johnny Marr.
"Vicar In A Tutu" c'est l'histoire d'un curé en tutu. Le Moz critique l'église et ses mœurs d'un autre âge. Décidément, dans cet album, tout le monde en prend pour son grade. La mélodie est simplissime. Cette chanson est presque candide. Mais quand on se penche sur les textes, on s'aperçoit qu'elle est plutôt cynique.
L'avant dernière chanson de l'album est un monument de la pop anglaise de ces 40 dernières années. Un sommet musical inégalé. Sur une mélodie très triste, Moz chante d'une façon lasse et désespérée et implore à la personne qu'il aime de l'emmener loin, très loin de l'endroit où il vit car il se sent rejeté. Les paroles sont très suicidaires ('mourir à tes côtés, quel privilège ce serait') et les violons qui apparaissent à la moitié de la chanson enfoncent davantage l'auditeur dans la mélancolie. Cette chanson est bouleversante car elle parle à beaucoup de gens qui n'ont jamais trouvé l'âme sœur et qui attendent désespérément l'amour. Pour moi, c'est avec "I Know It's Over", la chanson la plus romantique que je connaisse.
Enfin, The Queen Is Dead se clôt avec une chanson bucolique et une fois de plus très cynique. "Some Girls Are Bigger Than Others" révèle de nouveau l'aversion du Moz pour les filles. Une fois de plus, un arpège cristallin de Marr vient caresser la voix de Morrissey pour conclure l'album de façon moins dépressive qu'avec "There Is A Light That Never Goes Out" (pourtant, les Smiths voulaient réellement conclure cet album avec cette dernière).
J'ai terminé la chronique de cet album qui m'a profondément marqué et qui a contribué à faire des Smiths le plus grand groupe de rock des années 80.
Le titre déjà: The Queen Is Dead. Dans une Angleterre arc-boutée sur ses valeurs monarchiques, la révolution Thatcher des années 80 signifie que la reine est morte, qu'elle ne peut rien faire face à ce raz-de-marée ultra libéral qui secoue et envoie au tapis des milliers d'ouvriers et rejette en bloc les classes populaires. Oui, la reine est morte et c'est toute une génération qui se trouve sacrifiée sur l'autel de l'ultralibéralisme tout puissant. Et comme dans toute révolution, ce sont les jeunes qui se trouvent en première ligne. Morrissey l'a bien compris car c'est lui le véritable porte-parole à l'époque de cette jeunesse sans repères, et non Robert Smith ou Siouxsie Sioux.
La pochette: mythique. Alain Delon, allongé comme mort dans un décor funèbre mélange de vert et de rose. Fantasme de Morrissey le crypto-gay qui avait pour habitude de concevoir les pochettes des disques du groupe à partir d'icones gays (Joe d'Alessandro, Jean Marais...). La pochette est magnifique: une des plus belles de l'histoire du rock. Jamais une pochette n'a aussi bien symbolisé l'atmosphère d'un album. On sait qu'elle sera romantique et macabre.
Puis vint l'écoute de l'album en elle-même. La première chanson arrive comme un boulet de canon avec cette chorale d'enfants et cette batterie qui tourbillonne. Puis la voix désespérée de Morrissey qui apostrophe la monarchie anglaise et se moque du Prince Charles travesti en femme dans un vulgaire tabloïd anglais. Mais au fond, les frustrations que dénoncent Moz sur la monarchie anglaise renvoient à ses propres démons. Charles déguisé en femme n'est autre que le fantasme du chanteur à la sexualité contrariée. Il conclue cette chanson par un poignant 'Life is very long when you're lonely' comme s'il implorait l'auditeur de le prendre dans ses bras pour le consoler. L'arpège de guitares de Johny Marr qui clôt la chanson avec toujours ce roulement de batterie fiévreux est simplement superbe.
La chanson qui suit est plus légère, elle est une attaque au directeur du label de The Smiths, Rough Trade. Morrissey a toujours aimé les polémiques et Frankly, Mr Shankly en est une de plus. Cette chanson est joyeuse et simple. Elle met de bonne humeur. Une bonne humeur qui ne va pas durer très longtemps.
Vient ce que je considère comme l'une des deux chansons les plus tristes du monde.
"I Know It's Over" est une chanson bouleversante à plus d'un titre. La voix implorante de Morrissey accompagnée d'un arpège de guitares incandescent donne à ce chef d'œuvre tout son pathos. On entend le Moz qui pleure presque et qui se lamente autour de cette solitude amoureuse qui l'accable et l'enfonce dans le désespoir. Sur un rythme lent, on entend une basse lourde qui vient en contrepoids des paroles suicidaires du Moz. Les paroles sont de la pure poésie :
'I don't know where else I can go / I know it's over / and it never really began / but in my heart it was so real / and you even spoke to me, and said / "If you're so funny / then why are you on your own tonight? / and if you're so clever / then why are you on your own tonight? / if you're so very entertaining / then why are you on your own tonight? / if you're so very good-looking / why do you sleep alone tonight? / because tonight is just like any other night / that's why you're on your own tonight / with your triumphs and your charms / while they're in each other's arms...'
('Je ne sais où je pourrais aller / Je sais que c'est fini / et cela n'a jamais commencé / Mais dans mon cœur c'était si réel / et tu m'as souvent parlé, et dis / "Si tu es si drôle / alors pourquoi es-tu seul ce soir ? / et si tu si intelligent / alors pourquoi es-tu seul ce soir ? / si tu es si distrayant / alors pourquoi es-tu seul ce soir ? / si tu es si charmant / pourquoi dors-tu seul ce soir ? / parce que ce soir est simplement comme toute les nuits / c'est pour cela que tu es seul ce soir / avec tes victoires et tes charmes / pendant qu'ils sont dans les bras l'un de l'autre...').
Bouleversant... De nombreux adolescents se reconnaîtront sans doute dans ce texte, mais pas seulement eux. Des adultes aussi pour qui la solitude amoureuse est un calvaire. Morrissey, dans ce texte, touche au plus profond de l'âme humaine.
La quatrième chanson de l'album est également très déprimante puisque sur un arpège mélancolique de Johnny Marr, le Moz évoque le sordide fait divers qui secoua Manchester dans les années 60 : les Moors murderers. Un couple de pédophiles qui enleva des enfants avant de les violer puis abandonner leurs cadavres aux alentours de la ville. Cette affaire a profondément marqué le jeune Morrissey et cette chanson en est une illustration (tout comme la dernière chanson de l'album The Smiths intitulée "Suffer Little Children").
Vient ensuite un superbe hommage au dandy Oscar Wilde. Le Moz était un grand admirateur de ce poète maudit, dont l'œuvre maîtresse, Le Portrait De Dorian Gray, racontait l'histoire d'un jeune dandy dont la beauté éternelle le poussa au vice avant que son portrait ne le rattrape. Wilde fut emprisonné pour homosexualité. A la fin de la chanson, le Moz écrit 'Wilde is on mine', qu'on peut traduire par 'L'esprit d'Oscar Wilde est en moi'. Encore une allusion à sa supposée homosexualité (refoulée).
"Bigmouth Strikes Again" est une chanson entêtante qui commence par un rythme de guitare à la mexicaine. La mélodie est très prenante. Le Moz, dont l'importance du texte est omniprésente à chaque nouvelle chanson, règle ses comptes avec la presse musicale anglaise. 'La grande gueule a encore frappé' provoque par ses paroles sado-masochistes ('Je sais ce que Jeanne d'Arc a ressenti quand les flammes ont monté jusqu'à son visage'). Sandie Shaw (une figure de la bubble-gum pop des années 60 dont le Moz était fan) apporte ses chœurs dignes des B 52's.
"The Boy With The Thorn In His Side", encore une ballade pop très enjouée qui parle de la sexualité de Morrissey. Un des sommets de l'album par l'arpège de guitare de Johnny Marr.
"Vicar In A Tutu" c'est l'histoire d'un curé en tutu. Le Moz critique l'église et ses mœurs d'un autre âge. Décidément, dans cet album, tout le monde en prend pour son grade. La mélodie est simplissime. Cette chanson est presque candide. Mais quand on se penche sur les textes, on s'aperçoit qu'elle est plutôt cynique.
L'avant dernière chanson de l'album est un monument de la pop anglaise de ces 40 dernières années. Un sommet musical inégalé. Sur une mélodie très triste, Moz chante d'une façon lasse et désespérée et implore à la personne qu'il aime de l'emmener loin, très loin de l'endroit où il vit car il se sent rejeté. Les paroles sont très suicidaires ('mourir à tes côtés, quel privilège ce serait') et les violons qui apparaissent à la moitié de la chanson enfoncent davantage l'auditeur dans la mélancolie. Cette chanson est bouleversante car elle parle à beaucoup de gens qui n'ont jamais trouvé l'âme sœur et qui attendent désespérément l'amour. Pour moi, c'est avec "I Know It's Over", la chanson la plus romantique que je connaisse.
Enfin, The Queen Is Dead se clôt avec une chanson bucolique et une fois de plus très cynique. "Some Girls Are Bigger Than Others" révèle de nouveau l'aversion du Moz pour les filles. Une fois de plus, un arpège cristallin de Marr vient caresser la voix de Morrissey pour conclure l'album de façon moins dépressive qu'avec "There Is A Light That Never Goes Out" (pourtant, les Smiths voulaient réellement conclure cet album avec cette dernière).
J'ai terminé la chronique de cet album qui m'a profondément marqué et qui a contribué à faire des Smiths le plus grand groupe de rock des années 80.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 01 mai 2006 à 01 h 11 |
Bien que tout ait déjà été dit précédemment je me dois d'ajouter mon consentement pour augmenter la note de ce chef-d'oeuvre.
C'est beau et c'est même facile (trop ?) à écouter. Le plus surprenant c'est que (généralement) un disque agréable d'écoute finit par lasser !
Ici ce n'est pas le cas ; je me surprend souvent à répéter les 2 derniers morceaux de l'album plusieurs après avoir, il va de soit, laisser le lecteur CD égrener les perles précédentes.
Pour en revenir à mes éléments préférés ("Some Girls..." et "There Is A Light...") : j'ai encore les poils qui se dressent à chaque écoute car je repense systématiquement à la découverte les yeux écarquillés devant ma platine 33 (un pote m'avait prêté le vinyle car je ne connaissais de The Smiths que Strangeways, ... et Louder Than Bombs. Ok il y a mieux mais il fallait bien commencer par un truc rond sur lequel est gravé de la musique).
Tout est fait pour devenir fan à la première écoute : l'ambiance délibérément pop et décontractée ("Frankly Mr. Shankly"), la voix (quelle voix !) du Mozz, l'autodérision ("Bigmouth Strikes Again"), le romantisme de "Cemetery Gates" et "Keats & Yates", on a connu pire comme trio (faisons entrer Oscar Wilde pour compléter le tableau) .
Le regard béat car on arrive à se demander comment il se peut que personne ne nous ait incité à tendre l'oreille un peu plus vers Manchester.
Comme s'il s'agissait de l'album ultime des Smiths, un 'tribute' reprenant intégralement l'album (chose rare car il s'agit généralement d'un pot-pourri ou pseudo-best-of) mérite aussi le détour (Molko remplaçant hearing-aid et walkman à sa convenance).
C'est beau et c'est même facile (trop ?) à écouter. Le plus surprenant c'est que (généralement) un disque agréable d'écoute finit par lasser !
Ici ce n'est pas le cas ; je me surprend souvent à répéter les 2 derniers morceaux de l'album plusieurs après avoir, il va de soit, laisser le lecteur CD égrener les perles précédentes.
Pour en revenir à mes éléments préférés ("Some Girls..." et "There Is A Light...") : j'ai encore les poils qui se dressent à chaque écoute car je repense systématiquement à la découverte les yeux écarquillés devant ma platine 33 (un pote m'avait prêté le vinyle car je ne connaissais de The Smiths que Strangeways, ... et Louder Than Bombs. Ok il y a mieux mais il fallait bien commencer par un truc rond sur lequel est gravé de la musique).
Tout est fait pour devenir fan à la première écoute : l'ambiance délibérément pop et décontractée ("Frankly Mr. Shankly"), la voix (quelle voix !) du Mozz, l'autodérision ("Bigmouth Strikes Again"), le romantisme de "Cemetery Gates" et "Keats & Yates", on a connu pire comme trio (faisons entrer Oscar Wilde pour compléter le tableau) .
Le regard béat car on arrive à se demander comment il se peut que personne ne nous ait incité à tendre l'oreille un peu plus vers Manchester.
Comme s'il s'agissait de l'album ultime des Smiths, un 'tribute' reprenant intégralement l'album (chose rare car il s'agit généralement d'un pot-pourri ou pseudo-best-of) mérite aussi le détour (Molko remplaçant hearing-aid et walkman à sa convenance).
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 20 août 2006 à 18 h 43 |
'Putain, j'ai croisé Takichan, il avait l'air mal. Ses trois neurones se sont pris une bombe sur la gueule, c'est plus des drôles de neurones, c'est des drôles de hamsters, il s'est remis à danser et à sourire sans raison apparente.'
Bah oui, le père Taki s'est fait forger au fer rouge et il a rien senti. Comme ces piqûres dont on a bêtement peur car elles sont en fait des vaccins pour nous protéger d'un mal qui ne prendra malheureusement pas toujours la forme d'une piqûre pour se répandre en nous. Je ne dirai pas que je suis vacciné mais j'ai pris ma piqûre de The Smiths. Y a pas de quoi en faire un pataquès mais je suppose qu'il y a un an, ces chansons portaient une vérité que je ne voulais pas entendre.
Ce que j'en retire, c'est:
1. C'est en forgeant qu'on devient forgeron et les petites trouvailles de Meat Is Murder et Queen Is Dead (la structure des chansons, les petits éléments qui surgissent d'un coup comme la flûte de "There Is A Light" ou la superposition successive d'instruments de "I Know It's Over", l'enthousiasme et la résignation qui se mêlent dans chaque chanson et donnent une couleur particulière à chaque disque des Smiths, les textes plus profonds qu'il n'y paraît quand on lit leur titre tel "Some Girls Are Bigger Than Others") vont donner leur pleine mesure dans "Strangeways Here We Come", album d'une transparence désarmante (je n'ai eu qu'à regarder la pochette pour voir que ce disque est grand grand grand).
2. Un truc est impressionnant chez Morrissey: il arrive à vivre avec tout ce qu'il chante. Il chante tout ça avec un calme et un détachement impressionnant. Prenons "Never Had No One", j'ai fait un petit jeu, j'ai compté 20 ans, 7 mois et 27 jours depuis le 25 Avril 1985. Et je suis tombé sur le jour le plus moche de ma vie. Ou en tout cas, sur le jour où l'expression de la mocheté de ma vie a été la plus nette. Et jusqu'à l'âge de 20 ans, 7 mois et 27 jours, je n'arrivais pas à le voir. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé...
3. Le travail du reste du groupe est impressionnant, il colle à l'idée de Morrissey sans que ça semble compliqué. Ca suppose une discipline et un travail collectif impressionnant. Surtout quand on voit comment le groupe a fini, on se dit que les mecs arrivaient à s'oublier pour se mettre en musique. Phénoménal.
Bref, je me suis nourri des Smiths pour faire avancer mon art, même si je ne m'en suis pas toujours rendu compte de façon aussi explicite. Je comprends aujourd'hui pourquoi ce groupe est si influent comme un Radiohead ou un Massive Attack ou un Autechre ou un Cure, par exemple. Des groupes qui à un moment donné se sont fait violence et ont tracé un sillon dans lequel se glisser et se perdre est facile. Chat échaudé craint l'eau froide et c'est peut-être pour cela que je me suis méfié des Smiths l'année dernière à cause de la crainte stupide de faire la même erreur que de nombreux encenseurs qui me font peur avec leur admiration pour certains groupes.
Aujourd'hui, j'en récolte les fruits en ne gardant que le très bon de chaque album. Aimer, ça ne s'apprend pas mais respecter, si. Même si ça a été dur (pour de très mauvaises raisons qui me font rire aujourd'hui), je suis allé au-delà de ce qui me rebutait et regardez ce que j'écris aujourd'hui.
Finalement, c'est Lolipop qui en parle le mieux: 'quel artiste ce Morissey et quel clown ce Taki'.
Bah oui, le père Taki s'est fait forger au fer rouge et il a rien senti. Comme ces piqûres dont on a bêtement peur car elles sont en fait des vaccins pour nous protéger d'un mal qui ne prendra malheureusement pas toujours la forme d'une piqûre pour se répandre en nous. Je ne dirai pas que je suis vacciné mais j'ai pris ma piqûre de The Smiths. Y a pas de quoi en faire un pataquès mais je suppose qu'il y a un an, ces chansons portaient une vérité que je ne voulais pas entendre.
Ce que j'en retire, c'est:
1. C'est en forgeant qu'on devient forgeron et les petites trouvailles de Meat Is Murder et Queen Is Dead (la structure des chansons, les petits éléments qui surgissent d'un coup comme la flûte de "There Is A Light" ou la superposition successive d'instruments de "I Know It's Over", l'enthousiasme et la résignation qui se mêlent dans chaque chanson et donnent une couleur particulière à chaque disque des Smiths, les textes plus profonds qu'il n'y paraît quand on lit leur titre tel "Some Girls Are Bigger Than Others") vont donner leur pleine mesure dans "Strangeways Here We Come", album d'une transparence désarmante (je n'ai eu qu'à regarder la pochette pour voir que ce disque est grand grand grand).
2. Un truc est impressionnant chez Morrissey: il arrive à vivre avec tout ce qu'il chante. Il chante tout ça avec un calme et un détachement impressionnant. Prenons "Never Had No One", j'ai fait un petit jeu, j'ai compté 20 ans, 7 mois et 27 jours depuis le 25 Avril 1985. Et je suis tombé sur le jour le plus moche de ma vie. Ou en tout cas, sur le jour où l'expression de la mocheté de ma vie a été la plus nette. Et jusqu'à l'âge de 20 ans, 7 mois et 27 jours, je n'arrivais pas à le voir. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé...
3. Le travail du reste du groupe est impressionnant, il colle à l'idée de Morrissey sans que ça semble compliqué. Ca suppose une discipline et un travail collectif impressionnant. Surtout quand on voit comment le groupe a fini, on se dit que les mecs arrivaient à s'oublier pour se mettre en musique. Phénoménal.
Bref, je me suis nourri des Smiths pour faire avancer mon art, même si je ne m'en suis pas toujours rendu compte de façon aussi explicite. Je comprends aujourd'hui pourquoi ce groupe est si influent comme un Radiohead ou un Massive Attack ou un Autechre ou un Cure, par exemple. Des groupes qui à un moment donné se sont fait violence et ont tracé un sillon dans lequel se glisser et se perdre est facile. Chat échaudé craint l'eau froide et c'est peut-être pour cela que je me suis méfié des Smiths l'année dernière à cause de la crainte stupide de faire la même erreur que de nombreux encenseurs qui me font peur avec leur admiration pour certains groupes.
Aujourd'hui, j'en récolte les fruits en ne gardant que le très bon de chaque album. Aimer, ça ne s'apprend pas mais respecter, si. Même si ça a été dur (pour de très mauvaises raisons qui me font rire aujourd'hui), je suis allé au-delà de ce qui me rebutait et regardez ce que j'écris aujourd'hui.
Finalement, c'est Lolipop qui en parle le mieux: 'quel artiste ce Morissey et quel clown ce Taki'.
Très bon 16/20
Posté le 26 juin 2007 à 16 h 47 |
Ne serait-ce qu'avec la pochette de l'album seulement (tirée du film L'insoumis, avec Alain Delon), le ton est donné : une atmosphère romantique, empreinte de lyrisme, et aux fortes effluves de littérature anglaise (Oscar Wilde en tête). Il règne dans cette oeuvre un climat indescriptible, un parfum typiquement britannique, juxtaposé à un romantisme français évident : l'intro du morceau d'ouverture, un extrait du film de 1962, The L-Shaped Room, confirme cette impression (un groupe d'Anglais vivant en France, chantant en choeur "Take Me Back To Dear Old Blighty") ; The Queen Is Dead est donc implicitement lié à ces deux facettes : le contraste entre ce vert viride et ce rose, entre la noirceur et la provocation...
Les Smiths ont concoté un album à la fois traditionnel et étonnant : si la guitare ingénieuse de Johnny Marr et la voix si particulière de Morrissey sont toujours là, The Queen Is Dead représente bel et bien l'âge d'or de leur carrière : les 10 morceaux de l'album sont variés, passent d'un rock épique avec la chanson éponyme à de véritables hymnes bouleversants ("I Know It's Over", "There Is A Light That Never Goes Out"), tout en ne négligeant pas l'humour et l'euphorie passagère ("Frankly Mr Shankly", "Vicar In A Tutu").
Johnny Marr maîtrise sa 6 cordes comme jamais, délivrant arpèges et riffs magnifiques. Le duo basse batterie, lui, est toujours aussi discret et efficace. Quant à Morrissey, il manie les mots comme personne : le leader charismatique écrit aussi bien des textes acides et ironiques ("Bigmouth Strikes Again", "Some Girls Are Bigger Than Others") que de véritables chefs-d'oeuvre d'émotion et de mélancolie.
Sur un titre comme "I Know It's Over", rarement une tension n'aura pu être aussi palpable, aussi transparente ; Morrissey se déchire le coeur en répétant à qui voudra bien l'entendre "Oh Mother, I can feel the soil falling over my head", dans un final époustouflant ne se terminant véritablement jamais. Cette chanson, à travers tant de beauté, d'injustice et de tristesse, et la voix possédée de Morrissey, porte la bande mancunienne au sommet de son art.
De même, "The Boy With The Thorn In His Side" est une chanson poignante, à l'aspect quasi-autobiographique, d'une richesse bien particulère, malgré sa fausse légèreté apparente : Morrissey se met à nu, entame des vocalises enchanteresses, le tout bercé par le génie de composition de Johnny Marr.
The Queen Is Dead est donc d'une richesse incroyable, un manifeste dans lequel se mêlent avec une merveille et une cohérence étranges tristesse, mélancolie, humour, ironie, provocation et noirceur. Seule ombre au tableau : un titre légèrement en décalage avec le reste des morceaux, tant au niveau de la qualité que de son ambiance, "Vicar In A Tutu", et la production peut-être un peu trop approximative...
Cet album n'en reste pas moins une pièce de référence, un véritable bijou de fragilité, de talent littéraire et musical, et d'une sensibilité surprenante. Les Smiths sont décidément un groupe ambigu, aux multiples facettes : mais toutes se retrouvent parfaitement dans The Queen Is Dead. Morrissey, atteignant des sommets, semble donc être un des chanteurs et des paroliers les plus doués du XXème siècle, une icône à ranger aux côtés d'Oscar Wilde, qu'il a lui-même vénéré pendant si longtemps...
Les Smiths ont concoté un album à la fois traditionnel et étonnant : si la guitare ingénieuse de Johnny Marr et la voix si particulière de Morrissey sont toujours là, The Queen Is Dead représente bel et bien l'âge d'or de leur carrière : les 10 morceaux de l'album sont variés, passent d'un rock épique avec la chanson éponyme à de véritables hymnes bouleversants ("I Know It's Over", "There Is A Light That Never Goes Out"), tout en ne négligeant pas l'humour et l'euphorie passagère ("Frankly Mr Shankly", "Vicar In A Tutu").
Johnny Marr maîtrise sa 6 cordes comme jamais, délivrant arpèges et riffs magnifiques. Le duo basse batterie, lui, est toujours aussi discret et efficace. Quant à Morrissey, il manie les mots comme personne : le leader charismatique écrit aussi bien des textes acides et ironiques ("Bigmouth Strikes Again", "Some Girls Are Bigger Than Others") que de véritables chefs-d'oeuvre d'émotion et de mélancolie.
Sur un titre comme "I Know It's Over", rarement une tension n'aura pu être aussi palpable, aussi transparente ; Morrissey se déchire le coeur en répétant à qui voudra bien l'entendre "Oh Mother, I can feel the soil falling over my head", dans un final époustouflant ne se terminant véritablement jamais. Cette chanson, à travers tant de beauté, d'injustice et de tristesse, et la voix possédée de Morrissey, porte la bande mancunienne au sommet de son art.
De même, "The Boy With The Thorn In His Side" est une chanson poignante, à l'aspect quasi-autobiographique, d'une richesse bien particulère, malgré sa fausse légèreté apparente : Morrissey se met à nu, entame des vocalises enchanteresses, le tout bercé par le génie de composition de Johnny Marr.
The Queen Is Dead est donc d'une richesse incroyable, un manifeste dans lequel se mêlent avec une merveille et une cohérence étranges tristesse, mélancolie, humour, ironie, provocation et noirceur. Seule ombre au tableau : un titre légèrement en décalage avec le reste des morceaux, tant au niveau de la qualité que de son ambiance, "Vicar In A Tutu", et la production peut-être un peu trop approximative...
Cet album n'en reste pas moins une pièce de référence, un véritable bijou de fragilité, de talent littéraire et musical, et d'une sensibilité surprenante. Les Smiths sont décidément un groupe ambigu, aux multiples facettes : mais toutes se retrouvent parfaitement dans The Queen Is Dead. Morrissey, atteignant des sommets, semble donc être un des chanteurs et des paroliers les plus doués du XXème siècle, une icône à ranger aux côtés d'Oscar Wilde, qu'il a lui-même vénéré pendant si longtemps...
Excellent ! 18/20
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