Bien plus qu'un simple album agréable, Hatful Of Hollow peut être considéré à mon avis comme un chef-d'oeuvre de la pop ... et même du rock en général.
Les seize ballades du disque subissent toutes la grâce étincellante du duo Morrissey-Marr. Belles, propres et légères, ces chansons sont enivrantes comme le meilleur des alcools, engendrant de magnifiques rêves et de doux délires.

Bien sûr, on peut reprocher à l'ensemble cet excés de propreté et de finesse (mais est-ce vraiment un défaut ?), qui caractérise tant les Smiths ; mais qu'importe, des albums aussi beaux ne courent pas les rues, et il serait dommage de s'en priver.
La perfection n'est pas loin...

Hatful Of Hollow est avec Louder Than Bomb un recueil mythique de pop/rock song au point de s'élever jusqu'au rang d'album majeur tout court, en bonne place dans la discographie de The Smiths avec The Queen is Dead.
Comme de coutume, tout le charme des Smiths se situe dans ce contraste mélancolique entre chant engagé et dépressif, ce chant de crooner triste et poignant, et de l'autre coté un rythme de guitare entraînant, presque hypnotique, empreinte de ce son cristallin si typique de Johnny Marr.

The Smiths est certainement le groupe qui représente le mieux les années 80. Je l'ai découvert quand il a splitté, en 1987 et j'ai adoré immédiatement. Je me souviens de l'excitation au moment de l'écoute des Smiths et le fantasme d'être aussi un peu anglais dans cette ambiance urbaine et grise "mais parisienne" (donc sans brique rouge) qui semblait nous appartenir ; imper et Doc Martens au pied évidemment. Les Smiths se démarquaient d'autres groupes plus durs que j'écoutais à cette époque (Cure, Joy Division, Cocteau Twins, The Fall, etc.) et assumaient pleinement leur musique pop. Un style et un son faussement léger comme le look de Morrissey, véritable icone, volontairement sixties mais abordant des sujets comme l'homosexualité ("Hand In Glove") avec un esprit vraiment punk.

Hatful Of Hollow est le premier album que j'ai connu des Smiths et tous les titres qui le composent sont des vrais bijoux pop inimitables souvent pleins de fraicheur juvénile, de mélancolie (pour la voix de Morrissey) et d'urgence (pour la guitare de Marr).

Cet album n'a pas pris une ride. Son seul défaut est d'être une suite de titres superbes manquant d'homogénéité (contrairement aux albums suivants mais ayant un peu vieillis à mon sens). Difficile de retenir un titre même si "What Difference Does It Make ?" est mon morceau préféré. A écouter en boucle à la ville, à la campagne, sous la pluie, sous le soleil, sous la douche.