Can
Soundtracks |
Label :
Mute |
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Rarement cité quand il s'agit de palabrer autour de la discographie de nos teutons préférés, cet album mérite pourtant une écoute attentive. Plus pop que Tago Mago, Soundtracks est en définitive assez proche de Ege Bamyasi et s'avère être accessible: novices en la matière, donnez une chance à ce groupe, il vous le rendra.
Soundtracks n'est pas à proprement parler un album traditionnel (si tant est que Can sache faire dans la tradition), il se compose de 7 morceaux ayant servi, je vous le donne en mille, de bandes originales pour d'obscurs films qui n'ont pas laissé grande trace dans la mémoire cinéphilique ("Vitamin C" sur Ege Bamyasi est également un morceau illustrant une série télé). Paradoxe allemand, ici pas de dérives en cinémascope paysager, mais plutôt des vignettes répétitives en mode kaléidoscopique alternant les mauvais jeux de maux et les comptines convulsives.
Sur les indications scénaristiques et d'ambiance issues des visionnages des pellicules par le seul Irmin Schmidt, le combo télépathique de Cologne, RFA, improvise collectivement en studio ces "compositions instantanées" qui leur ont permis d'acquérir cette réputation de derviches tourneurs pour barbus cosmiques. D'emblée, Karoli triture un gros feedback laiteux à décoller le papier peint et la voix faussement fausse du samourai Suzuki dérange. C'est beau et étrange à la fois, c'est Can. "Tango Whiskyman", sur une rythmique élastico-funk, rappelle un Underground qui aurait abandonné son Velours au profit d'une toile cartoon défoncée. Malcolm Mooney, (Soundtracks est l'occasion pour lui de passer le témoin à Suzuki) peintre, sculpteur et chanteur soulman à sa manière, tente de se libérer de sa camisole sur le fracassé "Soul Desert". Tom Waits s'en souviendra. La longue plage hallucinée que constitue "Mother Sky" est un truc à s'hypnotiser rien qu'en regardant l'acide couler de ses enceintes, un mantra world revisité à l'eau de Cologne. Comme souvent avec ce groupe, la pulsion animale insufflée par le batteur psychotique Liebezeit emporte dans une trance qui, à force de linéarité, atteint un niveau rarement atteint de concentration mentale. C'est que Can est un groupe de funk qui enfonce le machin, le retire, l'enfonce. Can est une plénitude nerveuse, une liberté exigeante, une technique simple et sidérante au service de visions pourtant composées, retravaillées, collées, montées, superposées.
Et comme si nos sens et notre esprit n'étaient pas assez confus et d'équerre à la fois, la galette se clôt sur un thème jazzy, sur lequel Malcolm Mooney tire sa révérence avec un dernier numéro de crooner qui nous parle de magic mushrooms. Can est un paradoxe qui nous fait pleurer sur une piste de danse défoncée par nos incertitudes.
Soundtracks n'est pas à proprement parler un album traditionnel (si tant est que Can sache faire dans la tradition), il se compose de 7 morceaux ayant servi, je vous le donne en mille, de bandes originales pour d'obscurs films qui n'ont pas laissé grande trace dans la mémoire cinéphilique ("Vitamin C" sur Ege Bamyasi est également un morceau illustrant une série télé). Paradoxe allemand, ici pas de dérives en cinémascope paysager, mais plutôt des vignettes répétitives en mode kaléidoscopique alternant les mauvais jeux de maux et les comptines convulsives.
Sur les indications scénaristiques et d'ambiance issues des visionnages des pellicules par le seul Irmin Schmidt, le combo télépathique de Cologne, RFA, improvise collectivement en studio ces "compositions instantanées" qui leur ont permis d'acquérir cette réputation de derviches tourneurs pour barbus cosmiques. D'emblée, Karoli triture un gros feedback laiteux à décoller le papier peint et la voix faussement fausse du samourai Suzuki dérange. C'est beau et étrange à la fois, c'est Can. "Tango Whiskyman", sur une rythmique élastico-funk, rappelle un Underground qui aurait abandonné son Velours au profit d'une toile cartoon défoncée. Malcolm Mooney, (Soundtracks est l'occasion pour lui de passer le témoin à Suzuki) peintre, sculpteur et chanteur soulman à sa manière, tente de se libérer de sa camisole sur le fracassé "Soul Desert". Tom Waits s'en souviendra. La longue plage hallucinée que constitue "Mother Sky" est un truc à s'hypnotiser rien qu'en regardant l'acide couler de ses enceintes, un mantra world revisité à l'eau de Cologne. Comme souvent avec ce groupe, la pulsion animale insufflée par le batteur psychotique Liebezeit emporte dans une trance qui, à force de linéarité, atteint un niveau rarement atteint de concentration mentale. C'est que Can est un groupe de funk qui enfonce le machin, le retire, l'enfonce. Can est une plénitude nerveuse, une liberté exigeante, une technique simple et sidérante au service de visions pourtant composées, retravaillées, collées, montées, superposées.
Et comme si nos sens et notre esprit n'étaient pas assez confus et d'équerre à la fois, la galette se clôt sur un thème jazzy, sur lequel Malcolm Mooney tire sa révérence avec un dernier numéro de crooner qui nous parle de magic mushrooms. Can est un paradoxe qui nous fait pleurer sur une piste de danse défoncée par nos incertitudes.
Excellent ! 18/20 | par Supa Scoopa |
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