Can
Rite Time |
Label :
Mute |
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Les reformations ont toujours une odeur spéciale... Soit celle des gros sous, des espèces sonnantes et trébuchantes qui financeront un huitième divorce ou une troisième voiture, soit celle d'une pathétique mélancolie d'une gloire passée dont on ne peut se désintoxiquer, ou bien celle du sain plaisir de remettre les pieds en studio avec une troupe de potes perdus de vue au fil du temps.
Inutile de préciser que pour gagner des gros sous il faut vendre des albums, et à moins d'avoir eu un plan tordu en tête, Can savait que ce Rite Time ne financerait pas la BX Break de leurs rêves... Quant à la nostalgie d'une quelconque reconnaissance, les anciens anciens Can pouvaient pour la plupart se vanter d'avoir produit un travail plus qu'honorable en solo. On ne prend donc pas vraiment de risque en affirmant que quand Malcolm Mooney rappela ses anciens bandmates qu'il avait quitté en 1969 pour cause de pétages de plombs, c'était au nom du bon vieux temps (et pis ptêtre qu'il trouvait rien à glander chez lui). Mooney remplaçant Suzuki parti soigné cette sale tendance au génie musical avec sa femme (Jeovah m'en est témoin), le line-up de Monster Movie se retrouve donc en 1986 dans le sud de la France (à Nice) pour enregistrer ces improbables retrouvailles.
Pas de réelle surprise, on est surpris. Resté coincé dans la trappe cadenassée du temps, le rock viscéral et brut de l'époque Ege Bamyasi n'est pas de la partie. L'énergie indéniablement conservée par les allemands servira cette fois un hybride reggae/funk aux effluves de rock progressif. S'il est certain que les musiciens n'avaient pas dans l'idée de produire leur plus beau chef d'oeuvre mais simplement de se faire plaisir, cet album devient vite attachant par sa sincérité et, osons, par sa naïveté. Mooney n'a probablement pas tapé dans sa tirelire pour se payer des cours de chant, et ses nombreuses approximations, dans le texte comme dans la mélodie, renforcent cette impression. Musicalement, les musiciens n'ont rien perdu de leur brillant et n'hésitent pas à tromper leurs instruments fétiches : Liebezeit accouche de notes de piano ou de trompette, et Czukay s'essaie au cor de chasse (essai peu concluant). A défaut d'être des bijoux certains morceaux sont simplement très drôles, et quand Mooney tente avec un entrain légèrement indécent de nous embarquer dans sa "Hoolah Hoolah Dance", on ne peut s'empêcher de penser à un Francky Vincent légèrement imbibé qui chante au mariage de sa fille... On mettra l'accent au passage sur ces profondes paroles du refrain : 'They do wear pants on the southern side of France'... à méditer. On retiendra quand même quelques morceaux presque dansants ("The Withoutlaw Man", "Movin' Right Along"), funky ("Give The Drummer Some"), ou presque electro ("In The Distance Lies The Future") qu'on aura plaisir à retrouver à l'occasion.
Plus proche de Fishbone ou de Toots And The Maytals que de... Can eux-mêmes, Rite Time a sans aucun doute eu le mérite de permettre aux musiciens de se faire plaisir, et le fan pur et dur lui trouvera là une raison suffisante d'exister. Loin de souiller leur image, cet album vient clôturer une carrière qui s'était terminée, dix ans plus tôt, en demi teinte, sur une série d'albums inaboutis à la production timide. L'aventure s'achève ainsi sur les notes de ceux qui l'avaient débutée, la boucle est bouclée. Quant à une reformation après dix ans de silence qui ne tourne pas au grand n'importe quoi commercial, la chose est assez rare pour être qualifiée de réussite.
Inutile de préciser que pour gagner des gros sous il faut vendre des albums, et à moins d'avoir eu un plan tordu en tête, Can savait que ce Rite Time ne financerait pas la BX Break de leurs rêves... Quant à la nostalgie d'une quelconque reconnaissance, les anciens anciens Can pouvaient pour la plupart se vanter d'avoir produit un travail plus qu'honorable en solo. On ne prend donc pas vraiment de risque en affirmant que quand Malcolm Mooney rappela ses anciens bandmates qu'il avait quitté en 1969 pour cause de pétages de plombs, c'était au nom du bon vieux temps (et pis ptêtre qu'il trouvait rien à glander chez lui). Mooney remplaçant Suzuki parti soigné cette sale tendance au génie musical avec sa femme (Jeovah m'en est témoin), le line-up de Monster Movie se retrouve donc en 1986 dans le sud de la France (à Nice) pour enregistrer ces improbables retrouvailles.
Pas de réelle surprise, on est surpris. Resté coincé dans la trappe cadenassée du temps, le rock viscéral et brut de l'époque Ege Bamyasi n'est pas de la partie. L'énergie indéniablement conservée par les allemands servira cette fois un hybride reggae/funk aux effluves de rock progressif. S'il est certain que les musiciens n'avaient pas dans l'idée de produire leur plus beau chef d'oeuvre mais simplement de se faire plaisir, cet album devient vite attachant par sa sincérité et, osons, par sa naïveté. Mooney n'a probablement pas tapé dans sa tirelire pour se payer des cours de chant, et ses nombreuses approximations, dans le texte comme dans la mélodie, renforcent cette impression. Musicalement, les musiciens n'ont rien perdu de leur brillant et n'hésitent pas à tromper leurs instruments fétiches : Liebezeit accouche de notes de piano ou de trompette, et Czukay s'essaie au cor de chasse (essai peu concluant). A défaut d'être des bijoux certains morceaux sont simplement très drôles, et quand Mooney tente avec un entrain légèrement indécent de nous embarquer dans sa "Hoolah Hoolah Dance", on ne peut s'empêcher de penser à un Francky Vincent légèrement imbibé qui chante au mariage de sa fille... On mettra l'accent au passage sur ces profondes paroles du refrain : 'They do wear pants on the southern side of France'... à méditer. On retiendra quand même quelques morceaux presque dansants ("The Withoutlaw Man", "Movin' Right Along"), funky ("Give The Drummer Some"), ou presque electro ("In The Distance Lies The Future") qu'on aura plaisir à retrouver à l'occasion.
Plus proche de Fishbone ou de Toots And The Maytals que de... Can eux-mêmes, Rite Time a sans aucun doute eu le mérite de permettre aux musiciens de se faire plaisir, et le fan pur et dur lui trouvera là une raison suffisante d'exister. Loin de souiller leur image, cet album vient clôturer une carrière qui s'était terminée, dix ans plus tôt, en demi teinte, sur une série d'albums inaboutis à la production timide. L'aventure s'achève ainsi sur les notes de ceux qui l'avaient débutée, la boucle est bouclée. Quant à une reformation après dix ans de silence qui ne tourne pas au grand n'importe quoi commercial, la chose est assez rare pour être qualifiée de réussite.
Pas mal 13/20 | par JoHn DoriAne |
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