The Black Angels
Passover |
Label :
Light In The Attic |
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'La maladie, la folie et la mort sont les anges noirs qui se sont penchés sur mon berceau et m'ont accompagné toute ma vie.' C'est d'après cette citation de l'artiste norvégien Edvard Munch que sont nommés The Black Angels.
Ces Américains venus d'Austin ont placé la barre haut pour leur première galette. Le nom du groupe fait également allusion au morceau du Velvet Underground "The Black Angel's Death Song", leur icône attitrée est d'ailleurs une image stylisée de Nico. Pour rajouter un cran à la tourmente, l'album Passover est l'homonyme d'un titre de Joy Division.
L'artwork de leur album est un prémisse de leur univers hypnotique et psyché et les titres des morceaux en disent long sur le sarcasme et la révolte qui les habitent ainsi que sur ce à quoi ils sont en proie : mensonge, destruction, mort... d'après la légende qui les caractérisent, ces anges noirs sont censés nous guider au tréfonds de notre âme pour nous permettre d'y trouver la lumière, lourde tâche en perspective...
Comment ne pas penser aux années soixante lorsqu'on entend ce quintette pour la première fois ?
Alors même que les influences sont revendiquées : le Velvet, donc, les Doors, dans le chant, la diction morissonienne et le reverb, le BJM et les Warlocks pour l'aspect shoegazing, on prend d'emblée conscience que cette formation possède un son qui lui est propre. En un seul titre, il semble aisé d'identifier la musique des Black Angels, et pour cause, ils distillent un rock psychédélique ultra-puissant, à la fois teigneux, planant et sexuel. Outre leur capacité évidente à provoquer des sensations fortes, les Black Angels nous embarquent dans un voyage initiatique et introspectif aux multiples rebondissements. Les différentes étapes de cette épopée nous voient tour à tour hypnotisés, oppressés, extatiques... On oscille constamment entre septième ciel et apocalypse.
C'est par le tribal "Young Men Dead" que commence cet album et dès lors, on s'abandonne corps et âme, il s'agit en effet d'une expérience qui dépasse la musique en soi. Les guitares noisy, la basse rugissante et un chant habité et lascif définissent le son hallucinogène du quintette. Une fois sous l'emprise des Black Angels, l'odyssée s'opère en boucle.
Le groupe utilise une drone machine, instrument ô combien envoûtant qui serait en fait à la fois un vieil orgue Vox et un harmonium et qui, aux dires du groupe, 'canaliserait l'énergie des morts !!!'.
La contestation qui faisait rage dans les années soixante persiste chez ces jeunes texans, le ghost track se révèle un pamphlet contre la guerre en Irak. On ne peut s'empêcher de penser à "The Unknown Soldier" des Doors lorsqu'on sait à quoi font référence les deux premiers titres de l'album: "Young Men Dead" et "The First Vietnamese War".
L'esprit satirique des Black Angels transparaît dans un titre d'anthologie tel que "The Sniper At The Gates Of Heaven", joyau à la beauté brute et insolente, à l'image de l'album.
Le sextet d'Austin parvient admirablement à ses fins dans sa quête du Graal, sa descente dans nos entrailles. Ecouter Passover consiste à vivre chaque instant de manière décuplée, comme si on perdait le contrôle de soi, passager de la tourmente. Cet opus aurait convenu parfaitement à la bande son du film canadien "Last Night" sur la fin du monde.
Il s'agit d'une révélation, de l'électrochoc qu'on n'attendait plus. A la fois viscéral et raffiné, envoûtant à souhait, ce son intemporel en fait déjà un classique et ce ne sont pas certainement pas les prestations scéniques saisissantes des texans qui le démentiront.
Ces Américains venus d'Austin ont placé la barre haut pour leur première galette. Le nom du groupe fait également allusion au morceau du Velvet Underground "The Black Angel's Death Song", leur icône attitrée est d'ailleurs une image stylisée de Nico. Pour rajouter un cran à la tourmente, l'album Passover est l'homonyme d'un titre de Joy Division.
L'artwork de leur album est un prémisse de leur univers hypnotique et psyché et les titres des morceaux en disent long sur le sarcasme et la révolte qui les habitent ainsi que sur ce à quoi ils sont en proie : mensonge, destruction, mort... d'après la légende qui les caractérisent, ces anges noirs sont censés nous guider au tréfonds de notre âme pour nous permettre d'y trouver la lumière, lourde tâche en perspective...
Comment ne pas penser aux années soixante lorsqu'on entend ce quintette pour la première fois ?
Alors même que les influences sont revendiquées : le Velvet, donc, les Doors, dans le chant, la diction morissonienne et le reverb, le BJM et les Warlocks pour l'aspect shoegazing, on prend d'emblée conscience que cette formation possède un son qui lui est propre. En un seul titre, il semble aisé d'identifier la musique des Black Angels, et pour cause, ils distillent un rock psychédélique ultra-puissant, à la fois teigneux, planant et sexuel. Outre leur capacité évidente à provoquer des sensations fortes, les Black Angels nous embarquent dans un voyage initiatique et introspectif aux multiples rebondissements. Les différentes étapes de cette épopée nous voient tour à tour hypnotisés, oppressés, extatiques... On oscille constamment entre septième ciel et apocalypse.
C'est par le tribal "Young Men Dead" que commence cet album et dès lors, on s'abandonne corps et âme, il s'agit en effet d'une expérience qui dépasse la musique en soi. Les guitares noisy, la basse rugissante et un chant habité et lascif définissent le son hallucinogène du quintette. Une fois sous l'emprise des Black Angels, l'odyssée s'opère en boucle.
Le groupe utilise une drone machine, instrument ô combien envoûtant qui serait en fait à la fois un vieil orgue Vox et un harmonium et qui, aux dires du groupe, 'canaliserait l'énergie des morts !!!'.
La contestation qui faisait rage dans les années soixante persiste chez ces jeunes texans, le ghost track se révèle un pamphlet contre la guerre en Irak. On ne peut s'empêcher de penser à "The Unknown Soldier" des Doors lorsqu'on sait à quoi font référence les deux premiers titres de l'album: "Young Men Dead" et "The First Vietnamese War".
L'esprit satirique des Black Angels transparaît dans un titre d'anthologie tel que "The Sniper At The Gates Of Heaven", joyau à la beauté brute et insolente, à l'image de l'album.
Le sextet d'Austin parvient admirablement à ses fins dans sa quête du Graal, sa descente dans nos entrailles. Ecouter Passover consiste à vivre chaque instant de manière décuplée, comme si on perdait le contrôle de soi, passager de la tourmente. Cet opus aurait convenu parfaitement à la bande son du film canadien "Last Night" sur la fin du monde.
Il s'agit d'une révélation, de l'électrochoc qu'on n'attendait plus. A la fois viscéral et raffiné, envoûtant à souhait, ce son intemporel en fait déjà un classique et ce ne sont pas certainement pas les prestations scéniques saisissantes des texans qui le démentiront.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Lady Godiva |
En écoute : https://blackangels.bandcamp.com/album/passover
Posté le 29 août 2007 à 18 h 40 |
Mais d'où sort cette troupe d'énervés du psychédélique ?!? Le temps d'un disque, et la voilà déjà annoncée comme un bon précurseur du genre. Puis viennent les concerts à go-go, les tournées démentes, les objets dérivés en tous genres (y ‘a qu'à voir la liste impressionnante disponible sur leur site officiel !)... Grosse arnaque ? Faudrait-il encore écouter ce qu'ils proposent pour essayer de continuer à le croire.
Car ce Passover est définitivement une superbe bombe de rock n' roll, du début, à la fin. Une musique sonnant l'arrivée d'une apocalypse terrible et imminente. Mais sans être spécialement agressif pour autant: c'est aussi une part de la magie de The Black Angels qu'arriver à annoncer de tels discours tout en restant d'une sobriété et d'une tiédeur pesante. Une sorte de post-rock des plus violents et des plus puissants, qui se retrouverait anesthésié à coup de puissantes drogues pour de longs et beaux trips. De longs et captivants trips planants, c'est en effet aussi ça la musique des Black Angels. Elle aurait probablement pu être une pièce de la bande son associée à ce qui pourrait défiler devant les yeux lors des délires des pires junkies camés jusqu'à la moelle.
Des textes les plus glauques sont probablement nés les mélodies et les riffs les plus glacials, ou voire l'inverse. Visez plutôt : ‘You made me see, that bright eye, Between me and time, To just kill kill kill kill, You kill what you can, And you kill kill kill kill, Anything you want' ("Black Grease") ou encore ‘Tell all my friends I'll be coming home soon [...] his mother got a telegram, it was adressed from Irak [...] and your son is dead' ("Hidden Track" à la fin de "Call To Arms"). Et on vous laisse la surprise pour le reste des textes, pas moins fumeux, d'autant plus que la voix d'Alex Maas, sonnant comme un étrange mais bon mélange de celles de David Eugene Edwards (16 Horsepower), Gaëtan Roussel (Louise Attaque, n'y voyez aucune insulte !) et de Bertrand Cantat (Noir Désir), donne au tout une belle dose de charisme supplémentaire. Quelques chansons engagées donc, ce que vous aviez probablement remarqué si vous avez pris la peine de lire le texte recopiés plus haut ; Voilà ce qui est une autre face des Black Angels : en plus de donner de beaux frissons abyssaux grâce à leur son ténébreux, The Black Angels a quelque chose de concret à dire, à faire savoir, ce qui se fait de plus en plus rare de nos jours... (Ah ! Chères années 60-70 !!).
Bref, un style assumé jusqu'au bout, et plutôt bien concrétisé. Certes leur musique reste et restera pour un audimat assez ciblée. Mais tant que les concernés restent satisfaits...
En tout cas, y'en a pas mal qui semblent avoir trouvé leur musique d'adieu une fois l'apocalypse venue. Mais qu'elle se pointe, cette fin du monde, même pa...plus peur !
Car ce Passover est définitivement une superbe bombe de rock n' roll, du début, à la fin. Une musique sonnant l'arrivée d'une apocalypse terrible et imminente. Mais sans être spécialement agressif pour autant: c'est aussi une part de la magie de The Black Angels qu'arriver à annoncer de tels discours tout en restant d'une sobriété et d'une tiédeur pesante. Une sorte de post-rock des plus violents et des plus puissants, qui se retrouverait anesthésié à coup de puissantes drogues pour de longs et beaux trips. De longs et captivants trips planants, c'est en effet aussi ça la musique des Black Angels. Elle aurait probablement pu être une pièce de la bande son associée à ce qui pourrait défiler devant les yeux lors des délires des pires junkies camés jusqu'à la moelle.
Des textes les plus glauques sont probablement nés les mélodies et les riffs les plus glacials, ou voire l'inverse. Visez plutôt : ‘You made me see, that bright eye, Between me and time, To just kill kill kill kill, You kill what you can, And you kill kill kill kill, Anything you want' ("Black Grease") ou encore ‘Tell all my friends I'll be coming home soon [...] his mother got a telegram, it was adressed from Irak [...] and your son is dead' ("Hidden Track" à la fin de "Call To Arms"). Et on vous laisse la surprise pour le reste des textes, pas moins fumeux, d'autant plus que la voix d'Alex Maas, sonnant comme un étrange mais bon mélange de celles de David Eugene Edwards (16 Horsepower), Gaëtan Roussel (Louise Attaque, n'y voyez aucune insulte !) et de Bertrand Cantat (Noir Désir), donne au tout une belle dose de charisme supplémentaire. Quelques chansons engagées donc, ce que vous aviez probablement remarqué si vous avez pris la peine de lire le texte recopiés plus haut ; Voilà ce qui est une autre face des Black Angels : en plus de donner de beaux frissons abyssaux grâce à leur son ténébreux, The Black Angels a quelque chose de concret à dire, à faire savoir, ce qui se fait de plus en plus rare de nos jours... (Ah ! Chères années 60-70 !!).
Bref, un style assumé jusqu'au bout, et plutôt bien concrétisé. Certes leur musique reste et restera pour un audimat assez ciblée. Mais tant que les concernés restent satisfaits...
En tout cas, y'en a pas mal qui semblent avoir trouvé leur musique d'adieu une fois l'apocalypse venue. Mais qu'elle se pointe, cette fin du monde, même pa...plus peur !
Bon 15/20
Posté le 30 août 2007 à 17 h 27 |
The Black Angels ont débarqué de nulle part l'année dernière et c'est bien dans un autre monde qu'ils veulent nous emmener. L'album consiste en une sorte de trou noir qui déforme et aspire tout ce qu'il y a lors de son écoute. La gravité se fait lourde, les murs se font oppressants et le sol remonte pour nous écraser contre la nuit. Le groupe s'arrange même pour modifier le temps et pour le disséquer en ramenant le psychédélisme de la fin des années 60 dans le présent et pour le remanier afin d'en faire l'étendard d'une musique nouvelle et qui s'incruste dans chaque pore.
Musique violente, guerrière, désillusionnée. On broie du noir et pourtant il y a quelque chose en plus qui nous fait partir loin, qui nous fait planer tel un "Sniper At The Gates Of Heaven"... pour mieux nous broyer de retour en bas. Le son revient principalement à la responsabilité du guitariste Christian Bland qui torture et ranime les corps avec ses riffs puissants et hypnotiques. C'est incisif, pénétrant, comme sur "Black Grease" et "Manipulation". Et s'il diffuse une atmosphère de fin du monde électrisée il n'en oublie pas moins ses principales influences. Le monsieur écoute chaque matin en se levant le Piper At The Gates Of Dawn du Pink Floyd de Syd Barrett et il éprouve aussi une certaine admiration pour le Sgt. Pepper des Beatles ou pour Highway 61 Revisited de Bob Dylan. Il s'en inspire à sa façon pour renouveler le son psyché et distille toujours l'humour noir et l'énergie qui en découle, mais aussi la simplicité et la force d'impact des chansons. "Bloodhounds On My Trail" ressort notamment du lot par sa composition plus classique mais efficace. C'est entraînant et l'harmonica vient ajouter à une certaine confusion dans les repères. Cela dit, j'ai beaucoup d'affection pour "Call To Arms" et son terrible verdict.
Cependant, c'est vers les grosses distorsions que Christian Bland s'est tourné et le son lorgne beaucoup plus vers la côte est des Etats-Unis. Rien d'étonnant à ce que ces anges tourmentés du Texas s'inspirent du Velvet Underground dans leur expérimentation et le son éclaté, déchirant, comme pour mieux recréer le malaise en leur territoire d'une guerre dont personne ne veut et dont l'absurdité vient heurter les consciences. Les références au Vietnam font d'ailleurs partie intégrante des chansons et viennent retentir de toute leur puissance malsaine sur les événements actuels. On dénote aussi une réflexion sur la place de l'individu dans une société qui ne le comprend pas, notamment dans "Better Off Alone". Et la basse vient percuter de plein fouet les esprits, on suffoque, à l'instar des albums de Joy Division, tandis que les rythmes se font de plus en plus oppressants et vifs.
Quant au chant, il est porté magnifiquement par la voix implorante et tonitruante d'Alex Maas, qui se change parfois en la réincarnation barbue de Jim Morrison. Il faut dire que la drone machine du groupe est réputée pour avoir quelques pouvoirs supranaturels, il paraît qu'elle relierait le monde des morts et celui des vivants...
En somme, ce premier album possède un son et une identité uniques et une intensité que peu de disques peuvent se targuer d'avoir. C'est une musique cosmique, connectée aux astres noirs. Plus pro et froid que le Brian Jonestown Massacre, plus trippant et animé que les Warlocks et plus sombre que le BRMC, "Passover" s'affirme comme un album majeur et inespéré de ce début de siècle. Il va me hanter pour longtemps.
Musique violente, guerrière, désillusionnée. On broie du noir et pourtant il y a quelque chose en plus qui nous fait partir loin, qui nous fait planer tel un "Sniper At The Gates Of Heaven"... pour mieux nous broyer de retour en bas. Le son revient principalement à la responsabilité du guitariste Christian Bland qui torture et ranime les corps avec ses riffs puissants et hypnotiques. C'est incisif, pénétrant, comme sur "Black Grease" et "Manipulation". Et s'il diffuse une atmosphère de fin du monde électrisée il n'en oublie pas moins ses principales influences. Le monsieur écoute chaque matin en se levant le Piper At The Gates Of Dawn du Pink Floyd de Syd Barrett et il éprouve aussi une certaine admiration pour le Sgt. Pepper des Beatles ou pour Highway 61 Revisited de Bob Dylan. Il s'en inspire à sa façon pour renouveler le son psyché et distille toujours l'humour noir et l'énergie qui en découle, mais aussi la simplicité et la force d'impact des chansons. "Bloodhounds On My Trail" ressort notamment du lot par sa composition plus classique mais efficace. C'est entraînant et l'harmonica vient ajouter à une certaine confusion dans les repères. Cela dit, j'ai beaucoup d'affection pour "Call To Arms" et son terrible verdict.
Cependant, c'est vers les grosses distorsions que Christian Bland s'est tourné et le son lorgne beaucoup plus vers la côte est des Etats-Unis. Rien d'étonnant à ce que ces anges tourmentés du Texas s'inspirent du Velvet Underground dans leur expérimentation et le son éclaté, déchirant, comme pour mieux recréer le malaise en leur territoire d'une guerre dont personne ne veut et dont l'absurdité vient heurter les consciences. Les références au Vietnam font d'ailleurs partie intégrante des chansons et viennent retentir de toute leur puissance malsaine sur les événements actuels. On dénote aussi une réflexion sur la place de l'individu dans une société qui ne le comprend pas, notamment dans "Better Off Alone". Et la basse vient percuter de plein fouet les esprits, on suffoque, à l'instar des albums de Joy Division, tandis que les rythmes se font de plus en plus oppressants et vifs.
Quant au chant, il est porté magnifiquement par la voix implorante et tonitruante d'Alex Maas, qui se change parfois en la réincarnation barbue de Jim Morrison. Il faut dire que la drone machine du groupe est réputée pour avoir quelques pouvoirs supranaturels, il paraît qu'elle relierait le monde des morts et celui des vivants...
En somme, ce premier album possède un son et une identité uniques et une intensité que peu de disques peuvent se targuer d'avoir. C'est une musique cosmique, connectée aux astres noirs. Plus pro et froid que le Brian Jonestown Massacre, plus trippant et animé que les Warlocks et plus sombre que le BRMC, "Passover" s'affirme comme un album majeur et inespéré de ce début de siècle. Il va me hanter pour longtemps.
Excellent ! 18/20
Posté le 04 janvier 2008 à 02 h 58 |
On nous bassine depuis 2001 avec le retour du Rock, et lorsque que le groupe le plus seventies du moment sort son premier album, on l'ignore délicatement. Ce groupe Texan (au nom plutôt ridicule, mais issu d'un morceau du Velvet Underground) nous sort un premier disque psychédélique convaincant et très envoûtant.
L'atmosphère, maladive et poisseuse, est servie par une batterie lourdement lancinante et des guitares noisy aux boucles répétitives, et fait immédiatement penser à l'ambiance qui se dégage de l'album White Light/White Heat du Velvet Underground (sans forcément en atteindre l'intensité). La machine à drones brillamment utilisée par le groupe achève de nous hypnotiser et cet ensemble nous emmène tout droit vers les contrées dangereuses de l'ouest américain mises en scène dans les meilleurs westerns contemplatifs. Le chanteur quant à lui apporte beaucoup à cette machine psychédélique, avec son chant sensuel et profondément habité. Il est rare aujourd'hui d'entendre un chant aussi élégant et aérien, qui ne tombe pas dans la grandiloquence.
L'album souffre néanmoins de la relative linéarité de ses morceaux (sans surprises) à la structure classique. Afin d'atteindre un palier de psychédélisme plus intense, le groupe aurait gagné à prendre plus de risques (on aurait aimé par exemple à être surpris par un peu plus de folie, et pourquoi pas par de petites expérimentations inventives). Mais cela n'empêche pas l'auditeur d'être fasciné par l'univers très passéiste et mystique de ces six Texans.
L'atmosphère, maladive et poisseuse, est servie par une batterie lourdement lancinante et des guitares noisy aux boucles répétitives, et fait immédiatement penser à l'ambiance qui se dégage de l'album White Light/White Heat du Velvet Underground (sans forcément en atteindre l'intensité). La machine à drones brillamment utilisée par le groupe achève de nous hypnotiser et cet ensemble nous emmène tout droit vers les contrées dangereuses de l'ouest américain mises en scène dans les meilleurs westerns contemplatifs. Le chanteur quant à lui apporte beaucoup à cette machine psychédélique, avec son chant sensuel et profondément habité. Il est rare aujourd'hui d'entendre un chant aussi élégant et aérien, qui ne tombe pas dans la grandiloquence.
L'album souffre néanmoins de la relative linéarité de ses morceaux (sans surprises) à la structure classique. Afin d'atteindre un palier de psychédélisme plus intense, le groupe aurait gagné à prendre plus de risques (on aurait aimé par exemple à être surpris par un peu plus de folie, et pourquoi pas par de petites expérimentations inventives). Mais cela n'empêche pas l'auditeur d'être fasciné par l'univers très passéiste et mystique de ces six Texans.
Très bon 16/20
Posté le 08 mai 2008 à 23 h 58 |
Un très bon album, sûrement la meilleure chose que j'ai pu entendre en 2007. Cet album m'a donné la furieuse envie de crier au monde "Hell no, Rock isn't dead!!". Car c'est bien de ça dont il s'agit ici, un pur album Rock, du Rock tel qu'on n'a pas entendu depuis longtemps.
Passover s'ouvre par le riff de "Young Men Dead" qui donne de suite la teneur de l'album: il sera lourd, sombre et tortueux...
Cette première impression se vérifie à l'écoute de "First Vietnamese War", dont les paroles font de suite penser au "Butcher's Tale" des Zombies..
Toujours dans la même veine, plusieurs titres d'une implacabilité redoutable suivent, où l'impression de se perdre dans les méandres dans un esprit torturé nous envahit: "Sniper At The Gates Of Heaven", "Prodigal Sun" et "Manipulation".
Après "Empire", les riffs s'allègent, et on entre dans une partie de l'album plus blues, qui laisse plus de place à la voix d'Alex Maas, notamment sur "Bloodhounds On My Trails".
Et on ne retrouve rien à redire sur la conclusion de l'album, le duo "Call To Arms/Bonus Track" qui laisse sur un très bon sentiment..
Sur leur Myspace, les Black Angels citent pour influences le Velvet Underground, BJM, Jesus & Mary Chain, Doors, et autres Love... Influences qu'on retrouve dans chacune des chansons, où elles sont parfaitement assimilées et ressorties pour faire quelque chose de grandiose, un album très sombre, sans être déprimant mais dont on ne sort pas indemne...
Bref, un très bon moment de rock, qui aurait fonctionné dans les 70's, qui fonctionne maintenant et qui fonctionnera toujours dans 30 ans! On en reparlera...
Passover s'ouvre par le riff de "Young Men Dead" qui donne de suite la teneur de l'album: il sera lourd, sombre et tortueux...
Cette première impression se vérifie à l'écoute de "First Vietnamese War", dont les paroles font de suite penser au "Butcher's Tale" des Zombies..
Toujours dans la même veine, plusieurs titres d'une implacabilité redoutable suivent, où l'impression de se perdre dans les méandres dans un esprit torturé nous envahit: "Sniper At The Gates Of Heaven", "Prodigal Sun" et "Manipulation".
Après "Empire", les riffs s'allègent, et on entre dans une partie de l'album plus blues, qui laisse plus de place à la voix d'Alex Maas, notamment sur "Bloodhounds On My Trails".
Et on ne retrouve rien à redire sur la conclusion de l'album, le duo "Call To Arms/Bonus Track" qui laisse sur un très bon sentiment..
Sur leur Myspace, les Black Angels citent pour influences le Velvet Underground, BJM, Jesus & Mary Chain, Doors, et autres Love... Influences qu'on retrouve dans chacune des chansons, où elles sont parfaitement assimilées et ressorties pour faire quelque chose de grandiose, un album très sombre, sans être déprimant mais dont on ne sort pas indemne...
Bref, un très bon moment de rock, qui aurait fonctionné dans les 70's, qui fonctionne maintenant et qui fonctionnera toujours dans 30 ans! On en reparlera...
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 31 juillet 2008 à 15 h 29 |
The Black Angels ou l'art de faire du neuf avec du vieux. Loin de moi d'ailleurs l'idée de critiquer cette démarche tant elle me paraît salutaire. Le regard vers l'avant mais un œil dans le rétroviseur. Le rock a toujours fonctionné comme ça, en recyclant des idées antérieures pour créer quelque chose de neuf et intéressant, d'autant plus si on mélange des groupes différents.
Chez The Black Angels, les références sont très visibles, évidentes même. Elles sont à chercher du côté des Etats-Unis de la fin des 60's, à la fois sur la côte est (The Velvet Underground) et la côte ouest (The Doors). Mais aussi d'autres groupes plus récents, comme Sixteen Horsepower.
Il y a tout de même un autre groupe qui a très certainement influencé ces Texans et qui n'a pas été cité, c'est U2. Plus précisément, le U2 de The Joshua Tree (1987), album éminemment biblique et américain. Le groupe avec cet album avait quitté Dublin, les landes irlandaises, les châteaux forts en ruines, les nuages et la bruine pour s'aventurer vers les cieux plus cléments des Etats-Unis, les grands espaces d'un territoire rêvé comme une nouvelle Terre Promise. C'est flagrant sur "Black Grease" et, surtout, "Manipulation" où Alex Maas chante quasiment comme Bono.
Toujours est-il que ces influences sont bien digérées par The Black Angels pour créer un univers cohérent et relativement original même si l'on avance en terrain connu. Entre métropole texane écrasée par la chaleur, à regarder les grosses cylindrées passer à travers des lunettes noires, un Stetson vissé sur la tête ; bayou de Louisiane où l'on voit disparaître un serpent entre les racines d'un arbre ; désert du Nouveau-Mexique où l'on se retrouve face à l'immensité et au néant. Tout cela peut paraître assez cliché mais on se laisse submerger avec plaisir dans ces ambiances.
Le son est lourd, moite, oppressant, dominé par les basses. La production, remarquable, y fait beaucoup, et évite de tomber dans le gras ou le magma sonore. Le danger, la folie, la sexualité, les drogues rôdent constamment.
Cependant, le groupe mise peut-être justement un peu trop sur le son et l'ambiance et pas assez sur les compositions. L'album s'écoute d'une traite, on n'y trouve aucun morceau faible, mais également aucun titre vraiment extraordinaire. On a un peu l'impression qu'ils déclinent toujours la même formule, qu'ils brodent autour d'une matrice.
D'autre part, le dernier morceau, "Call To Arms", est tout de même pompé sur "Heroine" du Velvet...
Oui, sans être un chef-d'œuvre, Passover a des qualités intemporelles dans le sens où il s'inscrit dans une durée, une tradition et qu'il aurait pu sortir (avec bien sûr de notables différences) il y a 10 ans ou dans 10 ans. Et, oui, le groupe a un fort potentiel, du talent.
Chez The Black Angels, les références sont très visibles, évidentes même. Elles sont à chercher du côté des Etats-Unis de la fin des 60's, à la fois sur la côte est (The Velvet Underground) et la côte ouest (The Doors). Mais aussi d'autres groupes plus récents, comme Sixteen Horsepower.
Il y a tout de même un autre groupe qui a très certainement influencé ces Texans et qui n'a pas été cité, c'est U2. Plus précisément, le U2 de The Joshua Tree (1987), album éminemment biblique et américain. Le groupe avec cet album avait quitté Dublin, les landes irlandaises, les châteaux forts en ruines, les nuages et la bruine pour s'aventurer vers les cieux plus cléments des Etats-Unis, les grands espaces d'un territoire rêvé comme une nouvelle Terre Promise. C'est flagrant sur "Black Grease" et, surtout, "Manipulation" où Alex Maas chante quasiment comme Bono.
Toujours est-il que ces influences sont bien digérées par The Black Angels pour créer un univers cohérent et relativement original même si l'on avance en terrain connu. Entre métropole texane écrasée par la chaleur, à regarder les grosses cylindrées passer à travers des lunettes noires, un Stetson vissé sur la tête ; bayou de Louisiane où l'on voit disparaître un serpent entre les racines d'un arbre ; désert du Nouveau-Mexique où l'on se retrouve face à l'immensité et au néant. Tout cela peut paraître assez cliché mais on se laisse submerger avec plaisir dans ces ambiances.
Le son est lourd, moite, oppressant, dominé par les basses. La production, remarquable, y fait beaucoup, et évite de tomber dans le gras ou le magma sonore. Le danger, la folie, la sexualité, les drogues rôdent constamment.
Cependant, le groupe mise peut-être justement un peu trop sur le son et l'ambiance et pas assez sur les compositions. L'album s'écoute d'une traite, on n'y trouve aucun morceau faible, mais également aucun titre vraiment extraordinaire. On a un peu l'impression qu'ils déclinent toujours la même formule, qu'ils brodent autour d'une matrice.
D'autre part, le dernier morceau, "Call To Arms", est tout de même pompé sur "Heroine" du Velvet...
Oui, sans être un chef-d'œuvre, Passover a des qualités intemporelles dans le sens où il s'inscrit dans une durée, une tradition et qu'il aurait pu sortir (avec bien sûr de notables différences) il y a 10 ans ou dans 10 ans. Et, oui, le groupe a un fort potentiel, du talent.
Bon 15/20
Posté le 30 mars 2009 à 02 h 27 |
Aujourd'hui les Black Angels ont déjà sorti deux albums, tous deux exemplaires. Revenons sur ce premier opus:
Ce qui frappe à la première écoute, c'est le son : énorme, lourd, très travaillé. Et puis aussi, les compositions sont toutes exécutées de façon habitée. La rythmique est particulièrement pesante et orgasmique. Ces gens nous emmènent dans l'enfer psychotique de l'être humain, d'un rescapé du Vietnam ou du bourbier irakien ("First Viatnamese War"), dans le côté le plus noir et déviant du psychédélisme sixties, dans le cerveau d'un Brian Jones terminal et défoncé, dans les délires meurtriers de Charles Manson, de la folie du sniper d'Austin Charles Whitman ("the sniper at the gates of heaven"), de la guerre ("Youg men Dead"), dans les éléctrochocs subis (et restitués) par Lou Reed. Puis il y a la fialiation évidente avec les héros locaux du psychédélisme américain, les 13th Floor Elevators d'Austin, au destin particulier : Leader interné après deux albums . En 1966 la moitié de ce groupe carburait aux amphétamines, l'autre au LSD! Résultat : des trucs dingues comme "Reverberation"... Quarante ans plus tard, même ville, les Black Angels reprennent les reines avec un rare panache.
La voix n'est d'ailleurs pas sans rappeler Rocky Erickson. On retrouve aussi dans ce chant un peu de Jeffrey Lee Pierce, chanteur défunt, capable de nous faire vraiment flippé à mort, rien qu'en chantant son blues sur fond de punk avec le Gun Club dans les 80's. Les morceaux de Passover, basés sur un seul accord la plupart du temps nous rappellent également les Spacemen 3, et leurs morceaux-trip vicieux et hypnotisants genre "Revolution", puis aussi les désecentes amphétaminées des stoners Kyuss. Au bout de 3-4 morceaux de Passover, on est déjà bien dans le trip. "Prodigal Sun" et son riff violent appelle les masses à s'entrechoquer, et "Manipulation", se met soudain à resynchroniser tous vos sens sur d'étranges fréquences. On y entend aussi les Jesus And Mary Chain, comment ne pas citer le Velvet Underground bien évidement: "Call To Arms" semble être un flash entre White Light/White Heat et Heroin, le spectre s'échappe des voix filtrées à la reverberation. Puis le final tout en reverb semble être la destination du voyage, et on constate qu'on a lévité bien haut pour en arriver là.
On y décèle donc de nombreuses influences marquantes (les plus rescentes: BJM, Warlocks...) mais les Black Angels créent ici leur propre son! Un truc énorme. Tous les titres sont semblables et se fondent en un seul bloc monolithique, un long mantra hypnotique. Il en résulte un album lumineux et littéralement hypnotisant qui s'écoute des milliers de fois. Voilà il est donc nécessaire d'y revenir encore et encore ; on a affaire là à un album important.
Ce qui frappe à la première écoute, c'est le son : énorme, lourd, très travaillé. Et puis aussi, les compositions sont toutes exécutées de façon habitée. La rythmique est particulièrement pesante et orgasmique. Ces gens nous emmènent dans l'enfer psychotique de l'être humain, d'un rescapé du Vietnam ou du bourbier irakien ("First Viatnamese War"), dans le côté le plus noir et déviant du psychédélisme sixties, dans le cerveau d'un Brian Jones terminal et défoncé, dans les délires meurtriers de Charles Manson, de la folie du sniper d'Austin Charles Whitman ("the sniper at the gates of heaven"), de la guerre ("Youg men Dead"), dans les éléctrochocs subis (et restitués) par Lou Reed. Puis il y a la fialiation évidente avec les héros locaux du psychédélisme américain, les 13th Floor Elevators d'Austin, au destin particulier : Leader interné après deux albums . En 1966 la moitié de ce groupe carburait aux amphétamines, l'autre au LSD! Résultat : des trucs dingues comme "Reverberation"... Quarante ans plus tard, même ville, les Black Angels reprennent les reines avec un rare panache.
La voix n'est d'ailleurs pas sans rappeler Rocky Erickson. On retrouve aussi dans ce chant un peu de Jeffrey Lee Pierce, chanteur défunt, capable de nous faire vraiment flippé à mort, rien qu'en chantant son blues sur fond de punk avec le Gun Club dans les 80's. Les morceaux de Passover, basés sur un seul accord la plupart du temps nous rappellent également les Spacemen 3, et leurs morceaux-trip vicieux et hypnotisants genre "Revolution", puis aussi les désecentes amphétaminées des stoners Kyuss. Au bout de 3-4 morceaux de Passover, on est déjà bien dans le trip. "Prodigal Sun" et son riff violent appelle les masses à s'entrechoquer, et "Manipulation", se met soudain à resynchroniser tous vos sens sur d'étranges fréquences. On y entend aussi les Jesus And Mary Chain, comment ne pas citer le Velvet Underground bien évidement: "Call To Arms" semble être un flash entre White Light/White Heat et Heroin, le spectre s'échappe des voix filtrées à la reverberation. Puis le final tout en reverb semble être la destination du voyage, et on constate qu'on a lévité bien haut pour en arriver là.
On y décèle donc de nombreuses influences marquantes (les plus rescentes: BJM, Warlocks...) mais les Black Angels créent ici leur propre son! Un truc énorme. Tous les titres sont semblables et se fondent en un seul bloc monolithique, un long mantra hypnotique. Il en résulte un album lumineux et littéralement hypnotisant qui s'écoute des milliers de fois. Voilà il est donc nécessaire d'y revenir encore et encore ; on a affaire là à un album important.
Intemporel ! ! ! 20/20
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