Phoenix

It's Never Been Like That

It's Never Been Like That

 Label :     EMI 
 Sortie :    vendredi 12 mai 2006 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

On ne peut pas reprocher aux Frenchies de Phoenix de ne pas se renouveler, ni de ne pas se remettre en question. Alphabetical, qui s'était fait attendre, avait déjà un peu dévié du chemin pop/électro/funk de United mais ici le changement est brutal. Sur It's Never Been Like That le mot d'ordre semble avoir été "faisons du rock, de la pop, assumons nous et arrêtons tout bidouillage électro". Les quatre garçons ont donc renié leurs origines et se sont lancés dans ce projet un peu dément. Pour cela, il aura fallu qu'ils s'exilent pendant quatre mois à Berlin pour écrire et autoproduire l'album.

Outre, la déception de ne pas pouvoir apprécier la musique qu'ils avaient l'habitude de faire, difficile de faire la moue à ce troisième disque. La formation guitares, basse, batterie restituent une authenticité (pas une seule chanson n'est autobiographique) et une spontanéité palpables puisque les dix titres ont été enregistrés dans l'esprit de ne faire qu'une prise. La voix de Thomas Mars moins subtile, manipule toujours aussi bien la langue anglaise sur des mélodies légères, futiles, harmonieuses, quelques fois puissantes ou saccadées. Les influences, par pincées, sont plus reconnaissables que sur les disques précédents. Un peu de The Cure, un soupçon de Talking Head, de Police, assaisonné de The Strokes ou encore Kings Of Leon, Phoenix piochent dans les différentes périodes et les différents groupes marquants du rock mais arrive tout de même à tirer son épingle du jeu dans ce domaine pop dans lequel beaucoup de groupes se sont aventurés. C'est avec cette intégrité, que les couplets de "Long Distance Call" rappellent doucement United tandis que les riff de guitares sur les refrains bourdonnent doucement, ou que encore l'instrumental "North" nous fait planer à cent lieues de tout. Cet album audacieux est très varié et réussi même s'il laissera de nombreux fans sur leur fin.

D'après certaines légendes, lorsqu'un phoenix meurt, il renaît de ses cendres.
C'est un peu ce qu'il s'est passé sur It's Never Been Like That.


Sympa   14/20
par TiComo La Fuera


 Moyenne 17.00/20 

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Posté le 03 juillet 2009 à 00 h 35

Avant de me lancer dans une chronique dithyrambique concernant leur nouvel opus, j'aimerais revenir sur ce It's Never Been Like That, sorti en 2006. Et vous proposer une réhabilitation très personelle de ce que je considère comme l'un de mes albums de chevets. Pour ça, il va falloir que je vous raconte ma vie, une fois de plus...

Il était une fois, moi. J'ai 16 ans, je me nourris depuis quelques années de pop, gravissant un à un les échelons d'un jeune homme qui fait son apprentissage musical. Et c'est lors d'un séjour en Bretagne, dans un petit village du Morbihan (comme le dirait si bien tonton Pernault) que j'allais changer à jamais. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, un concours de circonstances... Nous sommes le 10 août 2006, le jour de mes seize ans, je pars marcher seul toute la journée sur la côté bretonne, pour faire le point, prendre un posture contemplative. Dans mon sac, en plus d'un sandwich et d'une bouteille d'eau, plusieurs choses qui seront décisives et qui vont me transformer à jamais : "Sur la Route" de Kerouac, Like A Rolling Stone de Dylan (ce sera pour une autre chronique, celle de l'album de ma vie), Rubber Soul des Beatles et puis Phoenix.

It's Never Been Like That, c'est dans Rock & Folk que j'en entends parler, la première fois. La pochette rouge, la photo du groupe et ce nom, Phoenix. Trop jeune pour avoir vibré sur United ou Alphabetical, je suis intrigué par la chronique. J'y retrouve tout ce que j'attendais chez un groupe à l'époque : une recherche musical, une pop raffiné, et des mélodies accrocheuses. Et c'est en anglais. D'ailleurs, en courant acheter cet album à la Fnac de Lorient, je crois avoir affaire à un groupe américain (je n'apprendrais que bien plus tard que ce sont des versaillais bien de chez nous). La première écoute est plaisante, ça sonne bien, ça sent bon les vacances, mais ça ne me remue pas plus que ça. Bon...

J'emporte donc la galette dans mon baladeur (mon fidèle baladeur, toujours là, infatiguable). Sur la route, sous le soleil estival. Après avoir passé la matinée scotché sur Like A Rolling Stone, je me décide à m'enfiler du Phoenix. Et c'est là que l'album se révèle. Ne me quitte plus jusqu'à l'arrivée. Ces dix chansons, je les aime toutes tendrement. Chacune évoque une image de cette journée bretonne, des vacances, du soleil, de l'insouciance, de mon adolescence. Tout autant que Is This It et Up The Bracket, c'est ma jeunesse qui est gravé là dessus. Des morceaux d'une époque magique, une Madeleine de Proust. Ouais, cet album c'est ça. Tout comme la plupart des Dylan, le premier Strokes ou Pink Moon de Nick Drake. C'est pas facile à expliquer et ça n'engage que moi. Elles sont pas si géniales ces chansons, mais ce sont mes chansons, c'est mon album, que j'ai usé jusqu'à la moelle, que j'ai écouté sans arrêt, sans jamais m'en lasser.

Instantanés : "Napoleon Says" quand tu pars sur les routes des vacances, "Consolation Prizes" quand tu sens l'odeur de la mer, "Rally" quand tu te promènes sur le remblai, les cheveux dans le vent, "Long Distance Call" en pédalent de toutes ses forces, "One Time Too Many" quand tes premiers amours te manquent, "Lost And Found" en fumant une cigarette, les pieds dans le sable, avec une pose nostalgique, "Courtesy Laughs" pour emmerder le monde entier du haut de tes seize ans, "North" pour regarder l'océan, sans un mot, en se demandant ce qu'il se passe de l'autre côté, il faudra bien y aller un jour, "Sometimes In The Fall", ma favorite, quand les vacances se terminent, que t'as pas envie de partir, "a long long long long time...", et puis "Second To None", conclusion enjouée, on pense déjà à la prochaine fois, un sourire aux lèvres... tout va bien...

Putain, la voix de Thomas Mars, ses intonations, ses manières, j'ai enregistré tout ça, c'est une part de moi, c'est de l'émotion pure et dure. Les mélodies, les textes, la batterie qui te lâche plus, tout ça, pour moi, et peut-être rien que pour moi, c'est intemporel. Quand il pleut, quand ça va pas, quand je veux revivre ces jolis moments, je ressors cet album. Il est toujours près de moi, prêt à faire marcher la mémoire et les souvenirs. Bref, je voulais vous faire partager ça, et rendre un petit hommage éphèmère à un album que j'oublierais pas. On en a tous un comme ça... Moi j'en ai plusieurs, et celui-là, c'est ma préfèrence à moi.
Intemporel ! ! !   20/20







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