Voilà un album qui ne plaira pas à tout le monde et à coup sûr, qui en agacera certains. Mais enfin, prenons quand même le risque d'en parler !
Phoenix aura mis du temps pour livrer la suite de United sorti en 2000, si bien qu'on avait fini par penser qu'il s'agissait là d'un 'one shot' un peu chanceux. Conclusion trop hâtive donc et contredite ces jours-ci par la parution d' Alphabetical, un second album que Phoenix a doucement laissé mûrir.
"Everything is Everything" ouvre la marche et installe l'auditeur en territoire connu ; on y retrouve là Phoenix dans son meilleur exercice, des breaks rythmiques dansants, un savant dosage entre guitares et petits gimmicks funky, le tout embrassant un chant anglais maîtrisé et entraînant. Pas de doutes, ce premier single a tout pour suivre la même destinée qu'un "If I Ever Feel Better". S'ensuit alors "Run Run Run" dont le groove superbe emmené par une basse qui en impose et se sublime à chaque note, confirme le penchant ingénieux de Phoenix à composer des titres imparables. Cependant, ce second opus se détache assez rapidement de son prédescesseur : plus sophistiqué et plus soigné, il fait le choix d'oeuvrer dans un même registre et d'en explorer les moindres recoins (là où au contraire, United était un album touche-à-tout). "I'm An Actor" étonne alors quelque peu par ses vocaux grandiloquents, mais fait preuve d'un travail rythmique méticuleux, tout comme "(You Can't Blame It On) Anybody" et "If It's Not With You".
"Love For Granted" sort du lot et se distingue de l'ensemble par son approche plus intimiste, dépouillée et acoustique. Sensible et ravissante, cette ballade offre un supplément d'âme bienvenu. Les quatre versallais s'aventurent même dans quelques libertés soniques et orageuses, conduites cependant par un jeu de basse parfait et toujours aussi mélodique, sur la fin de "Victim of The Crime".
Alphabetical s'affirme comme un album classieux, élégant et très produit, qui a visiblement patiemment grandi en studio. Phoenix opte ici pour des ambiances plus feutrées et d'une certaine manière, intellectualise quelque peu sa démarche. De toute évidence, il leur sera difficile de faire l'unanimité avec cet album, mais ce n'est a priori pas là leur désir premier. Que l'on adhère ou pas, Alphabetical témoigne en tout cas d'une cohérence et d'une maturité nouvelles et de bon augure pour Phoenix, à qui il reste encore un terrain à conquérir, celui de la scène.