Talking Heads
Naked |
Label :
Fly |
||||
Je commence par le dernier... Je prends le risque !
En 1988, 3 ans avant que le groupe nous lâche, sort ce dernier opus que l'on retrouvera vite dans les bacs des soldeurs et des grandes surfaces rayon "prix cassé" ... Et pourtant cette petite chose verte vaut plus qu'une oreille distraite.
Produit par Steve Lillywhite (U2, Pete Gab') et enregistré au studio Davout à Paris, où Byrne y découvre raï, zouk, tango & samba, avec une foultitude de musiciens de tout horizon qui viennent coucher sur les pistes percu, clavier ou guitare. Comme d'habitude David Byrne organise tout ça de voix de maître et nous en met plein la vue, pourtant ce ne sont pas les premières écoutes qui vont nous rassurer sur l'état mental du bonhomme. Au fil des plages la guitare rythmique inimitable est bien là (un putain de poignet !), les cuivres invités tressent des guirlandes écrins pour la voix énervée sur un tapis de congas, on y entend passer la kora de Mory Kanté, l'accordéon de Servain, la guitare de Johnny Marr. Un disque qui sent l'Afrique, les îles, retouché par un tyran de la mélodie: vous danserez certainement sur "Big Daddy" mais attention chez les "têtes parlantes" pas de démonstration technique, l'humour et l'intelligence des textes font de ce groupe nouillorquais un des plus modernes. Les Heads, c'est devenu si rare, tirent leur révérence sur un petit bijou ! Il nous reste d'eux, pour ceux qui veulent SAVOIR, des albums grandioses (Remain In Light, LA référence) et un DVD à ne pas louper... mais ceci est une autre histoire.
En 1988, 3 ans avant que le groupe nous lâche, sort ce dernier opus que l'on retrouvera vite dans les bacs des soldeurs et des grandes surfaces rayon "prix cassé" ... Et pourtant cette petite chose verte vaut plus qu'une oreille distraite.
Produit par Steve Lillywhite (U2, Pete Gab') et enregistré au studio Davout à Paris, où Byrne y découvre raï, zouk, tango & samba, avec une foultitude de musiciens de tout horizon qui viennent coucher sur les pistes percu, clavier ou guitare. Comme d'habitude David Byrne organise tout ça de voix de maître et nous en met plein la vue, pourtant ce ne sont pas les premières écoutes qui vont nous rassurer sur l'état mental du bonhomme. Au fil des plages la guitare rythmique inimitable est bien là (un putain de poignet !), les cuivres invités tressent des guirlandes écrins pour la voix énervée sur un tapis de congas, on y entend passer la kora de Mory Kanté, l'accordéon de Servain, la guitare de Johnny Marr. Un disque qui sent l'Afrique, les îles, retouché par un tyran de la mélodie: vous danserez certainement sur "Big Daddy" mais attention chez les "têtes parlantes" pas de démonstration technique, l'humour et l'intelligence des textes font de ce groupe nouillorquais un des plus modernes. Les Heads, c'est devenu si rare, tirent leur révérence sur un petit bijou ! Il nous reste d'eux, pour ceux qui veulent SAVOIR, des albums grandioses (Remain In Light, LA référence) et un DVD à ne pas louper... mais ceci est une autre histoire.
Parfait 17/20 | par Raoul vigil |
Posté le 29 avril 2011 à 20 h 25 |
Voici, je l'affirme haut et fort, un des tous meilleurs travaux des Talking Heads.
Pour leur ultime album, Byrne et sa joyeuse bande se montrent à l'apogée de leur style. Si rock il y a là, il se cache bien, enfoui sous toutes les influences afro-latinos. Le style dansant bien particulier que le groupe a développé petit à petit tout au long de sa carrière explose dans Naked. Les percussions glissent en cascade, les cuivres se bousculent pour nous faire profiter de l'élargissement des horizons musicales du groupe. Byrne, en plus des habituelles rythmes africains qui pullulaient dans Remain In Light, déboule en studio la tête pleine de tango et de samba ! Et cette accumulation d'instruments prend désormais une place aussi importante que la guitare rythmique infernale de David Byrne, la basse groovy de Tina Weymouth, la batterie adoucie (et qui gagne en subtilité par rapport aux beats puissants de True Stories) de Chris Frantz et les claviers de l'ex-Modern Lover Jerry Harrison. Mais qui dit instruments supplémentaires dit musiciens supplémentaires, et puisque je me suis déjà compromis dans le name-dropping, autant en finir ; Johnny Marr et Yves N'Djock aux guitares, Manolo Badrena aux bongos, Mory Kanté, ainsi que la chanteuse Kirsty MacColl, probablement rameutée par son mari (et au passage producteur de l'album) Steve Lillywhite, et d'autres...
Et si Remain In Light brillait par son urgence, sa nervosité, son funk implacable et son côté expérimental, Naked quant à lui nous sert l'âme du groupe sur un plateau. La couleur dont Byrne agrémentait jusque là ses compositions est ici plus que jamais présente. Mais ce n'est pas parce que le groupe diversifie son propos qu'il oublie ce qui a fait son intérêt jusqu'à présent, au contraire. La voix folle de Byrne, immédiatement reconnaissable, les textes allumés et redoutablement justes - "(Nothing But) Flowers" imagine l'avènement d'un Eden où "The highways and cars/
Were sacrificed for agriculture", où tout est "couvert de fleurs" du point de vue d'un humain qui ne rêve que d'une chose, quitter ce "paradis sur Terre" qu'il trouve invivable - les ambiances insolites - on trouvera des chansons exubérantes ("Mr. Jones") aussi bien qu'étouffantes ("Cool Water"). Bref, tout est là !
Là où certains verront peut-être le groupe s'entacher avec de la World Music bon marché voir même (doux Jésus) mainstream et commerciale, moi je vois là la maturité d'un groupe qui a su évoluer quand il fallait évoluer et nous quitter avec un album ponctué de perles inestimables. Le dyptique "Blind"/"Mr. Jones" et sa joie contagieuse, un "Bill" désenchanté, le final "Cool Water" intense et angoissant, le festif "Big Daddy" [...] Y a à boire et à manger là dedans !
De fait, le seul défaut de cet album, c'est bien que c'est le dernier. Après 11 ans de carrière, c'est la fin de l'entité Talking Heads. Byrne poursuivra ses propres affaires en solo, mais privé de ses acolytes la magie ne fonctionne plus vraiment. Tina & Chris ont bien leur Tom-Tom Club, mais je n'ai pas encore posé mes oreilles dessus. C'est la fin de l'une des plus belles aventures musicales des années 80, l'adieu exceptionnel d'un groupe exceptionnel.
Pour leur ultime album, Byrne et sa joyeuse bande se montrent à l'apogée de leur style. Si rock il y a là, il se cache bien, enfoui sous toutes les influences afro-latinos. Le style dansant bien particulier que le groupe a développé petit à petit tout au long de sa carrière explose dans Naked. Les percussions glissent en cascade, les cuivres se bousculent pour nous faire profiter de l'élargissement des horizons musicales du groupe. Byrne, en plus des habituelles rythmes africains qui pullulaient dans Remain In Light, déboule en studio la tête pleine de tango et de samba ! Et cette accumulation d'instruments prend désormais une place aussi importante que la guitare rythmique infernale de David Byrne, la basse groovy de Tina Weymouth, la batterie adoucie (et qui gagne en subtilité par rapport aux beats puissants de True Stories) de Chris Frantz et les claviers de l'ex-Modern Lover Jerry Harrison. Mais qui dit instruments supplémentaires dit musiciens supplémentaires, et puisque je me suis déjà compromis dans le name-dropping, autant en finir ; Johnny Marr et Yves N'Djock aux guitares, Manolo Badrena aux bongos, Mory Kanté, ainsi que la chanteuse Kirsty MacColl, probablement rameutée par son mari (et au passage producteur de l'album) Steve Lillywhite, et d'autres...
Et si Remain In Light brillait par son urgence, sa nervosité, son funk implacable et son côté expérimental, Naked quant à lui nous sert l'âme du groupe sur un plateau. La couleur dont Byrne agrémentait jusque là ses compositions est ici plus que jamais présente. Mais ce n'est pas parce que le groupe diversifie son propos qu'il oublie ce qui a fait son intérêt jusqu'à présent, au contraire. La voix folle de Byrne, immédiatement reconnaissable, les textes allumés et redoutablement justes - "(Nothing But) Flowers" imagine l'avènement d'un Eden où "The highways and cars/
Were sacrificed for agriculture", où tout est "couvert de fleurs" du point de vue d'un humain qui ne rêve que d'une chose, quitter ce "paradis sur Terre" qu'il trouve invivable - les ambiances insolites - on trouvera des chansons exubérantes ("Mr. Jones") aussi bien qu'étouffantes ("Cool Water"). Bref, tout est là !
Là où certains verront peut-être le groupe s'entacher avec de la World Music bon marché voir même (doux Jésus) mainstream et commerciale, moi je vois là la maturité d'un groupe qui a su évoluer quand il fallait évoluer et nous quitter avec un album ponctué de perles inestimables. Le dyptique "Blind"/"Mr. Jones" et sa joie contagieuse, un "Bill" désenchanté, le final "Cool Water" intense et angoissant, le festif "Big Daddy" [...] Y a à boire et à manger là dedans !
De fait, le seul défaut de cet album, c'est bien que c'est le dernier. Après 11 ans de carrière, c'est la fin de l'entité Talking Heads. Byrne poursuivra ses propres affaires en solo, mais privé de ses acolytes la magie ne fonctionne plus vraiment. Tina & Chris ont bien leur Tom-Tom Club, mais je n'ai pas encore posé mes oreilles dessus. C'est la fin de l'une des plus belles aventures musicales des années 80, l'adieu exceptionnel d'un groupe exceptionnel.
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