Jesu
Heartache EP |
Label :
Dry Run |
||||
Premier EP de Justin Broadrick après Godflesh... et premier forfait de ce qui est en train de devenir avec Pelican la référence du drone metal.
C'est long (plus de 40 minutes), tortueux, sinueux, hypnotique; un vrai crève-coeur qui porte bien son nom.
Ambiance crépusculaire, ce disque s'ouvre sur "Heartache": des giclées de basse improbables, se fait difficilement un chemin dans l'air qui nous entoure. Guitares et batterie viennent en renfort... Il s'agit dès lors d'une libération cathartique sentiments difficilement avouables.
Ambiances résolument indus, noires, sales, lourdissimes, et surtout très lentes...
Puis, après cinq minutes d'ultraviolence difficilement contenue, le carcan se déssèrre. Le son vous brise toujours le plexus, mais presque par magie, un coin de ciel réapparait. Pas bleu bien entendu, c'est de l'air frais. Là, derrière les nuages, un miroir, vous vous voyez dedans. Moment insoutenable, vous découvrez ce que la vie a bien voulu faire de vous. Un être minable, médiocre, sans saveur.
Troisième tableau, assez "léger" (les amplis hurlent toujours autant mais bon): Justin Broadrick vous prend par la main, vous rassure, essaie de vous vous convaincre mais en vain. Vous n'y croyez plus, lui non plus d'ailleurs, et les 5 dernières minutes de ce titre
vous emmenène loin, très loin...
Première baffe. Vient "Ruined". maintenant.
Même type de construction, très lourd très noir, ensuite très lourd mais plus ouvert, pour finir sur cinq minutes atmosphériques, beaucoup moins lourdes mais toujours entâchées d'un sentiment dégueulasse, de cet "inconvénient d'être né" (E.M. Cioran)
Comme pour l'album, ce qui marque aussi, ce sont les arrangements, éthérés, très shoegazing... Broadrick est anglais, on ne se refait pas !!!
Un disque d'île déserte, de moment de grande solitude, de discussion tardive la nuit, d'écriture, de blabla pré (ou post)-coïtal, de drague (pas encore essayé)... un très grand disque tout simplement !
C'est long (plus de 40 minutes), tortueux, sinueux, hypnotique; un vrai crève-coeur qui porte bien son nom.
Ambiance crépusculaire, ce disque s'ouvre sur "Heartache": des giclées de basse improbables, se fait difficilement un chemin dans l'air qui nous entoure. Guitares et batterie viennent en renfort... Il s'agit dès lors d'une libération cathartique sentiments difficilement avouables.
Ambiances résolument indus, noires, sales, lourdissimes, et surtout très lentes...
Puis, après cinq minutes d'ultraviolence difficilement contenue, le carcan se déssèrre. Le son vous brise toujours le plexus, mais presque par magie, un coin de ciel réapparait. Pas bleu bien entendu, c'est de l'air frais. Là, derrière les nuages, un miroir, vous vous voyez dedans. Moment insoutenable, vous découvrez ce que la vie a bien voulu faire de vous. Un être minable, médiocre, sans saveur.
Troisième tableau, assez "léger" (les amplis hurlent toujours autant mais bon): Justin Broadrick vous prend par la main, vous rassure, essaie de vous vous convaincre mais en vain. Vous n'y croyez plus, lui non plus d'ailleurs, et les 5 dernières minutes de ce titre
vous emmenène loin, très loin...
Première baffe. Vient "Ruined". maintenant.
Même type de construction, très lourd très noir, ensuite très lourd mais plus ouvert, pour finir sur cinq minutes atmosphériques, beaucoup moins lourdes mais toujours entâchées d'un sentiment dégueulasse, de cet "inconvénient d'être né" (E.M. Cioran)
Comme pour l'album, ce qui marque aussi, ce sont les arrangements, éthérés, très shoegazing... Broadrick est anglais, on ne se refait pas !!!
Un disque d'île déserte, de moment de grande solitude, de discussion tardive la nuit, d'écriture, de blabla pré (ou post)-coïtal, de drague (pas encore essayé)... un très grand disque tout simplement !
Excellent ! 18/20 | par Lolive |
Posté le 26 octobre 2008 à 16 h 35 |
Coup d'essai et coup de maître pour le premier EP de Jesu avec ce disque aussi dérangeant que salvateur. Servi par une approche très "slowcore" avec une instrumentation qui ne l'est pas toujours, Justin Broadrick touche son auditeur en plein coeur avec ces deux longs morceaux.
Son auditeur, car ce disque est trop exigeant et entier pour être simplement écouté: il est fait pour qui veut se l'approprier et être mis en face de ce(s) mal(ux) de coeur (Heartache en VO) qui s'emparent de lui de façon chronique et lui font sentir au plus profond des tripes une combinaison de joie de vivre et de pulsion de mort. "Souvent, quand on est heureux, on pense à la mort", écrivait Anne Philipe dans un des nombreux moments de grâce qui ponctuent "Un été près de la mer" et c'est ce(s) rivage(s) spirituel(s) que dépeint la musique pressée sur ce disque.
Heartache s'ouvre sur un motif grinçant avec en arrière-plan un son de basse lourd, très lourd. Petit à petit, ce motif s'épaissit, un beat vient le souligner puis un orage s'annonce avec l'arrivée de sonorités très indus. Premier break, on se sent plonger mais non, on repart dans cette atmosphère pré-chaotique avant de rentrer dans une partie "martiale". Le malaise est là, le gouffre se rapproche et on s'y dirige malgré nous...
Vient alors une partie quasi-angélique où un choeur improbable émerge de la brume, zébré de larsens et de nappes... Quasi-angélique car reste au fond cette basse plombante jusqu'à ce qu'une guitare lancinante vienne nous scier lentement mais sûrement la conscience.
La torture cesse (ou plutôt se renouvelle) lorsqu'une voix lointaine nous susurre: "What's become of you ? You've been bought for much less than you think" avant que le morceau reparte en apesanteur porté par un beat désarmant de simplicité. La voix revient et nous sonde une nouvelle fois avant que le morceau ne reparte en apesanteur avec ce même beat puis la voix qui répète inlassablement "But really there's nothing" tout en rappelant de temps à autre les éléments entrevus dans l'intro du morceau. Le gouffre est là et les cinq dernières minutes du morceau se feront contemplatives, noyant l'auditeur dans une béatitude troublante.
Puis "Ruined" démarre avec quelques notes de piano et de gratte acoustique qui se dirigent vers une profonde gravité au fur et à mesure que l'on descend les octaves sur le clavier. Descente, c'est exactement ce dont il s'agit... Avant que ce doux duo ne soit suppléé par un passage typiquement "sludge" d'une lourdeur qui contraste horriblement avec la légèreté qui semblait refaire surface.
La suite du morceau oscille entre légèreté et lourdeur, ponctué d'interventions vocales exsangues, de giclées soniques, de nappes ambient et de mélodies faussement apaisées tout en reprenant le procédé de "rappel" d'éléments figurant dans l'intro... Jusqu'au point où tout s'entremêle et se brouille sans pour autant exploser malgré les imprécations furieuses de Jesu... ("Rise Rock !") Pour finir dans un dépouillement à la limite du glacial.
Le silence qui suit les écoutes de Heartache est à la hauteur de la claque infligée à chaque nouvelle séance, l'état d'esprit de l'auditeur avant écoute influençant fortement son interprétation ou réinterprétation du disque tant cette musique peut être mise en perspective avec les questions existentielles (ou pas) et/ou les soucis qui nous taraudent à un moment donné.
Avant de conclure, il convient de signaler que la lenteur avec laquelle les parties instrumentales se déroulent et la soudaineté avec laquelle elles sont brisées évoque très fortement le Talk Talk de Spirit Of Eden tant elles permettent à la voix de Justin Broadrick d'être pénétrante à souhait et aussi à l'auditeur tout imprégné d'une certaine émotion d'être submergé par un flot de nouvelles sensations à de nombreuses reprises durant les 40 minutes que dure le disque.
"Exceptionnel" dit la notation mais "cataclysmique" est le mot adéquat pour un tel disque. On s'oublie totalement dans l'écoute de Heartache.
Son auditeur, car ce disque est trop exigeant et entier pour être simplement écouté: il est fait pour qui veut se l'approprier et être mis en face de ce(s) mal(ux) de coeur (Heartache en VO) qui s'emparent de lui de façon chronique et lui font sentir au plus profond des tripes une combinaison de joie de vivre et de pulsion de mort. "Souvent, quand on est heureux, on pense à la mort", écrivait Anne Philipe dans un des nombreux moments de grâce qui ponctuent "Un été près de la mer" et c'est ce(s) rivage(s) spirituel(s) que dépeint la musique pressée sur ce disque.
Heartache s'ouvre sur un motif grinçant avec en arrière-plan un son de basse lourd, très lourd. Petit à petit, ce motif s'épaissit, un beat vient le souligner puis un orage s'annonce avec l'arrivée de sonorités très indus. Premier break, on se sent plonger mais non, on repart dans cette atmosphère pré-chaotique avant de rentrer dans une partie "martiale". Le malaise est là, le gouffre se rapproche et on s'y dirige malgré nous...
Vient alors une partie quasi-angélique où un choeur improbable émerge de la brume, zébré de larsens et de nappes... Quasi-angélique car reste au fond cette basse plombante jusqu'à ce qu'une guitare lancinante vienne nous scier lentement mais sûrement la conscience.
La torture cesse (ou plutôt se renouvelle) lorsqu'une voix lointaine nous susurre: "What's become of you ? You've been bought for much less than you think" avant que le morceau reparte en apesanteur porté par un beat désarmant de simplicité. La voix revient et nous sonde une nouvelle fois avant que le morceau ne reparte en apesanteur avec ce même beat puis la voix qui répète inlassablement "But really there's nothing" tout en rappelant de temps à autre les éléments entrevus dans l'intro du morceau. Le gouffre est là et les cinq dernières minutes du morceau se feront contemplatives, noyant l'auditeur dans une béatitude troublante.
Puis "Ruined" démarre avec quelques notes de piano et de gratte acoustique qui se dirigent vers une profonde gravité au fur et à mesure que l'on descend les octaves sur le clavier. Descente, c'est exactement ce dont il s'agit... Avant que ce doux duo ne soit suppléé par un passage typiquement "sludge" d'une lourdeur qui contraste horriblement avec la légèreté qui semblait refaire surface.
La suite du morceau oscille entre légèreté et lourdeur, ponctué d'interventions vocales exsangues, de giclées soniques, de nappes ambient et de mélodies faussement apaisées tout en reprenant le procédé de "rappel" d'éléments figurant dans l'intro... Jusqu'au point où tout s'entremêle et se brouille sans pour autant exploser malgré les imprécations furieuses de Jesu... ("Rise Rock !") Pour finir dans un dépouillement à la limite du glacial.
Le silence qui suit les écoutes de Heartache est à la hauteur de la claque infligée à chaque nouvelle séance, l'état d'esprit de l'auditeur avant écoute influençant fortement son interprétation ou réinterprétation du disque tant cette musique peut être mise en perspective avec les questions existentielles (ou pas) et/ou les soucis qui nous taraudent à un moment donné.
Avant de conclure, il convient de signaler que la lenteur avec laquelle les parties instrumentales se déroulent et la soudaineté avec laquelle elles sont brisées évoque très fortement le Talk Talk de Spirit Of Eden tant elles permettent à la voix de Justin Broadrick d'être pénétrante à souhait et aussi à l'auditeur tout imprégné d'une certaine émotion d'être submergé par un flot de nouvelles sensations à de nombreuses reprises durant les 40 minutes que dure le disque.
"Exceptionnel" dit la notation mais "cataclysmique" est le mot adéquat pour un tel disque. On s'oublie totalement dans l'écoute de Heartache.
Exceptionnel ! ! 19/20
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