Slowdive
Souvlaki |
Label :
SBK |
||||
Manifestement, depuis son premier essai (Just For A Day), Slowdive a évolué et a incontestablement gagné en intérêt ainsi qu'en qualité. Le fantôme des Cocteau Twins plane évidemment sur quelques morceaux, sans que cela n'entache pour autant la qualité des compositions de Neil Halstead, bien au contraire. Tout le talent, la finesse et la beauté qui n'avaient été qu'entrevus sur Just For A Day, éclatent ici au grand jour.
Slowdive se montre on ne peut plus inspiré. Capable de proposer les envolées électriques les plus belles et les plus efficaces, comme sur le génial "When The Sun Hits", le groupe de Halstead fait également preuve de simplicité délicate et envoûtante sur un "Dagger" joué à la guitare acoustique. Autre changement majeur par rapport au premier album, un soin tout particulier a été apporté sur la mise en valeur de la voix de Rachel Goswell. La voix de celle-ci, même si elle était déjà présente auparavant, a été mise en avant et se montre capable de soutenir idéalement le chant calme de Halstead; quand elle ne s'approprie pas à elle toute seule le chant (comme sur le très atmosphérique "Sing" et le très éthéré "Country Rain"). Au bout du compte, cela permet à Souvlaki de gagner en cohérence et apparaît comme un album plus complet.
Mais le plus frappant est cette habileté que possède le groupe à créer des moments soniques et détonants, et ce de fort belle manière. Ainsi, si "When The Sun Hits", précédemment cité, peut faire figure de hit évident, imparable et formidablement construit, "40 Days" ou "Souvlaki Space Station" n'ont pas à pâlir d'une éventuelle comparaison, tant ils possèdent une énergie contenue et leur lot d'électricité et d'efficacité.
Avec Souvlaki, Slowdive réussit à produire une oeuvre trouvant une belle place au sein du shoegaze de l'époque. Manifestement, une très belle surprise.
Slowdive se montre on ne peut plus inspiré. Capable de proposer les envolées électriques les plus belles et les plus efficaces, comme sur le génial "When The Sun Hits", le groupe de Halstead fait également preuve de simplicité délicate et envoûtante sur un "Dagger" joué à la guitare acoustique. Autre changement majeur par rapport au premier album, un soin tout particulier a été apporté sur la mise en valeur de la voix de Rachel Goswell. La voix de celle-ci, même si elle était déjà présente auparavant, a été mise en avant et se montre capable de soutenir idéalement le chant calme de Halstead; quand elle ne s'approprie pas à elle toute seule le chant (comme sur le très atmosphérique "Sing" et le très éthéré "Country Rain"). Au bout du compte, cela permet à Souvlaki de gagner en cohérence et apparaît comme un album plus complet.
Mais le plus frappant est cette habileté que possède le groupe à créer des moments soniques et détonants, et ce de fort belle manière. Ainsi, si "When The Sun Hits", précédemment cité, peut faire figure de hit évident, imparable et formidablement construit, "40 Days" ou "Souvlaki Space Station" n'ont pas à pâlir d'une éventuelle comparaison, tant ils possèdent une énergie contenue et leur lot d'électricité et d'efficacité.
Avec Souvlaki, Slowdive réussit à produire une oeuvre trouvant une belle place au sein du shoegaze de l'époque. Manifestement, une très belle surprise.
Très bon 16/20 | par X_Jpbowersock |
Réédition remasterisée de l'album en 2005 par Creation Records, avec une cover différente.
Posté le 14 avril 2005 à 02 h 16 |
Quelques jours passés entre divers endroits très proches les uns des autres, à aller et venir, me poser, écouter ce disque à la beauté pudique, avec ses retours de rêves qui n'en finissent pas de revenir... Entre ces bruissements de cotons qui brûlent et ces pluies de notes gelées, c'est l'aube d'une nouvelle nuit qui ressemble au jour d'avant. Perfection de moments étouffés, de voix qui traversent l'espace comme des spectres incolores, avec au coeur le désenchantement de ceux qui s'isolent en hiver..."When The Sun Hits"...
Quelques jours à tenter de palper la douceur de ces draps flottant dans un ciel sonore, comme en apesanteur au-dessus d'un monde trop lourd pour eux... Quelques jours à frôler la grâce, à prendre un couloir à l'écho doux, comme le couloir qui lie deux bouches humides de bave divine: un long baiser en stéréo...
Quelques jours à tenter de palper la douceur de ces draps flottant dans un ciel sonore, comme en apesanteur au-dessus d'un monde trop lourd pour eux... Quelques jours à frôler la grâce, à prendre un couloir à l'écho doux, comme le couloir qui lie deux bouches humides de bave divine: un long baiser en stéréo...
Excellent ! 18/20
Posté le 22 décembre 2005 à 23 h 53 |
Si on veut comparer Souvlaki de Slowdive à un groupe plus récent, je citerais Sigur Ros. Nul doute que ces derniers ont énormément écouté Souvlaki afin de faire leurs gammes.
Slowdive, ne serait-ce qu'avec cet album, ne peut pas être considéré comme un sous-groupe de shoegazers. Clairement non. Pourquoi ? Parce qu'il ne copie pas sur les autres groupes du genre (My Bloody Valentine, The Jesus And Mary Chain, The Boo Radleys...) mais assimile ces derniers à une sorte de dream pop à la Cocteau Twins. Et le résultat est prodigieux. En clair, Slowdive oriente le shoegazing dans une direction inexplorée avec ce disque.
"Alison", le magique "Machine Gun" avec la voix émouvante de Rachel Goswell, "Souvlaki Space Station", la reprise très éthérée de "Some Velvet Morning" pour ne citer que quelques morceaux, tout mérite d'être écouté et approfondi. Car comme souvent avec un grand disque, il s'apprécie au fil des écoutes et est assez difficile d'accès.
Paradoxalement, ce disque est aussi celui qui fait germer en l'auditeur une certaine mélancolie lors de l'écoute, et l'impression d'être à fleur de peau atteint son point culminant à l'écoute du morceau "Altogether", où l'on a l'impression d'être mort et de découvrir la lumière du paradis.
Un conseil, si vous n'aimez pas ce disque à la première écoute, faîtes comme pour le bon vin, laissez le à la cave quelques années, et vous finirez par l'apprécier.
Souvlaki de Slowdive est une des nombreuses faces cachées du shoegazing, et aussi une pièce maîtresse de la musique des années 90.
Slowdive, ne serait-ce qu'avec cet album, ne peut pas être considéré comme un sous-groupe de shoegazers. Clairement non. Pourquoi ? Parce qu'il ne copie pas sur les autres groupes du genre (My Bloody Valentine, The Jesus And Mary Chain, The Boo Radleys...) mais assimile ces derniers à une sorte de dream pop à la Cocteau Twins. Et le résultat est prodigieux. En clair, Slowdive oriente le shoegazing dans une direction inexplorée avec ce disque.
"Alison", le magique "Machine Gun" avec la voix émouvante de Rachel Goswell, "Souvlaki Space Station", la reprise très éthérée de "Some Velvet Morning" pour ne citer que quelques morceaux, tout mérite d'être écouté et approfondi. Car comme souvent avec un grand disque, il s'apprécie au fil des écoutes et est assez difficile d'accès.
Paradoxalement, ce disque est aussi celui qui fait germer en l'auditeur une certaine mélancolie lors de l'écoute, et l'impression d'être à fleur de peau atteint son point culminant à l'écoute du morceau "Altogether", où l'on a l'impression d'être mort et de découvrir la lumière du paradis.
Un conseil, si vous n'aimez pas ce disque à la première écoute, faîtes comme pour le bon vin, laissez le à la cave quelques années, et vous finirez par l'apprécier.
Souvlaki de Slowdive est une des nombreuses faces cachées du shoegazing, et aussi une pièce maîtresse de la musique des années 90.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 31 janvier 2007 à 21 h 36 |
On pénètre dans la musique de Slowdive comme on pourrait entrer en communion.
Certains d'avoir trouvé là, un avant-goût de paradis.
Dans cette cathédrale lumineuse, bâtie sur le télescopage des guitares et des échos plein de spleen, où le temps semble s'être mis entre parenthèse.
Album totalement hors du temps, Souvlaki porte en lui une immense charge nostalgique.
Se servant des guitares comme d'une matière malléable et flexible, Slowdive étire le temps, jusqu'à lui donner la forme adéquate.
Celle des grands espaces où les repères explosent et volent en éclats nous laissant entrapercevoir Alison se mouvoir dans son rêve de plumes.
À l'exacte croisée du shoegaze et du post rock (ce qui se confirmera encore plus par la suite avec Pygmalion), l'auditeur est emporté par un ressac atmosphérique où s'échoue des vagues géantes de son et s'élèvent des lames de fond électriques.
Et lorsqu' elles se retirent, c'est l'écume des bruits blancs qui reflue avec elles.
Des mélodies douces, enveloppante, murmurées du bout des lèvres timides de Neil Halstead et Rachel Goswell mais suffisamment puissantes pour vous attraper le cœur et les neurones et pour ne plus vous lâcher.
Avec cette musique cotonneuse, presque placentaire, propice à l'évasion et au rêve les plus doux, les repères n'existent plus.
Les pieds sur terre et la tête dans le cosmos.
Regardez vous maintenant, vous flottez.
Certains d'avoir trouvé là, un avant-goût de paradis.
Dans cette cathédrale lumineuse, bâtie sur le télescopage des guitares et des échos plein de spleen, où le temps semble s'être mis entre parenthèse.
Album totalement hors du temps, Souvlaki porte en lui une immense charge nostalgique.
Se servant des guitares comme d'une matière malléable et flexible, Slowdive étire le temps, jusqu'à lui donner la forme adéquate.
Celle des grands espaces où les repères explosent et volent en éclats nous laissant entrapercevoir Alison se mouvoir dans son rêve de plumes.
À l'exacte croisée du shoegaze et du post rock (ce qui se confirmera encore plus par la suite avec Pygmalion), l'auditeur est emporté par un ressac atmosphérique où s'échoue des vagues géantes de son et s'élèvent des lames de fond électriques.
Et lorsqu' elles se retirent, c'est l'écume des bruits blancs qui reflue avec elles.
Des mélodies douces, enveloppante, murmurées du bout des lèvres timides de Neil Halstead et Rachel Goswell mais suffisamment puissantes pour vous attraper le cœur et les neurones et pour ne plus vous lâcher.
Avec cette musique cotonneuse, presque placentaire, propice à l'évasion et au rêve les plus doux, les repères n'existent plus.
Les pieds sur terre et la tête dans le cosmos.
Regardez vous maintenant, vous flottez.
Excellent ! 18/20
Posté le 03 août 2008 à 21 h 39 |
Chers passagers veuillez redresser votre siège et attacher vos ceintures...
Mais au sein de l'habitacle Souvlaki dès les premières secondes de décollage la mâchoire inférieure se fracasse sur le sol tandis que le crâne, lui, s'envole entraînant à ses cotés l'âme et le coeur en apesanteur.
Les commandes de vol sont fascinantes : mélodies ou guitares, synthés, basse et batterie se télescopent alors qu'on entend, au loin, les harmonies vocales de Neil Hastead et Rachel Goswell.
Les envolées électriques tellement bien contenues telles "Alison", "Machine Gun", "Souvlaki Space Station", "When The Sun Hits" ou encore "Mellow Yellow ", sans oublier le simplissime et envoûtant "Dagger" font de Souvlaki le monument absolu de la dream pop. Un rock planant, doux et lourd à la fois, ou l'on sent le spectre des Cocteau Twins graviter.
Les pilotes de Slowdive m'ont tendu la main, je les ai suivis, il m'ont amené si haut, à travers le hublot j'aurai pu croiser Icare, je ne veux plus jamais rejoindre la piste d‘atterrissage...
Une véritable évasion atmosphérique ou temps et espaces ne sont plus. On y atteint la clarté d'un ciel sonore. On y palpe la douceur cotonneuse des nuages. On y déniche la grâce absolue. On y rejoint l'antichambre du paradis...
Mais au sein de l'habitacle Souvlaki dès les premières secondes de décollage la mâchoire inférieure se fracasse sur le sol tandis que le crâne, lui, s'envole entraînant à ses cotés l'âme et le coeur en apesanteur.
Les commandes de vol sont fascinantes : mélodies ou guitares, synthés, basse et batterie se télescopent alors qu'on entend, au loin, les harmonies vocales de Neil Hastead et Rachel Goswell.
Les envolées électriques tellement bien contenues telles "Alison", "Machine Gun", "Souvlaki Space Station", "When The Sun Hits" ou encore "Mellow Yellow ", sans oublier le simplissime et envoûtant "Dagger" font de Souvlaki le monument absolu de la dream pop. Un rock planant, doux et lourd à la fois, ou l'on sent le spectre des Cocteau Twins graviter.
Les pilotes de Slowdive m'ont tendu la main, je les ai suivis, il m'ont amené si haut, à travers le hublot j'aurai pu croiser Icare, je ne veux plus jamais rejoindre la piste d‘atterrissage...
Une véritable évasion atmosphérique ou temps et espaces ne sont plus. On y atteint la clarté d'un ciel sonore. On y palpe la douceur cotonneuse des nuages. On y déniche la grâce absolue. On y rejoint l'antichambre du paradis...
Excellent ! 18/20
Posté le 14 mars 2009 à 16 h 56 |
Slowdive vs. My Bloody Valentine. S'il y a jamais eu une rivalité posthume entre ces deux têtes pensantes du shoegaze, elle n'existe probablement que dans quelques caboches émoussées par les trips intenses provoqués par l'un ou l'autre groupe.
Pourtant, alors que les seconds annoncent un retour en fanfare en cette année 2009, on ne peut que regretter un peu plus qu'il n'y ait pas inversion des rôles. Car il semble bien qu'aujourd'hui, c'est plutôt le nom de Slowdive (et en particulier Souvlaki) qu'il faudrait retenir, plutôt que celui associé au démon Kevin Shields.
Le son d'abord: d'un côté la sublimation du bruit, de l'autre la célébration de la beauté.
A force de s'être cassé le rocher à obtenir LE son, Shields en a presque oublié ses possibilités mélodiques. Ainsi, My Bloody Valentine aurait pu être ambient (et y aurait gagné en force, sans doute), mais le cerveau malade de Shields était persuadé qu'il pouvait lire entre les lignes de son bruit pour en tirer de la pop... Mais plus de quinze ans après la sortie de Loveless, il ne reste qu'un témoignage glacé, voire figé d'une époque fondatrice; alors Shields en a certes été un artisan, mais celui-ci semble s'être noyé dans un avant-gardisme qui sonne aujourd'hui un peu kitsh (la batterie est certainement celle qui a le plus souffert du temps qui passe, comme certaines parties de guitare, évoquant plus une vache beuglante que le fruit d'une expérimentation mûrement réfléchie).
La démarche de Slowdive a toujours été différente: le groupe de Reading a préféré garder la charpente pop pour la distordre et non l'inverse. Cela est certainement moins aventureux, soit. Mais en ce début de nouveau millénaire, il semble évident que sa musique a mieux traversé l'épreuve des années et des évolutions technologiques inhérentes que celle des irlandais.
Plus subtiles dans leur traitements du son, Halstead et sa bande ont en fait préféré placer toutes leurs billes expérimentales dans le même sac, celui de la guitare. Certainement un excellent choix.
Car la guitare est l'héroïne proclamée du rock depuis ses débuts: elle distribue la mélodie, mais aussi souvent l'ambiance d'un morceau. Et chez Slowdive comme dans beaucoup d'autres groupes, elle remplit les deux rôles, mais, fait plus rare, elle se révèle aussi efficace et talentueuse dans les deux domaines (après de nombreuses écoutes, on est encore émerveillé par cette incapacité à distinguer dans leurs chansons ce qui tient du synthétiseur ou de la guitare).
A tel point qu'on ne doute pas un seul instant que Souvlaki serait tout aussi plaisant sans tous ces effets de delay et autre phaser qui le traversent ("Dagger" en est un excellent exemple). Comme on peut imaginer sans peine qu'il s'en dégagerait cette même ambiance de sérénité et d'espace sans l'aspect mélodique.
On peut tout de même tempérer ces ardeurs, et ceci pour deux raisons. D'abord, parce qu'il est assez difficile de trouver la version originale de Souvlaki, qui se clôt sur le magnifique "Dagger" et non pas sur les bonus tracks dispensables voire ennuyeuses que sont "Some Velvet Morning", "Good Day Sunshine", "Missing You" et "Country Rain". La version remasterisée sortie en 2005 a d'ailleurs le bon goût (et c'est son seul mérite) de séparer le bon grain de l'ivraie, en proposant deux disques, le premier étant le VRAI Souvlaki, l'autre contenant les fameux (sic) bonus.
D'autre part, si l'on peut saluer ce Souvlaki comme un vrai chef d'oeuvre, il est aussi bon de souligner que leur dernier album, Pygmalion, sorte d'anti-Loveless totalement ambient, a aussi pris un sacré coup de vieux. Certainement pour les mêmes raisons que celles qui crucifient My Bloody Valentine aujourd'hui: un parti pris extrême pour obtenir LE son, au mépris d'un aspect mélodique pourtant souvent indissociable de la réussite totale d'un disque.
Pourtant, alors que les seconds annoncent un retour en fanfare en cette année 2009, on ne peut que regretter un peu plus qu'il n'y ait pas inversion des rôles. Car il semble bien qu'aujourd'hui, c'est plutôt le nom de Slowdive (et en particulier Souvlaki) qu'il faudrait retenir, plutôt que celui associé au démon Kevin Shields.
Le son d'abord: d'un côté la sublimation du bruit, de l'autre la célébration de la beauté.
A force de s'être cassé le rocher à obtenir LE son, Shields en a presque oublié ses possibilités mélodiques. Ainsi, My Bloody Valentine aurait pu être ambient (et y aurait gagné en force, sans doute), mais le cerveau malade de Shields était persuadé qu'il pouvait lire entre les lignes de son bruit pour en tirer de la pop... Mais plus de quinze ans après la sortie de Loveless, il ne reste qu'un témoignage glacé, voire figé d'une époque fondatrice; alors Shields en a certes été un artisan, mais celui-ci semble s'être noyé dans un avant-gardisme qui sonne aujourd'hui un peu kitsh (la batterie est certainement celle qui a le plus souffert du temps qui passe, comme certaines parties de guitare, évoquant plus une vache beuglante que le fruit d'une expérimentation mûrement réfléchie).
La démarche de Slowdive a toujours été différente: le groupe de Reading a préféré garder la charpente pop pour la distordre et non l'inverse. Cela est certainement moins aventureux, soit. Mais en ce début de nouveau millénaire, il semble évident que sa musique a mieux traversé l'épreuve des années et des évolutions technologiques inhérentes que celle des irlandais.
Plus subtiles dans leur traitements du son, Halstead et sa bande ont en fait préféré placer toutes leurs billes expérimentales dans le même sac, celui de la guitare. Certainement un excellent choix.
Car la guitare est l'héroïne proclamée du rock depuis ses débuts: elle distribue la mélodie, mais aussi souvent l'ambiance d'un morceau. Et chez Slowdive comme dans beaucoup d'autres groupes, elle remplit les deux rôles, mais, fait plus rare, elle se révèle aussi efficace et talentueuse dans les deux domaines (après de nombreuses écoutes, on est encore émerveillé par cette incapacité à distinguer dans leurs chansons ce qui tient du synthétiseur ou de la guitare).
A tel point qu'on ne doute pas un seul instant que Souvlaki serait tout aussi plaisant sans tous ces effets de delay et autre phaser qui le traversent ("Dagger" en est un excellent exemple). Comme on peut imaginer sans peine qu'il s'en dégagerait cette même ambiance de sérénité et d'espace sans l'aspect mélodique.
On peut tout de même tempérer ces ardeurs, et ceci pour deux raisons. D'abord, parce qu'il est assez difficile de trouver la version originale de Souvlaki, qui se clôt sur le magnifique "Dagger" et non pas sur les bonus tracks dispensables voire ennuyeuses que sont "Some Velvet Morning", "Good Day Sunshine", "Missing You" et "Country Rain". La version remasterisée sortie en 2005 a d'ailleurs le bon goût (et c'est son seul mérite) de séparer le bon grain de l'ivraie, en proposant deux disques, le premier étant le VRAI Souvlaki, l'autre contenant les fameux (sic) bonus.
D'autre part, si l'on peut saluer ce Souvlaki comme un vrai chef d'oeuvre, il est aussi bon de souligner que leur dernier album, Pygmalion, sorte d'anti-Loveless totalement ambient, a aussi pris un sacré coup de vieux. Certainement pour les mêmes raisons que celles qui crucifient My Bloody Valentine aujourd'hui: un parti pris extrême pour obtenir LE son, au mépris d'un aspect mélodique pourtant souvent indissociable de la réussite totale d'un disque.
Excellent ! 18/20
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