The National

The National (à l'affiche en compagnie de Flotation Toy Warning) pourrait passer pour un groupe reposé de plus, hors il n'en est rien. Matt Berninger a beau ressembler à un grand dadet trentenaire, il ne manque pas de fureur et de désir de crier son mal-être et ses frustrations. Quant aux musiciens, leur air propre sur eux, ne les empêche pas de gratter frénétiquement leurs instruments ou de jouer du violon comme on joue de la guitare. Sur beaucoup de chansons le ton est énergique, puissant, classieux et littéralement impressionnant. Par moment, Matt Berninger, incapable de tenir en place, se jette sur le devant de la scène pour exulter de tout son souffle. On sent qu'il est torturé. Et cela ne fait que rendre la qualité de ses titres encore plus grande. Surtout ceux du dernier album, Alligator, toutes excellentes.
L'écriture est maniérée, classe et élégante. L'énergie déployée pour leur donner de l'éclat en live est absolument confondante. Notamment lorsqu'il s'agit d'une petite salle comme le Rockstore de Montpellier. La proximité avec le groupe rend encore plus frappant le talent de ces New-Yorkais.
Mature, racé, le rock de The National impose d'entrée et sans détour une façon de consumer la poudre inouïe et captivante. Pourtant il s'agit d'autre chose: ce n'est pas la fougue de la jeunesse qui parle mais un certain abattement, qui teint en gris toutes les compositions. Un peu comme les immenses Tindersticks Et une certaine grâce jaillit des moments plus calmes et des ballades névralgiques, aux mélodies claires et somptueuses. Leur musique n'est jamais aussi forte que lorsqu'elle laisse entrevoir la vulnérabilité du groupe.
Très chaleureusement accueilli et plébiscité par le public, pourtant assez maigre, The National a prouvé ce soir là que leurs titres méritaient qu'on y prête beaucoup d'attention. Bien que déjà nantis de certaines années d'expérience, une des révélations de 2005.