The National
Boxer |
Label :
Beggars Banquet |
||||
Quatrième opus du quintette de Brooklyn, la pochette de Boxer donne le ton de l'album : une élégance feutrée, une harmonie en noir et blanc. Quand on y regarde plus près, on se demande ce que pensent les gens qui sont regroupés sur la piste de danse. Cette image représente bien le folk rock dark et touchant de The National : une émotion palpable qui tranche avec la fluidité des mélodies et comment l'on accède mine de rien à des pensées intimes...
Il est nettement moins question d'éclectisme, comme c'était le cas avec Alligator, sur cette galette. On est ici en plein dans la veine de "Val Jester" ou de "The Geese Of Beverly Road", sauf qu'il y a une valeur ajoutée. Toujours remarquablement mis en œuvre par l'incontournable Peter Katis, chaque détail fait la différence dans Boxer.
On saluera en particulier le brio de la section rythmique, notamment la frappe de Bryan Devendorf qui se montre plus féroce que jamais sur le ring. Ecoutez donc l'intro incandescente de "Squalor Victoria" ou ses rythmes sur "Mistaken For Strangers"...
The National sait s'entourer d'alliés de poids : Padma Newsome assure cette fois encore les arrangements pour violons et cuivres et les new-yorkais s'offrent le luxe de se voir accompagnés par Sufjan Stevens himself au piano sur "Ada" ainsi que sur "Racing Like A Pro".
Les premières notes de piano de "Fake Empire" nous amènent dans un univers obsessionnel, une ambiance évocatrice d'un lendemain après l'amour, "The Morning After Vibe", à laquelle contribue en grande partie la belle voix grave et légèrement écorchée de Matt Berninger, qui n'est pas sans rappeler celle de Stuart Staples des Tindersticks.
Les paroles du leader de The National sont désarmantes de justesse et de lucidité quant aux travers des relations humaines. De ce fait, que cela soit vocalement ou en tant que songwriter, une filiation avec Leonard Cohen se dessine clairement sur cet opus. La mélancolie du superbe "Green Gloves" en est l'expression la plus parlante.
On s'immisce aisément dans l'esprit et dans l'intimité des brooklynois sur le fiévreux "Slow Show", le fataliste "Racing Like A Pro" et sur le panache de "Ada".
Seule ombre au tableau, la présence de d'un morceau moins abouti qui ne reflète pas la plénitude du reste de l'album : "Start A War".
Si l'on devait employer une expression pour résumer Boxer, ce serait bien celle (galvaudée, certes, mais criante de vérité) de la main de fer dans un gant de velours : il s'agit en effet d'une galette qui se montre aussi combative que délicate et à laquelle on s'attache subrepticement.
Vainqueur par K.O, The National nous permet avec ce Boxer si personnel de pénétrer plus profondément dans son univers. Gageons que la dextérité croissante de ces ‘late bloomers' leur fera remporter bien d'autres combats.
Il est nettement moins question d'éclectisme, comme c'était le cas avec Alligator, sur cette galette. On est ici en plein dans la veine de "Val Jester" ou de "The Geese Of Beverly Road", sauf qu'il y a une valeur ajoutée. Toujours remarquablement mis en œuvre par l'incontournable Peter Katis, chaque détail fait la différence dans Boxer.
On saluera en particulier le brio de la section rythmique, notamment la frappe de Bryan Devendorf qui se montre plus féroce que jamais sur le ring. Ecoutez donc l'intro incandescente de "Squalor Victoria" ou ses rythmes sur "Mistaken For Strangers"...
The National sait s'entourer d'alliés de poids : Padma Newsome assure cette fois encore les arrangements pour violons et cuivres et les new-yorkais s'offrent le luxe de se voir accompagnés par Sufjan Stevens himself au piano sur "Ada" ainsi que sur "Racing Like A Pro".
Les premières notes de piano de "Fake Empire" nous amènent dans un univers obsessionnel, une ambiance évocatrice d'un lendemain après l'amour, "The Morning After Vibe", à laquelle contribue en grande partie la belle voix grave et légèrement écorchée de Matt Berninger, qui n'est pas sans rappeler celle de Stuart Staples des Tindersticks.
Les paroles du leader de The National sont désarmantes de justesse et de lucidité quant aux travers des relations humaines. De ce fait, que cela soit vocalement ou en tant que songwriter, une filiation avec Leonard Cohen se dessine clairement sur cet opus. La mélancolie du superbe "Green Gloves" en est l'expression la plus parlante.
On s'immisce aisément dans l'esprit et dans l'intimité des brooklynois sur le fiévreux "Slow Show", le fataliste "Racing Like A Pro" et sur le panache de "Ada".
Seule ombre au tableau, la présence de d'un morceau moins abouti qui ne reflète pas la plénitude du reste de l'album : "Start A War".
Si l'on devait employer une expression pour résumer Boxer, ce serait bien celle (galvaudée, certes, mais criante de vérité) de la main de fer dans un gant de velours : il s'agit en effet d'une galette qui se montre aussi combative que délicate et à laquelle on s'attache subrepticement.
Vainqueur par K.O, The National nous permet avec ce Boxer si personnel de pénétrer plus profondément dans son univers. Gageons que la dextérité croissante de ces ‘late bloomers' leur fera remporter bien d'autres combats.
Très bon 16/20 | par Lady Godiva |
Posté le 16 juillet 2008 à 01 h 47 |
La loi de la moyenne, la notion d'équilibre. On frappe un coup à gauche, deux à droite, on tente de calmer le jeu. Un balancier qui ne s'immobilise jamais, toujours à la renverse; l'inquiétude d'un manchot devant l'effet boomerang. Lutter contre cette envie quasi obsessionnelle d'habiter l'esprit de ses proches coûte que coûte, être certain d'y rester pour toujours, bien au chaud. Résister au temps qui nous fait s'ennuyer de ce que l'on n'a pas, qui s'écoule et nous crache en résultat. Ce temps qui nous fait enfant puis adulte sans vraiment qu'on y sente la frontière réelle, à moins que ce ne soit le moment précis où l'espoir est sapé, une fois pour de bon. Boxer est une poésie d'une beauté crue, trainant comme une mauvaise conscience une fatalité contenue, jamais vraiment vaincue.
Certainement le plus abouti des quatre albums de The National, Boxer pleut de mélodies raffinées doublée par une tension inaccessible, un charme fluide qui se précise à chaque écoute. Un folk-rock à multiple facette, construit en trompe l'œil, tentant d'acoquiner grisaille et glamour. Pour se faire, on assiste à un réaménagement dans la hiérarchie des instruments, alors que les guitares sont souvent retranchées derrière cuivres et piano, pendant que s'élève en premier plan une voix grave, noircie de nicotine. Cette voix feutrée, celle de Matt Berninger, qui s'envole comme des baisers soufflés, embrasés d'amertume. Jouant les métronomes sous ces souffles d'automne, les percussions de Bryan Devendorf font écho aux textes intimistes, génèrent le pouls de Boxer. Des battements impulsifs, secs, mais surtout, combatifs. Discrètement, Sufjan Stevens y va même de quelques délicats arpèges de piano sur "Ada" et "Racing Like a Pro".
Justesse, glam et rêveries de fond de ruelles. Boxer est tout ça. Tout ça, tout en même temps.
Certainement le plus abouti des quatre albums de The National, Boxer pleut de mélodies raffinées doublée par une tension inaccessible, un charme fluide qui se précise à chaque écoute. Un folk-rock à multiple facette, construit en trompe l'œil, tentant d'acoquiner grisaille et glamour. Pour se faire, on assiste à un réaménagement dans la hiérarchie des instruments, alors que les guitares sont souvent retranchées derrière cuivres et piano, pendant que s'élève en premier plan une voix grave, noircie de nicotine. Cette voix feutrée, celle de Matt Berninger, qui s'envole comme des baisers soufflés, embrasés d'amertume. Jouant les métronomes sous ces souffles d'automne, les percussions de Bryan Devendorf font écho aux textes intimistes, génèrent le pouls de Boxer. Des battements impulsifs, secs, mais surtout, combatifs. Discrètement, Sufjan Stevens y va même de quelques délicats arpèges de piano sur "Ada" et "Racing Like a Pro".
Justesse, glam et rêveries de fond de ruelles. Boxer est tout ça. Tout ça, tout en même temps.
Exceptionnel ! ! 19/20
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