Wilco
Paris [Le Trianon] - dimanche 22 septembre 2019 |
Ça aurait dû être une soirée magique à tout point de vue. D'abord parce que c'était Wilco. Et puis parce que j'y allais avec des potes que je ne vois plus beaucoup, genre une fois par an, en général dans des soirées bruyantes et alcoolisées. Pour marquer le coup, on s'est même fait un resto dans le quartier, histoire d'exorciser l'époque où on avalait un kebab douteux avant l'ouverture des portes, ou une crêpe jambon douteux - fromage douteux après le concert. Je ne vous parlerai donc pas du trio féminin de Chicago nommé Ohmme qui assurait la première partie. Nous sommes entrés dans cette salle très classe au moment où les roadies finissaient de régler le matos. Largement le temps de se poser à gauche de la sono, à la limite des balcons en dessous desquels le son se fait plus sourd.
Tout se déroulait parfaitement quand le groupe est arrivé sur scène. Et puis ce gars est entré dans ma vie : un grand dadais mal dans sa peau, sorte de version sexagénaire du patron du comic book store dans The Big Bang Theory. Sa copine était positionnée devant nous (oui, contrairement à celui de la série, il a une copine), et lui deux mètres derrière elle - derrière nous du coup. Quand les lumières se sont éteintes, pris de panique, il s'est précipité vers elle en nous bousculant au passage pour lui faire des petits bisous maladroits, avant de se reculer de 50 centimètres et de se retrouver juste devant moi. Heureusement, Wilco a commencé à jouer, et les deux morceaux d'ouverture, bien qu'assez tranquilles, ont suffit à me reconcentrer. Le meilleur était à venir : "I Am Trying To Break Your Heart", puis "War On War" ont fait monter l'intensité de deux crans d'un coup, et le bonheur m'a envahi malgré la grande asperge qui me bouchait partiellement la vue en se dandinant devant moi.
Jeff Tweedy, avec ses grosses lunettes, son bonnet et sa guitare acoustique ressemblait à Lou Barlow en concert dans un squatt de Seattle en hiver. Rien ne semblait l'atteindre, pas même les petits bouts de papier colorés qui descendaient du balcon en mode feuilles mortes. Les morceaux s'enchaînaient implacablement, entrecoupés de changements de guitares rapides. Tout était rodé, huilé, et pourtant tellement naturel : la guitare torturée de Nels Cline, les lignes de basse aux petits oignons de John Stirratt, le jeu varié et virtuose du batteur Glenn Kotche, et les ornementations impeccables des deux claviers, l'un des deux lâchant périodiquement le sien pour une guitare ou un banjo. Les morceaux de bravoure s'enchaînaient et soulevaient l'enthousiasme du public : un bout du sublime solo de deux guitares à l'unisson du "Marquee Moon" de Television judicieusement inséré dans "Handshake Drugs" ; un vacarme apocalyptique guitare-batterie incrusté à la milliseconde près à plusieurs reprises dans la youngienne "Via Chicago" ; et puis ces solos de guitare de possédé de Nels, dont on se demandait s'il allait y survivre.
Pendant ce temps, mon voisin de devant continuait de se tortiller, de se rapprocher de sa copine, de tapoter le rythme sur l'épaule de cette dernière pendant un morceau entraînant (le rugueux "Random Name Generator"), de reculer, de regarder sa montre. Et quand vint le rappel après une heure et demie d'un concert roboratif, je sentis le désespoir le gagner. Trois petits morceaux de plus, de quoi patienter jusqu'à leur prochain passage à Paris, et encore un intrigant extrait de leur prochain album, qui aura bien été exposé.
Vous allez me dire, pourquoi ai-je passé autant de temps à parler d'un pauvre type inconnu alors qu'il y a tant à dire sur un concert comme celui-ci ? Sans doute pour immortaliser ce genre de petits désagréments qui vous polluent votre plaisir sur le moment, mais dont vous n'avez plus aucun souvenir un an plus tard, tant la performance du groupe a pris le dessus.
Tout se déroulait parfaitement quand le groupe est arrivé sur scène. Et puis ce gars est entré dans ma vie : un grand dadais mal dans sa peau, sorte de version sexagénaire du patron du comic book store dans The Big Bang Theory. Sa copine était positionnée devant nous (oui, contrairement à celui de la série, il a une copine), et lui deux mètres derrière elle - derrière nous du coup. Quand les lumières se sont éteintes, pris de panique, il s'est précipité vers elle en nous bousculant au passage pour lui faire des petits bisous maladroits, avant de se reculer de 50 centimètres et de se retrouver juste devant moi. Heureusement, Wilco a commencé à jouer, et les deux morceaux d'ouverture, bien qu'assez tranquilles, ont suffit à me reconcentrer. Le meilleur était à venir : "I Am Trying To Break Your Heart", puis "War On War" ont fait monter l'intensité de deux crans d'un coup, et le bonheur m'a envahi malgré la grande asperge qui me bouchait partiellement la vue en se dandinant devant moi.
Jeff Tweedy, avec ses grosses lunettes, son bonnet et sa guitare acoustique ressemblait à Lou Barlow en concert dans un squatt de Seattle en hiver. Rien ne semblait l'atteindre, pas même les petits bouts de papier colorés qui descendaient du balcon en mode feuilles mortes. Les morceaux s'enchaînaient implacablement, entrecoupés de changements de guitares rapides. Tout était rodé, huilé, et pourtant tellement naturel : la guitare torturée de Nels Cline, les lignes de basse aux petits oignons de John Stirratt, le jeu varié et virtuose du batteur Glenn Kotche, et les ornementations impeccables des deux claviers, l'un des deux lâchant périodiquement le sien pour une guitare ou un banjo. Les morceaux de bravoure s'enchaînaient et soulevaient l'enthousiasme du public : un bout du sublime solo de deux guitares à l'unisson du "Marquee Moon" de Television judicieusement inséré dans "Handshake Drugs" ; un vacarme apocalyptique guitare-batterie incrusté à la milliseconde près à plusieurs reprises dans la youngienne "Via Chicago" ; et puis ces solos de guitare de possédé de Nels, dont on se demandait s'il allait y survivre.
Pendant ce temps, mon voisin de devant continuait de se tortiller, de se rapprocher de sa copine, de tapoter le rythme sur l'épaule de cette dernière pendant un morceau entraînant (le rugueux "Random Name Generator"), de reculer, de regarder sa montre. Et quand vint le rappel après une heure et demie d'un concert roboratif, je sentis le désespoir le gagner. Trois petits morceaux de plus, de quoi patienter jusqu'à leur prochain passage à Paris, et encore un intrigant extrait de leur prochain album, qui aura bien été exposé.
Vous allez me dire, pourquoi ai-je passé autant de temps à parler d'un pauvre type inconnu alors qu'il y a tant à dire sur un concert comme celui-ci ? Sans doute pour immortaliser ce genre de petits désagréments qui vous polluent votre plaisir sur le moment, mais dont vous n'avez plus aucun souvenir un an plus tard, tant la performance du groupe a pris le dessus.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Myfriendgoo |
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