Massive Attack
Bruxelles - Belgique [Palais 12] - jeudi 31 janvier 2019 |
J'avais un très bon souvenir – bien qu'assez embrumé – du concert de Massive Attack au Pukkelpop en 2006 ; cependant, je ne m'attendais pas, il y a encore quelques mois, à les revoir. Mais quand a été annoncée une tournée anniversaire pour l'album Mezzanine – un disque tout de même incroyable qui n'a pas pris une ride – en présence de Liz Fraser de Cocteau Twins, je n'ai pas pu résister. Cocteau Twins, un groupe que je me suis mis à écouter il y a seulement huit-neuf ans et vers lequel je reviens si souvent. Liz Fraser, sa chanteuse culte, devenue rare comme un ibis érémite. C'est une occasion unique : comment pourrais-je la rater ? Et puis, qui sait, peut-être qu'ils joueront "Song to the Siren" (oui, bon, je rêve un peu) ? Je me procure un billet sans traîner. Ce qui est assez cocasse, c'est que, après vérification, je constate qu'en 2006, pour le Collected Tour – la tournée de Massive Attack pour la sortie de son best-of – Liz Fraser était aussi présente. Je l'avais déjà vue, donc, mais n'en avais aucun souvenir vu que j'ignorais à l'époque qui elle était.
Annoncé initialement pour 21h, puis le jour même avancé à 20h30, le concert ne débute finalement que quelques minutes avant 21h. En attendant, une playlist spécial 1998 (Robbie Williams, Britney Spears, Madonna, Cher, etc.) "I Found a Reason" lance la setlist, très fidèle à la version du Velvet Underground. Les visuels sont signés Adam Curtis – un documentariste britannique assez connu apparemment. J'avoue que tout au long du concert, ils ne me captiveront jamais réellement : images d'archives sur images d'archives (extraits de vieux reportages de toutes sortes, séquences avec Britney Spears – il y a vraiment une fixette sur elle pendant toute la soirée – Trump, Poutine, etc.) et des slogans anars, plutôt anxiogènes. Les grands écrans sur les côtés de la salle ne sont pas allumés, ce que je trouve assez dommage. Pour qui n'est pas devant la scène – moi, par exemple, assis – cela n'aide pas à une immersion complète. Le choix de "I Found a Reason" peut sembler surprenant, mais le groupe va en fait reprendre en intégralité une série de chansons qui ont été samplées dans les morceaux de Mezzanine. "Risingson" suit "I Found a Reason" et le sample de cette dernière est ainsi mis en relief. L'idée est, je trouve, très intéressante ; pourtant, je reconnais n'avoir pas été captivé par la plupart des morceaux repris. J'aime beaucoup "I Found a Reason" ou encore "10:15 Saturday Train" de The Cure (samplé sur "Man Next Door"), par exemple, mais toutes ses covers (fidèles) ne collaient pas à l'atmosphère très particulière de Mezzanine : hypnotique, paranoïaque, sombre, sensuelle. Elles cassaient, au contraire, l'ambiance installée, et apparaissaient comme des notes de bas de page dans un roman qui coupent le fil de notre lecture. Seule "Where Have All the Flowers Gone" – aérien, mélancolique, presque cocteau-twinsien – avec la voix de Liz Fraser a fonctionné.
Liz Fraser, parlons-en, d'ailleurs. La voix n'a pas changé – intacte, superbe (à tel point que, je me suis même demandé – je sais, c'est un peu sacrilège – si ce n'était pas du playback). Cheveux gris courts, yeux toujours fermés, vêtue de noir, et se balançant de droite à gauche, souvent avec l'avant-bras gauche relevé. C'était bien. Horace Andy me semble, lui aussi, en forme, malgré un faux départ sur "See a Man's Face", qui fait suite à l'instrumental "Exchange" – mon moment préféré du concert ; le seul aussi pour lequel j'ai trouvé le choix et le placement des images d'archives judicieux.
Après "Rockwrok", la reprise d'Ultravox, le couple d'Anglais assis à côté de moi décide de partir. Peut-être lassé par le côté par moment bruitiste du concert et par ses coupures-reprises, pareils à des pages publicitaires. Ils rateront les trois derniers titres : "Angel" – réussi – "Teardrop" et "Group Four" – corrects, sans plus. Après quinze titres joués, le groupe se volatilise. Un message apparaît, en trois langues (anglais, français, néerlandais) : "We are caught in an endless loop, let's leave the ghosts behind and build a new future." Il n'y aura pas de rappel – sur les dates précédentes, aucun rappel n'était prévu non plus – les lumières se rallument très rapidement et on quitte la salle.
J'entends très vite autour de moi des commentaires en demi-teinte, voire négatifs concernant le concert dans sa globalité. Ils se poursuivront sur la page Facebook de l'événement : reprises manquant d'efficacité, pas de rappel, son pas toujours excellent, aucune interactivité avec le public (ça, personnellement, je m'en fous un peu), difficulté à transmettre en live la force d'un album pourtant brillant. C'est là sans doute le point noir principal à mes yeux : Mezzanine est l'un des grands albums des 1990s, et j'ai pour lui une très haute estime ; or, effectivement, j'ai parfois eu du mal à retrouver sur de nombreux titres un plaisir aussi intense que sur cd. "Dissolved Girl" est pour moi la plus grande déception de la soirée : l'interprète originale Sara Jay – chanteuse quasi-inconnue – n'était bien sûr pas présente (apparemment, elle n'a fait que quelques dates en 1997, avant la sortie de Mezzanine, avant de retourner dans un parfait anonymat), mais, dès lors, on a juste eu le playback de la chanson d'origine avec sur grand écran une jeune femme qui fait sembler de chanter. J'ai eu du mal à voir l'intérêt. Le groupe jouait, j'imagine, tout de même les instruments.
Au final, je ne m'aventurerais pas dans les extrêmes rencontrés en qualifiant le concert de raté, mais il était tout de même décevant. Gardons, tout de même, un peu de positif : les présences et le bon boulot de Liz Fraser et Horace Andy, des morceaux tout de même superbes mis à l'honneur – témoignages éternels d'une époque – et quelques très jolis passages.
Annoncé initialement pour 21h, puis le jour même avancé à 20h30, le concert ne débute finalement que quelques minutes avant 21h. En attendant, une playlist spécial 1998 (Robbie Williams, Britney Spears, Madonna, Cher, etc.) "I Found a Reason" lance la setlist, très fidèle à la version du Velvet Underground. Les visuels sont signés Adam Curtis – un documentariste britannique assez connu apparemment. J'avoue que tout au long du concert, ils ne me captiveront jamais réellement : images d'archives sur images d'archives (extraits de vieux reportages de toutes sortes, séquences avec Britney Spears – il y a vraiment une fixette sur elle pendant toute la soirée – Trump, Poutine, etc.) et des slogans anars, plutôt anxiogènes. Les grands écrans sur les côtés de la salle ne sont pas allumés, ce que je trouve assez dommage. Pour qui n'est pas devant la scène – moi, par exemple, assis – cela n'aide pas à une immersion complète. Le choix de "I Found a Reason" peut sembler surprenant, mais le groupe va en fait reprendre en intégralité une série de chansons qui ont été samplées dans les morceaux de Mezzanine. "Risingson" suit "I Found a Reason" et le sample de cette dernière est ainsi mis en relief. L'idée est, je trouve, très intéressante ; pourtant, je reconnais n'avoir pas été captivé par la plupart des morceaux repris. J'aime beaucoup "I Found a Reason" ou encore "10:15 Saturday Train" de The Cure (samplé sur "Man Next Door"), par exemple, mais toutes ses covers (fidèles) ne collaient pas à l'atmosphère très particulière de Mezzanine : hypnotique, paranoïaque, sombre, sensuelle. Elles cassaient, au contraire, l'ambiance installée, et apparaissaient comme des notes de bas de page dans un roman qui coupent le fil de notre lecture. Seule "Where Have All the Flowers Gone" – aérien, mélancolique, presque cocteau-twinsien – avec la voix de Liz Fraser a fonctionné.
Liz Fraser, parlons-en, d'ailleurs. La voix n'a pas changé – intacte, superbe (à tel point que, je me suis même demandé – je sais, c'est un peu sacrilège – si ce n'était pas du playback). Cheveux gris courts, yeux toujours fermés, vêtue de noir, et se balançant de droite à gauche, souvent avec l'avant-bras gauche relevé. C'était bien. Horace Andy me semble, lui aussi, en forme, malgré un faux départ sur "See a Man's Face", qui fait suite à l'instrumental "Exchange" – mon moment préféré du concert ; le seul aussi pour lequel j'ai trouvé le choix et le placement des images d'archives judicieux.
Après "Rockwrok", la reprise d'Ultravox, le couple d'Anglais assis à côté de moi décide de partir. Peut-être lassé par le côté par moment bruitiste du concert et par ses coupures-reprises, pareils à des pages publicitaires. Ils rateront les trois derniers titres : "Angel" – réussi – "Teardrop" et "Group Four" – corrects, sans plus. Après quinze titres joués, le groupe se volatilise. Un message apparaît, en trois langues (anglais, français, néerlandais) : "We are caught in an endless loop, let's leave the ghosts behind and build a new future." Il n'y aura pas de rappel – sur les dates précédentes, aucun rappel n'était prévu non plus – les lumières se rallument très rapidement et on quitte la salle.
J'entends très vite autour de moi des commentaires en demi-teinte, voire négatifs concernant le concert dans sa globalité. Ils se poursuivront sur la page Facebook de l'événement : reprises manquant d'efficacité, pas de rappel, son pas toujours excellent, aucune interactivité avec le public (ça, personnellement, je m'en fous un peu), difficulté à transmettre en live la force d'un album pourtant brillant. C'est là sans doute le point noir principal à mes yeux : Mezzanine est l'un des grands albums des 1990s, et j'ai pour lui une très haute estime ; or, effectivement, j'ai parfois eu du mal à retrouver sur de nombreux titres un plaisir aussi intense que sur cd. "Dissolved Girl" est pour moi la plus grande déception de la soirée : l'interprète originale Sara Jay – chanteuse quasi-inconnue – n'était bien sûr pas présente (apparemment, elle n'a fait que quelques dates en 1997, avant la sortie de Mezzanine, avant de retourner dans un parfait anonymat), mais, dès lors, on a juste eu le playback de la chanson d'origine avec sur grand écran une jeune femme qui fait sembler de chanter. J'ai eu du mal à voir l'intérêt. Le groupe jouait, j'imagine, tout de même les instruments.
Au final, je ne m'aventurerais pas dans les extrêmes rencontrés en qualifiant le concert de raté, mais il était tout de même décevant. Gardons, tout de même, un peu de positif : les présences et le bon boulot de Liz Fraser et Horace Andy, des morceaux tout de même superbes mis à l'honneur – témoignages éternels d'une époque – et quelques très jolis passages.
Pas mal 13/20 | par Rebecca Carlson |
Setlist :
I Found a Reason
Risingson
10:15 Saturday Night
Man Next Door
Black Milk
Mezzanine
Exchange
See a Man's Face
Dissolved Girl
Where Have All the Flowers Gone
Inertia Creeps
Rockwrok
Angel
Teardrop
Group Four
Photo par l'auteur
I Found a Reason
Risingson
10:15 Saturday Night
Man Next Door
Black Milk
Mezzanine
Exchange
See a Man's Face
Dissolved Girl
Where Have All the Flowers Gone
Inertia Creeps
Rockwrok
Angel
Teardrop
Group Four
Photo par l'auteur
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