The Notwist
On ne réalisait pas que c'était difficile de faire un bon disque après "Neon Golden", qu'il était devenu un classique, ou quelque chose de ce genre [mercredi 08 mars 2023] |
Depuis 25 ans, la musique de The Notwist m’accompagne et m’inspire. Porté par sa soif d’expérimentations, et une grande curiosité de mélomanes, le groupe, depuis une petite ville du sud de l’Allemagne appelée Welheim, a écrit l’un des plus belles pages du rock indé de ces trente dernières années, en toute simplicité.
Leur passage à l’Antipode de Rennes le 6 novembre était l’occasion émue de les rencontrer, juste avant un de leurs concerts où le groupe nous a offert, une fois de plus, une expérience scénique intense et hors-normes. Markus Acher, chanteur/guitariste, mais aussi le batteur Andi Haberl et le bidouilleur Cico Beck, se prêtent au jeu des questions-réponses avec beaucoup d’humilité, pour revenir sur le parcours du groupe et évoquer leur incroyable terrain de jeu, le live. L’entretien a été réalisé en anglais. Pour une meilleure compréhension, vous trouverez ci-dessous sa traduction.
Rencontre enregistrée à L’Antipode (Rennes), le 06 novembre 2022, par Sam Lowry. La version podcast (interview en anglais + sélection de titres) est disponible sur le site de la radio nantaise Jet FM.
Leur passage à l’Antipode de Rennes le 6 novembre était l’occasion émue de les rencontrer, juste avant un de leurs concerts où le groupe nous a offert, une fois de plus, une expérience scénique intense et hors-normes. Markus Acher, chanteur/guitariste, mais aussi le batteur Andi Haberl et le bidouilleur Cico Beck, se prêtent au jeu des questions-réponses avec beaucoup d’humilité, pour revenir sur le parcours du groupe et évoquer leur incroyable terrain de jeu, le live. L’entretien a été réalisé en anglais. Pour une meilleure compréhension, vous trouverez ci-dessous sa traduction.
Rencontre enregistrée à L’Antipode (Rennes), le 06 novembre 2022, par Sam Lowry. La version podcast (interview en anglais + sélection de titres) est disponible sur le site de la radio nantaise Jet FM.
Bonjour The Notwist, bienvenue à Rennes. Merci d’être venus. Markus, commençons par les débuts du groupe. Comment ça a commencé, quelles étaient les motivations pour créer le groupe avec ton frère Micha ?
Markus : On jouait déjà de la musique avant, on en faisait depuis longtemps, de plus en plus dans nos propres groupes. D’autres gens jouaient dans le groupe, et à un moment il ne resta plus que moi. J’avais l’idée de créer quelque chose qui ressemble à ces groupes de post-hardcore, comme Dinosaur Jr, Moving Targets, Lemonheads, ce genre de trucs, c’était la musique qu’on adorait tous à ce moment. Mon frère m’a rejoint, et aussi le batteur.
Tu me peux me rappeler le nom du batteur ?
Markus : Martin Messerschmid (en activité dans le groupe jusqu’à 2007, puis remplacé par Andi Haberl)
Que veut dire « The Notwist » ?
Markus : Aucune signification… On avait des enregistrements stupides de punk, et on voulait participer à un concours lancé par une station de radio. On leurs a juste filé les enregistrements, et on avait besoin très rapidement d’un nom qui soit très cliché pour un groupe underground. J’ai réfléchi à quelque chose avec No… , « ça fait punk, c’est bien, ça… No… et The devait être au début, donc… »
Je me souviens, j’étais en cours à la fac, et soudain c’était là, « Ah, The Notwist, ça sonne bien ».
Ce n’était pas très sérieux, mais d’une certaine manière c’était un bon nom car tout le monde pouvait s’en souvenir, donc c’est resté.
A propos des albums hardcore, vous aviez une manière complètement différente de faire de la musique, vous apparteniez aussi à une autre scène musicale. Je les ai écoutés à nouveau récemment, je reconnais bien sûr ta voix Markus, mais aussi un peu du son de guitare. Quel est ton regard d’aujourd’hui sur ces premiers disques (The Notwist, 1990 / Nook, 1992) ?
Markus : A ce moment nos disques étaient le reflet de la musique que nous aimions. Je pense que d’une certaine manière, le cœur des chansons n’a pas tant changé que ça au fil des années, c’est plus la manière dont nous les jouons. J’aime toujours beaucoup le premier, particulièrement.
C’est frais…
Markus : Oui, et à cette époque, ce n’était pas très courant de raconter des choses « personnelles » dans la scène hardcore allemande. D’écrire des chansons qui traitent des relations, des sortes de love songs… Tout le monde chantait sur des sujets politiques, « fuck the police, etc.… ». J’aime toujours bien cette idée…
C’est une genre de hardcore intime, un genre d’emo... Ensuite vient « 12 », le 3eme album, qui est complètement différent. Il est souvent considéré comme un disque de transition. Je l’aime beaucoup, il est très « gris », lourd, beaucoup plus calme… Quel est la raison de ce changement soudain ?
Markus : On a fait « Nook ». Je me rappelle très bien… Juste après qu’on l’a eu achevé, on a rendu visite à des amis à Hambourg. On était très fiers de notre nouvel album, plein d’influences metal etc... Ces amis étaient fans de hardcore ou de punk autant que nous. On est arrivés avec notre CD pour leur faire écouter, et nos amis nous ont dit « Ok, on l’écoutera après, d’abord on a un superbe disque à vous faire découvrir » C’était « Laughing Stock » de Talk Talk. On l’a donc écouté, et on en est restés sans voix, mon frère Micha et moi surtout… On s’est dit que c’était le disque qu’on aurait dû faire (rires). C’était incroyable. Donc on a arrêté d’écouter notre nouvel album, et à partir de ce moment tout a été différent. On était déjà fans de jazz, on en jouait, mais on ne savait pas comment réunir des styles musicaux différents, on écoutait surtout Neil Young, Dinosaur Jr, du métal etc. Dans « Nook » il y avait déjà un peu de Fred Frith ou Sonic Youth, des trucs noisy, expérimentaux, mais « Laughing Stock » a ouvert, en quelque sorte, un nouveau monde, qu’on a commencé à explorer avec « 12 ».
C’est comme un « Laughing Stock » très sec. Je n’avais jamais pensé au lien entre les deux disques, mais c’est vrai…
Markus : On a commencé à enregistrer la batterie dans une autre pièce, avec les micros très éloignés, pour intégrer le son du lieu dans les compositions. Bon, bien sûr il y a toujours des morceaux dans un genre hardcore / punk, mais aussi la chanson « 12 ». Tu sais, on a essayé de faire la même chose que Talk Talk sur « Laughing Stock ». Nos amis improvisent, dans la partie centrale du morceau, et on a fait un collage à partir de ça, comme Talk Talk l’a fait.
Le son me rappelle un peu ce qu’a pu produire Steve Albini aussi, quelque chose de très sec, où on peut entendre le son du studio.
« Shrink » arrive deux ans après, en 1997. C’est un disque important, où vous définissez votre style, electro-pop pour faire simple, vous développez cette atmosphère particulière qu’on retrouvera sur les disques suivants. Console (Martin Gretshmann) rejoint le groupe aux machines. Je me rapelle, j’ai découvert « Chemicals » sur le sampler d’un magazine (Rock Sound), quand j’étais adolescent, ça m’a fait un choc. C’était une ouverture vers de nouvelles sonorités. Quelles étaient les influences pour ce disque ?
Markus : Pour « Shrink », les influences les plus importantes étaient Stereolab, Tortoise, Mouse on Mars, ou ce genre de groupes qui mixaient musique électronique et le son d’un groupe rock. On a aussi tourné avec Stereolab. Aussi avec Tied & Tickled Trio (side-project instrumental), on essayait de faire un peu la même mixture. Oui c’était de grandes influences. Il y avait aussi la musique électronique qu’on aimait : Autechre, Aphex Twin, Boards of Canada, ce genre de trucs. Aussi je me rappelle de choses comme Beck, son album « Odelay », où il y a beaucoup de samples. C’était quelque chose qu’on aimait vraiment. On écoutait des disques très colorés, avec beaucoup d’éléments différents.
Quel était votre état d’esprit pendant la composition ? C’est comme une explosion d’idées très variées...
Markus : C’était une époque où beaucoup de musique intéressante paraissait, on était juste très excités, on voulait faire quelque chose comme ça, comme « shhhhhh »...
Explorer ?
Markus : Oui, prendre des éléments des années 60, easy-listening, krautrock, musique électronique, comme tous ces groupes, comme Stereolab par exemple.
D’ailleurs vous avez signé sur le label créé par Stereolab, Duophonic.
Markus : La chose chouette c’est que, avant, on avait déjà tourné avec eux et on était amis, donc on leurs a envoyé le disque, ils ont même dit qu’ils voulaient le distribuer. C’était super, car « Shrink » était vraiment influencé par leur musique.
Merci, on continue avec le disque rouge, considéré comme votre classique, « Neon Golden » (2001). C’est un succès plus international, lancé par le single « Pilot ». J’ai une question concernant ce succès, l’avez-vous vécu comme une opportunité ou quelque chose de plus difficile à gérer ? Vous étiez un groupe indépendant, et soudain vous voilà projetés dans la lumière...
Markus : Sur le moment, c’était vraiment bien, positif, on a pu tourner beaucoup plus, aller aux États-Unis, beaucoup de gens nous ont découvert à ce moment-là, soudainement.
C’est juste devenu plus envahissant et difficile avec l’album suivant, quand on a sorti « The Devil, You + Me » (2007). Les réactions des premiers journalistes qu’on a rencontrés étaient peu enthousiastes. « Mmm, le précédent, était mieux », quelque chose comme ça… « Un peu la même chose, mais pas aussi bien ». On a fait plein d’albums avant, on ne réalisait pas que c’était difficile de faire un bon disque après « Neon Golden », qu’il était devenu un classique, ou quelque chose de ce genre. D’une certaine manière cette situation était positive, car cela nous a donné une leçon. Je pense toujours que chaque disque était bon au moment où on l’a créé, l’un n’est pas mieux qu’un autre, c’est toujours quelque chose d’important de réaliser un album. J’aime aussi beaucoup « The Devil, You + Me », il n’est pas mieux ou moins bon que « Neon Golden ». Mais on l’a sorti, c’était l’album après « Neon Golden », et les journalistes étaient déçus.
Il y a eu une longue attente… (6 ans)
Markus : Après ça on pouvait faire ce qu’on voulait (rires), car ça n’avait plus aucune importance.
« The Devil, You + Me », que j’aime beaucoup aussi, se place en continuité avec « Neon Golden », mais le son est différent, plus profond, plus sombre. Une chanson que tu aimes particulièrement ?
Markus : Je ne sais pas… (long silence) En fait, j’aime « Gloomy Planets ».
« On Planet Off » est aussi très spéciale, plus trip-hop, avec un feeling un peu Massive Attack.
Markus : Je pense que « The Devil, You + Me » est un peu comme « Vertigo Days » (dernier album en date, 2021), un disque à prendre dans son ensemble. On peut toujours en extraire des chansons, comme « Gloomy Planets », mais c’est une unité.
On peut parler maintenant un peu du présent, mais je n’oublie pas « Close to the Glass » (2014). A partir de ce disque, vous semblez plus ouverts aux accidents, aux improvisations, à quelque chose de peut-être moins contrôlé. Peux-tu m’en dire plus ?
Markus : Oui, je crois que « Close to the Glass » est en lui-même une sorte d’accident (rires). Au moment de construire le disque, on a réalisé que les chansons n’allaient pas du tout ensemble, on n’a jamais eu la sensation de pouvoir faire tout tenir dans un album, comme on avait pu le faire pour « Neon Golden » et « The Devil, You + Me ». Pour moi « Neon Golden », c’était comme conduire de jour et « The Devil, You + me », conduire dans la nuit. Pour « Close to the Glass », on n’arrivait pas à construire un ensemble cohérent. C’est pour ça qu’on a décidé de faire le contraire, on a fait en sorte que les chansons soient aussi différentes que possibles, comme si cela venait d’autres disques, d’autres groupes. Je crois qu’on l’a fait aussi en réaction à « Neon Golden ». Les gens étaient si focalisés sur ce disque, qu’ils ne pouvaient accepter qu’on fasse quelque chose d’un peu « similaire mais différent ». Ce n’était pas assez pop, pas assez ceci ou cela… Ils attendent quelque chose, on ne peut pas le faire, c’est un genre d’impasse, donc, l’idée de « Close to the Glass » était de faire juste ce qu’on voulait, et se moquer du reste. Il y a la chanson type My Bloody Valentine, le morceau électro, une folk-song avec des cordes…
Et il y a « Kong » (petite bombe pop diffusée dans l’émission)
Markus : Oui, et on se moque que tout cela ailles ensemble car le seul concept c’est que cela n’aille pas ensemble du tout.
Peut-être que ça va ensemble parce que c’est vous, en tant que groupe…
Markus : Oui, mais d’une certaine manière, c’était, tu sais… encore aujourd’hui, je trouve que c’est un disque très étrange, je ne sais pas s’il est bon ou pas, mais c’était très important pour nous de faire tout ce qu’on voulait, et c’était aussi très important pour « Vertigo Days ». Le contexte est différent, mais aujourd’hui c’est pareil, nous pouvons faire ce que nous voulons. Nous n’avons pas à penser à ce que les gens pensent que nous devrions faire. Nous faisons le disque que nous voulons entendre.
Andi : J’ai rejoint The Notwist en 2007, et on a fait beaucoup de concerts jusqu’à aujourd’hui. Je joue principalement de la batterie en live, je n’ai pas été si impliqué dans la réalisation de « Vertigo Days », mais je suppose que la manière dont nous jouons en live a fait émerger des idées pour « Vertigo Days », c’est possible…
Markus : Oui, c’est sûr… Cico aussi y a participé. Le jeu en live a changé tellement de choses… C’est devenu si libre, si ouvert ! Maintenant, nous avons l’impression que le groupe pourrait aller dans n’importe quelle direction. Il y a la possibilité de faire tellement de choses différentes, ce qui est très important pour les disques, c’est sûr. C’est le cas pour « Close to the Glass » et particulièrement pour « Vertigo Days ». Nous avons essayé de recréer le feeling qu’on a en live sur les albums, ce qui est vraiment difficile, ou presque impossible en fait. Mais quelque part, c’est là…
Parlons du dernier album « Vertigo Days », c’est plus un collage. L’électronique est présente mais plus discrète, j’entends plus une création sonore avec pas mal de samples, d’instruments ré-enregistrés, il y a aussi l’idée de questionner l’identité du groupe, et votre identité allemande, à travers de nombreuses collaborations. L’unité est dans le sujet, comme tu le disais Markus sur la page du groupe. Il est question de la fragilité de nos existences, en lien notamment avec le Covid, et il y a aussi quelque chose que tu as dit : « cela parle principalement du fait d’apprendre et de ne jamais arriver nulle part ». C’est une question un peu provocatrice : tu as ce sentiment à propos de The Notwist aujourd’hui ?
Markus : Non, j’ai plutôt l’espoir que The Notwist n’atteigne jamais vraiment quelque chose, tu sais… la chose la plus intéressante est de toujours apprendre, et toujours essayer de nouvelles choses, ne jamais avoir l’impression que tu es arrivé quelque part et que c’est fini. Ce serait totalement ennuyeux, ce serait comme la fin. C’est pour cela que j’ai de l’espoir. Au point où on en est, je pense que The Notwist a encore beaucoup de possibilités, mais que c’est plus difficile de ne pas refaire les mêmes choses encore et encore. Quand même, il y a toujours des chansons qu’on a joué énormément de fois, qui continuent à changer. Juste un petit peu à chaque fois, d’années en années, c’est quelque chose de positif.
Je dirais que c’est aussi une preuve d’humilité, et que ce que tu exprimes est une grande partie de l’identité de Notwist, ces questionnements, cette fragilité que je peux ressentir dans la musique. C’est plutôt touchant.
Passons au live, maintenant. On en a un peu parlé déjà, car c’est un aspect important de votre travail. C’est une expérience unique. Vous modifiez beaucoup les chansons. Quelle est votre manière de procéder ? Es-ce que c’est du travail collectif, ou y a t-il un cerveau derrière tout cela ? Es-ce que cela vous prend du temps de préparer les tournées, qui sont toujours différentes ? Quelle sont vos priorités quand vous préparez le live, à quoi voulez-vous parvenir ? Beaucoup de questions…
Andi : Quand un nouvel album sort, et que des concerts sont prévus, on se retrouve, et on essaie d’apprendre les chansons, de comprendre comment elles sont structurées. Markus, Micha et Cico ont les idées principales, parties batteries incluses. Puis on s’habitue à jouer les chansons en live et tout le monde développe de nouvelles choses, on modifie les dynamiques par exemple, cela se passe aussi pendant les concerts. On doit avoir la sensation que c’est différent des albums.
Aussi, toutes les chansons forment une grande set-list. Ce soir on a cette longue set-list, et du début à la fin, c’est comme un grand arc. On essaie de trouver quelque chose de fluide, que chaque partie s’insère naturellement dans cet ensemble. (En live, les morceaux de The Notwist sont le plus souvent fondus les uns dans les autres, à la manière d’un DJ set).
Et vous changez cette set-list pendant la tournée ?
Andi : Parfois, oui…
Cico : Pas beaucoup (rires)
Andi : Non, pas beaucoup, en fait. Mais ce qui est vraiment bien c’est qu’il y a des moments d’improvisation, on doit rester très attentifs, écouter, rester éveillés. J’imagine que c’est assez excitant pour tout le monde, cela peut toujours être différent. Parfois aussi cela peut ne pas marcher, et le soir suivant, cela marche très bien… C’est très excitant, oui.
Tu enregistres les lives ?
Andi : Plus tellement, mais je le faisais souvent à un moment. Je mettais mon portable à côté de mon siège et je m’enregistrais pour écouter comment je jouais les rythmes, car je voulais les jouer bien, mais aussi bien sûr pour écouter l’ensemble.
Est-ce que vous avez des problématiques d’ordre technique ? Votre installation est plutôt complexe, avec ce mélange d’instruments midi, boucles, instruments acoustiques, électriques…
Cico : A présent c’est plutôt stable, nous sommes très chanceux. Nous avons vraiment eu des mauvais moments (rires), très embarrassants. Les ordinateurs sur scène c’est toujours un cauchemar.
Les ordinateurs sont cachés quelque part ?
Cico : Il y a un seul ordinateur, mais beaucoup de choses y sont connectées.
Andi, tu joues la batterie au « ear » (métronome dans le casque pour jouer au même tempo que les séquences diffusées) ?
Andi : Oui, mais pas tant que ça sur les nouvelles chansons. Theresa Loibl joue de la clarinette basse, nous sommes sept, et avec la plupart des nouvelles chansons, cela marche plutôt comme un puzzle : chacun a une petite pièce, qui forme la chanson entière, et sans click c’est sympa…
Markus : C’est aussi en lien avec la manière dont on a enregistré le nouvel album. Car « Neon Golden » était beaucoup plus un disque fait à l’ordinateur, avec beaucoup d’éléments électroniques, dès le début des chansons, donc on doit suivre le séquenceur. Les nouvelles chansons sont juste quelque chose qu’on joue, donc c’est aussi comme cela que ça se passe en live.
J’entends aussi un changement entre « Close to the Glass » et « Vertigo Days » aussi, par exemple il y a une boucle au début de « Into Another Tune », qui court tout le long du morceau, et Andi tu dois suivre ce tempo. Sur « Vertigo Days » il n’y presque rien qui ressemble à cela, vous jouez juste de plein d’instruments.
Cico : C’est aussi beaucoup plus lo-fi, avec des sons plus chaleureux.
Parlons un peu des projets parallèles de The Notwist. Je sais qu’il y’en a beaucoup, je suis un peu perdu. Je connais bien Lali Puna, Tied & Tickled Trio, 13 & God, il y a aussi votre label (Alien Transistor), un festival (Alien Disco). Je devine sans doute la réponse, mais je ne peux m’empêcher de la poser. C’est vraiment singulier, vous gérez un label, vous jouez dans plein de projets musicaux, es-ce une manière de continuer à expérimenter de nouvelles choses ?
Markus : Pour moi c’est surtout parce que je suis un très grand fan de musique. Il y a tellement de groupes que j’aime et de musique que j’écoute, je suis aussi un grand collectionneur de disques. J’aime la musique, les disques, les livres et d’autres choses. Cela a toujours été un rêve pour moi de créer un label, pour sortir des disques. Je crois qu’il y a tellement de choses qui méritent de sortir. C’est la raison principale.
C’est aussi une grande source d’inspiration pour moi d’écouter ce que les autres artistes font. La raison de l’existence des différents autres groupes dans lesquels chacun joue, c’est que si tu n’as qu’un seul groupe, très vite cela peut devenir très tendu. Tu essaie de mettre toutes tes idées dans le même groupe, il y a beaucoup de discussions, car il y a toujours des choses qu’une personne n’aime pas et que les autres aiment, cela provoque des conflits etc... Donc c’est une bonne chose de jouer dans d’autres groupes, avec des personnes qui ont des goûts différents : pas besoin de chercher à tout imposer au même endroit. Dans Notwist, j’écris les paroles, les mélodies vocales, et parfois cela me fait du bien de jouer dans un groupe comme Lali Puna où c’est quelqu’un d’autre qui se préoccupe des paroles, des idées de compositions. Dans d’autres groupes je joue seulement de la batterie, donc je ne m’occupe pas des mélodies. C’est très bien et cela me donne des idées nouvelles, c’est très relaxant. Dans chaque groupe la « chimie » entre les gens est différente. Cela rend les choses plus faciles pour que chaque groupe existe.
Comment parvenez vous à gérer votre agenda ?
Cico : Je pense que c’est toujours possible.
C’est aussi ce qui fait que vous prenez toujours du temps pour sortir un nouvel album de Notwist, comme sept ans… Mais c’est bien comme ça.
Vous voulez dire quelques mots sur les prochain projets de The Notwist ? Peut-être des enregistrements prévus ? Une bande originale ?
Cico : Dernièrement on pensait créer quelque chose dans le genre de « Messier Objects » (album composé seulement d’instrumentaux), et en tirer un set live, peut-être connecté à un film. On a envie d’enregistrer un disque plus expérimental, fait de collages. Mais pour l’instant il n’y a pas encore de projet concret.
Oui vous êtes toujours en tournée pour partager « Vertigo Days ».
Merci beaucoup, merci pour votre temps, c’était très intéressant et sympathique !
Markus : On jouait déjà de la musique avant, on en faisait depuis longtemps, de plus en plus dans nos propres groupes. D’autres gens jouaient dans le groupe, et à un moment il ne resta plus que moi. J’avais l’idée de créer quelque chose qui ressemble à ces groupes de post-hardcore, comme Dinosaur Jr, Moving Targets, Lemonheads, ce genre de trucs, c’était la musique qu’on adorait tous à ce moment. Mon frère m’a rejoint, et aussi le batteur.
Tu me peux me rappeler le nom du batteur ?
Markus : Martin Messerschmid (en activité dans le groupe jusqu’à 2007, puis remplacé par Andi Haberl)
Que veut dire « The Notwist » ?
Markus : Aucune signification… On avait des enregistrements stupides de punk, et on voulait participer à un concours lancé par une station de radio. On leurs a juste filé les enregistrements, et on avait besoin très rapidement d’un nom qui soit très cliché pour un groupe underground. J’ai réfléchi à quelque chose avec No… , « ça fait punk, c’est bien, ça… No… et The devait être au début, donc… »
Je me souviens, j’étais en cours à la fac, et soudain c’était là, « Ah, The Notwist, ça sonne bien ».
Ce n’était pas très sérieux, mais d’une certaine manière c’était un bon nom car tout le monde pouvait s’en souvenir, donc c’est resté.
A propos des albums hardcore, vous aviez une manière complètement différente de faire de la musique, vous apparteniez aussi à une autre scène musicale. Je les ai écoutés à nouveau récemment, je reconnais bien sûr ta voix Markus, mais aussi un peu du son de guitare. Quel est ton regard d’aujourd’hui sur ces premiers disques (The Notwist, 1990 / Nook, 1992) ?
Markus : A ce moment nos disques étaient le reflet de la musique que nous aimions. Je pense que d’une certaine manière, le cœur des chansons n’a pas tant changé que ça au fil des années, c’est plus la manière dont nous les jouons. J’aime toujours beaucoup le premier, particulièrement.
C’est frais…
Markus : Oui, et à cette époque, ce n’était pas très courant de raconter des choses « personnelles » dans la scène hardcore allemande. D’écrire des chansons qui traitent des relations, des sortes de love songs… Tout le monde chantait sur des sujets politiques, « fuck the police, etc.… ». J’aime toujours bien cette idée…
C’est une genre de hardcore intime, un genre d’emo... Ensuite vient « 12 », le 3eme album, qui est complètement différent. Il est souvent considéré comme un disque de transition. Je l’aime beaucoup, il est très « gris », lourd, beaucoup plus calme… Quel est la raison de ce changement soudain ?
Markus : On a fait « Nook ». Je me rappelle très bien… Juste après qu’on l’a eu achevé, on a rendu visite à des amis à Hambourg. On était très fiers de notre nouvel album, plein d’influences metal etc... Ces amis étaient fans de hardcore ou de punk autant que nous. On est arrivés avec notre CD pour leur faire écouter, et nos amis nous ont dit « Ok, on l’écoutera après, d’abord on a un superbe disque à vous faire découvrir » C’était « Laughing Stock » de Talk Talk. On l’a donc écouté, et on en est restés sans voix, mon frère Micha et moi surtout… On s’est dit que c’était le disque qu’on aurait dû faire (rires). C’était incroyable. Donc on a arrêté d’écouter notre nouvel album, et à partir de ce moment tout a été différent. On était déjà fans de jazz, on en jouait, mais on ne savait pas comment réunir des styles musicaux différents, on écoutait surtout Neil Young, Dinosaur Jr, du métal etc. Dans « Nook » il y avait déjà un peu de Fred Frith ou Sonic Youth, des trucs noisy, expérimentaux, mais « Laughing Stock » a ouvert, en quelque sorte, un nouveau monde, qu’on a commencé à explorer avec « 12 ».
C’est comme un « Laughing Stock » très sec. Je n’avais jamais pensé au lien entre les deux disques, mais c’est vrai…
Markus : On a commencé à enregistrer la batterie dans une autre pièce, avec les micros très éloignés, pour intégrer le son du lieu dans les compositions. Bon, bien sûr il y a toujours des morceaux dans un genre hardcore / punk, mais aussi la chanson « 12 ». Tu sais, on a essayé de faire la même chose que Talk Talk sur « Laughing Stock ». Nos amis improvisent, dans la partie centrale du morceau, et on a fait un collage à partir de ça, comme Talk Talk l’a fait.
Le son me rappelle un peu ce qu’a pu produire Steve Albini aussi, quelque chose de très sec, où on peut entendre le son du studio.
« Shrink » arrive deux ans après, en 1997. C’est un disque important, où vous définissez votre style, electro-pop pour faire simple, vous développez cette atmosphère particulière qu’on retrouvera sur les disques suivants. Console (Martin Gretshmann) rejoint le groupe aux machines. Je me rapelle, j’ai découvert « Chemicals » sur le sampler d’un magazine (Rock Sound), quand j’étais adolescent, ça m’a fait un choc. C’était une ouverture vers de nouvelles sonorités. Quelles étaient les influences pour ce disque ?
Markus : Pour « Shrink », les influences les plus importantes étaient Stereolab, Tortoise, Mouse on Mars, ou ce genre de groupes qui mixaient musique électronique et le son d’un groupe rock. On a aussi tourné avec Stereolab. Aussi avec Tied & Tickled Trio (side-project instrumental), on essayait de faire un peu la même mixture. Oui c’était de grandes influences. Il y avait aussi la musique électronique qu’on aimait : Autechre, Aphex Twin, Boards of Canada, ce genre de trucs. Aussi je me rappelle de choses comme Beck, son album « Odelay », où il y a beaucoup de samples. C’était quelque chose qu’on aimait vraiment. On écoutait des disques très colorés, avec beaucoup d’éléments différents.
Quel était votre état d’esprit pendant la composition ? C’est comme une explosion d’idées très variées...
Markus : C’était une époque où beaucoup de musique intéressante paraissait, on était juste très excités, on voulait faire quelque chose comme ça, comme « shhhhhh »...
Explorer ?
Markus : Oui, prendre des éléments des années 60, easy-listening, krautrock, musique électronique, comme tous ces groupes, comme Stereolab par exemple.
D’ailleurs vous avez signé sur le label créé par Stereolab, Duophonic.
Markus : La chose chouette c’est que, avant, on avait déjà tourné avec eux et on était amis, donc on leurs a envoyé le disque, ils ont même dit qu’ils voulaient le distribuer. C’était super, car « Shrink » était vraiment influencé par leur musique.
Merci, on continue avec le disque rouge, considéré comme votre classique, « Neon Golden » (2001). C’est un succès plus international, lancé par le single « Pilot ». J’ai une question concernant ce succès, l’avez-vous vécu comme une opportunité ou quelque chose de plus difficile à gérer ? Vous étiez un groupe indépendant, et soudain vous voilà projetés dans la lumière...
Markus : Sur le moment, c’était vraiment bien, positif, on a pu tourner beaucoup plus, aller aux États-Unis, beaucoup de gens nous ont découvert à ce moment-là, soudainement.
C’est juste devenu plus envahissant et difficile avec l’album suivant, quand on a sorti « The Devil, You + Me » (2007). Les réactions des premiers journalistes qu’on a rencontrés étaient peu enthousiastes. « Mmm, le précédent, était mieux », quelque chose comme ça… « Un peu la même chose, mais pas aussi bien ». On a fait plein d’albums avant, on ne réalisait pas que c’était difficile de faire un bon disque après « Neon Golden », qu’il était devenu un classique, ou quelque chose de ce genre. D’une certaine manière cette situation était positive, car cela nous a donné une leçon. Je pense toujours que chaque disque était bon au moment où on l’a créé, l’un n’est pas mieux qu’un autre, c’est toujours quelque chose d’important de réaliser un album. J’aime aussi beaucoup « The Devil, You + Me », il n’est pas mieux ou moins bon que « Neon Golden ». Mais on l’a sorti, c’était l’album après « Neon Golden », et les journalistes étaient déçus.
Il y a eu une longue attente… (6 ans)
Markus : Après ça on pouvait faire ce qu’on voulait (rires), car ça n’avait plus aucune importance.
« The Devil, You + Me », que j’aime beaucoup aussi, se place en continuité avec « Neon Golden », mais le son est différent, plus profond, plus sombre. Une chanson que tu aimes particulièrement ?
Markus : Je ne sais pas… (long silence) En fait, j’aime « Gloomy Planets ».
« On Planet Off » est aussi très spéciale, plus trip-hop, avec un feeling un peu Massive Attack.
Markus : Je pense que « The Devil, You + Me » est un peu comme « Vertigo Days » (dernier album en date, 2021), un disque à prendre dans son ensemble. On peut toujours en extraire des chansons, comme « Gloomy Planets », mais c’est une unité.
On peut parler maintenant un peu du présent, mais je n’oublie pas « Close to the Glass » (2014). A partir de ce disque, vous semblez plus ouverts aux accidents, aux improvisations, à quelque chose de peut-être moins contrôlé. Peux-tu m’en dire plus ?
Markus : Oui, je crois que « Close to the Glass » est en lui-même une sorte d’accident (rires). Au moment de construire le disque, on a réalisé que les chansons n’allaient pas du tout ensemble, on n’a jamais eu la sensation de pouvoir faire tout tenir dans un album, comme on avait pu le faire pour « Neon Golden » et « The Devil, You + Me ». Pour moi « Neon Golden », c’était comme conduire de jour et « The Devil, You + me », conduire dans la nuit. Pour « Close to the Glass », on n’arrivait pas à construire un ensemble cohérent. C’est pour ça qu’on a décidé de faire le contraire, on a fait en sorte que les chansons soient aussi différentes que possibles, comme si cela venait d’autres disques, d’autres groupes. Je crois qu’on l’a fait aussi en réaction à « Neon Golden ». Les gens étaient si focalisés sur ce disque, qu’ils ne pouvaient accepter qu’on fasse quelque chose d’un peu « similaire mais différent ». Ce n’était pas assez pop, pas assez ceci ou cela… Ils attendent quelque chose, on ne peut pas le faire, c’est un genre d’impasse, donc, l’idée de « Close to the Glass » était de faire juste ce qu’on voulait, et se moquer du reste. Il y a la chanson type My Bloody Valentine, le morceau électro, une folk-song avec des cordes…
Et il y a « Kong » (petite bombe pop diffusée dans l’émission)
Markus : Oui, et on se moque que tout cela ailles ensemble car le seul concept c’est que cela n’aille pas ensemble du tout.
Peut-être que ça va ensemble parce que c’est vous, en tant que groupe…
Markus : Oui, mais d’une certaine manière, c’était, tu sais… encore aujourd’hui, je trouve que c’est un disque très étrange, je ne sais pas s’il est bon ou pas, mais c’était très important pour nous de faire tout ce qu’on voulait, et c’était aussi très important pour « Vertigo Days ». Le contexte est différent, mais aujourd’hui c’est pareil, nous pouvons faire ce que nous voulons. Nous n’avons pas à penser à ce que les gens pensent que nous devrions faire. Nous faisons le disque que nous voulons entendre.
Andi : J’ai rejoint The Notwist en 2007, et on a fait beaucoup de concerts jusqu’à aujourd’hui. Je joue principalement de la batterie en live, je n’ai pas été si impliqué dans la réalisation de « Vertigo Days », mais je suppose que la manière dont nous jouons en live a fait émerger des idées pour « Vertigo Days », c’est possible…
Markus : Oui, c’est sûr… Cico aussi y a participé. Le jeu en live a changé tellement de choses… C’est devenu si libre, si ouvert ! Maintenant, nous avons l’impression que le groupe pourrait aller dans n’importe quelle direction. Il y a la possibilité de faire tellement de choses différentes, ce qui est très important pour les disques, c’est sûr. C’est le cas pour « Close to the Glass » et particulièrement pour « Vertigo Days ». Nous avons essayé de recréer le feeling qu’on a en live sur les albums, ce qui est vraiment difficile, ou presque impossible en fait. Mais quelque part, c’est là…
Parlons du dernier album « Vertigo Days », c’est plus un collage. L’électronique est présente mais plus discrète, j’entends plus une création sonore avec pas mal de samples, d’instruments ré-enregistrés, il y a aussi l’idée de questionner l’identité du groupe, et votre identité allemande, à travers de nombreuses collaborations. L’unité est dans le sujet, comme tu le disais Markus sur la page du groupe. Il est question de la fragilité de nos existences, en lien notamment avec le Covid, et il y a aussi quelque chose que tu as dit : « cela parle principalement du fait d’apprendre et de ne jamais arriver nulle part ». C’est une question un peu provocatrice : tu as ce sentiment à propos de The Notwist aujourd’hui ?
Markus : Non, j’ai plutôt l’espoir que The Notwist n’atteigne jamais vraiment quelque chose, tu sais… la chose la plus intéressante est de toujours apprendre, et toujours essayer de nouvelles choses, ne jamais avoir l’impression que tu es arrivé quelque part et que c’est fini. Ce serait totalement ennuyeux, ce serait comme la fin. C’est pour cela que j’ai de l’espoir. Au point où on en est, je pense que The Notwist a encore beaucoup de possibilités, mais que c’est plus difficile de ne pas refaire les mêmes choses encore et encore. Quand même, il y a toujours des chansons qu’on a joué énormément de fois, qui continuent à changer. Juste un petit peu à chaque fois, d’années en années, c’est quelque chose de positif.
Je dirais que c’est aussi une preuve d’humilité, et que ce que tu exprimes est une grande partie de l’identité de Notwist, ces questionnements, cette fragilité que je peux ressentir dans la musique. C’est plutôt touchant.
Passons au live, maintenant. On en a un peu parlé déjà, car c’est un aspect important de votre travail. C’est une expérience unique. Vous modifiez beaucoup les chansons. Quelle est votre manière de procéder ? Es-ce que c’est du travail collectif, ou y a t-il un cerveau derrière tout cela ? Es-ce que cela vous prend du temps de préparer les tournées, qui sont toujours différentes ? Quelle sont vos priorités quand vous préparez le live, à quoi voulez-vous parvenir ? Beaucoup de questions…
Andi : Quand un nouvel album sort, et que des concerts sont prévus, on se retrouve, et on essaie d’apprendre les chansons, de comprendre comment elles sont structurées. Markus, Micha et Cico ont les idées principales, parties batteries incluses. Puis on s’habitue à jouer les chansons en live et tout le monde développe de nouvelles choses, on modifie les dynamiques par exemple, cela se passe aussi pendant les concerts. On doit avoir la sensation que c’est différent des albums.
Aussi, toutes les chansons forment une grande set-list. Ce soir on a cette longue set-list, et du début à la fin, c’est comme un grand arc. On essaie de trouver quelque chose de fluide, que chaque partie s’insère naturellement dans cet ensemble. (En live, les morceaux de The Notwist sont le plus souvent fondus les uns dans les autres, à la manière d’un DJ set).
Et vous changez cette set-list pendant la tournée ?
Andi : Parfois, oui…
Cico : Pas beaucoup (rires)
Andi : Non, pas beaucoup, en fait. Mais ce qui est vraiment bien c’est qu’il y a des moments d’improvisation, on doit rester très attentifs, écouter, rester éveillés. J’imagine que c’est assez excitant pour tout le monde, cela peut toujours être différent. Parfois aussi cela peut ne pas marcher, et le soir suivant, cela marche très bien… C’est très excitant, oui.
Tu enregistres les lives ?
Andi : Plus tellement, mais je le faisais souvent à un moment. Je mettais mon portable à côté de mon siège et je m’enregistrais pour écouter comment je jouais les rythmes, car je voulais les jouer bien, mais aussi bien sûr pour écouter l’ensemble.
Est-ce que vous avez des problématiques d’ordre technique ? Votre installation est plutôt complexe, avec ce mélange d’instruments midi, boucles, instruments acoustiques, électriques…
Cico : A présent c’est plutôt stable, nous sommes très chanceux. Nous avons vraiment eu des mauvais moments (rires), très embarrassants. Les ordinateurs sur scène c’est toujours un cauchemar.
Les ordinateurs sont cachés quelque part ?
Cico : Il y a un seul ordinateur, mais beaucoup de choses y sont connectées.
Andi, tu joues la batterie au « ear » (métronome dans le casque pour jouer au même tempo que les séquences diffusées) ?
Andi : Oui, mais pas tant que ça sur les nouvelles chansons. Theresa Loibl joue de la clarinette basse, nous sommes sept, et avec la plupart des nouvelles chansons, cela marche plutôt comme un puzzle : chacun a une petite pièce, qui forme la chanson entière, et sans click c’est sympa…
Markus : C’est aussi en lien avec la manière dont on a enregistré le nouvel album. Car « Neon Golden » était beaucoup plus un disque fait à l’ordinateur, avec beaucoup d’éléments électroniques, dès le début des chansons, donc on doit suivre le séquenceur. Les nouvelles chansons sont juste quelque chose qu’on joue, donc c’est aussi comme cela que ça se passe en live.
J’entends aussi un changement entre « Close to the Glass » et « Vertigo Days » aussi, par exemple il y a une boucle au début de « Into Another Tune », qui court tout le long du morceau, et Andi tu dois suivre ce tempo. Sur « Vertigo Days » il n’y presque rien qui ressemble à cela, vous jouez juste de plein d’instruments.
Cico : C’est aussi beaucoup plus lo-fi, avec des sons plus chaleureux.
Parlons un peu des projets parallèles de The Notwist. Je sais qu’il y’en a beaucoup, je suis un peu perdu. Je connais bien Lali Puna, Tied & Tickled Trio, 13 & God, il y a aussi votre label (Alien Transistor), un festival (Alien Disco). Je devine sans doute la réponse, mais je ne peux m’empêcher de la poser. C’est vraiment singulier, vous gérez un label, vous jouez dans plein de projets musicaux, es-ce une manière de continuer à expérimenter de nouvelles choses ?
Markus : Pour moi c’est surtout parce que je suis un très grand fan de musique. Il y a tellement de groupes que j’aime et de musique que j’écoute, je suis aussi un grand collectionneur de disques. J’aime la musique, les disques, les livres et d’autres choses. Cela a toujours été un rêve pour moi de créer un label, pour sortir des disques. Je crois qu’il y a tellement de choses qui méritent de sortir. C’est la raison principale.
C’est aussi une grande source d’inspiration pour moi d’écouter ce que les autres artistes font. La raison de l’existence des différents autres groupes dans lesquels chacun joue, c’est que si tu n’as qu’un seul groupe, très vite cela peut devenir très tendu. Tu essaie de mettre toutes tes idées dans le même groupe, il y a beaucoup de discussions, car il y a toujours des choses qu’une personne n’aime pas et que les autres aiment, cela provoque des conflits etc... Donc c’est une bonne chose de jouer dans d’autres groupes, avec des personnes qui ont des goûts différents : pas besoin de chercher à tout imposer au même endroit. Dans Notwist, j’écris les paroles, les mélodies vocales, et parfois cela me fait du bien de jouer dans un groupe comme Lali Puna où c’est quelqu’un d’autre qui se préoccupe des paroles, des idées de compositions. Dans d’autres groupes je joue seulement de la batterie, donc je ne m’occupe pas des mélodies. C’est très bien et cela me donne des idées nouvelles, c’est très relaxant. Dans chaque groupe la « chimie » entre les gens est différente. Cela rend les choses plus faciles pour que chaque groupe existe.
Comment parvenez vous à gérer votre agenda ?
Cico : Je pense que c’est toujours possible.
C’est aussi ce qui fait que vous prenez toujours du temps pour sortir un nouvel album de Notwist, comme sept ans… Mais c’est bien comme ça.
Vous voulez dire quelques mots sur les prochain projets de The Notwist ? Peut-être des enregistrements prévus ? Une bande originale ?
Cico : Dernièrement on pensait créer quelque chose dans le genre de « Messier Objects » (album composé seulement d’instrumentaux), et en tirer un set live, peut-être connecté à un film. On a envie d’enregistrer un disque plus expérimental, fait de collages. Mais pour l’instant il n’y a pas encore de projet concret.
Oui vous êtes toujours en tournée pour partager « Vertigo Days ».
Merci beaucoup, merci pour votre temps, c’était très intéressant et sympathique !
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