Liars

Paris 2002 [juillet 2002]

Issus de l'actuelle et non moins prolifique scène new-yorkaise, les Liars ont réussi à distinguer leur punk épileptique du rock fils-à-papa des Strokes, Libertines et autres Interpol. De passage à Paris, trois des quatre membres complètement barrés de Liars ont accepté de répondre à nos questions. Interview : Romain Mazuel et Elsa Kuhn



Vous venez de New York, l'endroit le plus branché du moment avec des groupes comme The Strokes, Interpol, The Moldy Peaches, The Libertines... De quels groupes vous sentez vous proches musicalement parlant ?
Je pense que ce que l'on définit comme étant la scène new-yorkaise, se situe plus autour d'une communauté d'idées qu'autour d'un son spécifique. C'est assez différent de ce que pouvait être la scène "grunge" de Seattle au début des 90's où tous les groupes sonnaient de manière assez proche et étaient très orientés vers un son de guitare. En ce qui concerne la "hype" qui entoure aujourd'hui cette ville, je pense qu'elle est totalement justifiée, il se passe beaucoup de choses là-bas, il y a plein de super groupes pas signés, dont on n'entend pas parler au-delà de Brooklyn, et qui n'ont aucun soutien de la part de la presse.

Quand on écoute vos morceaux, on pense immédiatement à des groupes comme les Beastie Boys pour le phrasé, Big Black ou Fugazi pour le coté âpre, ou bien encore Shellac ou Slint, en ce qui concerne le son... Dans quelle mesure ces groupes vous ont-ils influencés ?
C'est toujours flatteur de se voir comparer à des groupes que nous aimons, notamment Big Black, mais en aucun cas, nous avons décidé de sonner comme tel ou tel groupe... Je pense que les gens trouvent toujours dans notre musique des influences que nous ne percevons pas nous-même. On a pas mal écouté tous ces groupes lorsque nous étions plus jeunes... maintenant on écoute des choses différentes. Je pense que c'est un truc de la presse de dire "ils sonnent comme untel ou untel", c'est assez limitatif au final.

Quand vous avez monté le groupe, quel était votre but premier ?
C'était tout d'abord d'enregistrer un disque... c'était vraiment LE but. Et puis, tu hallucines quand tu te rends compte que l'on te donne de l'argent pour enregistrer un disque. Le fait de voir qu'il y a de plus en plus de monde à tes concerts est également quelque chose de très motivant. En fait, le but c'était de faire des interviews, de boire du whisky en fumant des cigarettes !!! (rires)

Seriez vous dans le "rock n'roll lifestyle" ?
Non, ce ne sont que des clichés de sexe et de drogue. Ce n'est vraiment pas une réalité... Pour autant, nous apprécions le sexe et ne sommes pas du tout "straight-edge" (Ndlr : courant dans le punk hard-core refusant l'alcool, les drogues et la viande). De toute façon, je pense que nous sommes trop bien élevés pour vivre selon ce mode : nous ne sommes pas odieux avec les gens et ne détruisons pas nos chambres d'hôtel...

D'où provient l'énergie que vous distillez sur scène ? Etes vous sûrs de ne rien prendre ?
Il nous arrive de fumer de l'herbe et de boire de l'alcool, mais ça s'arrête là... Je ne prend aucune amphétamine, c'est complètement naturel, c'est une réaction physique à la musique et parfois, je ne suis pas loin d'être en transe. Nous sommes toujours très nerveux avant de monter sur scène et forcément, une fois en piste, toute cette énergie accumulée doit sortir, se
libérer... C´est vraiment très naturel.

Vous avez déjà joué à deux reprises à Paris, que pensez-vous du public français ?
Le public français est très bon... bien évidement on ne peut pas vraiment comparer avec l'ambiance qu'il y a lorsque nous jouons à New York, car là-bas, nous sommes "à la maison", et il y a vraiment une ambiance extraordinaire. Mais, par exemple, nous n'aimons pas trop jouer à Londres, car l'atmosphère n'y est pas terrible...

Blast First, votre label vous a signés très rapidement et vous vous êtes retrouvés directement à faire un grand nombre de concerts... Quel est votre premier bilan et comment appréhendez-vous le futur ?
On a déjà tourné 3 mois aux Etats-Unis, ce qui est énorme, et depuis deux ans, il est clair que nous n'avons pas eu le temps de souffler... Pour nous, le futur c'est de tourner encore et encore, et de présenter notre musique à un maximum de gens... c'est de cette façon qu'ils se feront un avis sur nous... En ce qui concerne un futur plus lointain, nous comptons bien faire des disques que les gens n'attendent pas de nous...

N´êtes vous pas un peu sur les rotules de ces tournées incessantes ?
Si, c'est très fatiguant, mais on s'en sort plutôt bien... Et pour être franc, je préfère être épuisé de jouer et promouvoir ma musique, plutôt que de travailler dans un Mac Donald's...

Pourquoi les titres de vos morceaux sont-ils si longs ? C'est pour faire enrager votre maison de disque ?
C'est pour que les gens soient accrochés par les titres, au lieu de se dire "j'aime bien la chanson numéro 3' par exemple. D´une certaine manière c'est aussi une punition pour les DJ´s. (rires)

En ces temps, où le terme est un peu utilisé à tort et à travers, quelle est votre définition de "l'attitude punk" ?
Pour moi, ça veut dire te débrouiller par toi même, y arriver sans aide, tout seul... Cela même si tu ne connais pas les subtilités de ton instrument ni celle du music business. C'est partir de rien, et essayer d'y arriver, le "Do It Yourself"... Pour ce qui est du punk en tant que courant musical, je n´y crois pas vraiment, ce mot ne veut plus rien dire tellement les genres sont actuellement mélangés... Aujourd´hui, le punk semble s'articuler autour d'un côté uniquement visuel, ce qui ne veut pas dire grand chose...




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