Adam Green
Aladdin |
Label :
Totally Gross Nation |
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J'avais trois vœux au sujet d'Adam Green.
Tout a commencé en février 2014.
Pendant longtemps, j'ai brûlé des cierges en espérant voir Adam Green débarquer dans mon fief angevin. Le Chabada a réalisé mon rêve et, accrédité par ma radio locale, j'ai pu rejoindre ce vieux pote dans sa loge. Il est attablé avec son camarade Toby Goodshank, ancien membre des Moldy Peaches et... Macaulay Culkin ! Le bambin de Maman, j'ai raté l'avion a les yeux rivés sur son iPhone et une queue de cheval remplace son inoubliable coupe au bol. Ce n'est pas vraiment une surprise au final : le comédien réside à Brooklyn et participe aux projets de ses potes. Il sera justement question durant l'interview de la nouvelle folie d'Adam : un film adaptant l'histoire d'Aladdin, réalisé par ses soins. Contrairement à The Wrong Ferrari, son précédent effort filmé sur téléphone, il espère avoir de vraies caméras et louer un hangar pour fabriquer d'énormes décors en cartons-pâtes. "À la place d'une lampe, le génie sortira d'une imprimante 3D" !, m'explique-t-il après un long apéro. Pour ça, il a lancé un Kickstarter et encourage ceux qui l'aiment à soutenir son art. Ce qui peut ressembler à un caprice de star est plus proche d'une douce lubie d'enfant. Naïvement, je lui refile 40 dollars, car sa démarche est suffisamment sincère pour m'attendrir et qu'un nouvel album prévu au printemps est à la clé. En attendant, on aura le droit à un formidable concert acoustique, un retour aux sources après la parenthèse Binki Shapiro, une orgie fan-service à domicile se terminant par le traditionnel bain de foule et mon vieux CD Friends Of Mine dédicacé au marqueur. Mon premier vœu est déjà exaucé.
Sauf que nous voilà déjà en 2016 et que, mis à part quelques photos du tournage, je n'ai aucune nouvelle du projet dont je suis le modeste co-producteur. Exilé sur l'île d'Ouessant, je décide d'oublier cette promesse et de ne plus jamais faire confiance à un hipster new-yorkais vieillissant et de moins en moins productif. Jusqu'au jour où le facteur me dépose un mystérieux colis venu de Brooklyn et dont l'expéditeur n'est autre que l'acolyte Toby Goodshank. À l'intérieur, le DVD dédicacé du film et l'annonce d'une tournée européenne au printemps pour le promouvoir. Ne pouvant me déplacer pour la date parisienne, je me console devant cette fable moderne inventive, drôle, mélancolique, un chef d'oeuvre DIY qui mélange, comme tout ce qui sort de la tête d'Adam, dépressions d'adultes et jeux d'enfants. À retardement mais avec un grand bonheur, mon second vœu est exaucé devant un film réussi.
Et comme il m'en reste un, je souhaite que l'album sorti dans la foulée en guise de bande-originale sera aussi charmant. Finalement, c'est ça le plus important. Ancien stakhanoviste, Adam Green n'a pas sorti un véritable album depuis 2010 et je l'attends au tournant. Si l'on fait abstraction des extraits sonores du film qui parasitent le disque, on tient là onze nouveaux morceaux (même si la ritournelle cocaïnée "Do Some Blow With Me" est une vieille face B recyclée pour l'occasion). On est sur un terrain familier, avec les habituelles mélodies désabusées, le mélange de crise existentialiste et de vulgarité gratuite, la production léchée pour soutenir une voix de plus en plus lou-reedienne. Accompagné de ses fidèles et d'un tas de nouveaux instruments, Adam alterne les ambiances (le funky "Time Chair", le calypso "Someone Else's Plan") et parvient toujours à trouver un nouveau moyen de raconter son spleen. Mention spéciale à la ballade "Me From Far Away", au tube "Nature Of The Clown" et, surtout, au plus beau morceau, "Never Left A Finger", son ode à la procrastination, sa voix en écho, peut-être ce qu'Adam aura écrit de plus beau. Troisième vœu exaucé, il n'y a plus qu'à l'écouter, encore et encore, jusqu'au prochain rendez-vous avec le songwriter/cinéaste désormais trentenaire.
Merci à Adam, ce génie.
Tout a commencé en février 2014.
Pendant longtemps, j'ai brûlé des cierges en espérant voir Adam Green débarquer dans mon fief angevin. Le Chabada a réalisé mon rêve et, accrédité par ma radio locale, j'ai pu rejoindre ce vieux pote dans sa loge. Il est attablé avec son camarade Toby Goodshank, ancien membre des Moldy Peaches et... Macaulay Culkin ! Le bambin de Maman, j'ai raté l'avion a les yeux rivés sur son iPhone et une queue de cheval remplace son inoubliable coupe au bol. Ce n'est pas vraiment une surprise au final : le comédien réside à Brooklyn et participe aux projets de ses potes. Il sera justement question durant l'interview de la nouvelle folie d'Adam : un film adaptant l'histoire d'Aladdin, réalisé par ses soins. Contrairement à The Wrong Ferrari, son précédent effort filmé sur téléphone, il espère avoir de vraies caméras et louer un hangar pour fabriquer d'énormes décors en cartons-pâtes. "À la place d'une lampe, le génie sortira d'une imprimante 3D" !, m'explique-t-il après un long apéro. Pour ça, il a lancé un Kickstarter et encourage ceux qui l'aiment à soutenir son art. Ce qui peut ressembler à un caprice de star est plus proche d'une douce lubie d'enfant. Naïvement, je lui refile 40 dollars, car sa démarche est suffisamment sincère pour m'attendrir et qu'un nouvel album prévu au printemps est à la clé. En attendant, on aura le droit à un formidable concert acoustique, un retour aux sources après la parenthèse Binki Shapiro, une orgie fan-service à domicile se terminant par le traditionnel bain de foule et mon vieux CD Friends Of Mine dédicacé au marqueur. Mon premier vœu est déjà exaucé.
Sauf que nous voilà déjà en 2016 et que, mis à part quelques photos du tournage, je n'ai aucune nouvelle du projet dont je suis le modeste co-producteur. Exilé sur l'île d'Ouessant, je décide d'oublier cette promesse et de ne plus jamais faire confiance à un hipster new-yorkais vieillissant et de moins en moins productif. Jusqu'au jour où le facteur me dépose un mystérieux colis venu de Brooklyn et dont l'expéditeur n'est autre que l'acolyte Toby Goodshank. À l'intérieur, le DVD dédicacé du film et l'annonce d'une tournée européenne au printemps pour le promouvoir. Ne pouvant me déplacer pour la date parisienne, je me console devant cette fable moderne inventive, drôle, mélancolique, un chef d'oeuvre DIY qui mélange, comme tout ce qui sort de la tête d'Adam, dépressions d'adultes et jeux d'enfants. À retardement mais avec un grand bonheur, mon second vœu est exaucé devant un film réussi.
Et comme il m'en reste un, je souhaite que l'album sorti dans la foulée en guise de bande-originale sera aussi charmant. Finalement, c'est ça le plus important. Ancien stakhanoviste, Adam Green n'a pas sorti un véritable album depuis 2010 et je l'attends au tournant. Si l'on fait abstraction des extraits sonores du film qui parasitent le disque, on tient là onze nouveaux morceaux (même si la ritournelle cocaïnée "Do Some Blow With Me" est une vieille face B recyclée pour l'occasion). On est sur un terrain familier, avec les habituelles mélodies désabusées, le mélange de crise existentialiste et de vulgarité gratuite, la production léchée pour soutenir une voix de plus en plus lou-reedienne. Accompagné de ses fidèles et d'un tas de nouveaux instruments, Adam alterne les ambiances (le funky "Time Chair", le calypso "Someone Else's Plan") et parvient toujours à trouver un nouveau moyen de raconter son spleen. Mention spéciale à la ballade "Me From Far Away", au tube "Nature Of The Clown" et, surtout, au plus beau morceau, "Never Left A Finger", son ode à la procrastination, sa voix en écho, peut-être ce qu'Adam aura écrit de plus beau. Troisième vœu exaucé, il n'y a plus qu'à l'écouter, encore et encore, jusqu'au prochain rendez-vous avec le songwriter/cinéaste désormais trentenaire.
Merci à Adam, ce génie.
Très bon 16/20 | par Dylanesque |
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