Deerhoof
La Isla Bonita |
Label :
Polyvinyl |
||||
"Girls ! Who plays the bass guitar ?" Rengaine assénée parSatomi Matsuzaki pour introduire le propos du dernier Deerhoof. Mais pour moi la vraie question n'est pas là. Sauf le respect que je leur dois, je m'en fiche du bassiste. Tout ce que je veux savoir, c'est "Who plays the f*cking drums ?!"
'scusez le langage, mais ça fait maintenant un certain temps, depuis Reveille exactement, que je suis tombé amoureux du batteur du groupe. Parce que voilà, on essaie de vous faire croire qu'au premier-plan du rock se trouvent immanquablement le lead : la guitare et le chant menant la danse. Cause toujours ! rétorque Deerhoof. Ici, tout l'intérêt de la formule - si tant est qu'on puisse cerner un groupe si prompt à se renouveler - réside dans cette lutte bon-enfant et décomplexée entre la session rythmique et le lead pour avoir le beau rôle. Chacun y va de son gimmick ; riffs qui grattent, breaks à la baguette, lignes basses, refrains piaillés... Ce beau monde se fondant en un joyeux bordel festif. Pas si étonnant au fond, quand on sait que la bassiste-chanteuse et le batteur (Greg Saunier, would you marry me ?) sont les deux têtes pensantes du groupe.
Bon, ça c'est Deerhoof en général. Qu'en est-il alors de La Isla Bonita et de son inscription dans la discographie atypique du groupe ? Si on découvre les gusses avec cet album, on serait tenté de leur accoler immédiatement l'étiquette de doux-dingues aux morceaux déconstruits. Mais l'amateur de longue date, cet averti qui en vaut deux, sera plutôt frappé par un quatuor plutôt apaisé et organisé. Toutes proportions gardées of course. La bande revient tout de même d'un Breakup Songs aux fulgurances électro-pop ; à ce titre 2014 qui annonce un "retour aux sources" rock, avec un bon vieux guitare-basse-batterie de derrière les fagots. En revanche, c'est un groupe presque "mature" qu'on voit ici s'agiter. Un bien étrange mot pour désigner Deerhoof, et pourtant... Il faut bien se rendre à l'évidence ; tout ça est plutôt construit ! Essayez, à titre de comparaison, de vous taper Reveille. Douze ans plus tôt, c'était un véritable chaos sonique ; batterie à fond la casse,vocaux délirants, guitares volatiles, on y pigeait que dalle et rien ne tenait en place. Ce n'était plus de la composition mais de la déconstruction. Ce qui allait avec ses avantages et ses inconvénients : difficile de s'accrocher sans perdre le fil, mais les sensations fortes étaient assurées tout au long du voyage. Il s'agit pas de dire que Deerhoof est sage, mais il s'est assagi pour sûr. Les compositions gardent leurs tiroirs, arrivent rarement au point d'où elles démarrent, mais le tout dans un cadre bien défini. 10 chansons aux alentours de 3 minutes chacune... Il est plus bien aisé d'aller au bout de La Isla Bonita aujourd'hui que de Reveille malgré une durée équivalente.
Au final on retrouve bien ici ce qui a fait l'identité de Deerhoof toutes ces années : un sens unique de la compo déglinguée, une batterie brillante (allez vous passer "Last Fad" et voyez bien qui mène la danse), des fulgurances venant de nulle part... Mais une identité néanmoins en constante évolution. Sa longévité - 20 ans au compteur faites péter le Champomy - Deerhoof ne la doit pas au rabâchage d'une recette usée jusqu'à l'os ; c'est bien cette constante remise en question qui nourrit le groupe, le dialogue constant entre Greg et Satomi, qui leur permet de sortir avec une régularité exemplaire des albums égaux dans la qualité, dévoilant à chaque fois une nouvelle face artistique. En bref, sur La Isla Bonita, ce que Deerhoof perd en folie, il le gagne en solidité, en maturité. À vous de voir si l'échange est heureux. De toute façon, je vous parie que d'ici le prochain ils se seront mis au ska-pop ou au jazz-punk.
'scusez le langage, mais ça fait maintenant un certain temps, depuis Reveille exactement, que je suis tombé amoureux du batteur du groupe. Parce que voilà, on essaie de vous faire croire qu'au premier-plan du rock se trouvent immanquablement le lead : la guitare et le chant menant la danse. Cause toujours ! rétorque Deerhoof. Ici, tout l'intérêt de la formule - si tant est qu'on puisse cerner un groupe si prompt à se renouveler - réside dans cette lutte bon-enfant et décomplexée entre la session rythmique et le lead pour avoir le beau rôle. Chacun y va de son gimmick ; riffs qui grattent, breaks à la baguette, lignes basses, refrains piaillés... Ce beau monde se fondant en un joyeux bordel festif. Pas si étonnant au fond, quand on sait que la bassiste-chanteuse et le batteur (Greg Saunier, would you marry me ?) sont les deux têtes pensantes du groupe.
Bon, ça c'est Deerhoof en général. Qu'en est-il alors de La Isla Bonita et de son inscription dans la discographie atypique du groupe ? Si on découvre les gusses avec cet album, on serait tenté de leur accoler immédiatement l'étiquette de doux-dingues aux morceaux déconstruits. Mais l'amateur de longue date, cet averti qui en vaut deux, sera plutôt frappé par un quatuor plutôt apaisé et organisé. Toutes proportions gardées of course. La bande revient tout de même d'un Breakup Songs aux fulgurances électro-pop ; à ce titre 2014 qui annonce un "retour aux sources" rock, avec un bon vieux guitare-basse-batterie de derrière les fagots. En revanche, c'est un groupe presque "mature" qu'on voit ici s'agiter. Un bien étrange mot pour désigner Deerhoof, et pourtant... Il faut bien se rendre à l'évidence ; tout ça est plutôt construit ! Essayez, à titre de comparaison, de vous taper Reveille. Douze ans plus tôt, c'était un véritable chaos sonique ; batterie à fond la casse,vocaux délirants, guitares volatiles, on y pigeait que dalle et rien ne tenait en place. Ce n'était plus de la composition mais de la déconstruction. Ce qui allait avec ses avantages et ses inconvénients : difficile de s'accrocher sans perdre le fil, mais les sensations fortes étaient assurées tout au long du voyage. Il s'agit pas de dire que Deerhoof est sage, mais il s'est assagi pour sûr. Les compositions gardent leurs tiroirs, arrivent rarement au point d'où elles démarrent, mais le tout dans un cadre bien défini. 10 chansons aux alentours de 3 minutes chacune... Il est plus bien aisé d'aller au bout de La Isla Bonita aujourd'hui que de Reveille malgré une durée équivalente.
Au final on retrouve bien ici ce qui a fait l'identité de Deerhoof toutes ces années : un sens unique de la compo déglinguée, une batterie brillante (allez vous passer "Last Fad" et voyez bien qui mène la danse), des fulgurances venant de nulle part... Mais une identité néanmoins en constante évolution. Sa longévité - 20 ans au compteur faites péter le Champomy - Deerhoof ne la doit pas au rabâchage d'une recette usée jusqu'à l'os ; c'est bien cette constante remise en question qui nourrit le groupe, le dialogue constant entre Greg et Satomi, qui leur permet de sortir avec une régularité exemplaire des albums égaux dans la qualité, dévoilant à chaque fois une nouvelle face artistique. En bref, sur La Isla Bonita, ce que Deerhoof perd en folie, il le gagne en solidité, en maturité. À vous de voir si l'échange est heureux. De toute façon, je vous parie que d'ici le prochain ils se seront mis au ska-pop ou au jazz-punk.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
Ecoutable sur https://deerhoof.bandcamp.com/album/la-isla-bonita
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