Leonard Cohen

Pour rendre justice à ce petit chef-d'œuvre de poésie, il faudrait faire un copier/coller intégral des paroles de cet album. Bon, certains diront que Cohen n'a plus la voix de ses vingt ans. C'est vrai, et pour cause, le bougre a soixante-dix sept printemps au compteur. Mais il est encore là, et il nous livre l'album d'un artiste accompli, qui n'a plus rien à prouver à personne. C'est certainement grâce à cela que j'ai ressenti une vraie liberté artistique dans cet album. Soit dit en passant, Cohen est toujours aussi doué pour l'auto dérision ("He's a lazy bastard living in a suit."). Dans cet album, le vétéran évoque aussi bien sa carrière, sa dépression que ses amours, de sa voix sereine et chaude, accompagnée d'un son hybride, entre folk et blues et portée par des chœurs parfois un peu trop envahissants, une fois n'est pas coutume. Les mélodies considérées une à une sont efficaces et dépouillées, bien qu'un peu répétitives sur l'album dans son ensemble. Le premier morceau dégage pourtant une incroyable aura mystique avec ses chœurs gospel : "Going Home" constitue indéniablement l'un des sommets de l'album. L'autre sommet étant le jazzy "Darkness", à la fois intense, profond dans son texte et percutant dans son interprétation. La suite devient de plus en plus introspective et on finit en beauté avec le sympathique "Different Sides" malgré entre temps le moyen "Banjo".
Évidemment, pour certains cela restera largement inaccessible, comme l'ensemble de la discographie cohenienne. Mais pour les fans, cet album est un petit bijou malgré à mon sens certains titres un peu moins bons ("Banjo" et "Lullaby", qui n'ont pas la même force que le reste de l'album). Mais ne vous méprenez pas, les huit autres titres sont tous très, très bons.

En conclusion, du très bon Cohen. Un album touchant d'un artiste étonnant d'humilité et de génie poétique.