Leonard Cohen
Songs Of Love And Hate |
Label :
Columbia |
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"J'ai marché dans l'avalanche, elle a recouvert mon âme"... Dès les premiers instants, l'atmosphère est oppressante, à la limite du désespoir, soutenue par un arpège tiré d'une guitare sans âge. "Avalanche", c'est le titre de ce morceau, est d'une beauté terrifiante, glaçante comme la neige que tentent de percer les violoncelles qui s'invitent pour donner à la voix de Leonard Cohen une once supplémentaire de profondeur, presque angoissante tant elle se fait caressante, lourde. Chaque mot semble comme caressé par les lèvres du bonhomme, sa diction bute sur certains mots et leur donne ainsi un poids plus intense: "gold", "wound", "pain", "shadow"... "J'ai commencé à te désirer, moi qui ne connaissais pas l'envie, j'ai commencé à te réclamer, moi qui ne connaissais pas le besoin". Le désespoir dans sa beauté la plus sombre...
Ce recueil de chansons d'amour et de haine constitue la perle noire de la discographie de Cohen. Une écoute de ce disque, pardon pour le cliché, ne vous laisse pas indemne. On sent des pleurs dans la voix, des déchirements dans les accords de guitare.
Il faudrait presque citer l'intégralité des textes tant ils sont ce que Cohen a écrit de plus beau. Que dire de "Last Year's Man", cet homme de l'année passée sur qui tombe la pluie et qui pourrait faire se lever les amants au seul mouvement de sa main, cependant que les femmes rêvent de Jésus et de Caïn en lisant des "bibles reliées de chair et de sang" ?... Les choeurs enfantins font doucement écho à la voix de Cohen qui résonne comme dans une église d'où les dieux seraient partis.
Que dire de ce "Famous Blue Raincoat", cet imperméable bleu "déchiré à l'épaule" par lequel l'homme reconnaît l'amante perdue à qui il écrit ? La tristesse confine à l'abandon, la douleur confine à la volupté.
Et puis il y a "Joan Of Arc", où le poète confie ses fantasmes de jeune homme juif pour l'imagerie liée à la pucelle chrétienne, que "les flammes suivaient alors qu'elle chevauchait dans la nuit", et dont il a vu "la gloire dans les yeux". Un témoignage bouleversant et d'une poésie inouïe, dont le côté surnaturel reflète les songes de Jeanne elle même.
On n'oubliera pas non plus "Dress Rehearsal Rag" ou "Diamonds in The Mine". On n'oubliera pas un seul instant de ce moment rare de poésie brute.
C'est triste, c'est magnifique, c'est à pleurer... C'est le terreau dans lequel ont puisé Nick Cave, Jean Louis Murat et tant d'autres.
Cohen confesse que ce n'est pourtant que "l'ombre de sa blessure". Peut être est ce justement ce qui est si bouleversant...
Ce recueil de chansons d'amour et de haine constitue la perle noire de la discographie de Cohen. Une écoute de ce disque, pardon pour le cliché, ne vous laisse pas indemne. On sent des pleurs dans la voix, des déchirements dans les accords de guitare.
Il faudrait presque citer l'intégralité des textes tant ils sont ce que Cohen a écrit de plus beau. Que dire de "Last Year's Man", cet homme de l'année passée sur qui tombe la pluie et qui pourrait faire se lever les amants au seul mouvement de sa main, cependant que les femmes rêvent de Jésus et de Caïn en lisant des "bibles reliées de chair et de sang" ?... Les choeurs enfantins font doucement écho à la voix de Cohen qui résonne comme dans une église d'où les dieux seraient partis.
Que dire de ce "Famous Blue Raincoat", cet imperméable bleu "déchiré à l'épaule" par lequel l'homme reconnaît l'amante perdue à qui il écrit ? La tristesse confine à l'abandon, la douleur confine à la volupté.
Et puis il y a "Joan Of Arc", où le poète confie ses fantasmes de jeune homme juif pour l'imagerie liée à la pucelle chrétienne, que "les flammes suivaient alors qu'elle chevauchait dans la nuit", et dont il a vu "la gloire dans les yeux". Un témoignage bouleversant et d'une poésie inouïe, dont le côté surnaturel reflète les songes de Jeanne elle même.
On n'oubliera pas non plus "Dress Rehearsal Rag" ou "Diamonds in The Mine". On n'oubliera pas un seul instant de ce moment rare de poésie brute.
C'est triste, c'est magnifique, c'est à pleurer... C'est le terreau dans lequel ont puisé Nick Cave, Jean Louis Murat et tant d'autres.
Cohen confesse que ce n'est pourtant que "l'ombre de sa blessure". Peut être est ce justement ce qui est si bouleversant...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Rustneversleeps |
Posté le 03 août 2015 à 22 h 09 |
Ces "chansons d'amour et de haine" ont un titre aussi ambivalent que leur pochette, laquelle nous dévoile un Leonard Cohen hilare sur fond noir austère. J'avoue ma perplexité face aux paroles, toujours érudites mais bien équivoques et d'un hermétisme presque pénible. Je ne m'étendrai pas sur la joliesse de l'épistolaire "Famous Blue Raincoat", morceau que l'on écoute toujours avec ravissement sous la pluie automnale. Mais écoutez donc le morceau d'ouverture : Cohen ne mutile pas sa guitare, il l'effleure. Il ne s'épanche pas en démonstrations de force laborieuses mais pose une base d'arpèges sobres et délicats. Quelle différence, alors, entre ce morceau et un titre folk composé par le tout-venant? Les arrangements de cordes, d'abord, qui sont d'une grâce peu commune. Enfin, je décerne au canadien le titre ronflant de "diction la plus impeccable de l'histoire de la musique populaire". Là où le tout-venant déblatèrerait ses paroles en vomissant et en baragouinant, Cohen accentue des mots pourtant triviaux de manière à ce que l'auditeur soit admiratif à chaque respiration et inflexion de voix du maître. Il serait bateau de dire que la lenteur et l'abnégation du songwriter font la grandeur de ses compositions, mais pour qui est fatigué d'entendre des morceaux composés aux chiottes, sous amphétamines, entre deux appels au livreur de pizzas, cette "Avalanche" est reposante.
Exceptionnel ! ! 19/20
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