Turbonegro

Hot Cars And Spent Contraceptive

Hot Cars And Spent Contraceptive

 Label :     Big Balls 
 Sortie :    mars 1992 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Au début des années 90, 5 norvégiens décident de monter un groupe pour prouver au monde que la scandinavie ne produit pas que de la musique pour adolescents sexuellement frustrés et en manque de sensations fortes qui veulent faire peur à leurs parents (qui sont trop des cons) et clamer combien ils détestent la vie. Turbonegro était né.

'Qu'est-ce qu'un Turbonegro ?' me direz vous. Déjà, il faut savoir que le mot si choquant (pas 'Turbo', l'autre) n'a pas la même connotation négative en anglais, ou il a simplement une valeur descriptive (contrairement à "nigger", qu'affectionnent particulièrement les rappeurs américains et qui lui est insultant). Ensuite, un Turbonegro, en langage châtié, c'est un homme nubile bien membré qui débarque à vive allure pour vous faire découvrir les joies (ou les affres) de la fornication au sens où l'entend traditionnellement l'Église. Une image fort évocatrice, ma foi.

Dès le morceau d'ouverture, introduit par le monologue d'une jeune suédoise qui raconte sa rencontre avec Jimmy, lui aussi homme nubile et bien membré, et nous fait profiter de l'enregistrement de leur premier nuit ensemble, le groupe annonce la couleur.

Et comme on pouvait s'y attendre, on est bien loin du metal nordique. Le son est crade à souhait, le chant est parfaitement audible (même si ça sature), les musiciens ne font preuve d'aucune technique particulière dans la maitrise de leurs instruments. Et au lieu de sobriquets emprunts de culture pagano-satanique, la bande de lurons pas si joyeux que ça ont simplement opté à la Ramones pour un "Neger" comme nom de famille. Il y en a même un qui s'appelle Bongo, c'est dire! Bon, celui-là se rebaptisera Happy-Tom plus tard (et passera de la batterie à la basse), ce qui est encore plus loin du milieu black/death metal, où personne ne clame être "happy".

Pourtant, derrière toute cette bonne volonté, on est face à un album de punk hardcore certes crado mais assez classique, bien que certains morceaux soient assez long. Si les titres parlent d'eux-mêmes ("Zonked Out (On Haschich)", "I'm In Love With The Destructive Girls", "Prima Moffe" qui signifie la première prise d'héroïne), on s'en souvient plus pour leurs noms que pour leurs airs. Certains finissent par rentrer dans la tête, notamment "Librium Love", mais l'album est quand même difficile d'accès et je comprends qu'on puisse le qualifier d'inaudible. Imaginez un Butthole Surfers des débuts sans la démarche artistique ou un Jesus Lizard sans la solidité des compositions. Ça fait froid dans le dos, hein? Je vous ai dit que la réédition d'Hot Cars And Spent Contraceptives se clôture sur plus de 20 minutes d'un jeune homme violé par des policiers?

Je précise que ce disque est d'autant plus déroutant quand on le compare aux autres de Turbonegro. Il n'a certes pas la qualité d'Ass Cobra ou d'Apocalypse Dudes (mais là, le groupe n'a plus grand chose à voir). Le changement de chanteur y est sûrement pour quelque chose, mais j'attribuerai surtout ça à l'écriture des morceaux qui gagnera en maturité.

Encore un album difficile à noter. L'essai est louable en lui-même, je ne sais pas s'il y avait grand chose de ce style en Norvège à l'époque. En même temps, ce n'est pas un disque qui s'écoute souvent, les morceaux ne sont pas mémorables, et il est à éviter pour découvrir le groupe. Je déconseille même de passer à celui-ci tout de suite après Apocalypse Dudes. Entre 6 (oreilles sensibles, s'abstenir) et 12 (bel effort), je vais faire la moyenne et me contenter...de la moyenne.


Moyen   10/20
par Blackcondorguy


  L'album a été réédité en juin 2000 par Bitzcore Records avec un visuel différent et existe aussi sans le morceau "Prima Moffe" (et encore avec un visuel différent) sous le titre Helta Skelta.


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