Tom Waits
Bad As Me |
Label :
Anti |
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Il nous avait fait peur, Tom Waits, lorsqu'il avait sorti en 2004 son dernier album, Real Gone. Le titre semblait alors funestement prophétique d'un silence qui durera 7 ans.
Et le 16 août, jour béni, l'homme confirme les rumeurs qui courent depuis quelques temps déjà qu'un nouvel album serait en route. Une semaine plus tard, comble de la joie pour ceux qui n'y croyaient plus, un single paraît ; Bad As Me, qui sera aussi le titre de l'album. Déglingué, rauque, l'artiste y apparaît dans une forme olympique, avec dans la gorge une voix encore plus puissante qu'auparavant, si c'était Dieu possible. Un mois plus tard, sort le deuxième single "Back In The Crowd", ballade lo-fi apaisée se payant le luxe du guitariste de Los Lobos à la gratte espagnole. Voilà, Tom a bien fait son boulot ; en deux chansons il montre les deux extrêmes de son répertoire, garantit des guests exceptionnels et laisse les fans la bave aux lèvres, leur promettant tacitement un album fantastique, neuf et frais. Le 17 octobre, la tension est à son comble et Waits fait entendre l'album en entier sur son site. Entre la mise à disposition du streaming et la sortie effective aujourd'hui 25 octobre, l'homme se répand en interview. Pitchfork, Wall Street Journal et le New-York Times auront le droit à l'exclusivité du bonhomme qui, bavard pour le coup, parle avec passion de son projet et enchaîne les explications. Poursuivant sa collaboration de toujours avec sa moitié Kathleen Brennan, Waits explique que c'est cette dernière qui dicta le format des chansons. En effet, comparé aux derniers travaux du beugleur (notamment certaines longues pistes de Real Gone), les morceaux son courts, de 2 à 4 minutes, et sont au nombre de treize.
Il y a chez le couple de songwriters une évidente volonté de concision, une envie de se commercialiser (pas dans le mauvais sens du terme), de se rendre plus facile d'écoute. Pourquoi pas ? La qualité n'est pas émoussée, le chant est toujours varié, susurré comme beuglé, tendre comme rugueux, les arrangements audacieux et d'autant plus perfectionnés que Waits doit avoir dépensé une petite fortune dans son équipement de studio. Les collaborateurs de toujours répondent présent ; Marc Ribot (est-il besoin de le préciser) fait des merveilles, Keith Richards joue et chante, le fiston Casey Waits frappe ses peaux, Flea fait une apparition discrète, Larry Taylor (ex-Canned Heat) triture sa basse, etc. Et la composition, enfin, n'a pas faibli. En fait, Bad As Me sonne un petit peu comme un Best-of moderne de Tom Waits. On retrouve sur l'album tout ce qui a fait le génie du monsieur, du blues concassé, des gospels malsains, des ballades ("New Year's Eve, qui clôt l'album, ne déparerait pas sur Closin Time), des délires bruitistes explosés... Tout un programme !
Tom Waits parle d'amour ("Kiss Me", "Back In The Crowd"), d'évasion sur la fol-dingue "Get Lost" ("Time means nothing/Money even less/I wanna go get lost"), "Chicago" ("Well it's braver to stay/Even braver to go/Wherever she goes I go/Maybe things will be better in Chicago") et se fait même politique sur l'ultra énervée "Hell Broke Luce" sur laquelle une légion entière de Tom Waits semble déclamer "Left, Right, Left" en chœur. "Last Leaf" est bouleversante de dépouillement et de solitude. "I'm the last leaf on the tree". À 61 ans, Waits a dû en effet voir trépasser nombre de ses camarades. Et combien de survivants de l'époque peuvent se vanter d'être aussi clinquant que le vieux monstre ? D'ailleurs, en parlant de vieux schnocks, Tom laisse une chanson hommage aux Stones : "Satisfied". Avec Keith Richards qui délivre un riff digne de ses grandes heures, Tom répond à la rengaine mythique par un cinglant : "Now mister Jagger, and mister Richards/I will scratch where I've been itching [...] I will have satisfaction/I will be satisfied/Before I'm gone".
Objectif accompli pour Mr. Waits. À presque 40 ans de carrière, il lâche avec les honneurs son 20ème album. Il n'a plus rien à prouver, pourtant il prouve. Qu'il est encore là. Qu'il est indispensable au paysage musical américain, lui qui disait que "La seule chose pire que d'être au Rock'n'Roll Hall of Fame, c'est de ne pas y être". Que sa forme est étincelante, qu'il n'a jamais cessé d'être musicien. Qu'il sait évoluer et s'adapter aux impératifs de l'industrie musicale sans pour autant se compromettre. Il ne lui reste à bien y réfléchir qu'à prouver qu'il est capable d'assurer la tournée qui s'annonce monstrueuse. Et n'oubliez pas la France pour vos concerts, monsieur Waits !
Et le 16 août, jour béni, l'homme confirme les rumeurs qui courent depuis quelques temps déjà qu'un nouvel album serait en route. Une semaine plus tard, comble de la joie pour ceux qui n'y croyaient plus, un single paraît ; Bad As Me, qui sera aussi le titre de l'album. Déglingué, rauque, l'artiste y apparaît dans une forme olympique, avec dans la gorge une voix encore plus puissante qu'auparavant, si c'était Dieu possible. Un mois plus tard, sort le deuxième single "Back In The Crowd", ballade lo-fi apaisée se payant le luxe du guitariste de Los Lobos à la gratte espagnole. Voilà, Tom a bien fait son boulot ; en deux chansons il montre les deux extrêmes de son répertoire, garantit des guests exceptionnels et laisse les fans la bave aux lèvres, leur promettant tacitement un album fantastique, neuf et frais. Le 17 octobre, la tension est à son comble et Waits fait entendre l'album en entier sur son site. Entre la mise à disposition du streaming et la sortie effective aujourd'hui 25 octobre, l'homme se répand en interview. Pitchfork, Wall Street Journal et le New-York Times auront le droit à l'exclusivité du bonhomme qui, bavard pour le coup, parle avec passion de son projet et enchaîne les explications. Poursuivant sa collaboration de toujours avec sa moitié Kathleen Brennan, Waits explique que c'est cette dernière qui dicta le format des chansons. En effet, comparé aux derniers travaux du beugleur (notamment certaines longues pistes de Real Gone), les morceaux son courts, de 2 à 4 minutes, et sont au nombre de treize.
Il y a chez le couple de songwriters une évidente volonté de concision, une envie de se commercialiser (pas dans le mauvais sens du terme), de se rendre plus facile d'écoute. Pourquoi pas ? La qualité n'est pas émoussée, le chant est toujours varié, susurré comme beuglé, tendre comme rugueux, les arrangements audacieux et d'autant plus perfectionnés que Waits doit avoir dépensé une petite fortune dans son équipement de studio. Les collaborateurs de toujours répondent présent ; Marc Ribot (est-il besoin de le préciser) fait des merveilles, Keith Richards joue et chante, le fiston Casey Waits frappe ses peaux, Flea fait une apparition discrète, Larry Taylor (ex-Canned Heat) triture sa basse, etc. Et la composition, enfin, n'a pas faibli. En fait, Bad As Me sonne un petit peu comme un Best-of moderne de Tom Waits. On retrouve sur l'album tout ce qui a fait le génie du monsieur, du blues concassé, des gospels malsains, des ballades ("New Year's Eve, qui clôt l'album, ne déparerait pas sur Closin Time), des délires bruitistes explosés... Tout un programme !
Tom Waits parle d'amour ("Kiss Me", "Back In The Crowd"), d'évasion sur la fol-dingue "Get Lost" ("Time means nothing/Money even less/I wanna go get lost"), "Chicago" ("Well it's braver to stay/Even braver to go/Wherever she goes I go/Maybe things will be better in Chicago") et se fait même politique sur l'ultra énervée "Hell Broke Luce" sur laquelle une légion entière de Tom Waits semble déclamer "Left, Right, Left" en chœur. "Last Leaf" est bouleversante de dépouillement et de solitude. "I'm the last leaf on the tree". À 61 ans, Waits a dû en effet voir trépasser nombre de ses camarades. Et combien de survivants de l'époque peuvent se vanter d'être aussi clinquant que le vieux monstre ? D'ailleurs, en parlant de vieux schnocks, Tom laisse une chanson hommage aux Stones : "Satisfied". Avec Keith Richards qui délivre un riff digne de ses grandes heures, Tom répond à la rengaine mythique par un cinglant : "Now mister Jagger, and mister Richards/I will scratch where I've been itching [...] I will have satisfaction/I will be satisfied/Before I'm gone".
Objectif accompli pour Mr. Waits. À presque 40 ans de carrière, il lâche avec les honneurs son 20ème album. Il n'a plus rien à prouver, pourtant il prouve. Qu'il est encore là. Qu'il est indispensable au paysage musical américain, lui qui disait que "La seule chose pire que d'être au Rock'n'Roll Hall of Fame, c'est de ne pas y être". Que sa forme est étincelante, qu'il n'a jamais cessé d'être musicien. Qu'il sait évoluer et s'adapter aux impératifs de l'industrie musicale sans pour autant se compromettre. Il ne lui reste à bien y réfléchir qu'à prouver qu'il est capable d'assurer la tournée qui s'annonce monstrueuse. Et n'oubliez pas la France pour vos concerts, monsieur Waits !
Excellent ! 18/20 | par X_Wazoo |
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