Tom Waits
Alice |
Label :
Anti |
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Tom Waits, c'est ce type à la voix profonde et éraillée, au visage buriné par l'alcool, au chapeau fatigué toujours vissé sur sa tête. C'est ce type qui transforme en poésie un peu barrée tout ce qu'il touche que ce soit au cinéma avec Jarmusch, ou dans ses albums. C'est ce type aux gros bras tatoués qui en un morceau est capable de vous faire chialer tellement il est doué. C'est ce type avec qui on aimerait aller se saoûler dans quelque bouge paumé tout en sachant que, même si par miracle l'occasion se présente, on y réfléchirait à deux fois tant sa descente doit être impressionnante. Un type bien, en somme.
Sa musique fait d'abord penser à du jazz au tempo alangui avec vibraphone et mélopées au saxo, piano délicat, voix caverneuse et pourtant caressante: en témoigne le magnifique morceau d'ouverture qui donne son titre à l'album. "Alice" est une chanson merveilleuse, le genre de morceau qui s'impose tout de suite et que je tiens pour le plus beau que j'ai entendu à chaque fois que je l'écoute. Mais sa musique fait aussi penser à des fanfares ou à des BO de films, comme si Danny Elfman, le compositeur de Tim Burton, s'était invité pendant l'enregistrement (à chaque fois que j'entends "Table Top Joe" j'imagine Danny De Vito en présentateur de cirque dans un film de Burton). Et puis finalement cette musique échappe à toute tentative de catégorisation tant elle est personnelle et originale.
"Everything You Can Think" commence par un bruit de vieille locomotive à vapeur et nous met tout de suite dans l'ambiance. Une sorte de cauchemar dans lequel Tom Waits aboie ses paroles. On se croirait dans un cirque déglingué. La locomotive du début clôt le morceau laissant une foule d'images en tête. "Flower's Grave" et "No One Knows I'm Gone" laissent transparaître certaines des obsessions du chanteur, comme la mort. Le tout toujours enveloppé dans une production irréprochable qui donne aux cordes leur vraie mesure. "Kommienezuspadt", avec sa rythmique imparable assurée par des cuivres, est hurlée, vociférée par un Tom Waits qui nous offre là une vraie danse avec le Diable, mais alors un Diable foutrement lubrique.
"Poor Edward", avec son violon plaintif à vous arracher des larmes, conte l'histoire de cet Edward à deux têtes, que personne n'a pu opérer et qui finit par se suicider. "I like beautiful melodies telling you terrible things" a dit un jour Tom Waits, ce qui résume bien un morceau pareil. La mélodie est effectivement superbe et la fin est d'une finesse incroyable.
Accompagné et poussé par la fidèle Kathleen Brennan, Tom Waits, avec cet album, et son jumeau Blood Money sorti la même année, a poussé jusqu'au bout son désir de chanter un monde à part, en marge, qui nous rappelle les foires du début du siècle dernier, avec ses monstres, son ambiance étrange et ses histoires de paumés un peu bancales mais vraiment émouvantes.
Sage décision que de suivre ses envies puisqu'Alice est somptueux de bout en bout. Cet album nous ouvre les portes de son univers peuplé d'amoureux éconduits, de tombes tapissées de fleurs que personne ne vient visiter, de bêtes de foires, d'hommes à deux têtes, de mélancolie, d'enfer, et de suicide. La poésie qui se dégage du disque adoucit la noirceur du propos et me fait replonger souvent avec délectation dans les méandres de cet Alice.
Tranquillement, Tom Waits continue son bonhomme de chemin, et avec des albums de cette trempe, je suis prêt à le suivre où il voudra bien m'emmener. Un type bien, en somme.
Sa musique fait d'abord penser à du jazz au tempo alangui avec vibraphone et mélopées au saxo, piano délicat, voix caverneuse et pourtant caressante: en témoigne le magnifique morceau d'ouverture qui donne son titre à l'album. "Alice" est une chanson merveilleuse, le genre de morceau qui s'impose tout de suite et que je tiens pour le plus beau que j'ai entendu à chaque fois que je l'écoute. Mais sa musique fait aussi penser à des fanfares ou à des BO de films, comme si Danny Elfman, le compositeur de Tim Burton, s'était invité pendant l'enregistrement (à chaque fois que j'entends "Table Top Joe" j'imagine Danny De Vito en présentateur de cirque dans un film de Burton). Et puis finalement cette musique échappe à toute tentative de catégorisation tant elle est personnelle et originale.
"Everything You Can Think" commence par un bruit de vieille locomotive à vapeur et nous met tout de suite dans l'ambiance. Une sorte de cauchemar dans lequel Tom Waits aboie ses paroles. On se croirait dans un cirque déglingué. La locomotive du début clôt le morceau laissant une foule d'images en tête. "Flower's Grave" et "No One Knows I'm Gone" laissent transparaître certaines des obsessions du chanteur, comme la mort. Le tout toujours enveloppé dans une production irréprochable qui donne aux cordes leur vraie mesure. "Kommienezuspadt", avec sa rythmique imparable assurée par des cuivres, est hurlée, vociférée par un Tom Waits qui nous offre là une vraie danse avec le Diable, mais alors un Diable foutrement lubrique.
"Poor Edward", avec son violon plaintif à vous arracher des larmes, conte l'histoire de cet Edward à deux têtes, que personne n'a pu opérer et qui finit par se suicider. "I like beautiful melodies telling you terrible things" a dit un jour Tom Waits, ce qui résume bien un morceau pareil. La mélodie est effectivement superbe et la fin est d'une finesse incroyable.
Accompagné et poussé par la fidèle Kathleen Brennan, Tom Waits, avec cet album, et son jumeau Blood Money sorti la même année, a poussé jusqu'au bout son désir de chanter un monde à part, en marge, qui nous rappelle les foires du début du siècle dernier, avec ses monstres, son ambiance étrange et ses histoires de paumés un peu bancales mais vraiment émouvantes.
Sage décision que de suivre ses envies puisqu'Alice est somptueux de bout en bout. Cet album nous ouvre les portes de son univers peuplé d'amoureux éconduits, de tombes tapissées de fleurs que personne ne vient visiter, de bêtes de foires, d'hommes à deux têtes, de mélancolie, d'enfer, et de suicide. La poésie qui se dégage du disque adoucit la noirceur du propos et me fait replonger souvent avec délectation dans les méandres de cet Alice.
Tranquillement, Tom Waits continue son bonhomme de chemin, et avec des albums de cette trempe, je suis prêt à le suivre où il voudra bien m'emmener. Un type bien, en somme.
Excellent ! 18/20 | par Ben kenobi |
Posté le 29 mai 2007 à 11 h 36 |
Un soir...
Sa voix plus grave à mesure des verres de vin se pose et traine sur des mélodies de fin de soirée. Univers pittoresque : des cracheurs de feu m'entourent... au loin un orgue de Barbarie, je tourne la tête, Tom est là accroché à son piano, imperturbable, pôle d'ombre que tout attire.
Tantôt tristesse ("Barcarolle"), tantôt folie ("Kommienezuspadt") mais toujours d'une intense et étrange beauté. Une partie de moi restera là-bas.
J'en ai le ventre retourné, cet album est à ce jour la beauté musicale la plus insoutenable à mes oreilles. Moi qui me croyait supérieure voilà que je ne suis plus qu'un tas de merde au bout de ces 48 minutes 23.
Sa voix plus grave à mesure des verres de vin se pose et traine sur des mélodies de fin de soirée. Univers pittoresque : des cracheurs de feu m'entourent... au loin un orgue de Barbarie, je tourne la tête, Tom est là accroché à son piano, imperturbable, pôle d'ombre que tout attire.
Tantôt tristesse ("Barcarolle"), tantôt folie ("Kommienezuspadt") mais toujours d'une intense et étrange beauté. Une partie de moi restera là-bas.
J'en ai le ventre retourné, cet album est à ce jour la beauté musicale la plus insoutenable à mes oreilles. Moi qui me croyait supérieure voilà que je ne suis plus qu'un tas de merde au bout de ces 48 minutes 23.
Exceptionnel ! ! 19/20
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