Mercury Rev
Snowflake Midnight |
Label :
V2 |
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J'ai envie d'aimer à nouveau Mercury Rev. Pondre un album comme celui-ci est courageux. Dire que le Mercury Rev de 2008 s'avance encore plus loin dans la grandiloquence qui leur fut tant critiquée, c'est avoir écouté ce disque avec des oeillères, car ici ce n'est pas tout à fait ce dont il est question (pas tout à fait). Le groupe a remis totalement en cause sa manière de travailler un morceau et n'écrit plus ce que l'on pourrait appeler des chansons pop. Un peu à la manière de Can, il a tout d'abord improvisé longuement, sans rien anticiper, sans se fixer de ligne de bonne conduite, de règles claires. Puis les passages qui convenaient le mieux aux musiciens ont été découpés, recollés et retravaillés avec le producteur mégalo Dave Friedman, le quatrième membre. Du coup l'album devient le plus insaisissable depuis la période noisy du groupe. J'ai d'ailleurs eu l'impression d'entendre une suite de Boces à la première écoute, disque de pop psychédélique cacophonique mené par le chanteur malade David Baker. Le funambule à la petite voix aiguë Jonathan Donahue explique en gros que la nouvelle orientation du groupe vient d'un ras-le-bol de vouloir garder le contrôle de l'écriture d'un morceau. Maîtres de quoi finalement ? A tous ceux qui pensent que Mercury Rev est un groupe qui s'est perdu définitivement dans l'orgueil d'une musique précieuse et pompière, il serait bon de prendre note de cette volonté de se laisser dépasser par la musique et la spontanéité, ce qui ne colle pas avec la notion d'orgueil..
C'est en m'efforçant d'être vierge de tous préjugés que j'ai découvert le disque, échauffé que j'étais par l'une des chroniques les plus vénéneuses jamais lues sur le net, me disant que si on en disait autant de mal de ce nouvel album, ça ne pouvait être que par mauvaise foi. Et puis j'avais envie d'aimer à nouveau les Mercury Rev comme je l'ai dit, m'en voulant d'avoir à peine passé le cap de la pochette affreuse de The Secret Migration pour en écouter le contenu, moi qui avait tant été bouleversé par All Is Dream.
Des nappes mystérieuses peuvent couper en plein élan un trip psychédélique lorgnant vers l'indus (oui, vous avez bien lu), "Butterfly Wings" est franchement électro, une électro dont les sonorités rapelleront Plaid. Alors c'est le moment de faire votre Kid A les gars ?
Radiohead ? Connait pas. Le groupe ne revient pas aux sources finalement, la forme change mais pas le fond. Ces trois-là, même en se laissant submerger par l'intuition, même en se libérant du contrôle sur l'écriture, même si tout ça paraît bien humble, restent de grands naïfs épris de grandeur, et ce depuis Deserter's Songs. Les personnes écœurées par tant de lyrisme premier degré ne se retrouveront sans doute pas dans ce disque, mais qu'importe, ce n'est pas ce qui me dérange. D'ailleurs The Secret Migration contient à mon sens de grandes envolées magiques à donner des ailes à une taupe.
Non c'est particulièrement Dave Friedman qui me gonfle. Comment ce mec peut il autant saloper des improvisations par des effets sonores tous plus gratuits les uns que les autres ? Le groupe est complice bien sûr et travaille consciencieusement à enlever toute spontanéité aux improvisations de départ.
Alors tout ceci sonne finalement bien surfait. Pourquoi, au terme d'un passage ultra rapide et pyrotechnique, faut il, lorsque ça retombe, coller une respiration haletante ? Donahue ne nous suggère-t-il pas d'être épuisé ? C'est un peu comme les rires enregistrés dans les sitcoms, qui veulent nous obliger à rire quand il faut rire.
Non franchement, la naïveté n'est pas là seulement dans les morceaux, elle est dans la production, totalement surchargée, excessivement "stéréo-dynamique" et finalement bien plus kitsch que tout ce à quoi le groupe nous avait habitué.
Bref, nous avons affaire à une succession de bribes de chansons et de plans intéressants, à un groupe qui se remet courageusement en question, nous montre toute sa générosité en offrant un album instrumental gratuit en parallèle, "Strange Attractor", à condition se s'abonner à la newsletter (faut être fan quoi). Mais les perchés des Castkills contredisent leur idée de départ derrière les manettes, et retrouvent leur besoin d'en faire des caisses. Et j'aime les groupes qui en font des caisses. Hélas... Ici la déstructuration est hasardeuse et systématique, les sons sont parfois de mauvais goût et mal assemblés (mon dieu ces aplats de synthés) et les bonnes idées sont effleurées et masquées sous une tonne d'effets indigestes.
Allez on arrête de vouloir faire des bandes sons de contes de fées rétro-futuristes plein de sucre glace, et on sort la guitare acoustique la prochaine fois. Le rêve...
C'est en m'efforçant d'être vierge de tous préjugés que j'ai découvert le disque, échauffé que j'étais par l'une des chroniques les plus vénéneuses jamais lues sur le net, me disant que si on en disait autant de mal de ce nouvel album, ça ne pouvait être que par mauvaise foi. Et puis j'avais envie d'aimer à nouveau les Mercury Rev comme je l'ai dit, m'en voulant d'avoir à peine passé le cap de la pochette affreuse de The Secret Migration pour en écouter le contenu, moi qui avait tant été bouleversé par All Is Dream.
Des nappes mystérieuses peuvent couper en plein élan un trip psychédélique lorgnant vers l'indus (oui, vous avez bien lu), "Butterfly Wings" est franchement électro, une électro dont les sonorités rapelleront Plaid. Alors c'est le moment de faire votre Kid A les gars ?
Radiohead ? Connait pas. Le groupe ne revient pas aux sources finalement, la forme change mais pas le fond. Ces trois-là, même en se laissant submerger par l'intuition, même en se libérant du contrôle sur l'écriture, même si tout ça paraît bien humble, restent de grands naïfs épris de grandeur, et ce depuis Deserter's Songs. Les personnes écœurées par tant de lyrisme premier degré ne se retrouveront sans doute pas dans ce disque, mais qu'importe, ce n'est pas ce qui me dérange. D'ailleurs The Secret Migration contient à mon sens de grandes envolées magiques à donner des ailes à une taupe.
Non c'est particulièrement Dave Friedman qui me gonfle. Comment ce mec peut il autant saloper des improvisations par des effets sonores tous plus gratuits les uns que les autres ? Le groupe est complice bien sûr et travaille consciencieusement à enlever toute spontanéité aux improvisations de départ.
Alors tout ceci sonne finalement bien surfait. Pourquoi, au terme d'un passage ultra rapide et pyrotechnique, faut il, lorsque ça retombe, coller une respiration haletante ? Donahue ne nous suggère-t-il pas d'être épuisé ? C'est un peu comme les rires enregistrés dans les sitcoms, qui veulent nous obliger à rire quand il faut rire.
Non franchement, la naïveté n'est pas là seulement dans les morceaux, elle est dans la production, totalement surchargée, excessivement "stéréo-dynamique" et finalement bien plus kitsch que tout ce à quoi le groupe nous avait habitué.
Bref, nous avons affaire à une succession de bribes de chansons et de plans intéressants, à un groupe qui se remet courageusement en question, nous montre toute sa générosité en offrant un album instrumental gratuit en parallèle, "Strange Attractor", à condition se s'abonner à la newsletter (faut être fan quoi). Mais les perchés des Castkills contredisent leur idée de départ derrière les manettes, et retrouvent leur besoin d'en faire des caisses. Et j'aime les groupes qui en font des caisses. Hélas... Ici la déstructuration est hasardeuse et systématique, les sons sont parfois de mauvais goût et mal assemblés (mon dieu ces aplats de synthés) et les bonnes idées sont effleurées et masquées sous une tonne d'effets indigestes.
Allez on arrête de vouloir faire des bandes sons de contes de fées rétro-futuristes plein de sucre glace, et on sort la guitare acoustique la prochaine fois. Le rêve...
Insipide 7/20 | par Sam lowry |
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