A Place To Bury Strangers
A Place To Bury Strangers |
Label :
Killer Pimp |
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A Place To Bury Strangers... Littéralement "un endroit pour enterrer les étrangers". Drôle de nom, n'est-ce pas ? Plutôt morbide et violent en réalité. Tout comme la pochette hallucinée et presque mécanique qui laisse entrevoir un monde de destruction qui ne va pas tarder à s'échapper au travers de nos enceintes.
Cet album éponyme c'est d'abord le résultat de 4 années laborieuses passées à dénicher des effets sonores de malade (le groupe fabrique ses propres pédales de distorsion, overdrive et fuzz) et à tourner avec les plus gros groupes de la scène alternative. En effet, le power trio new-yorkais conduit par Oliver Ackermann a beaucoup appris lors de ses tournées et premières parties avec des géants comme le Brian Jonestown Massacre, les Jesus & Mary Chain, les BRMC ou encore Nine Inch Nails. Que du beau monde, et autant d'influences sur la nature du son et du jeu d'APTBS.
On comprend alors mieux pourquoi ce groupe se hisse à la pointe d'une énième résurrection du shoegaze : APTBS semble prendre les meilleurs éléments de tous ces groupes cultes et notamment les plus extrêmes. APTBS invente un "shoegaze hardcore", d'une certaine façon.
D'un côté se trouve le mur de son caractéristique du mouvement, tellement brutal et rentre-dedans qu'il aspire complètement l'espace et devient une entité à lui tout seul. Il est aussi maintes fois déchiré par de nombreux effets et sait créer aussi bien une combustion spontanée du cerveau de l'auditeur qu'une ambiance glaciale de mort à en faire pâlir tous les récalcitrants au genre. On y retrouve parfois le spectre de The Cure. De même que dans le chant, qui demeure parfois trop en retrait et peu dynamique, caché quelque part sous les différentes couches de ce son granuleux. D'autre part, la basse s'en donne à coeur-joie et martèle constamment son empreinte dans cette mélasse sonore, rappellant bien souvent les groupes post-punk, et notamment Joy Division. Et puis il y a cette batterie, totalement surexcitée, bourrine, répétitive, alliée à de l'électronique et des rythmes industriels. Ce qui donne un son vraiment novateur (en apparence) et jouissif, à la fois mélancolique et ultra dynamique, proposant aussi des ambiances sombres et planantes. L'album s'ouvre alors sur un déchaînement démoniaque et énorme : "Missing You", "Don't Think Lover", "To Fix The Gash In Your Head"; un trio de tête qui déboîte (de la même manière qu'un mauvais rêve où vous seriez percuté de plein fouet par un train lancé à vive allure).
On ne peut pas non plus oublier une ressemblance avec les envolées passionnées de My Bloody Valentine et des mélodies pop et douces en arrière plan qui viennent contraster avec la véritable violence qu'administrent les musiciens à leurs instruments. Sur ces plages sonores viennent se poser des morsures profondes délivrées par la guitare d'Ackermann, qui oublie malgré tout de varier son jeu, rendant l'oeuvre assez opaque.
Et si l'ensemble est cohérent, détonnant, les chansons ont surtout tendance à toutes se ressembler (de "The Falling Sun" à "Breathe", rien de très palpitant) et on ne retiendra que les morceaux les plus dynamiques au détriment de musiques d'ambiance qui sans être mauvaises arrivent à lasser ou à ennuyer car leur lenteur et leur trop forte ressemblance avec d'autres groupes viennent gâcher leur effet, qui du coup devient assez soporifique. S'il y a une chanson qui se dégage du lot c'est bien "I Know I'll See You" qui est un tube en puissance et aguiche avec son refrain efficace et sa rythmique hypnotique. Elle a aussi le mérite d'amorcer la dernière partie de l'album plutôt sombre avec "She Dies" ou encore "Ocean".
Au final, si les new-yorkais ont trouvé une formule qui marche il leur reste à trouver un moyen de se diversifier et une véritable personnalité pour les démarquer du reste de la scène shoegaze. Album certainement brutal et difficile d'accès pour bon nombre de personnes (qui seront enterrées sous ce déluge pyrotechnique) il est toutefois intelligent et réussit à marquer avec des compositions riches et puissantes. Indispensable pour les fans du genre.
Cet album éponyme c'est d'abord le résultat de 4 années laborieuses passées à dénicher des effets sonores de malade (le groupe fabrique ses propres pédales de distorsion, overdrive et fuzz) et à tourner avec les plus gros groupes de la scène alternative. En effet, le power trio new-yorkais conduit par Oliver Ackermann a beaucoup appris lors de ses tournées et premières parties avec des géants comme le Brian Jonestown Massacre, les Jesus & Mary Chain, les BRMC ou encore Nine Inch Nails. Que du beau monde, et autant d'influences sur la nature du son et du jeu d'APTBS.
On comprend alors mieux pourquoi ce groupe se hisse à la pointe d'une énième résurrection du shoegaze : APTBS semble prendre les meilleurs éléments de tous ces groupes cultes et notamment les plus extrêmes. APTBS invente un "shoegaze hardcore", d'une certaine façon.
D'un côté se trouve le mur de son caractéristique du mouvement, tellement brutal et rentre-dedans qu'il aspire complètement l'espace et devient une entité à lui tout seul. Il est aussi maintes fois déchiré par de nombreux effets et sait créer aussi bien une combustion spontanée du cerveau de l'auditeur qu'une ambiance glaciale de mort à en faire pâlir tous les récalcitrants au genre. On y retrouve parfois le spectre de The Cure. De même que dans le chant, qui demeure parfois trop en retrait et peu dynamique, caché quelque part sous les différentes couches de ce son granuleux. D'autre part, la basse s'en donne à coeur-joie et martèle constamment son empreinte dans cette mélasse sonore, rappellant bien souvent les groupes post-punk, et notamment Joy Division. Et puis il y a cette batterie, totalement surexcitée, bourrine, répétitive, alliée à de l'électronique et des rythmes industriels. Ce qui donne un son vraiment novateur (en apparence) et jouissif, à la fois mélancolique et ultra dynamique, proposant aussi des ambiances sombres et planantes. L'album s'ouvre alors sur un déchaînement démoniaque et énorme : "Missing You", "Don't Think Lover", "To Fix The Gash In Your Head"; un trio de tête qui déboîte (de la même manière qu'un mauvais rêve où vous seriez percuté de plein fouet par un train lancé à vive allure).
On ne peut pas non plus oublier une ressemblance avec les envolées passionnées de My Bloody Valentine et des mélodies pop et douces en arrière plan qui viennent contraster avec la véritable violence qu'administrent les musiciens à leurs instruments. Sur ces plages sonores viennent se poser des morsures profondes délivrées par la guitare d'Ackermann, qui oublie malgré tout de varier son jeu, rendant l'oeuvre assez opaque.
Et si l'ensemble est cohérent, détonnant, les chansons ont surtout tendance à toutes se ressembler (de "The Falling Sun" à "Breathe", rien de très palpitant) et on ne retiendra que les morceaux les plus dynamiques au détriment de musiques d'ambiance qui sans être mauvaises arrivent à lasser ou à ennuyer car leur lenteur et leur trop forte ressemblance avec d'autres groupes viennent gâcher leur effet, qui du coup devient assez soporifique. S'il y a une chanson qui se dégage du lot c'est bien "I Know I'll See You" qui est un tube en puissance et aguiche avec son refrain efficace et sa rythmique hypnotique. Elle a aussi le mérite d'amorcer la dernière partie de l'album plutôt sombre avec "She Dies" ou encore "Ocean".
Au final, si les new-yorkais ont trouvé une formule qui marche il leur reste à trouver un moyen de se diversifier et une véritable personnalité pour les démarquer du reste de la scène shoegaze. Album certainement brutal et difficile d'accès pour bon nombre de personnes (qui seront enterrées sous ce déluge pyrotechnique) il est toutefois intelligent et réussit à marquer avec des compositions riches et puissantes. Indispensable pour les fans du genre.
Excellent ! 18/20 | par UpToTheSkies |
Posté le 11 octobre 2008 à 20 h 33 |
Mon Dieu quel boucan !! Dès les premières mesures on est littéralement assailli, assommé par des trombes de bruit. Si bien qu'on en perd son latin : tout cela semble assez nouveau, clairement extrême, alors même qu'on distingue assez bien les velléités mélodiques du trio new-yorkais.
Bien sûr on pense à My Bloody Valentine, mais on se dit que ces gars là ont peut être trouvé un espace supplémentaire, situé entre le noise pur, la cold pop la plus évidente et le hardcore. Soyons honnêtes, à l'écoute des premiers morceaux, tout amateur de bruit trouvera son compte. Mais c'est quand l'oreille se fait plus attentive qu'on en vient à réviser son premier jugement, et franchement à la baisse.
C'est d'ailleurs au niveau de la production que se dirigent les premières critiques : car les petits trucs qui séduisent immédiatement sont finalement des trompe-l'oeil un peu grossiers. Et que je te gonfle au maximum tous les effets (batterie ultra saturée, distorsions exagérément... distordues, réverbérations abyssales). On dit bien que tout ce qui est excessif est insignifiant ; et ça s'adresse d'autant plus à A Place To Bury Strangers qu'il n'y a aucune nuance d'un morceau à l'autre. C'est tout à fond en permanence !
Ce qui passe donc au départ pour une expérience nouvelle se révèle vite roboratif du fait que tout semble désespérément... égal. Ce n'est ainsi pas le côté extrême qui dévalorise l'oeuvre (ambitieuse) des américains, mais bien son traitement, qui manque de finesse.
Trois éléments de comparaison très simples et qui viennent à l'esprit : la batterie, martiale, évoque immédiatement celle des beaux jours de Ministry, métallique et primaire. Mais quand chez ces derniers elle enrichit un ensemble industriel, tranchant, ici elle se noie tristement dans cet océan de bruit uniforme.
Pour ce qui est de l'aspect noise ultime sans pause, on connaissait déjà les écossais de Part Chimp. Mais il se dégage chez eux une énergie qu'on ne retrouve jamais ici, la faute à un son qui dégueule, enseveli qu'il est par les réverbérations, et les distos façon perceuse Prisunic.
Enfin, ce qu'il faudrait peut être aussi à A Place To Bury Strangers, c'est un vrai chanteur. Il suffit d'écouter un autre groupe bruyant comme Six By Seven pour se rendre compte de l'importance d'une voix possédée pour faire décoller un rock basique, brut et direct, comme le délivrent parfois le trio ricain. Le chant léthargique d'Ackermann contribue bien sûr à l'aspect ambient des compositions mais est lui aussi partie intégrante de ce bruit continu, et ne s'en détache jamais.
Il ne faut pas se méprendre : ce premier album éponyme n'est pas désagréable, il n'est pas irritant non plus. Mais prêter d'ores et déjà un statut culte à un groupe qui croule sous les influences et pâtit de si mauvais partis pris de production semble très hâtif. En revanche il doit être intéressant de voir comment A Place To Bury Strangers se débrouille en live : débarrassé de tous ces à côtés studios un peu évidents, l'aspect physique en plus, ce peut être une belle expérience.
Mais en tout cas, version album, c'est sitôt écouté, sitôt oublié.
Bien sûr on pense à My Bloody Valentine, mais on se dit que ces gars là ont peut être trouvé un espace supplémentaire, situé entre le noise pur, la cold pop la plus évidente et le hardcore. Soyons honnêtes, à l'écoute des premiers morceaux, tout amateur de bruit trouvera son compte. Mais c'est quand l'oreille se fait plus attentive qu'on en vient à réviser son premier jugement, et franchement à la baisse.
C'est d'ailleurs au niveau de la production que se dirigent les premières critiques : car les petits trucs qui séduisent immédiatement sont finalement des trompe-l'oeil un peu grossiers. Et que je te gonfle au maximum tous les effets (batterie ultra saturée, distorsions exagérément... distordues, réverbérations abyssales). On dit bien que tout ce qui est excessif est insignifiant ; et ça s'adresse d'autant plus à A Place To Bury Strangers qu'il n'y a aucune nuance d'un morceau à l'autre. C'est tout à fond en permanence !
Ce qui passe donc au départ pour une expérience nouvelle se révèle vite roboratif du fait que tout semble désespérément... égal. Ce n'est ainsi pas le côté extrême qui dévalorise l'oeuvre (ambitieuse) des américains, mais bien son traitement, qui manque de finesse.
Trois éléments de comparaison très simples et qui viennent à l'esprit : la batterie, martiale, évoque immédiatement celle des beaux jours de Ministry, métallique et primaire. Mais quand chez ces derniers elle enrichit un ensemble industriel, tranchant, ici elle se noie tristement dans cet océan de bruit uniforme.
Pour ce qui est de l'aspect noise ultime sans pause, on connaissait déjà les écossais de Part Chimp. Mais il se dégage chez eux une énergie qu'on ne retrouve jamais ici, la faute à un son qui dégueule, enseveli qu'il est par les réverbérations, et les distos façon perceuse Prisunic.
Enfin, ce qu'il faudrait peut être aussi à A Place To Bury Strangers, c'est un vrai chanteur. Il suffit d'écouter un autre groupe bruyant comme Six By Seven pour se rendre compte de l'importance d'une voix possédée pour faire décoller un rock basique, brut et direct, comme le délivrent parfois le trio ricain. Le chant léthargique d'Ackermann contribue bien sûr à l'aspect ambient des compositions mais est lui aussi partie intégrante de ce bruit continu, et ne s'en détache jamais.
Il ne faut pas se méprendre : ce premier album éponyme n'est pas désagréable, il n'est pas irritant non plus. Mais prêter d'ores et déjà un statut culte à un groupe qui croule sous les influences et pâtit de si mauvais partis pris de production semble très hâtif. En revanche il doit être intéressant de voir comment A Place To Bury Strangers se débrouille en live : débarrassé de tous ces à côtés studios un peu évidents, l'aspect physique en plus, ce peut être une belle expérience.
Mais en tout cas, version album, c'est sitôt écouté, sitôt oublié.
Passable 11/20
Posté le 25 février 2009 à 00 h 28 |
On ne peut pas nier une chose: ce premier album d'un groupe jusqu'alors inconnu est un choc sonore tellurique propre à décalotter les cerveaux et à vous faire sortir les yeux des orbites. Le nom du groupe, mystérieux et inquiétant, et sa pochette, apocalyptique, nous avaient pourtant prévenus mais que voulez vous, 2008 et ses têtes de gondole genre l'île aux enfants MGMT et Fleet Foxes nous avait fait perdre le goût du bruit et du danger. Du coup, ce disque, c'est un peu comme avaler un verre de gnôle cul sec après s'être copieusement gavé de fraises tagada...
Alors oui on pense aux immenses Jesus and Mary Chain mais alors des JMC qui auraient mis des synthés retors et des boîtes à rythme infernales dans leur disto. Du reste en parlant de disto, Oliver Ackermann le leader et guitariste du groupe, farceur notoire, fabrique lui même ses pédales d'effets et pousse le vice jusqu'à leur donner des petits noms affectueux ("total sonic annihilation" ce genre...). Bref on n'est clairement pas là pour rigoler.
D'accord aussi pour dire que parfois la même formule revient sur plusieurs morceaux mais c'est tellement jouissif... Et puis c'est un premier album!
En revanche, pas d'accord pour dire que "The Falling Sun" est un des titres les plus faibles vu que c'est justement le haut fait du disque: on se dit "ah tient là ils ralentissent avec un morceau tout calme..." Sauf que si c'est de calme dont il s'agit alors c'est de ceux qui annoncent une tempête comme on n'en voit qu'une par siècle. Noir c'est noir... Sans parler de cette foutue disto qui nous vrille les oreilles comme jamais par vagues successives et insidieuses.
Au final, on peut avouer que l'enfilade de l'album entier relève soit du masochisme le plus primaire, soit de la pathologie mentale.
Et pour un grand malade qui aime avoir mal comme moi, tout ça tombe plutôt très bien.
Alors oui on pense aux immenses Jesus and Mary Chain mais alors des JMC qui auraient mis des synthés retors et des boîtes à rythme infernales dans leur disto. Du reste en parlant de disto, Oliver Ackermann le leader et guitariste du groupe, farceur notoire, fabrique lui même ses pédales d'effets et pousse le vice jusqu'à leur donner des petits noms affectueux ("total sonic annihilation" ce genre...). Bref on n'est clairement pas là pour rigoler.
D'accord aussi pour dire que parfois la même formule revient sur plusieurs morceaux mais c'est tellement jouissif... Et puis c'est un premier album!
En revanche, pas d'accord pour dire que "The Falling Sun" est un des titres les plus faibles vu que c'est justement le haut fait du disque: on se dit "ah tient là ils ralentissent avec un morceau tout calme..." Sauf que si c'est de calme dont il s'agit alors c'est de ceux qui annoncent une tempête comme on n'en voit qu'une par siècle. Noir c'est noir... Sans parler de cette foutue disto qui nous vrille les oreilles comme jamais par vagues successives et insidieuses.
Au final, on peut avouer que l'enfilade de l'album entier relève soit du masochisme le plus primaire, soit de la pathologie mentale.
Et pour un grand malade qui aime avoir mal comme moi, tout ça tombe plutôt très bien.
Exceptionnel ! ! 19/20
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