Elvis Costello

Pressé à 500 exemplaires à sa sortie et uniquement destiné au circuit promotionnel, inutile de dire que l'original vynilique de ce Live At The El Mocambo atteint aujourd'hui des sommes exhorbitantes sur ebay, du genre le quart du prix d'une place de concert de Radiohead. Bootleg fameux, on notera sa réédition officielle dans un coffret paru en 93, 2 1/2 Years, aujourd'hui malheureusement épuisé.
Le collectionneur étant avant tout attiré par la rareté, bien plus que par la qualité, on n'en tiendra pas forcément compte. Oui mais dans ce cas précis la qualité est au moins égale à la rareté. Ce 6 mars 1978 dans ce célèbre club de Toronto, Elvis Costello et ses Attractions nous délivrent un set de toute beauté épileptique. Un concert rageur à la set-list de rêve : "Less Than Zero" (la célèbre 'Dallas version'), "Lipstick Vogue", "The Beat", "(I Don't Want To Go To) Chelsea", "Radio Radio", "Pump It Up"... Le plus souvent dans des versions anthologiques. Intense et flamboyant.
Mais il y a un hic. Ce Live At The El Mocambo ne figurera jamais dans la liste des 'plus grand lives de tout les temps'. Non parce que ce soir là, il se trouve qu'un demeuré alcoolisé ne put s'empêcher de pousser des 'yiiiiihiiii' façon cow-boy du dimanche. Quasiment tout le long du show... Fin de la chanson, avant, pendant : 'yiiiiihiiii'. Horripilant. Et aucun 'ta gueule connard' de bon aloi. Non rien de tout ça. Ce qui nous prouve bien une chose : c'est qu'en plus d'avoir un accent hilarant, le Canadien est un pacifique de nature, catégorie disciple extrémiste de Gandhi. Parce que franchement, il y avait de quoi jarreter l'olibrius à coup de pied au cul sans pour autant passer pour un rustre.
Mais restons objectifs (huuumm...), même entâché de l'emcombrant crieur rodéo, ce live reste tout de même un document exceptionnel d'un groupe au sommet frénétique de son art. Faut dire aussi que le demeuré s'épuise au fil du concert, et que toute façon la performance du groupe est telle ce soir là, qu'elle foudroie en premier lieu notre attention. Et c'est bien là l'essentiel.