The Minutemen

De loin le groupe le plus original de la géniale scène hardcore californienne, les Minutemen n'attendent pas bien longtemps pour opérer leur mue funky et livrent dès leur premier album un manifeste du genre punk-funk.
Un punk-funk élastique (grandiose basse-batterie) ultra-rapide et extrêmement concis. Héritage de leur fan atitude pour le Pink Flag de Wire: 18 titres pour 15 minutes tout juste. On passe donc très rarement la minute sur ce The Punch Line sur-survitaminé qui fera passer un sale quart d'heure à l'amateur exclusif de musique zen. De toute façon, on ne sort pas indemne de cet album alliant la brutalité hardcore à l'expérimentation dansante du post-punk et où il est bien difficile de distinguer une chanson d'une autre. Pas le temps de respirer deux secondes que ces miniatures explosives s'enchaînent façon rafale de Kalachnikov.
Déclarations de guerre forcément minimalistes au très symbolique général Custer ("The Punch Line"), aux castes sociales ("The Struggle"), à la ségrégation raciale ("Disguises"), à la guerre ("No Parade")... Tout y passe. Discours slogan jamais moralisateur qui s'efface pour l'instrumental "Song For Salvador", hommage et soutien affiché à la guérilla marxiste qui agite le Salvador en ce début des années 80. Engagé et éreintant.
Voilà pour ce premier opus aussi court qu'il est intense. Bien que faisant partie intégrante de la scène hardcore, les Minutemen étaient déjà à part, plus proche de The Pop Group que de Black Flag.