The Joy Formidable

Wolf's Law

Wolf's Law

 Label :     Canvasback / ATCO 
 Sortie :    lundi 21 janvier 2013 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Chroniquons enfin un disque récent : c'est qu'il est devenu compliqué de trouver de bons albums rock de nos jours, heureusement il en existe encore comme le prouve ce Wolf's Law de The Joy Formidable.

Eh bien oui, au détour d'un sondage sur Xsilence, à un moment on atteint un âge où l'on commence à se poser des questions sur la musique des jeunes... Quand on a été biberonné à la cold wave, au post punk, au grunge et plus généralement au rock alternatif, plein de jeunes groupes pourraient légitimement nous plaire, mais ce sont souvent des ersatz de copie de plagiat de reproduction mal finie.

Ou sommes-nous sur le point de devenir des vieux cons?

La musique (tout comme la forme des vinyles, des cd, tout comme les bandes magnétiques des cassettes audio mais pas comme les mp3) est cyclique, il est donc normal que chaque groupe ait ses influences, et qu'il propose sa vision artistique.
Ces dernières années, malheureusement, trop nombreux ont été les groupes à vouloir proposer une énième version de Joy Division, à calquer les Smiths, à reproduire "17 seconds" de The Cure, et à investir dans du matériel pour retrouver le son de 1982...
Et The Joy Formidable?

The Joy Formidable a de l'énergie. The Joy Formidable a des mélodies. The Joy Formidable a un son énorme. The Joy Formidable a publié une tuerie d'E.P. en 2009 (A Balloon Called Moaning), avec des morceaux urgents, contemplatifs, rocks et romantiques. Que demande le peuple ?

Même s'ils n'ont rien inventé (leur son comme beaucoup d'autres l'ont dit avant s'inspire autant du rock alternatif que du shoegazing, avec des accents pop), The Joy Formidable ne pompe pas à tout va. On reconnaît ses influences, on devine ce qu'ils ont écouté quand ils étaient petits ("Wolf's Law" aurait très bien pu sortir à la fin des années 90 qu'on ne s'en serait pas rendu compte), mais ils se les approprient pour leur plaisir, pour jouer la musique qu'ils aiment, sans pour autant être aveuglé par leurs héros et se faire croire qu'ils vivent la même aventure sonique.

Donc 4 ans après leur premier EP et 2 ans après leur premier véritable album The Big Roar (un peu décevant suite à la claque monumentale d'A Balloon Called Moaning), voici The Joy Formidable cuvée 2013.
Pas forcément intemporel, exceptionnel, excellent ou parfait comme son premier acte, il n'empêche qu'on a du très bon ici. The Joy Formidable a appris à canaliser ses mélodies, étouffées par le rouleau compresseur de la section rythmique sur l'album précédent, sans rien perdre de son efficacité, et offre un album cohérent.

On a un peu peur au début et à la fin car, comme chaque groupe qui commence à avoir du succès, The Joy Formidable nous met des cordes pour dramatiser son propos ("The Ladder Is Ours", "The Turnaround") et si elles s'oublient vite sur le premier morceau pour offrir un single destiné à conquérir d'honnêtes teenagers, elles gâchent un peu le morceau de fin.

Si l'entrée et surtout le dessert s'avèrent un poil décevants, le plat de résistance est copieux et ravira les amateurs de viande rock pour les loups affamés que nous sommes (ça y est j'ai placé ma référence foireuse par rapport au titre de l'album). "Cholla" rentre dans le lard avec son riff smashingien, mais les chœurs angéliques et tendres de Ritzy Bryan marquent suffisamment pour que le groupe façonne son identité. Comme d'habitude, la section rythmique envoie du pâté avec la puissance d'une machine agricole allemande.
"Tendons" ralentit le rythme quelque peu et greffe encore des cordes, et aurait pu être une belle rêverie éveillée s'il n'y avait pas eu de trop grands effets. On leur pardonne. "Little Blimp" est une tuerie au refrain imparable, au riff entraînant, une chevauchée sous des coups de mitraillette pour la section rythmique et le chant tournoyant de Ritzy Bryan finit de nous convaincre. "Bats" est tout aussi urgente avec son refrain grunge par excellence ("I had a reason but the reason went away") et ses chœurs sussurés avec sorcellerie, en voilà de la belle énergie.
"Silent Treatment" se veut plus intimiste, au coin du feu, juste une guitare et le chant de notre elfe dézinguée. Toujours mélodique, le titre est une gentille pause pour patienter en attendant la suite de la déflagration sonore.
"Maw Maw Song" débute tout doucement par une mélodie moitié indienne moitié haïku pour exploser (c'est le principe du rock alternatif) et jouer au jeu des montagnes russes: calme, speed, montées puis lourds écrasements au sol. Un long solo noyé arrive avant que Ritzy Bryan entonne le refrain final et suppliciant, angélique et défoncé.
"Forest Serenade" est, comme son titre l'indique, romantique, mais il est aussi désespéré que nerveux. Depuis quand les kids n'ont pas eu un refrain comme ça pour les former au plaisir frissonnant du rock?
Avec sa musique d'écroulement des étoiles en direct de gouffres sombrants, "The Leopard And The Lung" nous renvoie à comment Placebo aurait pu se transcender s'ils ne s'étaient pas vendus. Le chant de Rhydian Daffyd n'est pas celui de sa compagne mais correspond bien à l'ambiance du morceau, cassé, en destruction et encore et toujours romantique.
"The Hurdle" est plus gentillet mais reste digne de ce qui a été entendu auparavant.
"The Turnaround" est un peu trop grandiloquent et aurait été plus sympa s'il avait bénéficié de la même épure que "Silent Treatment".

Peut être pas révolutionnaire, Wolf's Law saura séduire les amoureux de rock énergique, avec de vraies mélodies ,qui en ont marre de la musique de hipsters reproducteurs.


Très bon   16/20
par Machete83


  En écoute : https://thejoyformidableofficial.bandcamp.com/album/wolfs-law


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
516 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
On vient de te dire que le morceau que tu as encensé est l'œuvre du groupe que tu conchies le plus