The Modern Lovers
Precise Modern Lovers Order |
Label :
Rounder |
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Le catalogue des Modern Lovers étant à quelques exceptions près édité par des stagiaires incapables, il sera utile de préciser que pour obtenir une anthologie live du groupe de Jonathan Richman, vous devrez accoupler cet album au Live At The Longbranch And More paru en 1998, quitte à avoir beaucoup de doublons à l'arrivée. Les deux compiles reprenant en substance les mêmes concerts.
Tout d'abord un concert au Longbranch Saloon à Berkeley, Californie. Le son comme pour tout l'album est acceptable pour peu qu'un bootleg ne vous file pas direct une otite. Les Modern Lovers démarrent leur set par un "Someone I Care About" garage avec un Richman qui crie plus qu'il ne devrait et harangue une foule que l'on suppose apathique. Alors qu'en studio les Modern Lovers propagent une nonchalance affolante, en live ils laissent éclater une colère à la cool digne des Stooges du premier album. "She Cracked" se révèle d'ailleurs ici totalement stoogienne, manquerait plus que la pédale wah-wah pour retrouver la férocité du gang des frères Asheton.
Il y a du Velvet aussi, bien sûr, évidemment... L'histoire est connue mais il est bon de la rappeler. Richman fait partie de ces privilégiés qui à la fin des années 60 ont eu la révélation en posant une oreille sur les disques du Velvet Underground. Comme les 999 autres, il va créer son propre groupe mais pas tout de suite. Lui est un jusqu'au boutiste plein de candeur qui n'hésite pas à quitter son Boston natal du jour au lendemain pour se rapprocher de ses idoles new-yorkaises, quitte à passer ses nuits sur un banc à Central Park et à enchaîner petits boulots minables pour subsister. Plus de l'inconscience que du courage.
Revenu à Boston, Jonathan Richman fonde les Modern Lovers puisant son inspiration dans le rock dissonant des new-yorkais. Ne soyez donc pas surpris de retrouver les guitares triturées de "Run, Run, Run" dans "Pablo Picasso". Toujours à propos du Velvet, Richman n'est pas peu fier de présenter une chanson du groupe 'jamais enregistrée', "Foggy Notion", qui n'ayons pas peur de l'avouer, surpasse l'originale pas encore sortie.
Le public, sans doute composé pour une bonne partie de hippies habitués à la country baba cool et à la prog neurasthénique, applaudit poliment face à ce rock en avance sur son temps (nous sommes en 1971). Aucune hostilité en vue. Mais on peut supposer sans trop se tromper l'incompréhension de ce public-là lorsque Richman et ses hommes entament ces monuments de romantisme acerbe ancré dans le 'monde moderne' ("Dance With Me", "Girlfriend"). On n'imagine même pas leur tête après un "Dignified And Old"...
Precise Modern Lovers Order après le concert au Longbranch enchaîne par "A Plea for Tenderness", unique représentant d'un live en 1973 au Cambridge Boathouse. Chef-d'oeuvre dans cette veine romantico-compliquée ('Hey girls, do you hate men?/Do you hate the earth?/Well I still see tenderness in your face/And innocence straight from infant days') avec un Richman qui se révèle performer absolu. Tellement concerné par ce qu'il chante que sur la diatribe anti-hippie "I'm Straight", on a droit à un trémolo assez fantastique de sa part, à la limite du sanglot... Du grand art. Devant son public bostonien (concert de 1971 à l'Université d'Harvard), les Modern Lovers sont sans doute un peu plus galvanisés qu'ailleurs, finissant leur set par un "Roadrunner" complètement foutraque avec un Richman en roue libre.
En attendant qu'un jour un label sérieux mette tout ce que les Modern Lovers ont pondu dans un même panier, Precise Modern Lovers Order vaudra bien que l'on fasse l'effort de mettre la main dessus ainsi que son compagnon cité en intro. Ne serait-ce que pour découvrir des versions quelque peu différentes de leur double studio et une pelletée de morceaux n'ayant aucun double studio.
Tout d'abord un concert au Longbranch Saloon à Berkeley, Californie. Le son comme pour tout l'album est acceptable pour peu qu'un bootleg ne vous file pas direct une otite. Les Modern Lovers démarrent leur set par un "Someone I Care About" garage avec un Richman qui crie plus qu'il ne devrait et harangue une foule que l'on suppose apathique. Alors qu'en studio les Modern Lovers propagent une nonchalance affolante, en live ils laissent éclater une colère à la cool digne des Stooges du premier album. "She Cracked" se révèle d'ailleurs ici totalement stoogienne, manquerait plus que la pédale wah-wah pour retrouver la férocité du gang des frères Asheton.
Il y a du Velvet aussi, bien sûr, évidemment... L'histoire est connue mais il est bon de la rappeler. Richman fait partie de ces privilégiés qui à la fin des années 60 ont eu la révélation en posant une oreille sur les disques du Velvet Underground. Comme les 999 autres, il va créer son propre groupe mais pas tout de suite. Lui est un jusqu'au boutiste plein de candeur qui n'hésite pas à quitter son Boston natal du jour au lendemain pour se rapprocher de ses idoles new-yorkaises, quitte à passer ses nuits sur un banc à Central Park et à enchaîner petits boulots minables pour subsister. Plus de l'inconscience que du courage.
Revenu à Boston, Jonathan Richman fonde les Modern Lovers puisant son inspiration dans le rock dissonant des new-yorkais. Ne soyez donc pas surpris de retrouver les guitares triturées de "Run, Run, Run" dans "Pablo Picasso". Toujours à propos du Velvet, Richman n'est pas peu fier de présenter une chanson du groupe 'jamais enregistrée', "Foggy Notion", qui n'ayons pas peur de l'avouer, surpasse l'originale pas encore sortie.
Le public, sans doute composé pour une bonne partie de hippies habitués à la country baba cool et à la prog neurasthénique, applaudit poliment face à ce rock en avance sur son temps (nous sommes en 1971). Aucune hostilité en vue. Mais on peut supposer sans trop se tromper l'incompréhension de ce public-là lorsque Richman et ses hommes entament ces monuments de romantisme acerbe ancré dans le 'monde moderne' ("Dance With Me", "Girlfriend"). On n'imagine même pas leur tête après un "Dignified And Old"...
Precise Modern Lovers Order après le concert au Longbranch enchaîne par "A Plea for Tenderness", unique représentant d'un live en 1973 au Cambridge Boathouse. Chef-d'oeuvre dans cette veine romantico-compliquée ('Hey girls, do you hate men?/Do you hate the earth?/Well I still see tenderness in your face/And innocence straight from infant days') avec un Richman qui se révèle performer absolu. Tellement concerné par ce qu'il chante que sur la diatribe anti-hippie "I'm Straight", on a droit à un trémolo assez fantastique de sa part, à la limite du sanglot... Du grand art. Devant son public bostonien (concert de 1971 à l'Université d'Harvard), les Modern Lovers sont sans doute un peu plus galvanisés qu'ailleurs, finissant leur set par un "Roadrunner" complètement foutraque avec un Richman en roue libre.
En attendant qu'un jour un label sérieux mette tout ce que les Modern Lovers ont pondu dans un même panier, Precise Modern Lovers Order vaudra bien que l'on fasse l'effort de mettre la main dessus ainsi que son compagnon cité en intro. Ne serait-ce que pour découvrir des versions quelque peu différentes de leur double studio et une pelletée de morceaux n'ayant aucun double studio.
Très bon 16/20 | par Sirius |
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