The Modern Lovers

Vous avez besoin d'un peu de légèreté dans ce monde de brutes junkies et de poètes prise de tête ? Voilà le trublion Jonathan Richman à votre rescousse messieurs dames. Le gamin éternel revient une dernière fois avec ses Modern Lovers fantoches en l'an de grâce 88 pour offrir détente et joie de vivre aux âmes damnées.
30 minutes pas plus. 30 minutes de rock'n'roll primaire et donc innocent. Back to the 50's. Un trio sans basse pour ranimer l'ectoplasme douillet d'un rock qui flirte allègrement avec la country pop ou le doo-wop. Des allures nonchalantes et des choeurs qui font 'wwoooo' toutes les dix secondes vous forcent à apprécier ce Modern Lovers 88 (non mais pourquoi se faire chier à trouver des titres d'album originaux hein ?) dans un rocking-chair plutôt qu'une piste de danse.
Mais si vous êtes d'humeur fêtarde, la piste en question peut quand même morfler sur le Bo Diddley beat de "Dancin Late At Night" ou le R'n'B (pas au sens beyoncéen les enfants...) de "California Desert Party" et son saxo endiablé comme on disait dans le temps. Toute cette insouciance forcenée, à la limite du kitch, ne doit pas faire oublier les moments de sincérité gracieux du bonhomme. Lorsqu'il rend hommage au frangin muet des burlesques Marx Brothers ("When Harpo Plays His Harp"), Jonathan Richman n'a pas besoin d'user de trémolo ou autres artifices. De simples vers suffisent pour apprécier toute l'admiration béate que porte le troubadour au comique sot et enfantin ('Harpo Harpo when you start/Tears of joy inside my heart'). Jonathan Richman ne serait-il donc pas le Harpo du rock'n'roll ?
Voilà donc un album qui ne bouleversera pas l'ordre hiérarchique des disques qui ont changé la face du rock, se contentant sans d'autres ambitions que de procurer plaisir ouaté à son auditorium.