Manic Street Preachers
Everything Must Go |
Label :
Epic |
||||
Manic Street Preachers présente la surprenante particularité d'être considéré comme un immense groupe en Angleterre et d'être mal connu, voir méprisé en France. Et c'est un tort.
Au cours d'une carrière mouvementée, le groupe anglais a pourtant su insérer dans sa musique une vraie force d'écriture pour la faire évoluer vers une impeccable démonstration de maîtrise.
L'accouchement de Everything Must Go fut difficile. Et le contexte qui lui est lié rend l'album encore plus intense. Garni de grandes chansons pop comme seule l'Angleterre savait en produire à la pelle à cette époque, Everything Must Go n'est pourtant pas aussi futile qu'on peut le penser de prime abord.
Des titres comme "Kevin Carter", puissant et mélancolique à la fois, ou "Removables" et sa guitare sèche, ne peuvent laisser insensible. Surtout quand on sait à quoi ils sont rattachés.
En 1995, alors que le groupe, en tournée, logeait dans un hôtel, Richey James Edwards, le leader, leur Syd Barret à eux, un peu fou, et surtout ouvert à la provoc' (capable de se taillader le bras devant un journaliste), prend sa voiture et s'en va sans dire un mot. Ses tendances tangentielles étaient connues. C'est lui qui orienta très tôt le groupe dans une sorte de punk brouillon, anarcho-junkie, et dont les performances, notamment en concert, contribuèrent beaucoup à la notoriété du groupe. Il n'était pas rare de le voir porter des tee-shirt affichant le slogan : 'Tuez-vous'. Mais malgré son côté barré, rien ne préparait à ça.
Car depuis, on n'est sans nouvelle de lui. La police retrouva sa voiture un peu plus tard, mais aucune trace de Richey Edwards. Les gens raisonnables le pensent mort, d'autres estiment qu'il s'est retiré de la vie sociale à la suite d'un bad-trip qui serait resté permanent. Certains évoquent l'entrée dans une secte. On ne sait pas et on n'en sera jamais rien. Parfois, on entre dans la légende par des chemins détournés.
Pour le reste du groupe, réduit à un trio, c'est le choc. D'autant que s'ajoutera aussi la mort de leur agent et ami, d'un cancer.
Mais pas question de se laisser abattre pour autant. Le trio se rassemble autour de James Dean Bradfield, s'appuie sur quelques textes de Richey Edwards, bien qu'ils soient signés Nick Jones, change de look et adoucit le ton pour livrer sur leur cinquième album, la synthèse de leur tourment et de leur sentiment. Le résultat : douze chansons dignes et nobles, catchy mais non dénuées d'une véritable sensibilité, notamment grâce à des arrangements, tout violons et harpes dehors, et des guitares flamboyantes, idéalement ancrées dans la veine brit-pop du moment. Volontiers plus romantiques, des chansons comme "Everything Must Go" et son côté noir et dramatique, ou le catchy "Australia", sonnent efficaces. Atteignant des sommets mélodiques, tranchant avec les premières inspirations, violentes mais cultes, des débuts, les Manic Street Preachers ont réussi à rendre hommage à leur ami disparu.
L'émotion, même si elle est dite avec emphase, est présente de part et d'autre de cet opus, et notamment au travers de la voix exceptionnelle de James Dean Bradfield, tout en intensité et lyrisme.
En Angleterre, le groupe réussit à s'offrir une seconde naissance. Et ce n'est pas usurpé. Le single "A Design For Life", noyé par les violons, est tout simplement magnifique. C'est à se demander comment le groupe a pu souffrir d'autant de manque de considération dans les autres pays : orchestration judicieusement utilisée, mélodie prenante, majesté sans être pédant, tout est réuni pour un superbe album. Album au cours duquel on ne peut s'empêcher, tout comme ceux qui l'ont composé, d'avoir une pensée émue, pour Richey Edwards, génie légendaire, à jamais sur une autre planète...
Au cours d'une carrière mouvementée, le groupe anglais a pourtant su insérer dans sa musique une vraie force d'écriture pour la faire évoluer vers une impeccable démonstration de maîtrise.
L'accouchement de Everything Must Go fut difficile. Et le contexte qui lui est lié rend l'album encore plus intense. Garni de grandes chansons pop comme seule l'Angleterre savait en produire à la pelle à cette époque, Everything Must Go n'est pourtant pas aussi futile qu'on peut le penser de prime abord.
Des titres comme "Kevin Carter", puissant et mélancolique à la fois, ou "Removables" et sa guitare sèche, ne peuvent laisser insensible. Surtout quand on sait à quoi ils sont rattachés.
En 1995, alors que le groupe, en tournée, logeait dans un hôtel, Richey James Edwards, le leader, leur Syd Barret à eux, un peu fou, et surtout ouvert à la provoc' (capable de se taillader le bras devant un journaliste), prend sa voiture et s'en va sans dire un mot. Ses tendances tangentielles étaient connues. C'est lui qui orienta très tôt le groupe dans une sorte de punk brouillon, anarcho-junkie, et dont les performances, notamment en concert, contribuèrent beaucoup à la notoriété du groupe. Il n'était pas rare de le voir porter des tee-shirt affichant le slogan : 'Tuez-vous'. Mais malgré son côté barré, rien ne préparait à ça.
Car depuis, on n'est sans nouvelle de lui. La police retrouva sa voiture un peu plus tard, mais aucune trace de Richey Edwards. Les gens raisonnables le pensent mort, d'autres estiment qu'il s'est retiré de la vie sociale à la suite d'un bad-trip qui serait resté permanent. Certains évoquent l'entrée dans une secte. On ne sait pas et on n'en sera jamais rien. Parfois, on entre dans la légende par des chemins détournés.
Pour le reste du groupe, réduit à un trio, c'est le choc. D'autant que s'ajoutera aussi la mort de leur agent et ami, d'un cancer.
Mais pas question de se laisser abattre pour autant. Le trio se rassemble autour de James Dean Bradfield, s'appuie sur quelques textes de Richey Edwards, bien qu'ils soient signés Nick Jones, change de look et adoucit le ton pour livrer sur leur cinquième album, la synthèse de leur tourment et de leur sentiment. Le résultat : douze chansons dignes et nobles, catchy mais non dénuées d'une véritable sensibilité, notamment grâce à des arrangements, tout violons et harpes dehors, et des guitares flamboyantes, idéalement ancrées dans la veine brit-pop du moment. Volontiers plus romantiques, des chansons comme "Everything Must Go" et son côté noir et dramatique, ou le catchy "Australia", sonnent efficaces. Atteignant des sommets mélodiques, tranchant avec les premières inspirations, violentes mais cultes, des débuts, les Manic Street Preachers ont réussi à rendre hommage à leur ami disparu.
L'émotion, même si elle est dite avec emphase, est présente de part et d'autre de cet opus, et notamment au travers de la voix exceptionnelle de James Dean Bradfield, tout en intensité et lyrisme.
En Angleterre, le groupe réussit à s'offrir une seconde naissance. Et ce n'est pas usurpé. Le single "A Design For Life", noyé par les violons, est tout simplement magnifique. C'est à se demander comment le groupe a pu souffrir d'autant de manque de considération dans les autres pays : orchestration judicieusement utilisée, mélodie prenante, majesté sans être pédant, tout est réuni pour un superbe album. Album au cours duquel on ne peut s'empêcher, tout comme ceux qui l'ont composé, d'avoir une pensée émue, pour Richey Edwards, génie légendaire, à jamais sur une autre planète...
Très bon 16/20 | par Vic |
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