Guided By Voices

Auréolé d'un nouveau statut dans le monde de l'indé après son premier véritable album, Vampire On Titus, Guided By Voices bénéficie alors d'un deal de distribution entre leur maison de disque et Matador. Un label qui par sa taille est une garantie d'audience plus large qu'auparavant pour le groupe de Dayton. Mais aucun compromis en vue ne vient perturber pour autant la lo-fi des Guided By Voices sur ce Bee Thousand.
Cauchemar des apôtres de productions grandiloquentes ou de rock symphonique, la lo-fi donc. Dans ce courant bien particulier aux parentés non dissimulées avec le grunge, les Guided By Voices sont parmi les plus doués. Et les plus pop. Bee Thousand regroupe 20 pop-song qui se chevauchent plus qu'elles ne s'enchaînent conférant à l'album une fluidité certaine. Tantôt furieuses ("Gold Star For Robot Boy"), tantôt apaisées ("The Goldheart Mountaintop Queen Directory") et parfois même bouleversantes ("Smothered In Hugs"), ces chansons qui ne dépassent que très rarement les 2 minutes, sont immédiatement mémorisées par leur auditeur. Tour de force dont le plus souvent ne sont capables que les grands groupes pop.
Et un grand groupe pop, Guided By Voices l'est, assurément. Sinon, comment expliquer la présence sur Bee Thousand de ces merveilleuses vignettes euphorisantes qui donnent envie de vous lever les matin ? Ces "Echos Myron", "Kicker Of Elves" ou "Queen Of Cans And Jars". Et puis il y a bien sûr le bijou sacré de la lo-fi, "I Am The Scientist". Single au succès inattendu qui permettra à son créateur Rober Pollard de quitter son boulot d'instit. Et au-delà de ça, sans doute de faire découvrir à un plus large public une bonne frange du rock indé américain.
Elément d'un trio gagnant lo-fi avec Sebadoh et Pavement, Guided By Voices marque d'une emprunte indélébile les années 90 avec ce qui restera leur meilleur album, Bee Thousand. C'est ce que l'on appelle un classique indé.