Swervedriver
Raise |
Label :
Creation |
||||
Pas de temps mort, rien. Du fuzz tout le temps, puis des riffs surpuissants, jamais joués deux fois de suite, et de temps en temps une voix, complètement shootée. Ensuite on part direction l'espace.
Il faut avoir le cœur solide pour s'accrocher à un tempo pareil, sans pause, ni ralentissement. La surcharge en mélodies de guitares, groove de la basse, effets de saturations, est propre à faire chavirer. Impossible de tout retenir en une fois. D'ailleurs on cède vite les commandes. Vaut mieux ne pas chercher à comprendre. Le rock shoegaze de Swervedriver, ça se vit, ça se ressent. Complètement allumés, ces quatre zigotos, adeptes d'un psychédélisme surpuissant, jouent comme s'ils allaient mourir demain.
Swervedriver n'a pas son pareil pour assener des titres rallongés, jamais basiques, qui installent une transe hypnotique tout en imposant un mur du son énorme. La bande de mauvais coucheurs rassemblés autour du chanteur Adam Franklin, superpose les riffs, les mélodies noyés dans un amoncellement d'effets de pédales, de saturations et de fuzz, le tout sous une rythmique qui ne relâche jamais la pression.
Du premier single "Song For A Mustang Ford", au génial "Sandblasted" en passant par "Deep Seat", absolument envoûtant, cette avalanche d'hymnes tubuesques laisse K.O. Swervedriver imbrique des mélodies imparables souvent décuplées au maximum, à une dynamique speedée, le tout noyé sous des couches électriques, hypnotiques, aliénantes mais surtout galvanisantes. Le chant léger et aérien sur "Sunset" est détonnant par rapport à l'allure à laquelle les choses sont jouées. L'effet captivant de "Lead Me Where You Dare" est magistral. Rien n'est à jeter sur ce sommet de saturations et de puissance, un poème d'amour pour les guitares. Car là où bon nombre de groupes s'appuient sur un riff, le quatuor anglais, vilain petit canard du mouvement shoegaze, en poursuit mille sur ce premier album flamboyant.
Avec ses accords intouchables, sa faculté à transformer sa pop planante en titres roboratifs et frénétiques et sa qualité d'écriture stupéfiante, Swervedriver symbolise toute la fougue et l'incandescence dont un jeune groupe insouciant est capable.
Violent, complètement barré mais aussi trippant, cet essai est une bombe sonique qu'on n'a pas vu arriver et dont les dommages se ressentent encore chez tous ceux qui l'ont écouté.
Il faut avoir le cœur solide pour s'accrocher à un tempo pareil, sans pause, ni ralentissement. La surcharge en mélodies de guitares, groove de la basse, effets de saturations, est propre à faire chavirer. Impossible de tout retenir en une fois. D'ailleurs on cède vite les commandes. Vaut mieux ne pas chercher à comprendre. Le rock shoegaze de Swervedriver, ça se vit, ça se ressent. Complètement allumés, ces quatre zigotos, adeptes d'un psychédélisme surpuissant, jouent comme s'ils allaient mourir demain.
Swervedriver n'a pas son pareil pour assener des titres rallongés, jamais basiques, qui installent une transe hypnotique tout en imposant un mur du son énorme. La bande de mauvais coucheurs rassemblés autour du chanteur Adam Franklin, superpose les riffs, les mélodies noyés dans un amoncellement d'effets de pédales, de saturations et de fuzz, le tout sous une rythmique qui ne relâche jamais la pression.
Du premier single "Song For A Mustang Ford", au génial "Sandblasted" en passant par "Deep Seat", absolument envoûtant, cette avalanche d'hymnes tubuesques laisse K.O. Swervedriver imbrique des mélodies imparables souvent décuplées au maximum, à une dynamique speedée, le tout noyé sous des couches électriques, hypnotiques, aliénantes mais surtout galvanisantes. Le chant léger et aérien sur "Sunset" est détonnant par rapport à l'allure à laquelle les choses sont jouées. L'effet captivant de "Lead Me Where You Dare" est magistral. Rien n'est à jeter sur ce sommet de saturations et de puissance, un poème d'amour pour les guitares. Car là où bon nombre de groupes s'appuient sur un riff, le quatuor anglais, vilain petit canard du mouvement shoegaze, en poursuit mille sur ce premier album flamboyant.
Avec ses accords intouchables, sa faculté à transformer sa pop planante en titres roboratifs et frénétiques et sa qualité d'écriture stupéfiante, Swervedriver symbolise toute la fougue et l'incandescence dont un jeune groupe insouciant est capable.
Violent, complètement barré mais aussi trippant, cet essai est une bombe sonique qu'on n'a pas vu arriver et dont les dommages se ressentent encore chez tous ceux qui l'ont écouté.
Excellent ! 18/20 | par Vic |
Posté le 31 janvier 2007 à 18 h 09 |
Dès la moitié des années 80, le shoegaze s'est propagé comme un genre novateur. Il aura duré une bonne décennie avant de perdre de son effet. Influencé par des groupes comme The Velvet Underground ou Cocteau Twins, il aura été propulsé notamment grâce au fabuleux Loveless de My bloody valentine en 1991 ou bien au Nowhere de Ride en 1990. De nombreux groupes suivirent l'exemple des aînés dont se détachent avec brio Chapterhouse, Pale saints ou bien Slowdive.
Cependant, au profit du célèbre Loveless des irlandais, le premier album de Swervedriver, Raise, a été quelque peu éclipsé en 1991. Ce groupe sous-estimé est originaire d'Oxford et se compose de Adam Franklin (Guitare/Chant), Jimmy Hartridge (Guitare/Chant), Adi Vines (Basse) et Paddy Pulzer (Batterie). Grâce à leurs collègues de Ride, Alan McGee, le producteur de Creation records, écouta un de leur morceau ("Son Of A Mustang Ford" ) et, émerveillé, les pris sur son label, où est aussi apparu Loveless. On raconte que Alan McGee aurait écouté le morceau dans les rues de Los Angeles à bord d'une limousine, véhicule pas aussi véloce que la Mustang Ford de nos anglais.
La spécificité de la musique de Swervedriver est son rythme. Contrairement à la plupart des groupes de shoegaze ayant une approche plus pop, le groupe se détache en donnant à celui-ci une force obsédante et effrénée grâce notamment aux pédales d'effets fréquemment utilisées. Les compositions rapides et teigneuses d'un côté et plus posées de l'autre s'enchaînent formant un ensemble homogène. Le premier morceau, "Sci-flyer", nous arrache à la réalité grâce à ces multiples utilisations de pédales d'effets et le mur de guitares constant. "Pile-up" ralentit légèrement le rythme avec son côté psychédélique très posé. Ce morceau semble avoir bien influencé nos contemporains d'Oceansize notamment dans l'utilisation de la voix. Arrive le sommet de l'album et on comprends, sans mal, pourquoi Alan McGee n'a pas hésité une seule seconde sur le groupe. "Son Of A Mustang Ford" est un cataclysme à lui tout seul : obsédant et entêtant le morceau explose par son riff de guitares et les voix entremêlés de Adam Franklin et Jimmy Hartridge. "Deep Seat" et le magnifique "Rave Down" - l'utilisation des guitares est ici sublimée - continuent sur la lancée obsédante de l'album. "Sunset" et "Feel So Real" ralentissent le rythme de l'album pour mieux se poser sur les cimes atteintes par les morceaux précédents. Aux premières notes enivrantes de "Sandblasted", on redescend tout doucement de l'apogée sonore mais ce n'est qu'illusion car, quelques secondes plus tard, les grosses guitares arrivent sans prévenir. Le dernier morceau qu'est "Lead Me Where You Dare..." conclut en finesse l'album en nous laissant tout de même nous en aller du monde de Swervedriver mais pas indemne. Ce monde est un monde d'un autre espace temporel comme le laisse présager la somptueuse pochette de l'album. C'est certain, on refera le voyage...
Ce que les Swervedriver ont réalisé, avec "Raise", est, selon moi, un album phare du courant shoegaze maintenant quelque peu abandonné. Si 1991 évoque pour beaucoup My Bloody Valentine et leur Loveless, ce qui est tout à fait normal soit dit en passant, les amateurs se doivent de reconnaître "Raise" de Swervedriver par son rythme unique et la beauté de ces compositions. A la suite de cet album, le groupe réalisera trois autres albums de moindre envergure. Leur carrière s'arrêtera en 1999.
Cependant, au profit du célèbre Loveless des irlandais, le premier album de Swervedriver, Raise, a été quelque peu éclipsé en 1991. Ce groupe sous-estimé est originaire d'Oxford et se compose de Adam Franklin (Guitare/Chant), Jimmy Hartridge (Guitare/Chant), Adi Vines (Basse) et Paddy Pulzer (Batterie). Grâce à leurs collègues de Ride, Alan McGee, le producteur de Creation records, écouta un de leur morceau ("Son Of A Mustang Ford" ) et, émerveillé, les pris sur son label, où est aussi apparu Loveless. On raconte que Alan McGee aurait écouté le morceau dans les rues de Los Angeles à bord d'une limousine, véhicule pas aussi véloce que la Mustang Ford de nos anglais.
La spécificité de la musique de Swervedriver est son rythme. Contrairement à la plupart des groupes de shoegaze ayant une approche plus pop, le groupe se détache en donnant à celui-ci une force obsédante et effrénée grâce notamment aux pédales d'effets fréquemment utilisées. Les compositions rapides et teigneuses d'un côté et plus posées de l'autre s'enchaînent formant un ensemble homogène. Le premier morceau, "Sci-flyer", nous arrache à la réalité grâce à ces multiples utilisations de pédales d'effets et le mur de guitares constant. "Pile-up" ralentit légèrement le rythme avec son côté psychédélique très posé. Ce morceau semble avoir bien influencé nos contemporains d'Oceansize notamment dans l'utilisation de la voix. Arrive le sommet de l'album et on comprends, sans mal, pourquoi Alan McGee n'a pas hésité une seule seconde sur le groupe. "Son Of A Mustang Ford" est un cataclysme à lui tout seul : obsédant et entêtant le morceau explose par son riff de guitares et les voix entremêlés de Adam Franklin et Jimmy Hartridge. "Deep Seat" et le magnifique "Rave Down" - l'utilisation des guitares est ici sublimée - continuent sur la lancée obsédante de l'album. "Sunset" et "Feel So Real" ralentissent le rythme de l'album pour mieux se poser sur les cimes atteintes par les morceaux précédents. Aux premières notes enivrantes de "Sandblasted", on redescend tout doucement de l'apogée sonore mais ce n'est qu'illusion car, quelques secondes plus tard, les grosses guitares arrivent sans prévenir. Le dernier morceau qu'est "Lead Me Where You Dare..." conclut en finesse l'album en nous laissant tout de même nous en aller du monde de Swervedriver mais pas indemne. Ce monde est un monde d'un autre espace temporel comme le laisse présager la somptueuse pochette de l'album. C'est certain, on refera le voyage...
Ce que les Swervedriver ont réalisé, avec "Raise", est, selon moi, un album phare du courant shoegaze maintenant quelque peu abandonné. Si 1991 évoque pour beaucoup My Bloody Valentine et leur Loveless, ce qui est tout à fait normal soit dit en passant, les amateurs se doivent de reconnaître "Raise" de Swervedriver par son rythme unique et la beauté de ces compositions. A la suite de cet album, le groupe réalisera trois autres albums de moindre envergure. Leur carrière s'arrêtera en 1999.
Excellent ! 18/20
Posté le 17 février 2007 à 16 h 44 |
Nous sommes en 1991. Alors que le Loveless des Bloody Valentine est en bonne voie, 4 oxfordiens fous furieux (aux dreadlocks et cheveux longs à faire pâlir les grunges) nous sortent de nulle part avec des guitares monstrueuses et des effets à la pelle pour nous offrir un album largement sous-estimé mais qui a eu sa petite influence sur la scène shoegaze, bien que le groupe se soit toujours différencié du mouvement. Et Raise affirme effectivement des tendances metal indéniables.
Raise, c'est d'abord une fascination lyrique pour les voitures, comme le présume le nom du groupe (qui représente un espèce de dérapage manqué finissant dans un rail de sécurité), ou des titres comme "Son Of Mustang Ford".
Raise, c'est aussi un enregistrement très crade. On a un peu du mal à dissocier les pistes tellement cette explosion sonore semble provenir de partout. C'est probablement le reproche le plus criant que pourront lui trouver certains, d'autres trouveront que ça ajoute à l'ambiance de l'album.
L'album commence par "Sci-Flyer", qui donne directement le ton, et un rythme frénétique, en nous assénant des murs de guitares, presque menaçants, un véritable rouleau compresseur agrémenté de wah-wah saturée. On se prend déjà à monter le son déraisonnablement pour apprécier mieux toutes les subtilités des déferlantes de guitares. On se retrouve dans une montagne russe de sons plus ravageurs les uns que les autres. Une gifle.
Dans "Pile-Up", la basse prend le dessus et emmène les superpositions d'effets avec elle vers une nouvelle déferlante, avec ici des changements de tempo qui créent une ambiance sonore très particulière. "Pile-up" contient ce qui décrit le mieux la fascination lyrique de l'album: 'Let's just get in the car and let's just drive'. C'est ce à quoi donne envie l'album, le mettre dans l'autoradio et partir silloner les routes.
Joué sur un tempo effréné, "Son Of Mustang Ford" est un moment fort de l'album. La batterie est en furie, les guitares se veulent ici proches du metal, se rapprochant d'un enchevêtrement de bruits métalliques (les paroles "Mangled Metal Frames" de la chanson décrivent admirablement bien ce qu'on ressent à son écoute), sous des tonnes d'effets et de wah-wah. La voix nous emporte dans ce tourbillon de guitares, faisant également office de choeur, puis de lancer furieusement un "Drive" qui déclenche une explosion sonique contrôlée au point d'en devenir un poème à elle seule, pendant que le dépassement effectué par la Mustang se termine en plein frontal dans une camionnette, libérant ainsi le narrateur de sa souffrance amoureuse.
"Deep Seat" est une brillante démonstration d'utilisation des effets.
La basse s'érige une nouvelle fois en fer de lance sur cette chanson au tempo plus lent, mais qui superpose les effets durant l'introduction pour arriver à un riff wah-wah énorme. C'est le moment que choisit le chanteur pour prendre sa voix la plus planante en jouant sur les mots et les sonorités de la langue anglaise. La partie instrumentale du milieu de chanson est lancinante, des envolées comme jouées sur la pointe des cordes. La chanson se termine sur une wah-wah en toute maîtrise. Si vous avez déjà essayé de jouer avec le vent en manipulant vos lèvres à l'arrière d'une voiture, toutes vitres ouvertes, vous comprendrez exactement ce que représente la wah-wah finale de "Deep Seat". Rarement wah-wah aura atteint un tel degré de mélodie.
"Rave Down" est un mélange des deux chansons précédentes, une voix planante et un air implacable, dont le ton est donné dès la première seconde, avec des petits hachages de wah-wah plus claire que précédemment, toujours sur ce même air menaçant. Avant de partir dans un refrain sonore plus que lyrique avec en fond la reverb qui ajoute encore ce côté métallique. "Rave Down", c'est la description d'une ville morte, où on s'ennuie tellement que les flics tuent les mouches à coups de pistolet pour stimuler leur vie monotone, et que les écraser is no fun.
"Sunset" est presque exclusivement instrumentale, une sorte de metal mélodieux. Avec toujours en point de mire, les guitares, mais une ligne de basse très entraînante, et un solo de batterie majestueux au tempo fulgurant. Chaque instrument a ici sa minute de gloire, chaque élément de l'ensemble apporte sa créativité pendant que le tout reste harmonieux, à la fois planant, entraînant et dynamique. Ca ressemble un peu à du Loveless accéléré et définitivement moins pop.
Le nom de la chanson est aussi le meilleur moment pour l'écouter, en prenant le temps d'apprécier un coucher de soleil.
Dans "Feel So Real", c'est inhabituellement la voix qui dirige la manoeuvre, le refrain planant est chanté sur un tempo de batterie hallucinant sur lequel vient se greffer un mur de guitares tout en reverb, feedback et wah-wah. Les paroles sont ici encore des jeux de mots dans lesquels le narrateur ne peut pas croire en ce qui lui paraît trop beau et doit fermer les yeux pour mieux apprécier la réalité. Ce que l'on se surprend à faire durant l'écoute de Raise. La fin de la chanson se termine sur un riff étrange dont le volume diminue progressivement pour nous amener ...
... sur "Sandblasted", qui commence calmement, on respire 30 secondes, ça ne fait pas de tort, puis, finalement, non, pas question de nous laisser pour quitte, on repart dans une furie de guitares plus lentes, sur un tempo parfois déconstruit. On s'imagine roulant le long d'une plage, on prend le temps de profiter de la beauté surréaliste de ce moment. Une wah-wah presque claire vient se superposer à la plage avant de partir dans un final épique de tourbillons de distorsions et wah-wah.
Et seulement alors arrive le calme après la tempête, "Lead Me Where You Dare" clot sur une note de basse et des guitares mieux discernables cet album qui nous a bel et bien mené plus loin que personne n'avait alors osé.
Si vous trouvez que le You're Living All Over Me de Dinosaur Jr. manque encore d'effets, que le Loveless de My Bloody Valentine est trop lent, et/ou trop planant et/ou trop pop, alors Raise est fait pour vous.
Let's just get in the car and let's just drive...
Raise, c'est d'abord une fascination lyrique pour les voitures, comme le présume le nom du groupe (qui représente un espèce de dérapage manqué finissant dans un rail de sécurité), ou des titres comme "Son Of Mustang Ford".
Raise, c'est aussi un enregistrement très crade. On a un peu du mal à dissocier les pistes tellement cette explosion sonore semble provenir de partout. C'est probablement le reproche le plus criant que pourront lui trouver certains, d'autres trouveront que ça ajoute à l'ambiance de l'album.
L'album commence par "Sci-Flyer", qui donne directement le ton, et un rythme frénétique, en nous assénant des murs de guitares, presque menaçants, un véritable rouleau compresseur agrémenté de wah-wah saturée. On se prend déjà à monter le son déraisonnablement pour apprécier mieux toutes les subtilités des déferlantes de guitares. On se retrouve dans une montagne russe de sons plus ravageurs les uns que les autres. Une gifle.
Dans "Pile-Up", la basse prend le dessus et emmène les superpositions d'effets avec elle vers une nouvelle déferlante, avec ici des changements de tempo qui créent une ambiance sonore très particulière. "Pile-up" contient ce qui décrit le mieux la fascination lyrique de l'album: 'Let's just get in the car and let's just drive'. C'est ce à quoi donne envie l'album, le mettre dans l'autoradio et partir silloner les routes.
Joué sur un tempo effréné, "Son Of Mustang Ford" est un moment fort de l'album. La batterie est en furie, les guitares se veulent ici proches du metal, se rapprochant d'un enchevêtrement de bruits métalliques (les paroles "Mangled Metal Frames" de la chanson décrivent admirablement bien ce qu'on ressent à son écoute), sous des tonnes d'effets et de wah-wah. La voix nous emporte dans ce tourbillon de guitares, faisant également office de choeur, puis de lancer furieusement un "Drive" qui déclenche une explosion sonique contrôlée au point d'en devenir un poème à elle seule, pendant que le dépassement effectué par la Mustang se termine en plein frontal dans une camionnette, libérant ainsi le narrateur de sa souffrance amoureuse.
"Deep Seat" est une brillante démonstration d'utilisation des effets.
La basse s'érige une nouvelle fois en fer de lance sur cette chanson au tempo plus lent, mais qui superpose les effets durant l'introduction pour arriver à un riff wah-wah énorme. C'est le moment que choisit le chanteur pour prendre sa voix la plus planante en jouant sur les mots et les sonorités de la langue anglaise. La partie instrumentale du milieu de chanson est lancinante, des envolées comme jouées sur la pointe des cordes. La chanson se termine sur une wah-wah en toute maîtrise. Si vous avez déjà essayé de jouer avec le vent en manipulant vos lèvres à l'arrière d'une voiture, toutes vitres ouvertes, vous comprendrez exactement ce que représente la wah-wah finale de "Deep Seat". Rarement wah-wah aura atteint un tel degré de mélodie.
"Rave Down" est un mélange des deux chansons précédentes, une voix planante et un air implacable, dont le ton est donné dès la première seconde, avec des petits hachages de wah-wah plus claire que précédemment, toujours sur ce même air menaçant. Avant de partir dans un refrain sonore plus que lyrique avec en fond la reverb qui ajoute encore ce côté métallique. "Rave Down", c'est la description d'une ville morte, où on s'ennuie tellement que les flics tuent les mouches à coups de pistolet pour stimuler leur vie monotone, et que les écraser is no fun.
"Sunset" est presque exclusivement instrumentale, une sorte de metal mélodieux. Avec toujours en point de mire, les guitares, mais une ligne de basse très entraînante, et un solo de batterie majestueux au tempo fulgurant. Chaque instrument a ici sa minute de gloire, chaque élément de l'ensemble apporte sa créativité pendant que le tout reste harmonieux, à la fois planant, entraînant et dynamique. Ca ressemble un peu à du Loveless accéléré et définitivement moins pop.
Le nom de la chanson est aussi le meilleur moment pour l'écouter, en prenant le temps d'apprécier un coucher de soleil.
Dans "Feel So Real", c'est inhabituellement la voix qui dirige la manoeuvre, le refrain planant est chanté sur un tempo de batterie hallucinant sur lequel vient se greffer un mur de guitares tout en reverb, feedback et wah-wah. Les paroles sont ici encore des jeux de mots dans lesquels le narrateur ne peut pas croire en ce qui lui paraît trop beau et doit fermer les yeux pour mieux apprécier la réalité. Ce que l'on se surprend à faire durant l'écoute de Raise. La fin de la chanson se termine sur un riff étrange dont le volume diminue progressivement pour nous amener ...
... sur "Sandblasted", qui commence calmement, on respire 30 secondes, ça ne fait pas de tort, puis, finalement, non, pas question de nous laisser pour quitte, on repart dans une furie de guitares plus lentes, sur un tempo parfois déconstruit. On s'imagine roulant le long d'une plage, on prend le temps de profiter de la beauté surréaliste de ce moment. Une wah-wah presque claire vient se superposer à la plage avant de partir dans un final épique de tourbillons de distorsions et wah-wah.
Et seulement alors arrive le calme après la tempête, "Lead Me Where You Dare" clot sur une note de basse et des guitares mieux discernables cet album qui nous a bel et bien mené plus loin que personne n'avait alors osé.
Si vous trouvez que le You're Living All Over Me de Dinosaur Jr. manque encore d'effets, que le Loveless de My Bloody Valentine est trop lent, et/ou trop planant et/ou trop pop, alors Raise est fait pour vous.
Let's just get in the car and let's just drive...
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 25 octobre 2008 à 19 h 25 |
Et bien il était temps,
17 ans après la sortie de l'album Raise, tous les albums de Swervedriver sont enfin réedités avec les bonus.
Et oui, il aura fallu autant de temps pour que je tombe sur cette pépite pop shoegaze noise...
Car j'en avais entendu parler de cet album, si rare à dénicher sur les marchés des disquaires. Et bien, je suis tout heureux de l'entendre encore et encore car cet album est une vraie bombe.
Le son est à la hauteur des espérances. On se souvient du Nevermind de Nirvana, du Black Album de Metallica ou du Blood Sugar Sex Machine des Red Hot en 91, il y a eu aussi le Raise de Swervedriver.
Un son parfait, puissant, rentre dedans, et en même temps très etoffé, pour faire ressortir la force de la batterie et les différents effets des guitares.
car oui, les deux guitaristes du groupe s'en donnent à coeur joie.
Je ne m'y connais pas bien en pédale d'effet, mais elles sont multiples et plutôt très bien employées.
Que dire de ces 13 titres!!! Rien à jeter, que du lourd!! le chanteur se la joue plutôt discret et s'emploie davantage à envoyer des deflagrations de guitare en pleine tronche.
On commence avec "Sci-Flyer" qui vous propulse dans du rock bruitiste à la Kevin Shield, mais ce qui est étrange au fil des morceaux, c'est que ca ne ressemble pas à My Bloody Valentine ou Ride.
On a l'impression que ce groupe est de Seattle, américain, potes des Melvins tellement leur son est immense.
Mais non, ils sont bien anglais et leurs compositions sonnent comme rien au monde.
"Pile-Up", "Son Of Mustang Ford", "Hands", "Rave Down" ou encore "Lead Me Where You Dare" sont des canons de jouvance, de la jouissance à l'état pur.
Même si mes maitres restent Ride et Sonic Youth, Swervedriver a une place juste à côté d'eux, même s'ils n'ont pas l'originalité et la mélodie de ces panthéons du rock, Swervedriver frappe droit au coeur, sans fioriture.
Parfait!
17 ans après la sortie de l'album Raise, tous les albums de Swervedriver sont enfin réedités avec les bonus.
Et oui, il aura fallu autant de temps pour que je tombe sur cette pépite pop shoegaze noise...
Car j'en avais entendu parler de cet album, si rare à dénicher sur les marchés des disquaires. Et bien, je suis tout heureux de l'entendre encore et encore car cet album est une vraie bombe.
Le son est à la hauteur des espérances. On se souvient du Nevermind de Nirvana, du Black Album de Metallica ou du Blood Sugar Sex Machine des Red Hot en 91, il y a eu aussi le Raise de Swervedriver.
Un son parfait, puissant, rentre dedans, et en même temps très etoffé, pour faire ressortir la force de la batterie et les différents effets des guitares.
car oui, les deux guitaristes du groupe s'en donnent à coeur joie.
Je ne m'y connais pas bien en pédale d'effet, mais elles sont multiples et plutôt très bien employées.
Que dire de ces 13 titres!!! Rien à jeter, que du lourd!! le chanteur se la joue plutôt discret et s'emploie davantage à envoyer des deflagrations de guitare en pleine tronche.
On commence avec "Sci-Flyer" qui vous propulse dans du rock bruitiste à la Kevin Shield, mais ce qui est étrange au fil des morceaux, c'est que ca ne ressemble pas à My Bloody Valentine ou Ride.
On a l'impression que ce groupe est de Seattle, américain, potes des Melvins tellement leur son est immense.
Mais non, ils sont bien anglais et leurs compositions sonnent comme rien au monde.
"Pile-Up", "Son Of Mustang Ford", "Hands", "Rave Down" ou encore "Lead Me Where You Dare" sont des canons de jouvance, de la jouissance à l'état pur.
Même si mes maitres restent Ride et Sonic Youth, Swervedriver a une place juste à côté d'eux, même s'ils n'ont pas l'originalité et la mélodie de ces panthéons du rock, Swervedriver frappe droit au coeur, sans fioriture.
Parfait!
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