At The Drive-In
This Station Is Non-Operational |
Label :
Fearless |
||||
At The Drive-In, quel groupe mythique. Un des meilleurs groupes de leur époque qui a incontestablement marqué le rock de leur empreinte. A-t-on vraiment besoin de les présenter ?
Bon, petite rétrospective quand même, en l'honneur de ce best of.
Né à El Paso, Texas, en 1994, de la rencontre de Cedric Bixler (chant), Jim Ward, Jarrett (guitares), Kenny Hopper (basse) et Bernie Rancun (batterie), le groupe du "cinéma en plein air" (hommage à une chanson de Poison) enregistre un premier EP trois mois après leur formation sur le label de Jim. Hell Paso est la première pierre d'un édifice qui ne va cesser par la suite de s'élever et de se bonifier, dépassant les groupes de l'époque par leur musique et leur énergie. At The Drive-In change plusieurs fois de line up avant certaines tournées et c'est ainsi que Omar Rodriguez (guitare), Paul Hinojos (basse) et Tony Hajjar (batterie) intègrent le reste de la bande dont la formation ne changera plus. Au fur et à mesure des passages en studio ils perfectionnent leur style, trouvent leur voie et abandonnent petit à petit le punk. Les américains distillent un post-hardcore/emocore sublime sur des mélodies brutes et authentiques, et finissent en beauté sur un magnifique triplet In/Casino/Out, Vaya, Relationship Of Command, avant de se séparer. Ils annoncent le 28 Mars 2001 sur leur site qu'ils prennent un "Indefinite Hiatus", même si depuis Omar et Cédric ont fondé The Mars Volta et le reste de la bande mené par Jim, Sparta.
Quatre ans se sont donc écoulés depuis cette parenthèse pour ne pas dire séparation et This Station Is Non-Operational apparaît comme par enchantement. On reconnaît la radio de Vaya sur la pochette au dessus des clichés des protagonistes. Les disques phares, car les plus réussis, du groupe étant pour moi les trois derniers, je suis curieux de savoir quels sont ceux qu'ils préfèrent et quels morceaux ils ont privilégié. Voilà tout l'intérêt d'une anthologie : savoir ce que le groupe retient de lui-même à la fameuse question et s'il devait en rester onze vous prendriez lesquels ? Car ce disque est scindé en deux et nous offre en plus d'une sélection des meilleurs titres sept titres inédits (covers, b-sides ou remix). Les derniers titres sont donc ce qu'il y a de plus passionnant car les best of ne valent jamais les originaux, mettant de côté le contexte des chansons et leur enchaînement initial avec le reste de l'album.
La structure de ce disque respecte cependant une logique chronologique intéressante puisqu'elle présente deux titres de El Gran Orgo, puis quatre de In/Casino/Out, deux de Vaya pour finir avec trois de Relationship Of Command. A travers This Station Is Non-Operational on peut donc déjà se faire une idée de l'évolution du groupe même si ce n'est pas suffisant.
"Fahrenheit" ouvre donc cet opus dans une mélodie encore simple. Néanmoins, on note déjà le jeu de guitares complémentaire très noisy et la voix de Cedric qui condense rage et puissance. S'ensuit les compositions du deuxième album avec "Chanbara" qui marque le début des paroles jonglant entre espagnol et anglais comme dans The Mars Volta et où ‘Tour de force, de facto, ayuchuco' ressort égosillé dans le refrain. Parmi ces chansons "Napoleon Solo" apparaît en maître avec son riff psychédélique et ensorcelant. L'envie de chanter, de prendre sa guitare pour accompagner Omar et Jim, de sauter partout avec hargne et de se balancer doucement sur le pont se fait ressentir. Dans cette spirale sans fin, la qualité de l'enregistrement est déjà nettement mieux, la musique est plus travaillée, le nouveau duo Jim/Omar est magique (Jim ayant quitté pendant quelques temps le groupe avant El Gran Orgo à cause de certains différends avec le nouveau batteur et Omar étant à la base le bassiste du groupe). Ce titre n'a pas pris une ride et est toujours aussi splendide qu'efficace. Dans le même genre "Metronome Arthritis" nous étouffe dans une atmosphère lourde et opaque. Il laisse place au dernier titre de Vaya "198d" qui s'échoue dans notre désespoir latent avant de renaître avec frénésie et panache. "One Armed Scissor" marque alors l'ère Relationship Of Command avec "Enfilade" et s'imposent une nouvelle fois avec force et une voix toujours aussi convaincante. Au regret d'avoir des titres comme "Rolex Propaganda" (il fallait faire un choix), la première partie se clôture sur "Non Zero Possibility" d'une délicatesse glaciale.
Passons maintenant aux choses sérieuses..."Incetardis" et "Doorman's Placebo" successivement b-sides du dernier et avant dernier album marquent la deuxième phase de l'album. Le premier est sismique, le second plus contenu mais nous conforte dans l'opinion que l'on a du groupe, de leur musique abrasive et rejoignent la continuité de leur disque respectif. "Autorelocator" est, quant à lui, assez étrange. Il dévoile une face cachée de At The Drive-In avec une mélodie aérienne soutenue par une boite à rythmes sur laquelle viennent s'incruster quelques effets électroniques. Dans la même lignée, "Rascuache" est moins convaincant, mélangeant des ambiances indiennes, dub, drum & bass qui s'enchevêtrent dans un désordre total. La rythmique change sans crier gare, on préfèrera sans aucun doute l'original où la mélodie soutenait avec distinction le chant de Cedric. Pour compenser cette déception, deux covers de premier choix s'offre à nous. Tout d'abord une des Smiths avec "This Night Has Opened My Eyes". L'interprétation est fidèle bien que plus profonde et peut être plus habitée. L'autre reprise est "Take Up Thy Stethoscope And Walk" des Pink Floyd de Syd Barrett. Cinq minutes de musique déjantée (l'original en faisait trois) dépassant les maîtres sur leur terrain de prédilection dans des envolées soniques à la guitare et à l'orgue. Fantastique, le morceau est divin, je ne les croyais pas capable de rivaliser avec un des monuments du rock dans ce style qui ne leur est pourtant pas familier. Pourtant, ils l'ont fait et avec un certain talent et on ne peut pas le nier. Entre temps les texans propose "Initiation" (BBC Lamacq Session) subtil qui met en avant le chant sur une mélodie simple et douce. Le seul titre de Acrobatic Tenenement sur cette compilation, mais certainement un des meilleurs.
S'il fallait en retenir onze, je ne sais pas ce que je choisirai. Difficile, parmi toutes ces perles d'emo. Je préfère nettement écouter un de leur disque et suivre la progression des chansons dans leur ordre de mixage. Malgré tout, connaître le groupe par le biais de This Station Is Non-Operational ne peut pas être une mauvaise chose. Concernant la deuxième partie du disque inédite, les chansons qu'elle réunit ont beaucoup de valeur même si celles qui touchent à l'électro sont moins réussites. Bien que ce groupe ne sombrera jamais dans l'oubli, les titres inédits prolongent cette magie puissante et déchaînée dont ils ont le secret.
At The Drive-In reste l'un des meilleurs groupes de rock à ce jour.
Bon, petite rétrospective quand même, en l'honneur de ce best of.
Né à El Paso, Texas, en 1994, de la rencontre de Cedric Bixler (chant), Jim Ward, Jarrett (guitares), Kenny Hopper (basse) et Bernie Rancun (batterie), le groupe du "cinéma en plein air" (hommage à une chanson de Poison) enregistre un premier EP trois mois après leur formation sur le label de Jim. Hell Paso est la première pierre d'un édifice qui ne va cesser par la suite de s'élever et de se bonifier, dépassant les groupes de l'époque par leur musique et leur énergie. At The Drive-In change plusieurs fois de line up avant certaines tournées et c'est ainsi que Omar Rodriguez (guitare), Paul Hinojos (basse) et Tony Hajjar (batterie) intègrent le reste de la bande dont la formation ne changera plus. Au fur et à mesure des passages en studio ils perfectionnent leur style, trouvent leur voie et abandonnent petit à petit le punk. Les américains distillent un post-hardcore/emocore sublime sur des mélodies brutes et authentiques, et finissent en beauté sur un magnifique triplet In/Casino/Out, Vaya, Relationship Of Command, avant de se séparer. Ils annoncent le 28 Mars 2001 sur leur site qu'ils prennent un "Indefinite Hiatus", même si depuis Omar et Cédric ont fondé The Mars Volta et le reste de la bande mené par Jim, Sparta.
Quatre ans se sont donc écoulés depuis cette parenthèse pour ne pas dire séparation et This Station Is Non-Operational apparaît comme par enchantement. On reconnaît la radio de Vaya sur la pochette au dessus des clichés des protagonistes. Les disques phares, car les plus réussis, du groupe étant pour moi les trois derniers, je suis curieux de savoir quels sont ceux qu'ils préfèrent et quels morceaux ils ont privilégié. Voilà tout l'intérêt d'une anthologie : savoir ce que le groupe retient de lui-même à la fameuse question et s'il devait en rester onze vous prendriez lesquels ? Car ce disque est scindé en deux et nous offre en plus d'une sélection des meilleurs titres sept titres inédits (covers, b-sides ou remix). Les derniers titres sont donc ce qu'il y a de plus passionnant car les best of ne valent jamais les originaux, mettant de côté le contexte des chansons et leur enchaînement initial avec le reste de l'album.
La structure de ce disque respecte cependant une logique chronologique intéressante puisqu'elle présente deux titres de El Gran Orgo, puis quatre de In/Casino/Out, deux de Vaya pour finir avec trois de Relationship Of Command. A travers This Station Is Non-Operational on peut donc déjà se faire une idée de l'évolution du groupe même si ce n'est pas suffisant.
"Fahrenheit" ouvre donc cet opus dans une mélodie encore simple. Néanmoins, on note déjà le jeu de guitares complémentaire très noisy et la voix de Cedric qui condense rage et puissance. S'ensuit les compositions du deuxième album avec "Chanbara" qui marque le début des paroles jonglant entre espagnol et anglais comme dans The Mars Volta et où ‘Tour de force, de facto, ayuchuco' ressort égosillé dans le refrain. Parmi ces chansons "Napoleon Solo" apparaît en maître avec son riff psychédélique et ensorcelant. L'envie de chanter, de prendre sa guitare pour accompagner Omar et Jim, de sauter partout avec hargne et de se balancer doucement sur le pont se fait ressentir. Dans cette spirale sans fin, la qualité de l'enregistrement est déjà nettement mieux, la musique est plus travaillée, le nouveau duo Jim/Omar est magique (Jim ayant quitté pendant quelques temps le groupe avant El Gran Orgo à cause de certains différends avec le nouveau batteur et Omar étant à la base le bassiste du groupe). Ce titre n'a pas pris une ride et est toujours aussi splendide qu'efficace. Dans le même genre "Metronome Arthritis" nous étouffe dans une atmosphère lourde et opaque. Il laisse place au dernier titre de Vaya "198d" qui s'échoue dans notre désespoir latent avant de renaître avec frénésie et panache. "One Armed Scissor" marque alors l'ère Relationship Of Command avec "Enfilade" et s'imposent une nouvelle fois avec force et une voix toujours aussi convaincante. Au regret d'avoir des titres comme "Rolex Propaganda" (il fallait faire un choix), la première partie se clôture sur "Non Zero Possibility" d'une délicatesse glaciale.
Passons maintenant aux choses sérieuses..."Incetardis" et "Doorman's Placebo" successivement b-sides du dernier et avant dernier album marquent la deuxième phase de l'album. Le premier est sismique, le second plus contenu mais nous conforte dans l'opinion que l'on a du groupe, de leur musique abrasive et rejoignent la continuité de leur disque respectif. "Autorelocator" est, quant à lui, assez étrange. Il dévoile une face cachée de At The Drive-In avec une mélodie aérienne soutenue par une boite à rythmes sur laquelle viennent s'incruster quelques effets électroniques. Dans la même lignée, "Rascuache" est moins convaincant, mélangeant des ambiances indiennes, dub, drum & bass qui s'enchevêtrent dans un désordre total. La rythmique change sans crier gare, on préfèrera sans aucun doute l'original où la mélodie soutenait avec distinction le chant de Cedric. Pour compenser cette déception, deux covers de premier choix s'offre à nous. Tout d'abord une des Smiths avec "This Night Has Opened My Eyes". L'interprétation est fidèle bien que plus profonde et peut être plus habitée. L'autre reprise est "Take Up Thy Stethoscope And Walk" des Pink Floyd de Syd Barrett. Cinq minutes de musique déjantée (l'original en faisait trois) dépassant les maîtres sur leur terrain de prédilection dans des envolées soniques à la guitare et à l'orgue. Fantastique, le morceau est divin, je ne les croyais pas capable de rivaliser avec un des monuments du rock dans ce style qui ne leur est pourtant pas familier. Pourtant, ils l'ont fait et avec un certain talent et on ne peut pas le nier. Entre temps les texans propose "Initiation" (BBC Lamacq Session) subtil qui met en avant le chant sur une mélodie simple et douce. Le seul titre de Acrobatic Tenenement sur cette compilation, mais certainement un des meilleurs.
S'il fallait en retenir onze, je ne sais pas ce que je choisirai. Difficile, parmi toutes ces perles d'emo. Je préfère nettement écouter un de leur disque et suivre la progression des chansons dans leur ordre de mixage. Malgré tout, connaître le groupe par le biais de This Station Is Non-Operational ne peut pas être une mauvaise chose. Concernant la deuxième partie du disque inédite, les chansons qu'elle réunit ont beaucoup de valeur même si celles qui touchent à l'électro sont moins réussites. Bien que ce groupe ne sombrera jamais dans l'oubli, les titres inédits prolongent cette magie puissante et déchaînée dont ils ont le secret.
At The Drive-In reste l'un des meilleurs groupes de rock à ce jour.
Très bon 16/20 | par TiComo La Fuera |
Posté le 15 mai 2006 à 14 h 04 |
Les defunts At The Drive-In n'échappent donc pas, eux aussi, à l'épreuve de la compilation, qui débarque quatre ans après le split du groupe. Sous forme d'un double cd, le premier disque regroupe 18 morceaux issus des leurs LP, EP, singles et autres splits. Rien de nouveau pour les personnes qui connaissent par coeur leur discographie mis à part une excellente reprise des Smiths "This night has opened my eyes". Le choix des titres est plus que discutable avec seulement 3 morceaux de Relationship Of Command, on se demande vraiment si le groupe a eu son mot a dire dans cette catastrophe musicale tellement le contenu est plus que passable. Le deuxième disque sous forme de dvd regroupe 3 clips, hélas déja vus egalement, ainsi que des plages cd rom pour faire joujou sur son joli PC. On pourra se consoler avec un livret fourni de photos en tout genre. Il aurait été peut être plus judicieux de sortir un testament scénique du groupe, leur endroit de prédilection, plutot qu'une compilation qui ne présente que peu d'intérêt. Dommage pour un groupe qui aura marqué la fin des années 90: ils méritaient mieux.
Sans intérêt 8/20
En ligne
456 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages