At The Drive-In
Tony Hajjar [lundi 05 février 2001] |
Interview de Tony Hajjar, batteur d'At The Drive-In, réalisée à Bordeaux dans les loges du Théatre Barbey, le 5 février 2001.
Elmo : Pourquoi ce nom At The Drive-In ?
Tony : Il vient d'une chanson de Poison. On a choisi ce nom passe-partout, pour éviter d'être classé. Si tu t'appelles Metallica, tu ne peux jouer que du métal. C'est d'ailleurs assez ironique que notre nom vienne d'une chanson de Poison !
Quels groupes t-ont vraiment donné l'envie de faire de la musique ?
Tony : Metallica, ironiquement ! A leur début, c'était un groupe qui cassait les règles, n'avait rien à faire des radios, des vidéos... en ce sens, ils m'ont influencé avant qu'ils ne deviennent une multinationale ! (rires) Heureusement, il y a encore des groupes qui cassent les règles et qui me donnent envie de continuer à faire de la musique, des gens comme Roni Size, Bjork, Radiohead, PJ Harvey...
En parlant de Radiohead, que penses-tu de leur fameux "Kid A" ?
Tony : C'est du pur génie !
Es-tu fier quand l'on dit qu'At The Drive-In est le nouveau MC 5 ?
Tony : Non pas du tout. La référence au MC 5 est dûe à une certaine fainéantise des journalistes, ils nous comparent à eux parce qu'ils voient deux mecs avec des coupes afros ! On ne sonne pas du tout comme eux, même Wayne Kramer (guitariste de ce groupe légendaire) trouve qu'on a rien à voir avec eux. Mais bon, on fait avec ! J'espère que certains journalistes dépensent un peu d'énergie pour nous trouver d'autres comparaisons...
De quels groupes vous sentez-vous les plus proches ?
Tony : This Memory Plan, No Knives, The Murder City Devils et d'un plus gros groupe Coldplay. Nous ne jouons pas du tout le même style de musique mais nous avons passé de grands moments avec eux. Ce sont des gars merveilleux, et la musique, c'est ça avant tout !
Penses-tu que chanter la révolution puisse vraiment changer le monde ou est-ce vraiment une utopie ?
Tony : Oui je pense que la musique peut changer des choses de manière individuelle. C'est très facile dès que l'on a un micro devant, de dire ce que l'on pense mais le plus dur reste de prendre ses responsabilités, d'assumer ce qu'on peut dire ou faire musicalement. Nous essayons de respecter au maximum les gens, de ne pousser personne à être violent.
Quelle importance a El Paso (ville natale du groupe aux USA) dans votre façon de faire de la musique ?
Tony : Je pense que si tu n'es pas influencé par ton environnement, c'est que tu n'y vis pas vraiment. Si je vivais à Bordeaux, je pense que j'écrirais des chansons tristes toute ma vie, le ciel est très nuageux ! (rires). Chaque fois qu'on vient en France, c'est en hiver ! Chez nous, il y a toujours du soleil, mais tout ce qui nous entoure est sombre. Nous sommes proches du Mexique, qui est une nation du tiers monde, où beaucoup de gens ne savent ni lire ni écrire, où beaucoup d'entre eux n'auront pas dans leurs vies de bonnes opportunités. Nous, nous avons grandi dans des familles qui ont travaillé dur pour le peu qu'elles ont, tout cela a évidemment influencé notre approche de la musique.
Qu'est-ce que votre signature chez Grand Royal (label des Beastie Boys) a changé pour vous ?
Tony : Nous avons eu la chance de pouvoir travailler sept semaines sur notre disque plutôt que les quatre jours habituels. On a expérimenté plus d'idées, plus de sons. Sinon, je pense que nous sommes toujours les mêmes !
Etes-vous satisfaits du travail de Ross Robinson (producteur de Sepultura, Korn...) sur votre album ?
Tony : Oui, totalement. Nous sommes très différents des gens avec lesquels il travaille habituellement, et lui est différent des gens avec qui on travaillait avant. Nous avons cassé son mode de fonctionnement et lui le nôtre. On s'est mis la pression mutuellement pour arriver au travail final, c'était très enrichissant.
C'est vous qui avez voulu travailler avec lui ?
Tony : Non, c'est lui. Il traînait dans les studio de Grand Royal pour trouver quelque chose de différent à produire. Il est tombé sur nous ! Au départ, nous avons refusé, nous n'aimions pas ses productions, nous avons finalement accepté de faire une maquette pour un morceau. Cela s'est tellement bien passé que nous avons fait le disque en entier.
Comment Iggy Pop s'est retrouvé à chanter sur "Rolodex Propaganda" ?
Tony : Ross va travailler sur le prochain album d'Iggy Pop dans le même studio que nous. Il a donc proposé à Iggy de venir visiter le studio et par la même occasion de revoir un groupe qui lui rappelle les Stooges. Nous avons demandé à Ross de se la fermer et de ne pas dire des trucs pareils à Iggy Pop ! Finalement il est venu, il aimait la chanson sur laquelle nous travaillions, nous lui avons proposé de chanter dessus et il a accepté. On ne sait pas forcément quoi attendre d'une personne comme lui, considéré comme une icône du rock mais lui, c'est vraiment quelqu'un de super.
D'où tirez vous une telle énergie sur scène ?
Tony : Des drogues ! (rires)
Cedric (chanteur, passant par là) : On se fait plein de traits de coke !
Tony : Des tonnes de cocaïne ! (rires) En fait, en tournée on passe tellement de moment à ne rien faire, qu'on dégage tout notre surplus d'énergie sur scène.
Quel serait pour toi le festival idéal ?
Tony : Limp Bizkit ! (rires)
(Cédric toujours présent éclate de rires)
Tony : Plus sérieusement, beaucoup de drum'n bass comme Roni Size, Bjork, Photek, Radiohead forcément, PJ Harvey mais pas vraiment avec une tête d'affiche, qu'ils puissent tous jouer autant.
Et At The Drive-In ?
Tony : Non, avec une telle affiche, je préfère être spectateur !
Connais-tu le collectif canadien Godspeed You Black Emperor ?
Tony : C'est marrant que tu nous parles d'eux, c'est ce que l'on écoute en ce moment dans le tour bus, c'est hallucinant comme groupe !
On peut rapprocher vos groupes, Godspeed fait des protest-songs sans parole et vous avec paroles ?
Tony : Franchement, il est difficile de parler d'un groupe dans lequel tu joues... Concernant Godspeed, pour résumer, on peut dire qu'ils remettent en cause beaucoup de règles préétablies dans la musique alors que nous, nous essayons seulement de prôner la non-violence dans les concerts... Peut-être que nos deux groupes feront évoluer les mentalités ?
Que penses-tu de votre nouveau président Georges Bush Jr, texan comme vous ?
Tony : Nous ne partageons rien avec quelqu'un qui est pour la peine de mort. De plus, son élection est bidon ! Il a été élu par un collège électoral qui est une institution mise en place au XVIIe siècle pour éviter aux minorités d'avoir la parole. Un président doit être élu par le peuple et ce n'est pas son cas !
Interview publiée originalement dans le numéro 24 du cafzic.
Tony : Il vient d'une chanson de Poison. On a choisi ce nom passe-partout, pour éviter d'être classé. Si tu t'appelles Metallica, tu ne peux jouer que du métal. C'est d'ailleurs assez ironique que notre nom vienne d'une chanson de Poison !
Quels groupes t-ont vraiment donné l'envie de faire de la musique ?
Tony : Metallica, ironiquement ! A leur début, c'était un groupe qui cassait les règles, n'avait rien à faire des radios, des vidéos... en ce sens, ils m'ont influencé avant qu'ils ne deviennent une multinationale ! (rires) Heureusement, il y a encore des groupes qui cassent les règles et qui me donnent envie de continuer à faire de la musique, des gens comme Roni Size, Bjork, Radiohead, PJ Harvey...
En parlant de Radiohead, que penses-tu de leur fameux "Kid A" ?
Tony : C'est du pur génie !
Es-tu fier quand l'on dit qu'At The Drive-In est le nouveau MC 5 ?
Tony : Non pas du tout. La référence au MC 5 est dûe à une certaine fainéantise des journalistes, ils nous comparent à eux parce qu'ils voient deux mecs avec des coupes afros ! On ne sonne pas du tout comme eux, même Wayne Kramer (guitariste de ce groupe légendaire) trouve qu'on a rien à voir avec eux. Mais bon, on fait avec ! J'espère que certains journalistes dépensent un peu d'énergie pour nous trouver d'autres comparaisons...
De quels groupes vous sentez-vous les plus proches ?
Tony : This Memory Plan, No Knives, The Murder City Devils et d'un plus gros groupe Coldplay. Nous ne jouons pas du tout le même style de musique mais nous avons passé de grands moments avec eux. Ce sont des gars merveilleux, et la musique, c'est ça avant tout !
Penses-tu que chanter la révolution puisse vraiment changer le monde ou est-ce vraiment une utopie ?
Tony : Oui je pense que la musique peut changer des choses de manière individuelle. C'est très facile dès que l'on a un micro devant, de dire ce que l'on pense mais le plus dur reste de prendre ses responsabilités, d'assumer ce qu'on peut dire ou faire musicalement. Nous essayons de respecter au maximum les gens, de ne pousser personne à être violent.
Quelle importance a El Paso (ville natale du groupe aux USA) dans votre façon de faire de la musique ?
Tony : Je pense que si tu n'es pas influencé par ton environnement, c'est que tu n'y vis pas vraiment. Si je vivais à Bordeaux, je pense que j'écrirais des chansons tristes toute ma vie, le ciel est très nuageux ! (rires). Chaque fois qu'on vient en France, c'est en hiver ! Chez nous, il y a toujours du soleil, mais tout ce qui nous entoure est sombre. Nous sommes proches du Mexique, qui est une nation du tiers monde, où beaucoup de gens ne savent ni lire ni écrire, où beaucoup d'entre eux n'auront pas dans leurs vies de bonnes opportunités. Nous, nous avons grandi dans des familles qui ont travaillé dur pour le peu qu'elles ont, tout cela a évidemment influencé notre approche de la musique.
Qu'est-ce que votre signature chez Grand Royal (label des Beastie Boys) a changé pour vous ?
Tony : Nous avons eu la chance de pouvoir travailler sept semaines sur notre disque plutôt que les quatre jours habituels. On a expérimenté plus d'idées, plus de sons. Sinon, je pense que nous sommes toujours les mêmes !
Etes-vous satisfaits du travail de Ross Robinson (producteur de Sepultura, Korn...) sur votre album ?
Tony : Oui, totalement. Nous sommes très différents des gens avec lesquels il travaille habituellement, et lui est différent des gens avec qui on travaillait avant. Nous avons cassé son mode de fonctionnement et lui le nôtre. On s'est mis la pression mutuellement pour arriver au travail final, c'était très enrichissant.
C'est vous qui avez voulu travailler avec lui ?
Tony : Non, c'est lui. Il traînait dans les studio de Grand Royal pour trouver quelque chose de différent à produire. Il est tombé sur nous ! Au départ, nous avons refusé, nous n'aimions pas ses productions, nous avons finalement accepté de faire une maquette pour un morceau. Cela s'est tellement bien passé que nous avons fait le disque en entier.
Comment Iggy Pop s'est retrouvé à chanter sur "Rolodex Propaganda" ?
Tony : Ross va travailler sur le prochain album d'Iggy Pop dans le même studio que nous. Il a donc proposé à Iggy de venir visiter le studio et par la même occasion de revoir un groupe qui lui rappelle les Stooges. Nous avons demandé à Ross de se la fermer et de ne pas dire des trucs pareils à Iggy Pop ! Finalement il est venu, il aimait la chanson sur laquelle nous travaillions, nous lui avons proposé de chanter dessus et il a accepté. On ne sait pas forcément quoi attendre d'une personne comme lui, considéré comme une icône du rock mais lui, c'est vraiment quelqu'un de super.
D'où tirez vous une telle énergie sur scène ?
Tony : Des drogues ! (rires)
Cedric (chanteur, passant par là) : On se fait plein de traits de coke !
Tony : Des tonnes de cocaïne ! (rires) En fait, en tournée on passe tellement de moment à ne rien faire, qu'on dégage tout notre surplus d'énergie sur scène.
Quel serait pour toi le festival idéal ?
Tony : Limp Bizkit ! (rires)
(Cédric toujours présent éclate de rires)
Tony : Plus sérieusement, beaucoup de drum'n bass comme Roni Size, Bjork, Photek, Radiohead forcément, PJ Harvey mais pas vraiment avec une tête d'affiche, qu'ils puissent tous jouer autant.
Et At The Drive-In ?
Tony : Non, avec une telle affiche, je préfère être spectateur !
Connais-tu le collectif canadien Godspeed You Black Emperor ?
Tony : C'est marrant que tu nous parles d'eux, c'est ce que l'on écoute en ce moment dans le tour bus, c'est hallucinant comme groupe !
On peut rapprocher vos groupes, Godspeed fait des protest-songs sans parole et vous avec paroles ?
Tony : Franchement, il est difficile de parler d'un groupe dans lequel tu joues... Concernant Godspeed, pour résumer, on peut dire qu'ils remettent en cause beaucoup de règles préétablies dans la musique alors que nous, nous essayons seulement de prôner la non-violence dans les concerts... Peut-être que nos deux groupes feront évoluer les mentalités ?
Que penses-tu de votre nouveau président Georges Bush Jr, texan comme vous ?
Tony : Nous ne partageons rien avec quelqu'un qui est pour la peine de mort. De plus, son élection est bidon ! Il a été élu par un collège électoral qui est une institution mise en place au XVIIe siècle pour éviter aux minorités d'avoir la parole. Un président doit être élu par le peuple et ce n'est pas son cas !
Interview publiée originalement dans le numéro 24 du cafzic.
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