Slint
Spiderland |
Label :
Touch And Go |
||||
Spiderland est un titre splendide.
Normal, c'est un album de Slint. Et comme c'est un album de Slint, c'est également un album splendide, deuxième (et dernier, snif) du groupe.
"Breadcrumb Trail", avec ses chants criés puis parlés, ses guitares et mélodies torturées, sa batterie ravageuse et sa basse laminante, nous plonge en plein cauchemar, sombre et glauque à souhait, stagnant, où quelques lumières arrivent difficilement à créer une accalmie psychique. S'en suit "Nosferatu Man", qui transforme le cauchemar placide en tempête mentale, entre peur et colère, rage et désespoir, résignation et rébellion. Heureusement, "Don, Aman" apaise le cyclone subconscient, mais pour mieux le torturer via un désespoir sans fond, d'abord calme puis affreusement lancinant pour finalement ne pas éclater horriblement. "Washer" nous ramène dans un monde presque joyeux, où le morbide et l'amour côtoient une nostalgie profonde via des arpèges sublimes et un chant poignant, tandis que peine une lueur d'espoir. "For Dinner..." rend lancinante et presque normale cette torpeur négative et désespérante. Finalement, l'incroyable "Good Morning, Captain" rajoute une couche de tension malsaine, pour mieux la faire voler en éclats en vomissant toute la rage, la colère et le mal-être accumulés durant l'écoute de Spiderland.
ENORME.
Normal, c'est un album de Slint. Et comme c'est un album de Slint, c'est également un album splendide, deuxième (et dernier, snif) du groupe.
"Breadcrumb Trail", avec ses chants criés puis parlés, ses guitares et mélodies torturées, sa batterie ravageuse et sa basse laminante, nous plonge en plein cauchemar, sombre et glauque à souhait, stagnant, où quelques lumières arrivent difficilement à créer une accalmie psychique. S'en suit "Nosferatu Man", qui transforme le cauchemar placide en tempête mentale, entre peur et colère, rage et désespoir, résignation et rébellion. Heureusement, "Don, Aman" apaise le cyclone subconscient, mais pour mieux le torturer via un désespoir sans fond, d'abord calme puis affreusement lancinant pour finalement ne pas éclater horriblement. "Washer" nous ramène dans un monde presque joyeux, où le morbide et l'amour côtoient une nostalgie profonde via des arpèges sublimes et un chant poignant, tandis que peine une lueur d'espoir. "For Dinner..." rend lancinante et presque normale cette torpeur négative et désespérante. Finalement, l'incroyable "Good Morning, Captain" rajoute une couche de tension malsaine, pour mieux la faire voler en éclats en vomissant toute la rage, la colère et le mal-être accumulés durant l'écoute de Spiderland.
ENORME.
Excellent ! 18/20 | par X_Shape104 |
Posté le 27 février 2005 à 22 h 21 |
Alors que j'ai écouté cet album une bonne vingtaine de fois en deux mois, je trouve toujours que je ne l'ai pas assez écouté pour le chroniquer, mais il faut bien se lancer un jour.
Ma première impression de l'album fut à vrai dire désastreuse: 'Quoi, c'est ça, Slint, Spiderland, le disque que tout le monde encense, 30 minutes avec trois notes à la minute ?'. On a même pû voir sur les forums de ce site les traces de ma déception.
Mais c'est que Spiderland ne livre pas sa beauté à qui l'écoute d'une oreille distraite, et je ne pense pas être atteint du syndrôme de 'je me force à décréter que j'aime un disque s'il est culte même si je le trouve toujours nul au bout de dix écoutes' en écrivant ceci. Il s'écoute de façon exclusive, tout élément distracteur étant à proscrire, oubliez donc l'écoute sur votre lecteur mp3 dans le métro.
Il s'écoute comme on lit, mettons, Jules Verne ou l'Arthur Gordon Pym de Poe, il se vit comme une traversée de l'Atlantique au 18ème siècle, du départ encore enjoué de "Breadcrumb Trail", en passant par les brumes lancinantes de "Don, Aman" ou le désespoir de "Washer", jusqu'à la conclusion tragique: ce n'est pas la terre que la vigie aperçoit, c'est le maëlstrom terminal et terrifiant de "Good Morning, Captain".
Ennui des vagues mornes, chuchotements du harponneur dans les longues nuits sans alertes, délires du rhum, vaisseau fantôme; ce disque est aventureux et marin comme aucun autre sans être aussi naïf et illustratif dans cette évocation que, disons, "Porcelina Of The Vast Oceans" des Smashing Pumpkins.
Un album qui, par sa radicalité, envoie bouler à des lieues l'étiquette 'chef-d'oeuvre' pour mieux devenir, plus simplement, un disque unique.
Ma première impression de l'album fut à vrai dire désastreuse: 'Quoi, c'est ça, Slint, Spiderland, le disque que tout le monde encense, 30 minutes avec trois notes à la minute ?'. On a même pû voir sur les forums de ce site les traces de ma déception.
Mais c'est que Spiderland ne livre pas sa beauté à qui l'écoute d'une oreille distraite, et je ne pense pas être atteint du syndrôme de 'je me force à décréter que j'aime un disque s'il est culte même si je le trouve toujours nul au bout de dix écoutes' en écrivant ceci. Il s'écoute de façon exclusive, tout élément distracteur étant à proscrire, oubliez donc l'écoute sur votre lecteur mp3 dans le métro.
Il s'écoute comme on lit, mettons, Jules Verne ou l'Arthur Gordon Pym de Poe, il se vit comme une traversée de l'Atlantique au 18ème siècle, du départ encore enjoué de "Breadcrumb Trail", en passant par les brumes lancinantes de "Don, Aman" ou le désespoir de "Washer", jusqu'à la conclusion tragique: ce n'est pas la terre que la vigie aperçoit, c'est le maëlstrom terminal et terrifiant de "Good Morning, Captain".
Ennui des vagues mornes, chuchotements du harponneur dans les longues nuits sans alertes, délires du rhum, vaisseau fantôme; ce disque est aventureux et marin comme aucun autre sans être aussi naïf et illustratif dans cette évocation que, disons, "Porcelina Of The Vast Oceans" des Smashing Pumpkins.
Un album qui, par sa radicalité, envoie bouler à des lieues l'étiquette 'chef-d'oeuvre' pour mieux devenir, plus simplement, un disque unique.
Très bon 16/20
Posté le 07 mars 2005 à 22 h 42 |
En ces temps où l'on en parle beaucoup... Me revoilà en pleine écoute de ce disque que je n'aime pas... Pourquoi ? Parce qu'il me fait mal au ventre là où d'autres ne me mettent qu'une simple claque. Parce qu'il me plonge en pleine réalité là où les autres m'emmènent ailleurs... Ici, je me retrouve face à mes rêves empoisonnés: ce que me renvoient ces superbes mélodies teintées de cette noirceur opaque, ces murmures... Et je ne ressens plus que ce mal de bide cloué par ce qui passe entre mes 2 oreilles. Je n'aime pas ce disque.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 25 mai 2007 à 19 h 12 |
1991, Slint sort Spiderland, véritable chef d'oeuvre culte du rock indépendant, un disque fondateur de ce que certaines critiques appelleront le "post-rock".
Chroniquer un album comme Spiderland est une mission délicate pour le fan ultime que je suis de cet opus incroyable, tant les émotions que ce groupe suscite en moi sont difficilement descriptibles. Plus de quinze ans après, le son développé tout au long des six titres de ce disque, son ambiance angoissante, magique, énigmatique et sombre à la fois, ses qualités musicales hors normes, sa violence salvatrice, son chant tantôt murmuré, parlé ou hurlé, le jeu de batterie atypique de Britt Walford, ainsi que la cohérence extraordinaire des morceaux, font de Spiderland un album indispensable du rock underground des années 90.
Ce qui frappe tout d'abord à la première écoute est la façon dont les quatre membres posent le son, complètement lourd mais aérien, carré mais ultra libre, calme mais d'une violence sous-jacente inouie. "Breadcrumb Trail" ouvre le bal avec ses fameuses harmoniques devenues cultes, et la marque de fabrique de Slint apparaît, ce chant grave, solennel, et quasi récité de Brian McMahan qui vient épouser parfaitement les ténèbres construites de manière littéralement géniales par les quatre musiciens.
Arrivent ensuite "Nosferatu man", avec son rythme bancal et "Don, Aman", composé seulement de guitares et d'une voix. La première face du vinyle s'achève, on est déjà sous le choc devant la force de cette véritable oeuvre d'art intemporelle.
Le titre "Washer" continue de tisser la toile que Slint entreprend, pour mieux nous emmener avec eux dans cette sorte de long rêve flirtant avec le cauchemar qu'est Spiderland. Le son des guitares est très clair sur ce titre, en tous cas au début, et c'est un élément important dans la musique de Slint, ce contraste avec le son distordu et gras qu'ils utilisent également, et qui du coup à beaucoup plus d'impact quand il surgit.
"Good Morning Captain", qui clôture l'opus, va dans ce sens, avec une progression tourmentée qui abouti au final chaotique, et le déchirant "I Miss You" hurlé par McMahan, qui, en live, m'a envoyé dans la quatrième dimension, transporté d'une part par le vrai génie émotionnel du titre, et de l'autre par ce chant parlé détaché tout le long du morceau, qui devient soudainement inhumain et terrifiant. Terrifiant est l'adjectif.
Slint m'a fait peur. Slint m'a ému comme aucun groupe ne l'a fait jusqu'à présent. Spiderland n'est pas de la musique, c'est de l'art, et cet album pionnier est à posséder absolument pour tous les fans de musique sombre et de rock indépendant en général.
Chroniquer un album comme Spiderland est une mission délicate pour le fan ultime que je suis de cet opus incroyable, tant les émotions que ce groupe suscite en moi sont difficilement descriptibles. Plus de quinze ans après, le son développé tout au long des six titres de ce disque, son ambiance angoissante, magique, énigmatique et sombre à la fois, ses qualités musicales hors normes, sa violence salvatrice, son chant tantôt murmuré, parlé ou hurlé, le jeu de batterie atypique de Britt Walford, ainsi que la cohérence extraordinaire des morceaux, font de Spiderland un album indispensable du rock underground des années 90.
Ce qui frappe tout d'abord à la première écoute est la façon dont les quatre membres posent le son, complètement lourd mais aérien, carré mais ultra libre, calme mais d'une violence sous-jacente inouie. "Breadcrumb Trail" ouvre le bal avec ses fameuses harmoniques devenues cultes, et la marque de fabrique de Slint apparaît, ce chant grave, solennel, et quasi récité de Brian McMahan qui vient épouser parfaitement les ténèbres construites de manière littéralement géniales par les quatre musiciens.
Arrivent ensuite "Nosferatu man", avec son rythme bancal et "Don, Aman", composé seulement de guitares et d'une voix. La première face du vinyle s'achève, on est déjà sous le choc devant la force de cette véritable oeuvre d'art intemporelle.
Le titre "Washer" continue de tisser la toile que Slint entreprend, pour mieux nous emmener avec eux dans cette sorte de long rêve flirtant avec le cauchemar qu'est Spiderland. Le son des guitares est très clair sur ce titre, en tous cas au début, et c'est un élément important dans la musique de Slint, ce contraste avec le son distordu et gras qu'ils utilisent également, et qui du coup à beaucoup plus d'impact quand il surgit.
"Good Morning Captain", qui clôture l'opus, va dans ce sens, avec une progression tourmentée qui abouti au final chaotique, et le déchirant "I Miss You" hurlé par McMahan, qui, en live, m'a envoyé dans la quatrième dimension, transporté d'une part par le vrai génie émotionnel du titre, et de l'autre par ce chant parlé détaché tout le long du morceau, qui devient soudainement inhumain et terrifiant. Terrifiant est l'adjectif.
Slint m'a fait peur. Slint m'a ému comme aucun groupe ne l'a fait jusqu'à présent. Spiderland n'est pas de la musique, c'est de l'art, et cet album pionnier est à posséder absolument pour tous les fans de musique sombre et de rock indépendant en général.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 24 juillet 2019 à 15 h 46 |
C'est presque insultant d'oser proposer une chronique sur Spiderland alors que presque toute la planète a entendu parler de ce disque, l'a écouté, en connaît la photo mythique de Slint dans l'eau et pour la plupart l'écoute et l'apprécie encore.
Pourtant Spiderland, que je possède en CD, je compte m'en débarrasser et le revendre.
Amateur de ce que l'on désigne sous le nom Post Rock et des diverses formations canadiennes du label Constellation comme de la plupart des oeuvres de Mogwai, je m'étais naturellement tourné vers un achat compulsif voire à l'aveugle. Puisque ce disque était automatiquement cité comme le pilier de ce courant musical et qu'il revenait régulièrement en tête d'articles sur les indispensables du Post Rock, Spiderland devait me plaire, il se devait d'être un passage obligatoire.Et pourtant... Le disque est longtemps resté dans sa boite sans tourner, sans même me charmer ou m'intéresser. Si on prend l'ensemble des 6 titres dans leur globalité, je n'y ai pas ressenti le charme d'un Happy Songs For Happy People ou la beauté cinglante d'un Yanqui U.X.O.
Grave erreur.
Après moult écoutes davantage à comprendre pourquoi je n'accrochais pas à ce disque, son charme vénéneux a commencé à prendre sur moi telle une piqûre d'araignée. Certes aucun titre n'est facile d'accès à la première écoute et il m'en faudra encore beaucoup d'autres pour en comprendre le mystère. Il n'y pas de refrain, beaucoup de silences mais chaque instrument est si maîtrisé jusque dans les silences, la voix s'impose comme un véritable chef d'orchestre, susurrant ou hurlant les phrases comme des poèmes urbains que l'ensemble redouble d'efficacité. Les Pixies ou les Mogwai, que je vénère tant, ont du écouter jusqu'à l'usure des sillons ce Spiderland à qui ils doivent tous tant. Aujourd'hui j'adore et réécoute cet album en boucle. Enfin. Tout en l'appréciant pour l'ambiance qu'il me propose.
Et j'ai effectivement revendu le CD mais pour le reprendre en vinyle car comme indiqué par Slint : "This recording is meant to be listened to on vinyl".
Ces visionnaires avaient raison jusqu'au bout.
Pourtant Spiderland, que je possède en CD, je compte m'en débarrasser et le revendre.
Amateur de ce que l'on désigne sous le nom Post Rock et des diverses formations canadiennes du label Constellation comme de la plupart des oeuvres de Mogwai, je m'étais naturellement tourné vers un achat compulsif voire à l'aveugle. Puisque ce disque était automatiquement cité comme le pilier de ce courant musical et qu'il revenait régulièrement en tête d'articles sur les indispensables du Post Rock, Spiderland devait me plaire, il se devait d'être un passage obligatoire.Et pourtant... Le disque est longtemps resté dans sa boite sans tourner, sans même me charmer ou m'intéresser. Si on prend l'ensemble des 6 titres dans leur globalité, je n'y ai pas ressenti le charme d'un Happy Songs For Happy People ou la beauté cinglante d'un Yanqui U.X.O.
Grave erreur.
Après moult écoutes davantage à comprendre pourquoi je n'accrochais pas à ce disque, son charme vénéneux a commencé à prendre sur moi telle une piqûre d'araignée. Certes aucun titre n'est facile d'accès à la première écoute et il m'en faudra encore beaucoup d'autres pour en comprendre le mystère. Il n'y pas de refrain, beaucoup de silences mais chaque instrument est si maîtrisé jusque dans les silences, la voix s'impose comme un véritable chef d'orchestre, susurrant ou hurlant les phrases comme des poèmes urbains que l'ensemble redouble d'efficacité. Les Pixies ou les Mogwai, que je vénère tant, ont du écouter jusqu'à l'usure des sillons ce Spiderland à qui ils doivent tous tant. Aujourd'hui j'adore et réécoute cet album en boucle. Enfin. Tout en l'appréciant pour l'ambiance qu'il me propose.
Et j'ai effectivement revendu le CD mais pour le reprendre en vinyle car comme indiqué par Slint : "This recording is meant to be listened to on vinyl".
Ces visionnaires avaient raison jusqu'au bout.
Exceptionnel ! ! 19/20
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